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Un éternel “cauchemar” démographique

Numéro 05/6 Mai-Juin 1998 - Proche et Moyen-orient par Pascal Fenaux

juillet 2008

Dans le contexte de 1947, la réso­lu­tion 181 pro­po­sant la par­ti­tion de la Pales­tine était inac­cep­table pour les Pales­ti­niens et invi­vable pour les futurs Israé­liens. Au plus fort de la guerre de 1948, les pro­po­si­tions de règle­ment émises par Folke Ber­na­dotte, le média­teur des Nations unies, n’é­chap­paient pas à ce constat. Cha­cune se heur­tait à une contin­gence struc­tu­relle : la Pales­tine était arabe, et ce jus­qu’au der­nier recoin de l’É­tat juif envi­sa­gé, quelles que puissent être ses fron­tières. La guerre de 1948 et ses consé­quences démo­gra­phiques étaient dès lors ins­crites dans les étoiles.

Le 30 novembre 1947, lorsque les délé­gués de l’As­sem­blée géné­rale des Nations unies votent, à une faible majo­ri­té, la réso­lu­tion 181 sur le par­tage de la Pales­tine, peu d’entre eux se doutent qu’ils viennent en fait de déclen­cher une dyna­mique de guerre. Si les divers organes repré­sen­ta­tifs de la com­mu­nau­té sio­niste donnent, offi­ciel­le­ment, leur consen­te­ment à la réso­lu­tion, le Haut-Comi­té arabe de Pales­tine rejette la par­ti­tion. Pour beau­coup d’ob­ser­va­teurs, les Pales­ti­niens ont com­mis là une erreur his­to­rique, une erreur qu’ils n’en fini­raient pas de payer jus­qu’à aujourd’­hui. Or s’ac­cro­cher à cette vision, c’est faire injure, d’une part, à la reven­di­ca­tion sio­niste d’é­man­ci­pa­tion juive natio­nale et éta­tique et, d’autre part, à la volon­té d’au­to­dé­ter­mi­na­tion des Pales ti niens dans une Pales­tine qui, en 1947, est encore arabe dans une pro­por­tion de presque 70 %. La créa­tion d’un État juif et, par­tant, la par­ti­tion étaient tout sim­ple­ment impos­sibles sans pro­cé­der à un « trans­fert » de popu­la­tions, c’est-à-dire le « trans­fert », vers le reste de la Pa les­tine ou dans un autre État arabe, de l’i­né­vi­table « mino­ri­té » pales­ti­nienne du ter­ri­toire dévo­lu à l’É­tat juif. Déjà en 1937, au plus fort de la révolte pales­ti­nienne, la Grande-Bre­tagne, puis­sance man­da­taire, avait pro­po­sé la par­ti­tion de la Pales­tine entre un État juif et la Trans jor­da­nie1, et le « trans­fert » des Arabes pales­ti­niens hors de l’É­tat juif.

En décembre 1940, Yos­sef Weitz, direc­teur du Fonds natio­nal juif, écri­vait dans son jour­nal des pro­pos lourds de sens. « Entre nous, il doit être clair qu’il n’y a pas de place pour deux peuples dans ce pays. […] Si les Arabes quittent le pays il nous suf­fi­ra. Si les Arabes y res­tent, il demeu­re­ra trop petit et misé­rable. […] La seule solu­tion, c’est la Terre d’Is­raël, au mini­mum, la Terre d’Is­raël occi­den­tale, sans Arabes. Pas de com­pro­mis sur ce point. […] Il n’existe pas d’autre moyen que de dépla­cer les Arabes dans les pays voi­sins. […] À l’ex­cep­tion pos­sible de Beth­léem, Naza­reth et la Vieille Ville de Jéru­sa­lem, nous ne devons pas lais­ser un seul vil­lage, une seule tri­bu. […] C’est seule­ment ain­si que le pays pour­ra rece­voir des mil­lions de nos frères et que la ques­tion juive sera réso­lue une fois pour toute. 2 »

Palestine 1947, inventaire avant liquidation

Dans le cadre de leurs tra­vaux, les membres de l’U.N.S.C.O.P. deman­dèrent à l’Ad­mi­nis­tra­tion pales­ti­nienne (man­da­taire) de com­pi­ler un maxi­mum de don­nées éco­no­miques, sociales et démo­gra­phiques3. Fon­da­men­tal et ins­truc­tif, ce docu­ment est en quelque sorte l’ul­time cli­ché de la Pales­tine avant sa dis­pa­ri­tion, en 1948. Lorsque l’on y ajoute la popu­la­tion semi-nomade pales­ti­nienne, éva­luée a pos­te­rio­ri par les Nations unies à quelque 128 000 âmes, il res­sort que, au 31 décembre 1946, sur un total de presque 2 mil­lions d’ha­bi­tants, la Pales­tine compte 1 370 000 Arabes, soit une majo­ri­té de 69 %, et 608 000 Juifs, soit une mino­ri­té de 31 %. Concer­nant la pro­prié­té fon­cière, il appa­rait que les terres acquises par les ins­ti­tu­tions fon­cières sio­nistes et contrô­lées par les groupes d’au­to­dé­fense n’ex­cèdent pas 7 % du ter­ri­toire pales­ti­nien (tableau 1 et carte 1).

Tableau 1 — Pales­tine — Répar­ti­tion des popu­la­tions arabes et juives (3 – 12-1946)

Sous-dis­tricts Arabes Juifs TOTAL % Arabes % Juifs
Acre  73 800  3 030  76 830  9 6%  4 % 
Safad  54 000  7 170  61 170  88 %  12 % 
Tibériade  30 830  13 640  44 470  69 %  31 % 
Nazareth  43 130  7 980  51 110  84 %  16 % 
Beisan  17 960  7 590  25 550  70 %  30 % 
Haïfa  140 430  119 020  259 450  54 %  46 % 
Jénine  61 120  61 210  100 %  0 % 
Tulkarm  77 040  16 180  93 220  82 %  18 % 
Naplouse  94 900  94 900  100 %  0 % 
Jaffa  114 130  295 160  409 290  28 %  72 % 
Ramleh  102 440  31 590  134 030  75 %  25 % 
Ramallah  48 930  48 930  100 %  0 % 
Hébron  96 620  300  96 920    100 %    0 % 
Jérusalem  164 150  102 520  26 670  62%  38% 
Gaza  148 000  340  151 540  98 %  2 % 
Beersheba  102 780  510  103 290    100 %    0 % 
Pales­tine 1 370 350 608 230 1 978 580 69% 31%

Carte 1 — Pales­tine — Pour­cen­tage d’A­rabes pales­ti­niens par sous-district
(31 – 12-1946)

carte-1.png

Autre élé­ment de sur­prise, le yishouv, contre­di­sant la rhé­to­rique agra­rienne du sio­nisme tra­vailliste, est essen­tiel­le­ment urbain et se concentre pour 90 % dans les villes « mixtes » de Jéru­sa­lem et Haï­fa et autour des colo­nies urbaines de Neta­nya, Hade­ra et Tel-Aviv, soit sur un ter­ri­toire n’ex­cé­dant pas 4% de la Pales­tine. Enfin, essen­tiel­le­ment implan­tées dans les val­lées de Gali­lée et sur la plaine côtière, 307 colo­nies juives4, fon­dées pour la plu­part sous le man­dat bri­tan­nique, sont entou­rées de 1075 agglo­mé­ra­tions arabes (943 loca­li­tés et 132 sites bédouins).

La quête désespérée d’une majorité juive

En dépit de ces don­nées, c’est pour­tant le par­tage que choi­sit la majo­ri­té de l’As­sem­blée géné­rale. La réso­lu­tion 181 pro­pose ain­si la par­ti­tion de la Pales­tine en sept enclaves. Trois enclaves forment un État juif sur 56 % du pays, trois autres forment un État arabe sur 43 %, et une der­nière, Jéru­sa­lem et ses envi­rons, forme un cor­pus sepa­ra­tum bina­tio­nal et inter­na­tio­na­li­sé. Le dés­équi­libre entre, d’une part, un yishouv d’es­sence urbaine et dou­ble­ment mino­ri­taire (31 % de la popu­la­tion et 7 % des terres) et, d’autre part, la super­fi­cie qui est accor­dée à son État (56 %) est fla­grant. Ce dés­équi­libre est dû à l’ex­trême ouver­ture dont ont fait preuve les Nations unies à l’é­gard des reven­di­ca­tions juives, des reven­di­ca­tions qui por­taient entre autres sur le main­tien sous sou­ve­rai­ne­té juive de la tota­li­té des colo­nies de peu­ple­ment et le contrôle d’un Néguev semi-déser­tique, à peine colo­ni­sé, mais don­nant accès à la mer Rouge. La volon­té de relier entre elles des colo­nies juives épar­pillées au milieu d’une « mer arabe » abou­tit à un para­doxe cui­sant : l’É­tat juif pro­po­sé est dans les faits bina­tio­nal[Voir dans ce dos­sier [l’ar­ticle d’Am­non Raz-Kra­kotz­kin.]]. Ain­si, il compte une « majo­ri­té » juive de 51 % (500 000 âmes) et une « mino­ri­té » pales­ti­nienne de 49 % (490 000 âmes), tan­dis que la super­fi­cie des terres contrô­lées par le yishouv n’ex­cède pas 10 % de la super­fi­cie de son État. En outre, l’É­tat juif englobe 277 implan­ta­tions juives et 419 agglo­mé­ra­tions arabes5 (326 loca­li­tés et 93 sites bédouins). Autre éva­lua­tion, les Juifs ne sont majo­ri­taires que dans une enclave côtière regrou­pant 76 % d’entre eux, cette enclave fon­da­men­ta­le­ment urbaine comp­tant une mino­ri­té pales­ti­nienne de 38 %, mino­ri­té pos­sé­dant la majeure par­tie des terres et étant hégé­mo­nique dans les cam­pagnes. Enfin, avec le sec­teur sépa­ré de Jéru­sa­lem, 99 % des Juifs de Pales­tine accèdent à l’au­to­dé­ter­mi­na­tion, contre 64 % des Pales­ti­niens (tableaux 2 et 3, et carte 2).

Tableau 2 — État juif (O.N.U., réso­lu­tion 181)- Répar­ti­tion des popu­la­tions arabes et juives

Sous-ditricts Arabes Juifs TOTAL % Arabes % Juifs
Gali­lée orientale  101 310  33 340  134 650  75  % 25 % 
Plaine côtière  289 860  464 360  754 220  38 %  62 % 
Néguev  98 640  2 530  101 170  97 %  3 % 
État juif 489 810 500 230 990 040 49 % 51 %

Tableau 3 — État juif (O.N.U., réso­lu­tion 181) — Répar­ti­tion des agglo­mé­ra­tions arabes et juives

Sous-dis­tricts Agglo­mé­ra­tions arabes Colo­nies juives
Gali­lée orientale  161  84 
Plaine côtière  146  174 
Néguev  112  19 
État juif 419 277

carte-2.png

Dans ces condi­tions, il est aisé de com­prendre pour­quoi les Pales­ti­niens ne se sont pas réso­lus à un tel par­tage. Le droit à l’au­to­dé­ter­mi­na­tion sous-ten­du par le prin­cipe du man­dat n’est pas appli­qué et aucun réfé­ren­dum n’est envi­sa­gé. Un Pales­ti­nien sur trois est cen­sé deve­nir citoyen de l’É­tat juif 6, la pro­prié­té arabe y est de 90 % et la majeure par­tie des terres culti­vées sont éga­le­ment arabes. Si 419 agglo­mé­ra­tions arabes sont incluses dans l’É­tat juif, seules 27 colo­nies juives sont incluses dans l’É­tat arabe. En outre, les Pales­ti­niens repré­sentent 75 % de la popu­la­tion en Gali­lée orien­tale et 97 % dans le Néguev, deux régions attri­buées à l’É­tat juif. Enfin, sur les 608 000 Juifs aux­quels les Pales­ti­niens sont conviés à céder 56 % de leur pays, 500 000 sont des immi­grants venus s’é­ta­blir sous le man­dat bri­tan­nique et ren­for­cer une com­mu­nau­té qui, en 1922, n’ex­cé­dait pas 82 000 âmes. Mais, bien plus que tout argu­ment juri­dique, éco­no­mique ou démo­gra­phique, c’est sans doute l’ex­pé­rience des Pales­ti­niens qui explique le mieux leur refus d’ac­cé­der au prin­cipe du par­tage. Des débuts de l’im­plan­ta­tion du nou­veau yishouv, en 1882, jus­qu’à 1947, les Pales­ti­niens n’ont pas eu le loi­sir de vivre autre­ment leur coha­bi­ta­tion avec la com­mu­nau­té sio­niste que sur le registre de l’ex­clu­sion — éco­no­mique et physique.

À l’in­verse, il est tout aus­si aisé de com­prendre pour­quoi le yishouv a accep­té for­mel­le­ment le plan des Nations unies tout en se mon­trant peu enclin (c’est un euphé­misme) à l’ap­pli­quer sur le ter­rain et à se satis­faire d’une struc­ture éco­no­mique et démo­gra­phique fai­sant du futur Israël un État bina­tio­nal et, qui plus est, ten­dant struc­tu­rel­le­ment à rede­ve­nir majo­ri­tai­re­ment arabe. D’un strict point de vue poli­tique, le sio­nisme s’est déve­lop­pé pour four­nir une réponse radi­cale à une situa­tion de mino­ri­té et d’ex­clu­sion vécue en Europe orien­tale. Si, a for­tio­ri, cet État juif se vou­lait démo­cra­tique et juif, il devait à tout prix se doter d’une assise ter­ri­to­riale et démo­gra­phique juive la plus homo­gène pos­sible. Dès lors que l’en­jeu pour­sui­vi par le mou­ve­ment sio­niste était la créa­tion d’un État juif des­ti­né à s’ou­vrir à une immi­gra­tion que ses diri­geants espé­raient mas­sive, il était inima­gi­nable que ce pro­gramme put se résoudre à la bina­tio­na­li­té de l’É­tat esquis­sé par l’O.N.U. ou à toute coopé­ra­tion avec l’É­tat arabe de Palestine.

L’a­dop­tion du plan de par­ti­tion donne le coup d’en­voi de la guerre. Elle connait deux phases. Dans la pre­mière, de décembre 1947 (l’a­près-vote) au 14 mai 1948 (pro­cla­ma­tion de l’É­tat d’Is­raël et inter­ven­tion mili­taire des États arabes), la guerre judéo-pales­ti­nienne bat son plein. Les orga­ni­sa­tions armées juives entre­prennent la conso­li­da­tion des colo­nies et la réduc­tion de cer­taines concen­tra­tions pales­ti­niennes incluses dans l’É­tat juif, essen­tiel­le­ment entre Haï­fa et Tel-Aviv. Quant aux Pales­ti­niens, appuyés par des volon­taires étran­gers, ils partent à l’as­saut des colo­nies iso­lées dans les régions les plus arabes de l’É­tat juif des­si­né par l’O.N.U. Dans la seconde phase, inau­gu­rée par la pro­cla­ma­tion de l’É­tat d’Is­raël et l’en­trée en guerre des États arabes voi­sins, les Israé­liens, après de nom­breux revers mili­taires, reprennent le des­sus et, forts de l’ap­pui mili­taire de l’U.R.S.S., par­viennent à se rendre maitres de l’en­semble du ter­ri­toire juif déli­mi­té par les Nations unies ain­si que de 45 % du ter­ri­toire attri­bué ini­tia­le­ment à l’É­tat arabe pales­ti­nien. En défi­ni­tive, au terme des accords d’ar­mis­tice conclus en 1949 entre les États arabes et Israël, l’É­tat juif contrôle 76 % de la Palestine.

Du « cauchemar » au « miracle »

À la fin de 1948, la balance démo­gra­phique a chan­gé du tout au tout. À taux de crois­sance démo­gra­phique constant, l’É­tat d’Is­raël, déli­mi­té par la « ligne verte » des armis­tices, aurait dû comp­ter 926 000 Pales­ti niens, soit une majo­ri­té de 58 %, et 667 000 Juifs, soit une mino­ri­té de 42 %. Or les recen­se­ments effec­tués au terme de la guerre7 comp­ta­bi­lisent 156 000 Pa les­ti­niens, soit une mino­ri­té de 18 %, et 717 000 Juifs, soit une majo­ri­té de 82 %, ce qui per­met­tra à Haïm Weiz­mann, pre­mier pré­sident de l’É­tat, de par­ler d’une « sim­pli­fi­ca­tion mira­cu­leuse des tâches d’Is­raël » (tableaux 6 et 7). Ain­si, mal­gré 6 000 morts, le yishouv voit sa popu­la­tion aug men­ter de plus de 100 000 âmes en deux ans, essen­tiel­le­ment grâce à l’im migra­tion. Quant aux Pales­ti­niens, il s’a­vère que 83 % d’entre eux ont quit­té le ter­ri­toire deve­nu État d’Is­raël. Ce qu’il est conve­nu d’ap­pe­ler l’exode pales­ti­nien a sus­ci­té d’in­ter­mi­nables polé­miques. Une ver­sion israé­lienne édi­fiante a long­temps vou­lu que les Pales­ti­niens seraient par­tis à l’ap­pel de leurs diri­geants, pour lais­ser le champ libre à des armées arabes cen­sées « jeter les Juifs à la mer ». Inver­se­ment, la ver­sion des per­dants, les Pales ti niens, n’a jamais béné­fi­cié d’un réel cré­dit hors de l’o­pi­nion arabe, et ce mal­gré la qua­li­té des recherches publiées sous l’é­gide de l’Ins­ti­tut des études pales­ti­niennes. Depuis les années quatre-vingt, une nou­velle géné­ra­tion d’his­to­riens israé­liens a entre­pris d’in­va­li­der une série de mythes consti­tu­tifs de la mémoire col­lec­tive de la socié­té juive israé­lienne, des mythes fon­dés sur la fuite des Pales­ti­niens, le refus arabe et les options paci­fiques des diri­geants israé­liens. Ce tra­vail a été faci­li­té par l’ou­ver­ture des archives mili­taires et par le fait que les « nou­veaux his­to­riens8 » n’ont pas vécu la guerre de 1948 et sont nés dans un État juif consi­dé­ré comme un don­né. Concer­nant la guerre d’in­dé­pen­dance israé­lienne et l’exode pales­ti­nien, les « nou­veaux his­to­riens » ont ain­si décou­vert une réa­li­té assez amère. L’exode pales­ti­nien a été plus par­ti­cu­liè­re­ment étu­dié par l’his­to­rien Ben­ny Mor­ris9, lequel révèle que, hor­mis le départ volon­taire, au début de 1948, d’en­vi­ron 75 000 Pales­ti­niens issus des couches aisées et dési­reux de s’ins­tal­ler dans les pays arabes voi­sins en atten­dant que la situa­tion se cla­ri­fie, l’é­cra­sante majo­ri­té des Pales­ti­niens s’est, bien logi­que­ment, enfuie à la suite des actions mili­taires juives, à l’ap­proche de troupes juives ou suite à des mas­sacres, les plus connus étant ceux de Deir Yas­sine, Dawaï­meh, Sali­ha, Saf­saf et Saas­sa10. Enfin, un réfu­gié pales­ti­nien sur trois (entre 200 000 et 250 000 per­sonnes) est par­ti suite à l’ex­pul­sion directe ou indi­recte (bom­bar­de­ment des popu­la­tions civiles, cam­pagnes de ter­reur psy­cho­lo­gique, etc.) des popu­la­tions de plu­sieurs grandes villes palestiniennes.

Tableaux 6 et 7 — Struc­ture démo­gra­phique du ter­ri­toire israé­lien le 31-12-1948 (sans exode et après)

Sous-dis­tricts Arabes Juifs % Arabes % Juifs Total
Acre  85 090  4 250  95 %  5 %  89 340 
Safed  57 470  7 910  88 %  12 %  65 380 
Kinneret  36 570  15 540  70 %  30 %  52 110 
Jezreël  82 400  21 460  79 %  21 %  103 860 
Haïfa  102 880  104 890  50 %  50 %  207 770 
Hadera  40 490  20 640  66 %  34 %  61 130 
Sharon  24 350  35 860  40 %  60 %  60 210 
Petah-Tikva  25 740  31 510  45 %  55 %  57 250 
Ramla  73 150  2 840  96 %  4 %  75 990 
Rehovot  29 180  31 560  48 %  52 %  60 740 
Tel-Aviv  98 720  277 250  26 %  74 %  375 970 
Jérusalem  68 430  109 980  38 %  62 %  178 410 
Ashkelon  92 190  3 180  97 %  3 %  95 370 
Beersheba  109 200  460    100 %    0 %  109 660 
Israël 925 860 667 330 58 % 42 % 1 593 190

— -

Sous-dis­tricts Arabes Juifs % Arabes % Juifs Total
Acre  48 700  6 000  89 %  11 %  54 700 
Safed  1 900  8 900  18 %  82 %  10 800 
Kinneret  5 100  14 400  26 %  74 %  19 500 
Jezreël  34 900  24 100  59 %  41 %  59 000 
Haïfa  9 100  116 400  7 %  93 %  125 500 
Hadera  18 300  31 300  37 %  63 %  49 600 
Sharon  10 400  26 500  28 %  72 %  36 900 
Petah-Tikva  3 000  45 900  6 %  94 %  48 900 
Ramla  2 600  1 800  59 %  41 %  4 400 
Rehovot  100  32 000    0 %  100 %  32 100 
Tel-Aviv  3 600  302 100  1 %  99 %  305 700 
Jérusalem  2 900  84 200  3 %  97 %  87 100 
Ashkelon  2 400  4 800  33 %  67 %  7 200 
Beersheba  13 000  1 200  92 %  8 %  14 200 
Non localisés   —  17 100   —   —  17 100 
Israël 156 000 716 700 18 % 82 % 872 700

Un exode précoce

Il est néces­saire de rap­pe­ler que la guerre d’in­dé­pen­dance d’Is­raël a débu­té six mois avant le 14 mai 1948, date de pro­cla­ma­tion de l’É­tat et d’en­trée en guerre des États arabes. Concer­nant l’exode pales­ti­nien, et moyen­nant une prise en compte de don­nées démo­gra­phiques actua­li­sées, il res­sort de l’é­tude de Ben­ny Mor­ris que, le 14 mai 1948 à minuit, 370 000 Pales­ti­niens sont déjà des réfu­giés et quelque 240 agglo­mé­ra­tions pales­ti­niennes sont déser­tées (carte 5). Cela signi­fie que, sur les 726 000 réfu­giés recen­sés par les Nations unies au len­de­main de la guerre, 51 % l’é­taient déjà avant l’en­trée en guerre des États arabes. Après la fin des hos­ti­li­tés, il appa­rait que l’exode pales­ti­nien dépasse les 90 % dans les régions de forte colo­ni­sa­tion juive et dans le tri­angle for­mé par Jéru­sa­lem, Tel-Aviv et Gaza, une zone conquise au for­ceps sur l’É­tat arabe pales­ti­nien mort-né et mar­quée par de nom­breuses expul­sions, comme dans les villes de Loudd (Lod) et Ram­leh. Au terme de la guerre de 1948, plus de la moi­tié des 1 478 000 Arabes de Pales­tine sont deve­nus des réfu­giés (tableau 4 et carte 3).

Tableau 4 — Exode pales­ti­nien (par sous-dis­trict israélien) 

Sous-dis­tricts 31 – 12-1948(*) 8-12-1948 Dif­fé­rence %
Acre  85 090  48 700   — 36 390   — 43 % 
Safed  57 470  1 900   — 55 570   — 97 % 
Kinneret  36 570  5 100   — 31 470   — 86 % 
Jezreël  82 400  34 900   — 47 500   — 58 % 
Haïfa  102 880  9 100   — 93 780   — 92 % 
Hadera  40 490  18 300   — 22 190   — 55 % 
Sharon  24 350  10 400   — 13 950   — 57 % 
Petah-Tikva  25 740  3 000   — 22 740   — 88 % 
Ramla  73 150  2 600   — 70 550   — 97 % 
Rehovot  29 180  100   — 29 080   — 100 % 
Tel-Aviv  98 720  3 600   — 95 120   — 96 % 
Jérusalem  68 430  2 900   — 65 530   — 96 % 
Ashkelon  92 190  2 400   — 89 790   — 97 % 
Beersheba  109 200  13 000   — 96 200   — 88 % 
Israël 925 860 156 000 - 769 860 - 83 %

(*) Pro­jec­tion

Carte 3 — Israël — Exode pales­ti­nien (en %) par sous-dis­trict israélien

carte-3.png

Même si les causes de l’exode pales­ti­nien n’é­taient pas connues, il n’en reste pas moins que toutes les ten­ta­tives de règle­ment diplo­ma­tique entre États arabes et Pales­ti­niens d’une part, et Israé­liens d’autre part, se sont heur­tées à un blo­cage de la part du gou­ver­ne­ment de David Ben Gou­rion comme de ses suc­ces­seurs. Lors de la pre­mière trêve (11 juin — 8 juillet), le média­teur des Nations unies, Folke Ber­na­dotte, pro­pose un nou­veau plan de par­tage cen­sé répondre aux exi­gences arabes et israé­liennes. Aux Pales­ti­niens, il pro­pose un État sur 81 % de la Pales­tine grâce à l’ad­jonc­tion du Néguev et de Jéru­sa­lem. Aux Israé­liens, il offre un ter­ri­toire plus homo­gène sur les 19 % res­tants de la Pales­tine. Divi­sés sur le prin­cipe même de l’É­tat pales­ti­nien, les États arabes rejettent un plan qui offre l’en­semble de la Gali­lée à Israël. Quant aux Israé­liens, ils sont conster­nés. S’ils conservent l’es­sen­tiel de leurs implan­ta­tions, Jéru­sa­lem, dont ils contrôlent une large par­tie, leur est reti­rée mais, en outre, Ber­na­dotte pré­voit le retour des 376 000 réfu­giés pales­ti­niens alors dénom­brés vers des zones vidées dans une pro­por­tion de 90 %. Avec un tel retour, l’É­tat juif serait majo­ri­tai­re­ment pales­ti­nien (51 %), tan­dis que la Gali­lée rede­vien­drait à 85 % pales­ti­nienne. En sep­tembre 1948, pen­dant la deuxième trêve, Ber­na­dotte pro­pose un plan dans lequel Jéru­sa­lem est à nou­veau inter­na­tio­na­li­sée, et la par­tie de la Pales­tine res­tée arabe est pro­mise aux Jor­da­niens (carte 9). Mais Ber­na­dotte réaf­firme son atta­che­ment au retour des réfu­giés pales­ti­niens, ce qui est exclu pour les Israé­liens. Le 17 sep­tembre 1948, Folke Ber­na­dotte, subi­te­ment pri­vé de pro­tec­tion israé­lienne, est assas­si­né par deux offi­ciers du groupe Stern, un mou­ve­ment ultra-natio­na­liste diri­gé par Yitz­hak Sha­mir. L’i­dée d’un retour des réfu­giés pales­ti­niens dans leurs foyers ou de leur indem­ni­sa­tion n’en sera pas moins offi­cia­li­sée le 11 décembre par la réso­lu­tion 194 des Nations unies, une réso­lu­tion qui réaf­firme par ailleurs les prin­cipes du par­tage de la Pales­tine et nomme une com­mis­sion de conciliation.

Le blocage israélien

Du 27 avril au 15 sep­tembre 1949, cette com­mis­sion convie à Lau­sanne une confé­rence de paix. À l’ex­cep­tion de l’I­rak, les États arabes bel­li­gé­rants amorcent un inflé­chis­se­ment dans le sens d’une recon­nais­sance condi­tion­nelle de l’É­tat d’Is­raël fon­dée sur les réso­lu­tions 181 (par­tage) et 194 (retour des réfu­giés)11. Ils pro­posent à Israël d’au­to­ri­ser le retour volon­taire des réfu­giés pales­ti­niens dans les régions conquises sur l’É­tat arabe de Pales­tine tel que des­si­né par l’O.N.U. en novembre 1947. En échange, les 450 000 réfu­giés (60 % du flux total) issus du ter­ri­toire ini­tia­le­ment dévo­lu à l’É­tat juif seraient quant à eux absor­bés par les États arabes. Concer­nant les fron­tières, les délé­ga­tions arabes sont divi­sées. Si la Jor­da­nie est prête à accep­ter les annexions israé­liennes en échange d’une recon­nais­sance de l’an­nexion de la Cis­jor­da­nie au royaume haché­mite, les Égyp­tiens exigent quant à eux la créa­tion d’un État pales­ti­nien dans les fron­tières tra­cées par Ber­na­dotte et les Syriens s’en tiennent au plan de par­tage de 1947. Il n’empêche que, mal­gré leurs diver­gences, en n’exi­geant le retour que d’une par­tie des réfu­giés, les États arabes se montrent sen­sibles à la reven­di­ca­tion israé­lienne de sau­ve­gar­der à tout prix une majo­ri­té juive signi­fi­ca­tive. Selon les options arabes envi­sa­gées, l’É­tat d’Is­raël est assu­ré d’une majo­ri­té juive oscil­lant entre 62 % et 95 %.

Ces pro­po­si­tions sont reje­tées par Israël et font capo­ter défi­ni­ti­ve­ment les négo­cia­tions. Pour­tant, Israël ne doit son admis­sion à l’O.N.U., le 12 mai 1949, qu’à sa recon­nais­sance des réso­lu­tions 181 et 194. En reje­tant des pro­po­si­tions de règle­ment qui lui octroient une assise ter­ri­to­riale et démo­gra­phique bien plus solide que la réso­lu­tion 181, Israël contre­dit l’ac­cep­ta­tion for­melle de cette réso­lu­tion. Moti­vé offi­ciel­le­ment par des impé­ra­tifs de sécu­ri­té et le dan­ger de réin­té­grer à l’É­tat juif une mino­ri­té pales­ti­nienne hos­tile, le refus israé­lien d’au­to­ri­ser le retour des réfu­giés semble prou­ver que l’ac­cep­ta­tion du par­tage n’a jamais été que tac­tique. Le plan de par­tage de 1947 pré­voyait un État juif doté d’une « mino­ri­té » pales­ti­nienne de 49 %, alors que les pro­po­si­tions de la com­mis­sion de conci­lia­tion (accep­tées par les États arabes) n’im­pliquent plus qu’une mino­ri­té pales­ti­nienne de 38 % à l’in­té­rieur des lignes de ces­sez-le-feu, et de 5 % à l’in­té­rieur de l’É­tat juif envi­sa­gé par la réso­lu­tion 181…

D’un pays arabe à un pays juif

Sur le ter­rain, le refus israé­lien de tout com­pro­mis ter­ri­to­rial et démo­gra­phique s’ex­prime par le dyna­mi­tage sys­té­ma­tique de la plu­part des 572 agglo­mé­ra­tions pales­ti­niennes aban­don­nées ou vidées de force (475 villes et vil­lages et 97 sites bédouins), le tout sur un ter­ri­toire qui en comp­tait 680 le 31 décembre 1947 (tableau 5). Inau­gu­rée pen­dant la pre­mière trêve israé­lo-arabe (juin-juillet 1948), cette poli­tique se pour­suit après les armis­tices et se double de la créa­tion de 160 nou­velles implan­ta­tions juives des­ti­nées à accueillir, sur­tout dans les anciennes grandes villes pales­ti­niennes, quelque 300 000 res­ca­pés de la Shoah. Dans le même temps, alors que plus de 700 000 Pales­ti­niens attendent de pou- voir exer­cer un droit au retour recon­nu par l’O.N.U., le gou­ver­ne­ment israé­lien éla­bore une poli­tique des­ti­née à empê­cher à tout prix le retour du moindre réfu­gié pales­ti­nien. Entre 1949 et 1956, des dizaines de mil­liers d’« infil­trés » pales­ti­niens sont refou­lés der­rière les lignes arabes. Il s’a­git le plus sou­vent de civils dési­reux de rejoindre leurs familles res­tées en ter­ri­toire israé­lien ou, tout sim­ple­ment, de récu­pé­rer des biens ou mois­son­ner leurs champs. Tous n’ont pas la chance de se faire refou­ler. Sur la base des archives mili­taires, Ben­ny Mor­ris estime que si de 200 à 250 Israé­liens tom­be­ront sous les coups d’« infil­trés » armés, ce sont entre 2 700 et 5 000 « infil­trés », la plu­part non armés, qui mour­ront, vic­times des tirs de l’ar­mée israé­lienne ou de mines israé­liennes pla­cées le long des lignes de ces­sez-le-feu12.

Tableau 5 — Bilan de l’é­va­cua­tion et/ou de la des­truc­tion des villes et vil­lages pales­ti­niens (sites bédouins non inclus)

Sous-dis­tricts 1948 1953 Dif­fé­rence
Acre  61  34   — 27 
Safed  80   — 77 
Kinneret  36   — 32 
Jezreël  81  23   — 58 
Haïfa  15   — 12 
Hadera  47  15   — 32 
Sharon  29   — 24 
Petah-Tikva  19   — 16 
Ramla  30   — 30 
Reho­vot 15   — 15 
Tel-Aviv  12   — 12 
Jérusalem  50   — 48 
Ashkelon  56   — 56 
Beersheba  36   — 36 
Israël 567 92 - 475

Cin­quante ans plus tard, la donne démo­gra­phique n’a pas fini de han­ter les cau­che­mars israé­liens. Sur 7 mil­lions de Pales­ti­niens, la moi­tié vivent hors de Palestine/Israël et 5 350 000 d’entre eux sont des réfu­giés, soit 75 %. En dépit du pro­ces­sus diplo­ma­tique enclen­ché voi­ci cinq ans, leur retour n’est pas à l’ordre du jour, tan­dis que leur ins­tal­la­tion dans ce qui devrait peut-être un jour deve­nir un État pales­ti­nien indé­pen­dant est plus qu’­hy­po­thé­tique. Sur­tout, l’Ad­mi­nis­tra­tion des terres d’Is­raël, en expro­priant les terres pales­ti­niennes publiques et une large par­tie des terres pri­vées, détient désor­mais 92 % de la super­fi­cie de l’É­tat13. Si l’on y ajoute l’ap­pro­pria­tion de quelque 70 % de la Cis­jor­da­nie et de Gaza en trente ans d’oc­cu­pa­tion, il res­sort que, si les orga­nismes fon­ciers sio­nistes déte­naient 7 % de la Pales tine en 1947, ils en détiennent désor­mais 90 % 14. Sur les terres expro­priées, tant en Israël que dans les ter­ri­toires occu­pés, l’é­di­fi­ca­tion de villes réser­vées au peu­ple­ment juif se pour­suit. Si le ter­ri­toire israé­lien était recou­vert de 311 agglo­mé­ra­tions juives en 1948, ces der­nières sont désor­mais au nombre de 880 (contre 770 en 1970), aux­quelles il faut ajou­ter 162 colo­nies de peu­ple­ment dans les ter­ri­toires occupés.

1998, une Galilée incurable

Les mon­tagnes de Gali­lée, annexées à Israël en 1948, sont la seule région de l’É­tat hébreu à avoir conser­vé une qua­si-majo­ri­té arabe, mal­gré de larges vagues d’ex­pro­pria­tions et d’im­plan­ta­tions dans les années sep­tante. Pour faire face à la ten­dance struc­tu­relle de cette zone à recou­vrer une majo­ri­té arabe, les auto­ri­tés israé­liennes viennent d’a­dop­ter un nou­veau plan, appe­lé « Bou­clier de David 2020 », visant à désen­gor­ger la région de Tel-Aviv et à implan­ter en Gali­lée plus d’un mil­lion et demi de Juifs, un plan néces­si­tant de nou­velles expro­pria­tions de terres arabes15 et le confi­ne­ment accru du « sec­teur arabe » dans des zones au bord de l’as­phyxie, sur­peu­plées et inter­dites d’ex­pan­sion. À l’é­chelle de toute la Palestine/Israël, une popu­la­tion juive de 4 400 000 âmes (57 %) dis­pose d’un ter­ri­toire ouvert repré­sen­tant 90 % du pays, tan­dis que 3 300 000 Pales­ti­niens (43 %) ne dis­posent plus que de 10 % de terres mor­ce­lées sur les­quelles la den­si­té de popu­la­tion est six fois supé­rieure à celle du sec­teur juif. Cet état de fait est en passe de se concré­ti­ser sur le ter­rain poli­tique. En février 1997, des dépu­tés du Likoud et du par­ti tra­vailliste se sont mis d’ac­cord sur le sta­tut final des ter­ri­toires occu­pés16. Après annexion de 41 % de la Cis­jor­da­nie, un État pales­ti­nien com­po­sé de trois enclaves devrait voir le jour sur 15 % de la Palestine/Israël, c’est-à-dire sur 3 900 km², soit notre pro­vince de Liège. La guerre des terres et de la démo­gra­phie est loin d’être terminée.

  1. John Nor­ton Moore, “Excerpts from the Report of the Pales­tine Royal Com­mis­sion (The Peel Com­mis­sion) June 22, 1937”, The Arab-Israe­li Conflict, Vol. III, Prin­ce­ton Uni­ver­si­ty Press, Prin­ce­ton, 1974, p. 150 – 183.
  2. Ilan Halé­vi, Sous Israël, la Pales­tine, Le Syco­more, Paris, 1978, p. 148. The Birth of the Pales­ti­nian Refu­gee Pro­blem, 1947 – 1949, Cam­bridge Uni­ver­si­ty Press, Cam­bridge, 1988.
  3. Gover­ne­ment of Pales­tine. Sup­ple­ment to Sur­vey of Pales­tin. Notes com­pi­led for the infor­ma­tion of the Uni­ted Nations Spe­cial Com­mit­tee on Pales­tine, June 1947, Reprin­ted in full with per­mis­sion from Her Majes­ty’s Sta­tio­ne­ry Office by the Ins­ti­tute for Pales­tine Stu­dies, Washing­ton D.C., 1991.
  4. Par­mi les­quelles cin­quante implan­ta­tions de type Homa ou-Mig­dal (« Muraille et Tour »), des postes mili­taires avan­cés fon­dés durant la révolte pales­ti­nienne de 1936 – 1939.
  5. Kha­lil Tou­fak­ji et Young Wyman, Falas­tin, At-Tajam­mouat Al-Falas­ti­niya wa Al-Mous­ta­ma­rat Al-Yahou­diya (« Pales­tine. Agglo­mé­ra­tions pales­ti­niennes et colo­nies juives »), Pales­tine Geo­gra­phic Cen­ter. Arab Stu­dies So cie­ty, Jéru­sa­lem, 1988. Gover­ne­ment of Pales­tine, Sur­vey of Pales­tine (maps 1/100 000), Jéru­sa­lem, 1944.
  6. Inver­se­ment, l’É­tat arabe ne com­porte qu’une mino­ri­té juive de 1 %.
  7. Rober­to Bachi, « State of Israel (Popu­la­tion) », Ency­clo­pae­dia Judai­ca, Vol. 9, Keter Publi­shing House, Jéru­sa­lem, p. 488 – 49
  8. Ce vocable regroupe autant des his­to­riens que des poli­to­logues et des socio­logues, les­quels tra­vaillent autant sur la période contem­po­raine que sur un champ plus loin­tain. Les plus émi­nents sont Ben­ny Mor­ris, Tom Segev, Ilan Pap­pé, Avi Shlaïm, Sim­ha Fla­pan, Yaïr Oron, Israël Ger­sho­ni, Shlo­mo Zand, etc.
  9. Ben­ny Mor­ris, op cit. 1948 and After, Israel and the Pales­ti­nians, Cla­ren­don Press, Oxford, 1990.
  10. Aujourd’­hui des loca­li­tés juives rebap­ti­sées res­pec­ti­ve­ment Kfar Shaoul, Amat­zia, Yiron, Sif­sou­fa et Sassa.
  11. John Nor­ton Moore, « Excerpt from the Pro­gress Report of the Uni­ted Nations Conci­lia­tion Com­mis­sion for
    Pales­tine, Decem­ber 11, 1949 — Octo­ber 23, 1950 », op. cit., p. 495 – 542.
  12. Ben­ny Mor­ris, Israel’s Bor­der Wars, 1949 – 56, Cla­ren­don Press, Oxford, 1993, p. 414 – 416.
  13. Ces expro­pria­tions ont été réa­li­sées essen­tiel­le­ment entre 1948 et 1966, période durant laquelle la mino­ri­té pales­ti­nienne, res­tée en Israël et deve­nue citoyenne de l’É­tat, a vécu sous un régime de gou­ver­ne­ment mili­taire complet.
  14. Jean-Fran­çois Legrain, « Judaï­sa­tion et démem­bre­ment : poli­tiques israé­liennes de démem­bre­ment du ter­ri­toire en Cis­jor­da­nie-Gaza (1967 – 1995) », Magh­reb-Machrek, n° 152, avril-juin 1996, p. 42 – 75.
  15. Yediot Aha­ro­not, 31 octobre 1996.
  16. Yediot Aha­ro­not, 14 février 1997.

Pascal Fenaux


Auteur

Pascal Fenaux est membre du comité de rédaction de La Revue nouvelle depuis 1992. Sociologue, il a poursuivi des études en langues orientales (arabe et hébreu). Il est spécialiste de la question israélo-palestinienne, ainsi que de la question linguistique et communautaire en Belgique. Journaliste indépendant, il est également «vigie» (veille presse, sélection et traduction) à l’hebdomadaire Courrier international (Paris) depuis 2000. Il y traite et y traduit la presse «régionale» juive (hébréophone et anglophone) et arabe (anglophone), ainsi que la presse «hors-zone» (anglophone, yiddishophone, néerlandophone et afrikaansophone).