Skip to main content
logo
Lancer la vidéo

Vers un service d’activation citoyenne ?

Numéro 1 Janvier 2012 par Abraham Franssen

janvier 2012

Comme toute ten­ta­tive de mise en place d’un sta­tut de tran­si­tion pour les jeunes, le pro­jet d’ins­tau­ra­tion d’un ser­vice citoyen pro­po­sé aux jeunes de dix-huit à vingt-cinq ans par­ti­cipe d’une ten­dance plus géné­rale à envi­sa­ger la jeu­nesse comme une période inter­mé­diaire de tran­si­tion et de matu­ra­tion. Entre l’ac­ti­va­tion pro­mue par l’É­tat et les pro­fils de com­pé­tence sou­hai­tés par le mar­ché, le pro­jet « ser­vice citoyen » est expo­sé à de mul­tiples instrumentalisations.

Un ser­vice citoyen de six à douze mois pour les jeunes entre dix-huit et vingt-cinq ans ? Mais voi­là une idée qu’elle est bonne ! Une chienne d’idée que ses pro­mo­teurs altruistes risque bien de se faire piquer par les auto­ri­tés socio­sa­ni­taires en charge du bio-pou­voir, de la gou­ver­ne­men­ta­bi­li­té des conduites, des cas sin­gu­liers et des flux de popu­la­tion, pour en accroitre l’employabilité et la rentabilité…

Le service citoyen : une chienne d’idée !

Voi­là une pro­po­si­tion qui arrive à point nom­mé ! Les jeunes jus­te­ment, on ne savait qu’en faire. Entre ceux qui pro­longent leurs études et ceux qui les quittent pré­ma­tu­ré­ment ou en tout cas sans diplôme, il faut bien recon­naitre que la jeu­nesse tend à s’étirer dans l’attente de l’accès aux places et aux dif­fé­rents attri­buts (indé­pen­dance éco­no­mique, auto­no­mie rési­den­tielle, vie de couple plus ou moins sta­bi­li­sée, pre­mier enfant, etc.) qui marquent l’accès au sta­tut d’adulte, au risque pour cer­tains que cet accès sans cesse dif­fé­ré ne les condamne à « être des jeunes à per­pète1 ».

L’accord du gou­ver­ne­ment « Papillon » pré­voit d’ailleurs l’allongement du stage d’attente — rebap­ti­sé stage d’insertion — pour l’obtention des allo­ca­tions de chô­mage : douze mois au lieu de neuf ou de six pré­cé­dem­ment, avec pour consé­quence pré­vi­sible qu’une par­tie de ces jeunes émar­ge­ra plus long­temps au cpas où en Wal­lo­nie les moins de vingt-cinq ans consti­tuent déjà un tiers des béné­fi­ciaires du reve­nu d’intégration. À Bruxelles, on évoque régu­liè­re­ment l’importance consi­dé­rable du chô­mage des jeunes non qua­li­fiés. Effec­ti­ve­ment, en 2010, selon l’enquête euro­péenne sur les forces de tra­vail, 39% des actifs de quinze à vingt-quatre ans sont au chô­mage2. Au niveau euro­péen, la pré­oc­cu­pa­tion pour les jeunes « neet » (« Not in Edu­ca­tion, Employ­ment or Trai­ning ») fait désor­mais l’objet de recom­man­da­tions pour les activer.

La solu­tion est toute trou­vée : ils seront désor­mais en ser­vice citoyen. Voi­là qui est bien plus valo­ri­sant que les sous-sta­tuts stig­ma­ti­sants de chô­meurs, allo­ca­taires sociaux ou « neet» ; voi­là qui est plus moti­vant que les labo­rieuses séances de coa­ching pour mettre les usa­gers au tra­vail sur eux-mêmes.

Discrimination positive ?

Dans une logique de dis­cri­mi­na­tion posi­tive, afin de don­ner plus de res­sources à ceux qui en sont dému­nis, ne fau­drait-il pas d’ailleurs réser­ver en prio­ri­té cette mesure aux jeunes qui ont eu le moins d’opportunités dans la vie, à ceux qui ont quit­té l’école secon­daire sans diplôme3, qui galèrent en quête d’un impro­bable job ? Et que l’on n’objecte pas que cela revien­drait à réin­tro­duire le prin­cipe d’un ser­vice mili­taire cen­si­taire dont seraient dis­pen­sés les plus dotés en capi­taux ! Ou après tout, assu­mons la com­pa­rai­son his­to­rique : le ser­vice citoyen ne pour­rait-il pas être à nos socié­tés post­in­dus­trielles ce que le ser­vice mili­taire était à la socié­té indus­trielle et dis­ci­pli­naire : un espace de socia­li­sa­tion des « mal-dégros­sis », rem­plis­sant une fonc­tion de camion-balai du sys­tème sco­laire, assu­rant un rela­tif bras­sage social et ritua­li­sant l’accession à l’âge adulte ? « Cela n’avait pas que des aspects néga­tifs…», recon­naissent aujourd’hui les plus paci­fistes, objec­teurs de conscience de jadis, entre­pre­neurs de morale d’aujourd’hui.

D’ailleurs, dans le champ de l’action sociale, on observe la mise en place de dis­po­si­tifs de « par­ti­ci­pa­tion sociale », d’«activation sociale », voire d’«activation citoyenne » des­ti­nés aux sur­nu­mé­raires et inem­ployables de la socié­té de mar­ché. Sur la base du constat que des publics se trouvent trop éloi­gnés de l’emploi pour répondre aux attentes et exi­gences d’insertion pro­fes­sion­nelle vou­lues par les mesures d’activation (plan d’accompagnement, contrat d’intégration…), un nombre crois­sant de dis­po­si­tifs déve­loppent des ini­tia­tives et pro­jets non direc­te­ment cen­trés sur la mise à l’emploi : res­tau­rants sociaux valo­ri­sant la par­ti­ci­pa­tion des usa­gers, jour­nal de quar­tier, ate­liers mul­ti­mé­dias, acti­vi­tés socioculturelles…

En matière d’intégration et d’aide sociale mise en œuvre par les CPAS, il est envi­sa­gé de for­ma­li­ser ces ini­tia­tives, alter­na­tives au par­cours d’insertion clas­sique, sous la rubrique d’«activation sociale ». Les termes du débat portent sur le carac­tère volon­taire ou contraint de ces acti­vi­tés béné­voles (comme contre­par­tie au reve­nu d’intégration sociale) et s’il s’agit de les consi­dé­rer comme une fin en soi, dans une logique de « gra­tui­té », ou bien comme une pré-étape de « reso­cia­li­sa­tion » d’un par­cours d’insertion vers l’emploi4. Le terme même d’«activation sociale » est contes­té par cer­tains, sur­tout à Bruxelles et en Wal­lo­nie, qui lui pré­fèrent les mots clés de l’«éducation per­ma­nente », de l’«action com­mu­nau­taire » ou de la « par­ti­ci­pa­tion citoyenne ».

Vous aviez envi­sa­gé un ser­vice citoyen de douze mois ? Ne soyez pas si modestes et soyez plus réa­listes : tous ne seront pas aptes au terme de cette pre­mière expé­rience, il faut leur don­ner la pos­si­bi­li­té de la recon­duire, de la prolonger.

Les autres d’ailleurs en ont-ils vrai­ment besoin ? Qu’il s’agisse des jeunes bobos en quête d’authenticité et d’altérité, ou des jeunes per­for­mants en quête de réseaux, ont-ils vrai­ment besoin d’un ser­vice citoyen pour aller par­ta­ger, pen­dant une riche paren­thèse avec les pauvres, le quo­ti­dien des Indiens des hauts pla­teaux boli­viens ou s’impliquer auprès des autres de proxi­mi­té dans une école de devoirs ou un mou­ve­ment de jeu­nesse accueillant des jeunes handicapés ?

La barbarie douce

« Mais les fina­li­tés, les valeurs ne sont pas les mêmes ! Il s’agit ici de pro­mou­voir une citoyen­ne­té active, soli­daire, cri­tique, de contri­buer à la for­ma­tion de CRACS, selon l’acronyme consa­cré dans le réfé­ren­tiel des poli­tiques jeu­nesse dans la Fédé­ra­tion Wal­lo­nie-Bruxelles : des citoyens res­pon­sables actifs cri­tiques et soli­daires », et non pas de socia­li­ser le pré­ca­riat ou de boos­ter de futurs sala­riés compétitifs!»…

Nous sommes bien d’accord ! C’est de CRACS dont nous avons besoin, et pas de pâles types. À l’heure du nou­vel esprit du capi­ta­lisme, le mar­ché de l’emploi exige des indi­vi­dus à même de prendre des ini­tia­tives et des res­pon­sa­bi­li­tés, de tra­vailler en équipe, d’être sociables, de s’adapter à des envi­ron­ne­ments chan­geants, de déve­lop­per des com­pé­tences mul­tiples, trans­ver­sales, humaines, sociales, et pas seule­ment des qua­li­fi­ca­tions techniques.

Jean-Pierre Le Goff l’avait sou­li­gné dans un ouvrage inti­tu­lé La bar­ba­rie douce. La moder­ni­sa­tion aveugle des entre­prises et de l’école, les idéaux et métho­do­lo­gies de l’éducation per­ma­nente (péda­go­gie du pro­jet, auto­no­mie, res­pon­sa­bi­li­té, autoé­va­lua­tion, par­ti­ci­pa­tion…) se sont révé­lés fonc­tion­nels à la moder­ni­sa­tion mana­gé­riale des entre­prises5.

De plus, à la faveur des dis­po­si­tifs de valo­ri­sa­tion des acquis de l’expérience, de l’accent expli­ci­te­ment mis sur le pro­fil glo­bal des indi­vi­dus — tel qu’il se donne à voir dans la trans­pa­rence des réseaux sociaux — et non sur leurs seules cer­ti­fi­ca­tions for­melles, les expé­riences de volon­ta­riat deviennent un lieu d’acquisition de com­pé­tences valo­ri­sables. Comme le pro­clame la bro­chure de pré­sen­ta­tion d’un orga­nisme d’accompagnement des chô­meurs : « Votre per­son­na­li­té compte pour 86% dans la déci­sion d’engagement d’un employeur. » L’idée mai­tresse est que c’est désor­mais à l’individu de construire son inser­tion, de déve­lop­per son capi­tal « employa­bi­li­té » tout au long d’une tra­jec­toire pré­sen­tée et anti­ci­pée comme plus incer­taine. De ce point de vue, les expé­riences extracur­ri­cu­laires en viennent sou­vent à consti­tuer la petite dif­fé­rence qui fait la différence.

Je reçois à l’instant une invi­ta­tion du réseau Lin­ke­dIn : « Now you can show­case your volun­teer expe­rience on your Lin­ke­dIn pro­file », avec l’argument « 4 out of 10 hiring mana­gers consi­der volun­teer expé­rience to be as valuable as paid expé­rience ! » C’est chouette. Je vais pou­voir indi­quer sur mon « pro­file » mon expé­rience de creu­se­ment de latrines à Matagualpa.

Entre l’État et le mar­ché, les ini­tia­tives ver­tueuses de la socié­té civile s’exposent au risque de leur auxi­lia­ri­sa­tion. Et lorsque l’État (on dit désor­mais l’«action publique » pour y recon­naitre le rôle des acteurs non éta­tiques) se met au ser­vice du mar­ché, le « ser­vice citoyen » risque bien d’être ins­tru­men­ta­li­sé en « ser­vice d’activation citoyenne ».

La jeu­nesse comme statut ?

De manière plus large, c’est la signi­fi­ca­tion de la jeu­nesse comme période de vie qui est pro­gres­si­ve­ment redé­fi­nie par les évo­lu­tions éco­no­miques autant que sociales et cultu­relles. Comme le relève Claude Dubar, pour que l’insertion pro­fes­sion­nelle devienne socia­le­ment pro­blé­ma­tique, il aura donc fal­lu trois cou­pures his­to­riques : celle qui sépare la for­ma­tion de l’activité pro­fes­sion­nelle ; celle qui dis­so­cie la sor­tie des études et l’entrée au tra­vail, créant un espace inter­mé­diaire entre école et entre­prise, et celle qui ins­taure la « post-ado­les­cence », qui court de l’adolescence à l’âge adulte, âge durant lequel le jeune doit lut­ter pour s’insérer pro­fes­sion­nel­le­ment6.

La jeu­nesse s’allonge doré­na­vant au-delà de la période des études et elle prend aus­si un autre sens. Elle serait deve­nue une phase fonc­tion­nelle pré­pa­rant l’accès, qui ne pour­rait plus être que pro­gres­sif, aux rôles adultes. La jeu­nesse appa­rai­trait, dans cette pers­pec­tive, comme une phase nou­velle du cycle de vie, avec des pro­prié­tés fonc­tion­nelles qui lui seraient propres7.

« L’allongement de la vie a pro­fon­dé­ment bou­le­ver­sé l’idée de l’entrée dans la vie », explique notam­ment Mar­cel Gau­chet. Celle-ci « doit être consa­crée à l’accumulation de res­sources et de moyens » (de sup­ports) « en vue d’une vie très longue, donc indé­fi­nis­sable quant à ce que pour­ra être son conte­nu ». Cette période de « for­ma­tion » « met l’accent sur le déve­lop­pe­ment des capa­ci­tés de la per­sonne dans l’optique d’une indi­vi­dua­li­sa­tion de la construc­tion de soi au cours de la période ini­tiale de l’existence8 ». Bref, la jeu­nesse est désor­mais un moment où l’individu doit s’armer pour deve­nir un acteur social, et déjà faire preuve de « res­pon­sa­bi­li­té », mais dans un sens for­te­ment individualisé.

Si elle est en par­tie subie, cette pro­lon­ga­tion de la jeu­nesse est aus­si choi­sie. Elle est donc pro­fon­dé­ment ambi­va­lente. Dans ses tra­vaux il y a plus de vingt ans, Rai­ner Zoll avait déjà mon­tré l’importance de cette logique de l’«ausprobieren » par­mi les jeunes géné­ra­tions, en par­ti­cu­lier chez les jeunes dis­po­sant de plus de res­sources sco­laires et cultu­relles9. En quelque sorte, une par­tie des jeunes aurait inté­gré le prin­cipe de jus­ti­fi­ca­tion de la « cité par pro­jet » de pré­fé­rence à celui de la cité domes­tique ou indus­trielle. Comme le sug­gère le slo­gan d’une agence de tra­vail inté­ri­maire, illus­trant le contour­ne­ment de la cri­tique sociale et la récu­pé­ra­tion de la cri­tique artiste : « Le scé­na­rio métro-bou­lot-dodo ne te tente pas vraiment ? »

Cet allon­ge­ment de la jeu­nesse dans une confi­gu­ra­tion socio­his­to­rique plus incer­taine peut expli­quer l’extension de la dépen­dance sociale des jeunes à l’égard de la col­lec­ti­vi­té. Plus long­temps que par le pas­sé, les jeunes res­tent à la fois socia­li­sés par l’institution sco­laire et pris en charge par leur famille d’origine. Ils font aus­si l’objet d’un nombre crois­sant de poli­tiques publiques visant à favo­ri­ser leur inser­tion sociale et pro­fes­sion­nelle, à sou­la­ger leur dépen­dance à la famille d’origine lorsqu’ils sont étu­diants (avec notam­ment une inter­ven­tion crois­sante des CPAS à l’égard de jeunes aux études ou chô­meurs), à déve­lop­per leur mobi­li­té inter­na­tio­nale (avec les dif­fé­rentes for­mules et pro­grammes d’aide aux séjours à l’étranger, même si ce sont prin­ci­pa­le­ment les étu­diants uni­ver­si­taires qui en pro­fitent avec la géné­ra­li­sa­tion d’un ou deux séjours Eras­mus au cours des études).

Dans dif­fé­rents pays euro­péens, on voit d’ailleurs s’esquisser la réflexion et les pro­po­si­tions pour faire de la jeu­nesse un sta­tut à part et à part entière. Entre le modèle fami­lia­liste médi­ter­ra­néen où la déco­ha­bi­ta­tion est tar­dive et un modèle scan­di­nave fon­dé sur une culture très exi­geante de l’autonomie et de l’indépendance, jus­ti­fiant un accom­pa­gne­ment fort et indif­fé­ren­cié des poli­tiques publiques qui met donc l’accent sur le carac­tère à la fois spé­ci­fique et uni­ver­sel de cette phase de vie10, il y a en effet une diver­si­té de modèles de tran­si­tion pour les jeunes.

De ce point de vue, le modèle belge (fran­co­phone) appa­rait comme inter­mé­diaire entre le modèle nor­dique et le modèle médi­ter­ra­néen. D’une part, les jeunes ont poten­tiel­le­ment accès à des aides (allo­ca­tions d’attente, reve­nu d’intégration, tout en notant que la légi­ti­mi­té de ces aides n’est pas clai­re­ment éta­blie et qu’elles demeurent stig­ma­ti­santes pour ceux qui en béné­fi­cient), mais, d’autre part, les familles conti­nuent à jouer un rôle impor­tant, à la fois pour les jeunes dont la tran­si­tion vers l’emploi et l’indépendance est pré­caire, et pour les jeunes effec­tuant des études supé­rieures. L’âge du départ du domi­cile fami­lial est éga­le­ment inter­mé­diaire entre celui des jeunes Danois et celui des jeunes Ita­liens. Un socio­logue parle des jeunes Ita­liens qui s’émancipent à l’intérieur de la famille : en Bel­gique, comme en France, c’est plu­tôt à côté de la famille que s’effectue cette éman­ci­pa­tion, par un éloi­gne­ment pro­gres­sif qui auto­rise cepen­dant des allers et retours.

L’intérêt de la pro­po­si­tion d’un « ser­vice citoyen » est d’ouvrir un espace de réflexion sur la manière dont la socié­té peut ou doit sou­te­nir et accom­pa­gner les jeunes durant ce tra­vail de défi­ni­tion de leur place dans la socié­té. Il semble effec­ti­ve­ment néces­saire de cla­ri­fier le modèle de réfé­rence d’accès à l’indépendance pour les jeunes en tran­si­tion avec pour objec­tif de favo­ri­ser des tran­si­tions moins subies et davan­tage choi­sies, à la fois plus sécu­ri­sées et plus épanouissantes.

C’est en tout cas l’intention pro­cla­mée du « Pacte jeu­nesse » que Fran­çois Hol­lande tente d’imposer au centre de la cam­pagne pré­si­den­tielle fran­çaise et qui com­prend la créa­tion de deux-cent-mille « contrats de géné­ra­tion » par an ; la mise en place de « contrats d’avenir » pour les jeunes des quar­tiers en dif­fi­cul­tés ; l’extension du reve­nu de soli­da­ri­té active (RSA) aux moins de vingt-cinq ans et… « l’augmentation du nombre de jeunes effec­tuant le ser­vice civique ».

C’est en ce sens que l’on peut aus­si envi­sa­ger les pro­po­si­tions visant à rem­pla­cer les divers « pseu­do-contrats » de recherche d’emploi par un « vrai contrat » (voire par un sta­tut) de tran­si­tion pro­fes­sion­nelle ou de plu­ri­ac­ti­vi­té, per­met­tant de com­bi­ner for­ma­tion, enga­ge­ment volon­taire, études, lan­ce­ment d’activités… Atten­tion cepen­dant à ce que ce « trem­plin jeune » ne se trans­forme pas en voie de garage ou en sous-sta­tut sup­plé­men­taire, ce qui est déjà le cas de beau­coup d’autres dis­po­si­tifs cen­sés favo­ri­ser la tran­si­tion des jeunes vers le mar­ché de l’emploi.

En son temps, Gérard Lutte, sur la base de son expé­rience des jeu­nesses popu­laires au Nica­ra­gua et en Ita­lie, avait pro­po­sé de « sup­pri­mer l’adolescence », y voyant une stra­té­gie des socié­tés capi­ta­listes occi­den­tales pour mino­ri­ser et consu­mé­ri­ser les jeunes adultes11. Sans aller jusque-là, on peut de fait recon­naitre les ambi­va­lences des pro­po­si­tions visant à ins­ti­tu­tion­na­li­ser la jeu­nesse comme période transitoire.

AIESEC (extrait du site : www.aiesec.org)
Asso­cia­tion inter­na­tio­nale des étu­diants en sciences éco­no­miques et commerciales
Present in over 110 coun­tries and ter­ri­to­ries and with over 60,000 mem­bers, AIESEC is the world’s lar­gest student-run orga­ni­za­tion. AIESEC offers young people the oppor­tu­ni­ty to be glo­bal citi­zens, to change the world, and to get expe­rience and skills that mat­ter today. Want to Join AIESEC Today ?

Dif­fe­ren­tiate Yourself !
Are you inter­es­ted in…

  • Explo­ring the world through a cultu­ral or pro­fes­sio­nal inter­na­tio­nal inter­n­ship ?
  • Gai­ning a net­work across more than 110 countries ?
  • Contri­bu­ting to a posi­tive impact in your socie­ty and around the world ?
  • To increase youth impact in the world, we see that socie­ty needs lea­ders who are entre­pre­neu­rial, cultu­ral­ly sen­si­tive, social­ly res­pon­sible and take an active part in their own lear­ning. To gain a holis­tic expe­rience AIESEC offers you the oppor­tu­ni­ty to take on a lea­der­ship role before or after your inter­n­ship. Learn how to lead a team, manage large pro­jects and run a local or natio­nal orga­ni­za­tion along with people all over the world !
  1. Selon le titre de l’ouvrage de Car­la Nagels et Andrea Rea, Jeunes à per­pète. Géné­ra­tion à pro­blèmes ou pro­blème de géné­ra­tions ?, édi­tions Aca­de­mia, 2007.
  2. Mais il ne faut pas omettre de men­tion­ner qu’il s’agit de 39% des 28% des jeunes de cette tranche d’âge qui sont consi­dé­rés comme dis­po­nibles sur le mar­ché de l’emploi, 72% d’entre eux rele­vant de la popu­la­tion inac­tive. Source SPF éco­no­mie, Enquête sur les forces de tra­vail, sur la base de tableaux éta­blis par Emma­nuelle Pot­tier, CCFEE, dans le cadre du Labo­ra­toire par­ti­ci­pa­tif des tran­si­tions des jeunes, www.youthlab.eu, novembre 2011.
  3. À Bruxelles, 19,2% des dix-huit à vingt-quatre ans ont quit­té pré­ma­tu­ré­ment l’école et ont au maxi­mum un diplôme de l’enseignement secon­daire infé­rieur, contre 12,6% en Flandre et 16,3% en Wallonie.
  4. Der­nière nou­velle : un com­mu­ni­qué de la ville de Char­le­roi daté du 2 décembre 2011 nous apprend que « Après Liège et Droixhe, Char­le­roi est la troi­sième ville wal­lonne où l’on trouve désor­mais un Relais de l’emploi. Inau­gu­ré mer­cre­di der­nier au sein même de l’Espace citoyen de la rue de la Pro­vi­dence (sic), à Mar­chienne, cette nou­velle cel­lule est le fruit d’un par­te­na­riat entre le CPAS et le Forem. Doré­na­vant, ce der­nier y pro­pose là — en “décen­tra­li­sa­tion” — un ensemble de ser­vices plus per­son­na­li­sés des­ti­nés notam­ment à accom­pa­gner dans ses recherches un public plus précarisé ».
  5. Le Goff J.-P., La bar­ba­rie douce. La moder­ni­sa­tion aveugle des entre­prises et de l’école, éd. La Décou­verte, 1999.
  6. Cité par Baye A., Hin­dry­ckx G., Libon C., Jas­par S., « Mesu­rer la tran­si­tion entre l’école et la vie active en Wal­lo­nie : cadre concep­tuel et cane­vas d’indicateurs inter­na­tio­naux », Dis­cus­sion Papers n° 0505, Iweps, décembre 2005.
  7. Voir à ce pro­pos Cic­chel­li V., Galand O., Les nou­velles jeu­nesses, La docu­men­ta­tion fran­çaise, n°955, décembre 2008.
  8. Gau­chet M., « La redé­fi­ni­tion des âges de la vie », Le débat, n°132, Gal­li­mard, 2004.
  9. Zoll R., Nou­vel indi­vi­dua­lisme et soli­da­ri­té quo­ti­dienne, édi­tions Kimé, 1992 (trad. franç.).
  10. L’opposition est nette entre les pays du sud et du nord de l’Europe. Les jeunes Médi­ter­ra­néens sont plus tar­difs dans la déco­ha­bi­ta­tion fami­liale, alors que les Nor­diques sont très pré­coces. Entre 22 et 25 ans, par exemple, il n’y a plus que 15% des Danois qui vivent chez leurs parents, alors qu’on compte encore 88% des Ita­liens et 89% des Espa­gnols. Source : Cic­chel­li V., Galand O., op. cit.
  11. Lutte G., Sup­pri­mer l’adolescence. Essai sur la condi­tion des jeunes, édi­tions Vie ouvrière 1982.

Abraham Franssen


Auteur