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Ukraine : le passé dure longtemps

Numéro 4/5 avril-mai 2014 par Bernard De Backer

mai 2014

Un poète russe contem­po­rain, Lev Rubin­stein, a dif­fu­sé, le 1er mars 2014, un bref mes­sage, à la suite de l’invasion mili­taire du ter­ri­toire ukrai­nien de Cri­mée par des troupes mas­quées et armées jusqu’aux dents. Il y écri­vait notam­ment ceci : « Chers amis ukrai­niens, Toutes nos pen­sées sont avec vous. Toute notre anxié­té et tous nos espoirs sont avec vous. […]

Un poète russe contem­po­rain, Lev Rubin­stein, a dif­fu­sé, le 1er mars 2014, un bref mes­sage, à la suite de l’invasion mili­taire du ter­ri­toire ukrai­nien de Cri­mée par des troupes mas­quées et armées jusqu’aux dents. Il y écri­vait notam­ment ceci : « Chers amis ukrai­niens, Toutes nos pen­sées sont avec vous. Toute notre anxié­té et tous nos espoirs sont avec vous. Tout notre déses­poir et toute notre colère sont avec vous. Ceci est un moment où il est impos­sible d’être silen­cieux, mais où l’on ne sait que dire. Je vais pro­ba­ble­ment devoir pro­non­cer des paroles un peu pathé­tiques : essayez de nous par­don­ner. Nous signi­fiant, hélas, les quelques Russes sains d’esprit qui ne sont pas encore empoi­son­nés par des gaz impé­riaux. Ce ne sont pas des gaz dif­fu­sés par Gaz­prom, ce sont des gaz qui, mal­heu­reu­se­ment, sont dépo­sés beau­coup plus profondément. »

La pro­fon­deur évo­quée par le poète russe dans sa méta­phore ne fait pas seule­ment réfé­rence à la dimen­sion géo­lo­gique de l’habitus impé­rial, ins­tal­lé dans les « couches pro­fondes » du pou­voir ou de la socié­té russes, mais, bien enten­du, aus­si à sa dimen­sion his­to­rique. Impos­sible, en effet, de com­prendre les com­po­santes et les enjeux de la crise ukrai­nienne actuelle, qui n’en est peut-être qu’à ses débuts, sans faire réfé­rence à l’histoire nouée à la géo­gra­phie qui, selon le fon­da­teur de la revue Héro­dote, Yves Lacoste, « sert d’abord à faire la guerre ». Ceci non seule­ment parce que les réfé­rences et les com­pa­rai­sons his­to­riques abondent dans les ana­lyses et les com­men­taires1, mais sur­tout parce que les prin­ci­paux inté­res­sés vivent les conflits actuels au tra­vers de prismes mémo­riels et cultu­rels tenaces, et sont de ce fait sen­sibles à diverses formes de mobi­li­sa­tion et de mani­pu­la­tion. L’auteur de ces lignes a pu en être témoin lors de nom­breux voyages en Ukraine, et ceci jusqu’à la cari­ca­ture2.

Fascistes et antifascistes

Le pre­mier de ces prismes est évi­dem­ment celui de la Seconde Guerre mon­diale et de ses pré­misses, pogro­mistes puis sta­li­niennes, dont le ter­ri­toire ukrai­nien fut un des prin­ci­paux champs de bataille et lieux de mas­sacres innom­mables 3. Sta­line se trou­vant du côté des vain­queurs — après avoir déca­pi­té sa propre armée, puis pac­ti­sé avec le diable afin de dépe­cer la Pologne et les pays baltes — la Rus­sie sous ses habits sovié­tiques se mua en héroïque défen­seur « anti­fas­ciste » de la civi­li­sa­tion contre la bar­ba­rie nazie. Cer­tains groupes indé­pen­dan­tistes de l’Ouest ayant, de leur côté, noué des alliances tout aus­si cri­mi­nelles avec Hit­ler, les Ukrai­niens occi­den­taux qui regim­baient à leur incor­po­ra­tion dans la patrie du socia­lisme se trou­vèrent sys­té­ma­ti­que­ment trai­tés de « natio­na­listes fas­cistes » et dépor­tés au Gou­lag. Les preuves et traces des exac­tions sta­li­niennes étant par ailleurs, à cette époque, hors d’atteinte, frap­pées de nul­li­té ou d’omerta, le maitre-récit des « héros inter­na­tio­na­listes de l’Est » contre les « fas­cistes natio­na­listes de l’Ouest ukrai­nien » put s’installer dura­ble­ment, y com­pris chez nombre d’intellectuels euro­péens. La pro­pa­gande du Krem­lin en fait aujourd’hui un usage immo­dé­ré, relayée en Europe par des offi­cines de la gauche radi­cale, voire par des rus­so­philes ou « vol­tai­riens » situés très à droite de l’échiquier poli­tique. Les mani­fes­tants de Maï­dan, dont la diver­si­té a été sou­li­gnée par la plu­part des obser­va­teurs, ain­si que les nou­velles auto­ri­tés de Kiev, sont ain­si assi­mi­lés à une bande de « pogro­mistes » ou de revan­chards néo­na­zis par les chaines de télé­vi­sions russes.

Inver­se­ment, la chute de l’URSS et l’indépendance de l’Ukraine en 1991 ont levé la loi du silence et ouvert les archives qui docu­men­tèrent l’ampleur et l’étendue de la ter­reur bol­che­vique, cris­tal­li­sée autour de la famine « orga­ni­sée », voire géno­ci­daire, de 1933. La « pro­mo­tion » d’Holo­do­mor dans la mémoire natio­nale offre ain­si un paral­lèle trou­blant avec celle de l’Holocauste, la Rus­sie et le mar­xisme-léni­nisme deve­nant cette fois l’incarnation du mal abso­lu et l’Ukraine celle de vic­time sacri­fi­cielle, donc « autre » de la Rus­sie résis­tant à l’Empire, comme le kou­lak résis­tait à la col­lec­ti­vi­sa­tion. Pen­dant ce temps, la radi­ca­li­sa­tion de groupes natio­na­listes — pui­sant en par­tie leur légi­ti­mi­té dans cette mémoire retrou­vée et dans son occul­ta­tion, réac­ti­vée par V. Ianou­ko­vitch (pré­sident ukrai­nien de 2010 à sa fuite, le 22 février 2014) — offre du pain bénit à la pro­pa­gande russe qui peut y pui­ser ses images et récits, dif­fu­sés en ligne et relayés à tout va. Le cli­vage intra-ukrai­nien est par ailleurs bien utile au pro­jet de « nou­velle Rus­sie » qui se des­si­ne­rait à Mos­cou, incluant la Cri­mée et la rive gauche du Dnie­pr4. Des­sein impé­rial qui res­semble à celui de Cathe­rine II, et sous le même nom…

Ce legs mémo­riel du XXe siècle, briè­ve­ment résu­mé ici, ne prend en effet sa véri­table épais­seur qu’au regard d’un cli­vage plus ancien et plus pro­fond auquel il est en par­tie lié. Celui-ci sépare les ter­ri­toires de l’ancienne Rus’ de Kyiv pro­gres­si­ve­ment absor­bés par la Mos­co­vie hyper­con­ti­nen­tale, mono­lingue et auto­cra­tique, de ceux qui tom­bèrent dans l’escarcelle de puis­sances occi­den­tales plus mari­times, poly­glottes et aris­to­cra­tiques. Cli­vage qui s’est dépla­cé au cours des siècles, en sui­vant une ligne plus ou moins paral­lèle au Dnie­pr, dont le mou­ve­ment se diri­geait vers l’Ouest et sur­tout vers le sud, au béné­fice de la Rus­sie — Troi­sième Rome suc­cé­dant à Byzance deve­nue Istan­bul, que Cathe­rine II vou­lait arra­cher aux Otto­mans. La conquête russe de l’Ukraine fut ache­vée lorsque l’URSS annexa ses der­niers ter­ri­toires occi­den­taux dans la fou­lée du pacte ger­ma­no-sovié­tique et de la seconde guerre.

Enfin, la Répu­blique socia­liste sovié­tique d’Ukraine, com­pre­nant les ter­ri­toires actuels, reçut la Cri­mée en 1954 des mains de Niki­ta Khroucht­chev, en com­mé­mo­ra­tion du trai­té de Per­eïa­slav5 par lequel la rada des cosaques ukrai­niens fit allé­geance à Mos­cou trois siècles plus tôt (ce que les signa­taires cosaques regret­tèrent rapi­de­ment en se sou­le­vant contre la Rus­sie avant de signer fina­le­ment le trai­té d’Androussovo en 1667). Le « cadeau » en retour sem­blait sans risque, l’incorporation de l’Ukraine au sein de l’URSS équi­va­lant à celle de son absorp­tion défi­ni­tive dans une Rus­sie élar­gie aux dimen­sions sovié­tiques6. Si ce n’était pas le cas, pour­quoi l’internationalisme sovié­tique, ayant pour voca­tion d’ouvrir la « pri­son des peuples » de l’Empire des Roma­nov, célè­bre­rait-il l’allégeance des cosaques ukrai­niens au même empire auto­cra­tique ? Et cela non sans avoir dépor­té aupa­ra­vant les Tatars de Cri­mée7, éga­le­ment accu­sés de fas­cisme, comme divers peuples du Cau­case. Tou­jours est-il que, sous la gri­saille moins ter­ri­fiante du sovié­tisme post­sta­li­nien et de la « stag­na­tion » bre­j­né­vienne, des para­digmes cultu­rels et des his­toires très dif­fé­rentes, tan­tôt mythiques, tan­tôt secrètes et occul­tées, redou­blés par des cli­vages reli­gieux et lin­guis­tiques, per­du­rèrent à bas bruit.

Eurasisme et choc des civilisations

Le pas­sé dure donc long­temps, en Ukraine comme en Rus­sie, et il faut tirer les ensei­gne­ments de ces mémoires figées aux effets redou­tables. Et ils le sont d’autant plus lorsque les droits indi­vi­duels sont peu déve­lop­pés et que la soli­da­ri­té avec la com­mu­nau­té des vivants et la mémoire des morts sont fortes. On le sait, seule la liber­té de recherche, de débat et d’expression per­met de sor­tir len­te­ment de récits his­to­riques mani­chéens et d’affronter un pas­sé com­plexe, retors et dou­lou­reux. Or la liber­té d’examiner le pas­sé sup­pose l’accès aux archives et la liber­té tout court, enca­drée par l’exercice démo­cra­tique du pou­voir. Comme un pas­sé récent nous l’a mon­tré, le patri­mo­nia­lisme russe8, réac­ti­vé par Vla­di­mir Pou­tine, se veut aus­si étroi­te­ment pro­prié­taire de l’histoire et de sa nar­ra­tion. Est-ce un hasard si l’une des plus anciennes et des plus pres­ti­gieuses orga­ni­sa­tions non gou­ver­ne­men­tales de Rus­sie, har­ce­lée comme d’autres par les auto­ri­tés, se nomme Mémorial ?

L’affirmation de la puis­sance russe et de sa voca­tion impé­riale se fait aujourd’hui en remo­bi­li­sant une idéo­lo­gie géo­po­li­tique, dite « eur­asiste », datant des années 1920, liée à une ver­ti­cale du pou­voir peu favo­rable à la démo­cra­tie et à la cri­tique his­to­rique. Si l’on sou­haite se gar­der d’une vision occi­den­ta­lo-cen­trée ou pure­ment uti­li­ta­riste de la géo­po­li­tique, dans laquelle les puis­sances se livrent une bataille sans mer­ci à seule fin d’optimiser leurs inté­rêts, ter­ri­toires et res­sources, il n’est pas inutile de se pen­cher sur cette vision du monde. On ne sait si les cercles diri­geants y accordent eux-mêmes de la cré­di­bi­li­té, s’ils sont cyniques ou évo­luent « dans une autre réa­li­té », mais elle ne s’est évi­dem­ment pas déve­lop­pée au hasard. C’est en effet cette idéo­lo­gie qui sous-tend le pro­jet concur­rent à celui de l’Union euro­péenne, l’Union eur­asia­tique, pour lequel l’Ukraine est un enjeu majeur. Comme l’écrit un des pen­seurs de l’eurasisme, bien en cour à Mos­cou, le phi­lo­sophe Alexandre Dou­guine, « Il faut construire l’Empire ou mou­rir 9. » Ce der­nier a par ailleurs décla­ré après le réfé­ren­dum du 16 mars en Cri­mée : « Nous avons enfin com­men­cé à bâtir la Grande Rus­sie. Nous devons aller plus loin ! Si nous n’aidons pas nos frères de l’est et du sud de l’Ukraine, notre vic­toire ne sera pas totale10. »

Nous ne pou­vons détailler ici les filia­tions idéo­lo­giques et les com­po­santes de l’eurasisme, qui méri­te­rait un article en soi, mais force est de consta­ter qu’il légi­time et donne une forme renou­ve­lée, qua­si­ment escha­to­lo­gique, à l’impérialisme russe. Pui­sant dans les « couches pro­fondes » de l’identité ortho­doxe (Dou­guine s’est lui-même conver­ti à la branche des Vieux-Croyants, reje­tant les réformes datant du XVIIe siècle), il oppose radi­ca­le­ment la civi­li­sa­tion conti­nen­tale de l’Eurasie, dont la Rus­sie serait le cœur, spi­ri­tua­liste et anti­mo­derne, à l’Occident maté­ria­liste, libé­ral et déca­dent — la « Gay­rope11 » selon le mot dou­teux de jour­na­listes proches du Krem­lin. Par­ti­san d’un monde mul­ti­po­laire dont l’Eurasie serait l’un des acteurs majeurs, il offre une belle illus­tra­tion du « choc des civi­li­sa­tions » de Samuel Hun­ting­ton (une réfé­rence pour Dou­gine), dont les pages consa­crées à l’Ukraine méritent d’être relues aujourd’hui. Dans ce contexte, la réap­pa­ri­tion du fan­tôme de l’Ukraine12 n’est guère sur­pre­nante et pose de redou­tables ques­tions, qui vont bien au-delà de la des­ti­née par­ti­cu­lière du pays des confins. À l’heure où nous écri­vons ces lignes, l’existence même de ce der­nier paraît cepen­dant gra­ve­ment mena­cée par V. Pou­tine, qui aurait remis en cause la légi­ti­mi­té juri­dique de la décla­ra­tion d’indépendance ukrai­nienne du 24 aout 1991, lors d’une conver­sa­tion avec Mous­ta­pha Dje­mi­lev, figure de proue des Tatars de Crimée.

19 mars 2014

  1. La plu­part des com­pa­rai­sons sont éta­blies avec la crise des Sudètes en 1938 ou l’Anschluss de l’Autriche (notam­ment par l’historien russe Andrei Zubov), mais aus­si le coup de Prague en 1948, Buda­pest en 1956, Prague en 1968 et bien évi­dem­ment la Géor­gie en 2008. Des évè­ne­ments plus anciens, datant de l’époque tsa­riste, sont éga­le­ment évo­qués : l’invasion de la Pologne au XVIIIe siècle, celle de la Hon­grie en 1848, ou de la Cri­mée en 1783. Dans ces divers cas de figure, c’est l’impérialisme ter­ri­to­rial qui est mis en cause. Sur ce sujet, voir Laurent Cha­mon­tin, L’empire sans limites. Pou­voir et socié­té dans le monde russe, édi­tions de l’Aube, 2014.
  2. Comme un dra­peau de Sta­line, bran­di lors de mon arri­vée à Donetsk, ou le récit d’une dépor­ta­tion au camp de Ken­guir par un vieux pay­san gali­cien. Voir « Voyage au pays des deux rives », La Revue nou­velle, octobre 2006.
  3. L’historien Timo­thy Sny­der, auteur de Terres de sang. L’Europe entre Hit­ler et Sta­line, écrit que les popu­la­tions d’Ukraine et de Bié­lo­rus­sie furent les prin­ci­pales vic­times civiles et mili­taires de la guerre, y com­pris au sein de l’Armée rouge. Comme il le sou­ligne dans le livre pré­ci­té, « Pen­dant les années où Sta­line et Hit­ler étaient tous deux au pou­voir, plus de gens furent tués en Ukraine que par­tout ailleurs, que ce soit dans les terres de sang, en Europe ou dans le reste du monde. »
  4. D’autres scé­na­rios cir­culent, comme celui d’une inva­sion des régions limi­trophes de la Cri­mée jusqu’Odessa, sui­vie (ou pré­cé­dée) d’une non-recon­nais­sance des élec­tions ukrai­niennes de mai 2014. Des signes de ce scé­na­rio seraient déjà visibles sur le ter­rain, avec la pré­sence de pre­mières troupes russes dans l’oblast de Kher­son. Enfin, une désta­bi­li­sa­tion de le Mol­da­vie par une séces­sion de sa région méri­dio­nale, la Gagaou­zie, est aus­si évoquée.
  5. La sta­tue équestre du signa­taire ukrai­nien, l’hetman Khmel­nits­ki, trône au centre de Kyiv. Elle a été éri­gée à l’époque sovié­tique. Le bâton de l’hetman, sym­bole de son pou­voir, pointe vers Moscou.
  6. L’Ukraine pre­nant dis­tance avec la Rus­sie, le « cadeau » cri­méen a été logi­que­ment repris…
  7. Ce sont cer­tai­ne­ment les Tatars qui ont le plus à perdre dans l’annexion de la Cri­mée par la Rus­sie. Cer­tains repor­tages (comme celui de Nata­lia Ante­la­va dans « Who will pro­tect the Cri­mean Tatars ? », New Yor­ker du 6 mars 2014) font déjà état de mai­sons, habi­tées par des Tatars, mar­quées d’une croix comme en mai 1944.
  8. Voir à ce sujet l’article de Kat­li­jn Mal­fliet, « Un Etat patri­mo­nial », dans « Rus­sie : le retour du même ?», dos­sier de La Revue nou­velle, avril 2012.
  9. Dans Le pro­phète de l’eurasisme – Alexandre Dou­guine, Ava­tar édi­tions, 2006. Pour un aper­çu de l’idéologie eur­asia­tique et de ses liens avec la nou­velle droite fran­çaise, voir ici : The fourth poli­ti­cal theo­ry.
  10. Cité dans Le Monde du 17 mars 2014.
  11. Mot valise com­po­sé de gay et Europe, ridi­cu­li­sant cette der­nière dont tous les habi­tants seraient homo­sexuels. Je me per­mets de ren­voyer à mon article « Apo­ca­lypse pour tous », La Revue nou­velle, sep­tembre 2013.
  12. Comme l’écrivait déjà Jacques Benoist-Méchin (un vrai fas­ciste, celui-là): « Car dans ce vieux châ­teau han­té et à demi rui­né du conti­nent, où la conscience euro­péenne erre, en proie à l’insomnie comme Ham­let sur la ter­rasse d’Elseneur, voi­ci que sur­git un spectre de plus, le fan­tôme de l’Ukraine » (sou­li­gné dans le texte), L’Ukraine des ori­gines à Sta­line, Albin Michel, 1941.

Bernard De Backer


Auteur

sociologue et chercheur