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“Violence dans les médias”
Le concept de violence est ambigu et complexe, explique Catherine Bert. L’acte violent peut être défini comme celui qui « se produisant avec force, renverse des obstacles, combat ou détruit des résistances », et la violence comme « l’emploi illégitime ou du moins illégal de la force ». Elle se caractérise par une perte de sens. Néanmoins, la culture […]
Le concept de violence est ambigu et complexe, explique Catherine Bert. L’acte violent peut être défini comme celui qui « se produisant avec force, renverse des obstacles, combat ou détruit des résistances », et la violence comme « l’emploi illégitime ou du moins illégal de la force ». Elle se caractérise par une perte de sens. Néanmoins, la culture médiatique présente la violence comme « l’arme de justice qui met l’agresseur hors d’état de nuire ».
Les médias audiovisuels, comme la télévision, le cinéma et les jeux vidéo, peuvent diffuser une violence très suggestive qui implique émotionnellement le spectateur, affirme Barrie Gunter. Cette influence peut être directe, au sens qu’elle peut encourager à reproduire, par un effet de mimétisme, les actes de violence vus à l’écran, à les justifier et à réagir brutalement face à une situation de frustration. Elle peut aussi être indirecte en rendant le spectateur moins sensible aux scènes de violence et moins prêt à réagir à la violence des autres. Des études empiriques, qui ont leurs limites, en témoignent. En revanche, Feshbach et Singer, par exemple, démontrent en 1971 que « regarder la violence peut aider à purger les pulsions violentes des spectateurs ».
Les effets sur le spectateur ne sont pas que le résultat du visionnage des images, explique Serge Tisseron : l’intrication des images violentes et de nombreux autres facteurs, comme l’environnement du spectateur, détermine ses réactions possibles : agressivité… ou au contraire, sentiment de menace et besoin d’une sécurité renforcée. Le traitement médiatique de la violence et des désordres publics peut créer des mouvements en faveur des politiques et des pratiques orientées vers l’ordre, où la répression est l’instrument privilégié : au Canada, montre Céline Bellot, le traitement médiatique du désordre public occasionné par la visibilité des personnes itinérantes a contribué à légitimer les interventions répressives du gouvernement actuel.
L’étude sur la violence médiatique, au-delà du simple recensement des scènes violentes, de leur fréquence ou de leur quantité, écrivent Concepción Fernández, Roberto Domínguez et Juan Carlos Revilla, doit inclure aussi le type de violence, son mode de présentation, ses implications, le moment où elle est présentée, le message qu’elle véhicule et comment le spectateur la reçoit et la perçoit (légitime ou illégitime). La stratégie de légitimation des programmes audiovisuels consiste à construire et à mettre en scène des acteurs, des effets et des conséquences, avec une interprétation, une prétention ou une prédisposition visant à l’acceptation ou au rejet de la violence, en faisant écho au fonctionnement des institutions, aux codes juridiques et/ou aux valeurs sociales en cours.
Les violences symboliques, face à celles de contenu, sont difficiles à cerner, analyse Gérard Imbert. Elles se circonscrivent à des émissions télévisuelles de divertissement (talk shows, émission de vidéos d’amateurs, débats people, jeux-concours). Vidées de leur but intentionnel, elles ont néanmoins une incidence sur les consciences, une influence sur les sensibilités et un questionnement de l’intégrité même du sujet.
Les sociologues de l’éducation et de la jeunesse insistent sur la sociabilisation offerte par les jeux vidéo à travers leurs pratiques ludiques. Les médias, par contre, offrent un traitement sensationnaliste, réduit à une « pratique enfantine, vide de sens, improductive, mais surtout “violente“ ». Hugues Draelants et Didier Frippiat expliquent que « la peur des effets des nouveaux médias prend toujours naissance dans une inquiétude relative à une perte de pouvoir, lorsque la menace plane sur l’ordre établi ». Ainsi, les jeux vidéo et Internet sont aujourd’hui au centre des préoccupations, avec des victimes qu’il faut protéger : les enfants et adolescents, même si aujourd’hui leur utilisation ne se limite pas à ce groupe.
Face à l’impact des images médiatiques violentes, les États européens ont adopté des politiques de régulation. Monique Dagnaudmonre montre la situation d’équilibre instable des systèmes de régulation européens, divisés entre l’objectif de protection des mineurs et les intérêts des groupes de communication. Les dispositifs adoptés pour réguler le contenu des médias vont de l’autorégulation à la co-régulation, aux dispositions législatives des systèmes de signalétique ou encore aux systèmes de cryptage.