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Une société sans actionnaires

Numéro 6 - 2016 par Thomas Ferretti

octobre 2016

En 2029 s’ouvre à Bruxelles, un musée du capi­ta­lisme pour main­te­nir la mémoire de cette période de pro­fondes inéga­li­tés, mais qui est révo­lue. Le monde est désor­mais pas­sé à un sys­tème éco­no­mique coopé­ra­tif, com­pa­tible avec une éco­no­mie de mar­ché, ce qui a gran­de­ment faci­li­té une tran­si­tion qui a été très rapide.

Aujourd’hui, 1er mai 2039, à Bruxelles, sera inau­gu­ré le nou­veau musée du capi­ta­lisme. Bien sûr, la tran­si­tion éco­no­mique ful­gu­rante qui a eu lieu en Amé­rique, en Europe et ailleurs dans le monde durant les vingt der­nières années nous donne l’impression que le capi­ta­lisme est déjà de l’histoire ancienne. Après la chute du « mur Trump » en 2019, qui sépa­rait comme un « rideau de fer » le conti­nent amé­ri­cain en deux, la dis­pa­ri­tion des entre­prises capi­ta­listes et leur rem­pla­ce­ment par des coopé­ra­tives de tra­vailleurs a été très rapide. Si rapide qu’aujourd’hui, les ado­les­cents ont peine à croire leurs pro­fes­seurs d’Histoire quand ceux-ci leur racontent les injus­tices du capitalisme.

Le musée du capi­ta­lisme a jus­te­ment pour mis­sion de rafrai­chir la mémoire des nou­velles géné­ra­tions pour qu’elles n’oublient jamais ce que le capi­ta­lisme a infli­gé à l’humanité. Il y a encore quelques années, la majo­ri­té des richesses de la pla­nète était déte­nue par une frac­tion de la popu­la­tion. Les plus riches uti­li­saient cet argent pour inflé­chir les poli­tiques en leur faveur et conser­ver leurs pri­vi­lèges. Pen­dant ce temps, des cen­taines de mil­lions d’êtres humains étaient pri­vées de liber­té sub­stan­tielle puisqu’ils vivaient dans la pau­vre­té la plus abso­lue. Alors même que la capa­ci­té pro­duc­tive de l’humanité n’avait jamais été aus­si grande, des mil­lions de per­sonnes mou­raient en silence de mal­nu­tri­tion que nous pou­vions évi­ter et de mala­dies que nous pou­vions soi­gner. En plus du chô­mage, des ten­sions eth­niques et de l’instabilité sécu­ri­taire qui décou­laient de ces inéga­li­tés, le déve­lop­pe­ment éco­no­mique fré­né­tique et inutile encou­ra­gé par la com­pé­ti­tion extrême entre les entre­prises capi­ta­listes fai­sait peser un risque impor­tant sur l’environnement et les géné­ra­tions futures.

Le musée compte diverses sec­tions qui ont cha­cune leur thème. Il ne faut pas man­quer la sec­tion amu­sante qui ras­semble des objets de plas­tique par­fai­te­ment inutiles et d’aspect plu­tôt fra­gile qui se ven­daient à des prix sou­vent dérou­tants. La sec­tion dévoi­lant les méca­nismes auto­ri­taires de contrôle des tra­vailleurs dans cer­taines entre­prises est aus­si impor­tante pour réa­li­ser l’ampleur de l’oppression que vivaient de nom­breux tra­vailleurs sous ce système.

Mais la sec­tion du musée la plus ins­truc­tive est incon­tes­ta­ble­ment celle consa­crée à la com­pa­rai­son entre l’éco­no­mie de mar­ché capi­ta­liste et l’éco­no­mie de mar­ché coopé­ra­tive, le sys­tème qui l’a rem­pla­cé et qui est main­te­nant le nôtre.

Une économie coopérative

Cette sec­tion du musée explique d’abord que, si la tran­si­tion éco­no­mique a pu être si rapide, c’est que le cœur de la réforme consis­tait sur­tout à trans­for­mer la pro­prié­té des entre­prises tout en conser­vant l’essentiel de l’économie de mar­ché exis­tante. Le pre­mier domi­no consis­tait à créer une socié­té sans action­naires, c’est-à-dire à rem­pla­cer les entre­prises capi­ta­listes, dont les pro­prié­taires étaient des action­naires, par des coopé­ra­tives de tra­vailleurs, au sein des­quelles les pro­prié­taires sont les tra­vailleurs eux-mêmes.

En effet, les orga­ni­sa­tions éco­no­miques telles que les entre­prises, les com­pa­gnies d’assurances ou des groupes de consom­ma­teurs avaient et ont encore un effet impor­tant sur nos vies. Nous pas­sons une quan­ti­té consi­dé­rable de temps à tra­vailler dans les entre­prises et celles-ci dis­tri­buent cer­tains des moyens les plus impor­tants pour vivre libre­ment, comme le reve­nu, le capi­tal et le pou­voir. Elles orga­nisent aus­si les horaires de tra­vail et ont un reten­tis­se­ment impor­tant sur les familles, le tra­vail domes­tique et les loi­sirs. Par consé­quent, la pro­prié­té des entre­prises par des action­naires était à l’origine d’importantes inéga­li­tés socioéconomiques.

Voi­là pour­quoi aujourd’hui, sui­vants les conseils d’auteurs vision­naires comme John Stuart Mill, Robert Dhal, Gre­go­ry Dow, Vir­gi­nie Péro­tin ou Tom Mal­le­son, nous vivons dans une éco­no­mie coopé­ra­tive au sein de laquelle toutes les entre­prises sont des coopé­ra­tives de tra­vailleurs. Les inéga­li­tés de salaires y sont très faibles et les diri­geants élus ne gagnent sou­vent que six à dix fois le salaire de l’employé le moins bien payé. Les tra­vailleurs par­tagent la pro­prié­té du capi­tal de l’entreprise. Ils élisent les mana­geurs et prennent toutes les déci­sions ensemble, démo­cra­ti­que­ment. Au contraire, sous le sys­tème capi­ta­liste, les entre­prises étaient très inéga­li­taires. Joseph Sti­glitz sou­li­gnait que la gou­ver­nance auto­ri­taire dans les entre­prises capi­ta­listes était un fac­teur expli­quant la hausse des inéga­li­tés de reve­nus. Aux États-Unis, les PDG gagnaient sou­vent des cen­taines de fois le salaire de leurs tra­vailleurs les moins bien rému­né­rés. Tho­mas Piket­ty, célèbre éco­no­miste qui a fina­le­ment obte­nu le prix Nobel en 2029, sou­li­gnait éga­le­ment que les inéga­li­tés de capi­tal étaient encore plus impor­tantes. Bien d’autres sou­li­gnaient que les entre­prises capi­ta­listes créaient de grandes inéga­li­tés de pou­voir sur les déci­sions impor­tantes, telles que la divi­sion du tra­vail et les choix d’investissement.

Une économie de marché coopérative

Dans le musée, des écrans inter­ac­tifs rendent ces enjeux très acces­sibles, même pour des ado­les­cents. L’un d’eux explique notam­ment pour­quoi un sys­tème éco­no­mique coopé­ra­tif dans lequel les pro­prié­taires d’une entre­prise ne sont pas des action­naires, mais sont les tra­vailleurs eux-mêmes, est com­pa­tible avec une éco­no­mie de mar­ché bien règle­men­tée. Ce qui a chan­gé est seule­ment le type d’organisations qui est en com­pé­ti­tion sur le mar­ché. Les mar­chés, s’ils sont bien règle­men­tés, ont des avan­tages très impor­tants non seule­ment en termes de liber­té, mais aus­si en termes d’efficacité économique.

Si les éco­no­mistes du XXe siècle n’ont pas sou­vent insis­té sur l’importance de l’État pour réa­li­ser plus de jus­tice éco­no­mique, ils ont sou­le­vé cer­tains avan­tages réels d’une éco­no­mie de mar­ché. Frie­drich Hayek a fait valoir que la pla­ni­fi­ca­tion éco­no­mique cen­tra­li­sée posait pro­blème en rai­son de l’énorme quan­ti­té d’informations néces­saire pour gérer une éco­no­mie moderne. Le méca­nisme des prix trans­met au contraire l’information entre les pro­duc­teurs et les consom­ma­teurs et répar­tit des res­sources de manière décen­tra­li­sée. Ensuite, Joseph A. Schum­pe­ter argu­men­tait que la pla­ni­fi­ca­tion éco­no­mique cen­tra­li­sée est moins effi­cace en rai­son de l’absence d’incitation à l’innovation. Une concur­rence dyna­mique rai­son­nable pousse les entre­prises à inno­ver et à relo­ca­li­ser le capi­tal finan­cier et humain vers les acti­vi­tés les plus utiles tout en éli­mi­nant les struc­tures inef­fi­caces (c’est la « des­truc­tion créa­trice »). Enfin, John May­nard Keynes a démon­tré que le gas­pillage de capi­tal finan­cier et humain créé par les cycles éco­no­miques peut être atté­nué par les inves­tis­se­ments publics et des poli­tiques de redis­tri­bu­tion. De telles poli­tiques sont avant tout des moyens de par­ta­ger équi­ta­ble­ment entre tous les béné­fices d’une éco­no­mie de mar­ché. Mais ce sont aus­si des moyens d’assurer l’efficacité du sys­tème éco­no­mique et d’éviter les périodes pro­lon­gées de chômage.

Pour faire bref, une éco­no­mie sans action­naires donc une éco­no­mie de mar­ché coopé­ra­tive, per­met de créer une dis­tri­bu­tion plus éga­li­taire du reve­nu, du capi­tal et du pou­voir au sein des entre­prises tout en pré­ser­vant les avan­tages de la concur­rence dyna­mique sur le marché.

Les avantages des coopératives de travailleurs

Les coopé­ra­tives de tra­vailleurs créent de faibles écarts de reve­nu en leur sein. En plus des salaires, les tra­vailleurs sont pro­prié­taires du capi­tal de leur entre­prise. Cela leur donne un cous­sin de sécu­ri­té et un capi­tal de départ s’ils veulent se lan­cer dans d’autres acti­vi­tés, ou contrac­ter un prêt à la banque par exemple. Les coopé­ra­tives de tra­vailleurs créent aus­si moins d’inégalités de pou­voir en leur sein. Puisque les tra­vailleurs sont tous pro­prié­taires de la coopé­ra­tive et prennent les déci­sions démo­cra­ti­que­ment, ils sont en meilleure situa­tion pour négo­cier leurs condi­tions de tra­vail. Sans effa­cer tous les conflits sociaux, on remarque bien qu’ils ont moins besoin de faire la grève puisqu’ils se dirigent eux-mêmes. En effet, dans le sys­tème capi­ta­liste, les tra­vailleurs n’avaient d’autre choix, pour faire entendre leur voix, que de blo­quer l’économie. Ils devaient faire de cou­teuses grèves qui mon­taient sou­vent contre eux l’opinion publique.

On le sait, en 2039, après vingt ans de déve­lop­pe­ment coopé­ra­tif, la plu­part des entre­prises sont aujourd’hui des groupes de coopé­ra­tives. La diver­si­fi­ca­tion, les réseaux et le par­tage des pro­fits et des risques entre les coopé­ra­tives d’un groupe assurent sa sta­bi­li­té à long terme. En effet, si une coopé­ra­tive a des dif­fi­cul­tés, les autres peuvent la sub­ven­tion­ner pen­dant un cer­tain temps ou relo­ca­li­ser ses tra­vailleurs vers d’autres coopé­ra­tives du groupe. Ain­si, les coopé­ra­tives de tra­vailleurs s’adaptent aux fluc­tua­tions du mar­ché ou à l’arrivée de nou­velles tech­no­lo­gies en rédui­sant leurs salaires ou leurs heures de tra­vail, plu­tôt qu’en licenciant.

Comme Wil­kin­son et Pickett l’avaient pré­dit, la réduc­tion des inéga­li­tés de reve­nu et de capi­tal a per­mis d’atténuer les effets col­la­té­raux des inéga­li­tés et de la pau­vre­té créées par le sys­tème capi­ta­liste, comme l’analphabétisme, les pro­blèmes de san­té, l’anxiété et la dépres­sion, l’obésité, les gros­sesses pré­coces, la mor­ta­li­té infan­tile, l’usage de drogue, les taux d’homicides, le manque confiance entre les citoyens et de mobi­li­té sociale. Une dis­tri­bu­tion plus éga­li­taire du pou­voir au sein des entre­prises et une par­ti­ci­pa­tion accrue des tra­vailleurs dans les déci­sions de l’entreprise notam­ment par l’assemblée géné­rale, ont aus­si eu pour effet de sti­mu­ler leur par­ti­ci­pa­tion poli­tique et leurs capa­ci­tés démo­cra­tiques. Les citoyens sont donc sou­vent plus infor­més et plus compétents.

Les coopératives de travailleurs et l’efficacité économique

Les scep­tiques pen­saient que les coopé­ra­tives ne seraient pas effi­caces. En effet, plu­sieurs éco­no­mistes comme Hen­ri Hans­mann pen­saient que les entre­prises capi­ta­listes avaient des couts de tran­sac­tion moins éle­vés et avaient d’autres avan­tages éco­no­miques qui expli­quaient leur domi­nance sur le mar­ché, alors que les coopé­ra­tives de tra­vailleurs avaient des couts de tran­sac­tions plus éle­vés. Aujourd’hui, on sait que cette domi­nance était plu­tôt le fait de failles du marché.

En effet, les coopé­ra­tives de tra­vailleurs peuvent être très effi­caces. Pre­miè­re­ment, même si un mode de déci­sion démo­cra­tique entraine des couts plus éle­vés, les coopé­ra­tives ont trois avan­tages. Elles peuvent réduire les couts liés à la déci­sion par des méca­nismes repré­sen­ta­tifs, elles peuvent réduire les couts de super­vi­sion parce que les tra­vailleurs décident eux-mêmes des règles de tra­vail et assurent une super­vi­sion par les pairs, et enfin les tra­vailleurs sont plus moti­vés et plus pro­duc­tifs parce qu’ils pro­fitent direc­te­ment de la san­té de leur entreprise.

Deuxiè­me­ment, comme les coopé­ra­tives ont long­temps été de petites entre­prises, elles avaient sou­vent du mal à inves­tir en recherche et déve­lop­pe­ment. Mais aujourd’hui, les coopé­ra­tives sont sou­vent consti­tuées en groupes. Elles sont donc capables de créer des centres col­lec­tifs de recherche indus­trielle qui leur per­mettent de béné­fi­cier d’économies d’échelles et de par­ta­ger les inves­tis­se­ments et les béné­fices de la recherche. Pour aider les coopé­ra­tives plus iso­lées, les gou­ver­ne­ments ont aus­si finan­cé des centres de recherche publics avec les­quels les petites coopé­ra­tives peuvent faire des contrats de recherche.

Comment la transition a fonctionné ?

Cela me mène d’ailleurs à vous par­ler de la sec­tion du musée consa­crée à la tran­si­tion. Je ne peux men­tion­ner ici que cer­taines des poli­tiques publiques les plus impor­tantes, mais un détour par cette sec­tion s’impose.

Il a d’abord été impor­tant pour les gou­ver­ne­ments de règle­men­ter les coopé­ra­tives pour garan­tir leur carac­tère éga­li­taire. En effet, dans de nom­breux pays, il exis­tait déjà des coopé­ra­tives de tra­vailleurs, mais cer­taines avaient dégé­né­ré en entre­prises capi­ta­listes, ou étaient res­tées coopé­ra­tives, mais avaient per­du leur carac­tère réel­le­ment éga­li­taire. Pour ce faire, les gou­ver­ne­ments ont sub­ven­tion­né en prio­ri­té les coopé­ra­tives qui créaient peu d’inégalités de reve­nu et de capi­tal. Ils ont aus­si favo­ri­sé le déve­lop­pe­ment et l’adoption de pla­te­formes démo­cra­tiques en ligne pour faci­li­ter la par­ti­ci­pa­tion des membres. Si de faibles inéga­li­tés de richesses et de pou­voir per­sistent dans les coopé­ra­tives de tra­vailleurs, si la déli­bé­ra­tion n’est pas tou­jours par­faite, les études montrent que les coopé­ra­tives de tra­vailleurs bien règle­men­tées créent peu d’inégalités et de meilleures condi­tions de travail.

Les gou­ver­ne­ments ont aus­si aidé les coopé­ra­tives à res­ter effi­caces. Ils ont créé des sub­ven­tions et des prêts à long terme pour favo­ri­ser l’accès au capi­tal. Ils ont tra­vaillé avec les ins­ti­tu­tions finan­cières coopé­ra­tives pour déve­lop­per des outils finan­ciers adap­tés aux coopé­ra­tives. Ils ont aus­si favo­ri­sé les coopé­ra­tives de tra­vailleurs dans l’attribution des contrats publics et ont encou­ra­gé les indi­vi­dus à être res­pon­sables et à prê­ter aux coopé­ra­tives. De plus, les gou­ver­ne­ments ont aidé les coopé­ra­tives à inves­tir en innovation.

Mais sur­tout, les gou­ver­ne­ments ont gra­duel­le­ment avan­ta­gé les coopé­ra­tives et péna­li­sé les entre­prises capi­ta­listes. Ils ont gra­duel­le­ment aug­men­té les taxes sur les entre­prises capi­ta­listes qui fai­saient de la concur­rence déloyale aux coopé­ra­tives en exter­na­li­sant cer­tains couts sociaux (en licen­ciant, en offrant des condi­tions de tra­vail indé­centes et en pol­luant par exemple). Ce n’est que récem­ment que le modèle coopé­ra­tif est deve­nu obli­ga­toire pour presque toutes les entre­prises, à l’exception de cer­taines orga­ni­sa­tions reli­gieuses et des plus petites entre­prises comme les entre­prises fami­liales, qui créent peu d’inégalités.

Le musée explique aus­si com­ment le mou­ve­ment coopé­ra­tif est deve­nu mon­dial. L’OIT et l’OMC (l’Organisation mon­diale de la coopé­ra­tion) ont d’ailleurs joué un rôle très impor­tant pour évi­ter le dum­ping fis­cal et social et pour sou­te­nir les pays en déve­lop­pe­ment dans leur tran­si­tion coopé­ra­tive. S’il reste des endroits dans le monde où la tran­si­tion n’est pas encore ache­vée et où la pau­vre­té existe encore, tous les indi­ca­teurs montrent que la tran­si­tion est là pour res­ter et que ces pro­blèmes vont gra­duel­le­ment disparaitre.

Ren­dez-vous au musée du capi­ta­lisme. Il est à Bruxelles à l’ancien square des mil­liar­daires près du bois de La Cambre, et est ouvert du mar­di au same­di, de 10 heures à 18 heures. Entrée gratuite !

Thomas Ferretti


Auteur

chercheur et doctorant à la chaire Hoover (UCL)