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Trop de reprise tue la reprise

Numéro 2 Février 2011 par Padilla

février 2011

En tout état de cause, cela pour­rait être le résul­tat para­doxal d’une « trop » forte reprise de l’activité éco­no­mique outre-Atlan­­tique et/ou en Alle­magne qui aurait pour effet de tuer la reprise. Com­men­çons par les États-Unis. Les nom­breuses mesures de relance et de sou­tien à l’activité éco­no­mique mises en œuvre par la FED et le Tré­sor amé­ri­cains ont […]

En tout état de cause, cela pour­rait être le résul­tat para­doxal d’une « trop » forte reprise de l’activité éco­no­mique outre-Atlan­tique et/ou en Alle­magne qui aurait pour effet de tuer la reprise. Com­men­çons par les États-Unis. Les nom­breuses mesures de relance et de sou­tien à l’activité éco­no­mique mises en œuvre par la FED et le Tré­sor amé­ri­cains ont certes per­mis d’éviter l’effondrement de l’économie. Mais à l’heure actuelle, elles ne sont pas en mesure d’empêcher, après trois ans de crise, une rechute des prix dans le sec­teur immo­bi­lier, soit du sec­teur qui se trouve au cœur de la crise… Et dont la sor­tie de crise dépend.

La chute des prix de l’immobilier rési­den­tiel a certes été stop­pée durant l’année 2009 et une bonne moi­tié de l’année 2010, grâce notam­ment aux forts inci­tants fis­caux pour les pri­mo ache­teurs mis en place dans le cadre du plan de relance amé­ri­cain. Pour­tant, comme le montre l’indicateur par excel­lence uti­li­sé dans ce domaine, à savoir l’index Case-Schil­ler, depuis le der­nier tri­mestre de l’année 2010, les prix ont recom­men­cé à chu­ter. Si en revanche les autres sec­teurs de l’activité éco­no­mique conti­nuent à conso­li­der la reprise et si l’inflation pour­suit sa tra­jec­toire ascen­dante, à la suite notam­ment de l’augmentation impor­tante des prix du pétrole et des den­rées ali­men­taires, la FED devra tout ou tard rele­ver ses taux d’intérêt.

L’immobilier américain toujours fragile

La consé­quence immé­diate en serait un ren­ché­ris­se­ment des condi­tions de cré­dit et de rem­bour­se­ment des créances dans l’immobilier rési­den­tiel et com­mer­cial, amor­çant par la même occa­sion une nou­velle vague de réduc­tion de l’immobilier et des sai­sies. Sachant par ailleurs que de nom­breux cré­dits hypo­thé­caires à taux variable de qua­li­té dou­teuse dont la valeur éco­no­mique agré­gée est com­pa­rable aux cré­dit « sub­prime » conti­nuent à être rem­bour­sés à l’heure actuelle grâce aux taux d’intérêt plan­chers pra­ti­qués par la FED, il n’est pas bien dif­fi­cile d’imaginer les consé­quences d’une aug­men­ta­tion rela­ti­ve­ment brusque des taux d’intérêt.

Une reprise robuste et asy­mé­tique risque donc de débou­cher sur des effets retour sus­cep­tibles de réamor­cer de nou­velles tur­bu­lences dans le sys­tème finan­cier à par­tir d’une nou­velle acti­va­tion de la bombe immo­bi­lière. Il se pour­rait dès lors qu’une décen­nie de faible crois­sance qua­si défla­tion­niste, à l’instar de la situa­tion qu’a connue le Japon depuis une quin­zaine d’années, s’impose comme hori­zon par défaut étant don­né les risques d’une reprise rapide. La situa­tion est cor­né­lienne car une reprise molle va de pair avec des taux de chô­mage poli­ti­que­ment inacceptables.

Une reprise allemande dangereuse pour les pays périphériques

L’ue connait une situa­tion à cer­tains égards ana­logue. L’économie alle­mande est en train de retrou­ver ses niveaux de pro­duc­tion d’avant la crise et connait son plus bas taux de chô­mage depuis la réuni­fi­ca­tion, alors que les taux d’inflation connaissent un rebond légè­re­ment au-des­sus du pla­fond de 2% fixé par la BCE Cela sur­vient alors que l’activité éco­no­mique dans les États membres péri­phé­riques, et plus par­ti­cu­liè­re­ment en Espagne et en Irlande, conti­nue à stag­ner et que les sec­teurs finan­ciers et immo­bi­liers locaux sont loin d’être pur­gés. Si la loco­mo­tive alle­mande conti­nue à confir­mer son rythme des der­niers mois, les pres­sions visant à aug­men­ter les taux d’intérêt his­to­ri­que­ment bas ne feront que s’accroitre. Il fau­dra alors s’attendre à ce que la BCE, dont la célé­ri­té à pré­ser­ver la sta­bi­li­té des prix n’est plus à démon­trer, décide de rele­ver les taux d’intérêt. Cela aura pour consé­quence de tuer tout espoir de reprise dans les pays péri­phé­riques, et plus par­ti­cu­liè­re­ment d’amorcer une chute impor­tante des prix de l’immobilier en Espagne. Avec pour résul­tat une aggra­va­tion de la situa­tion du sec­teur finan­cier espa­gnol et, par rico­chet et effet domi­no, un nou­veau coup (fatal?) pour le sec­teur finan­cier euro­péen dont l’état pré­caire n’est que trop bien connu…

Le 7 février 2011

Padilla


Auteur

Franscico Padilla est conseiller politique d'[Ecolo->http://www.ecolo.be] en Affaires européennes et internationales.