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Traductrices du monde entier, levez-vous !
Traduire, c’est transmettre. Traduire, c’est partager. Traduire, c’est, d’une certaine manière participer au récit. Une traductrice passe un texte par le filtre de sa pensée et de son expérience. Traduire, c’est aussi échanger, diffuser et véhiculer des idées, des histoires d’une région à d’autres du vaste monde comme contribution à son évolution. Mais est-ce trahir ? Jusqu’où peut-on […]
Traduire, c’est transmettre. Traduire, c’est partager. Traduire, c’est, d’une certaine manière participer au récit. Une traductrice passe un texte par le filtre de sa pensée et de son expérience. Traduire, c’est aussi échanger, diffuser et véhiculer des idées, des histoires d’une région à d’autres du vaste monde comme contribution à son évolution. Mais est-ce trahir ? Jusqu’où peut-on aller dans la réécriture d’un propos, dans la digestion d’un texte pour le rendre intelligible dans une langue étrangère. Les autrices et l’auteur de ce dossier sont toutes traductrices. Pour évoquer les nouveaux enjeux de la traduction, il nous a semblé indispensable d’offrir une réflexion située, menée par des personnes dont la traduction est le métier mais surtout, et c’est essentiel dans un métier de plume, dont c’est la passion. À l’heure où d’aucun.es ne jurent que par les traductions automatisées qu’offrent les intelligences artificielles, nous avons souhaité remettre la balle au centre pour vous, pour nous rappeler que les émotions, les expériences vécues, la pratique, les histoires personnelles, la recherche, les contacts sont autant d’éléments qui poussent une traductrice à s’emparer d’un texte pour le donner à voir à un lectorat plus large.
Le présent dossier a été pensé et construit à partir de la singularité des expériences personnelles et donc depuis une certaine subjectivité engagée. La première personne y est volontairement présente, car il s’agit de donner à entendre des voix bien souvent muettes, de mettre en lumière des personnes fréquemment invisibilisées.
Georgia Froman coiffe deux casquettes, celle d’éditrice et celle de traductrice. Tant dans la maison d’édition où elle travaille, Wildproject, que dans son travail de traductrice freelance, elle a à cœur de se décentrer, de laisser place aux autres cultures en faisant un pas de côté pour éviter le piège de l’ethnocentrisme. Elle nous raconte comment, dans ses deux métiers, elle parvient à conjuguer ses pratiques pour assurer que ne soit invisibilisées ni la traduction ni l’altérité des textes étrangers sur lesquels elle est amenée à travailler. Une démarche où humilité et professionnalisme se croisent pour mieux se nourrir et offrir aux lectrices une vision plurielle de notre monde.
Traduire en féministe/s, en voilà une démarche ambitieuse ! July Robert s’est penchée sur l’ouvrage de la traductrice Noémie Grunenwald intitulé Sur les bouts de la langue pour nous en livrer l’essence. Profondément touchée, remise en question par sa lecture, elle s’en est emparée pour tenter de bousculer ses pratiques et de recentrer son travail sur l’essentiel : l’action collective, l’échange avec les autrices et avec les éditrices engagées. Les mots figent une pensée, mais de nouvelles pratiques traductives peuvent les remettre en mouvement et leur donner une nouvelle portée. Pour résister face à l’individualisme ambiant et lutter pour s’émanciper des codes androlectaux1 qui nous enferment dans un monde patriarcal à déconstruire.
Mahdis Sadeghipouya vit à Paris depuis quelques années. Chercheuse et traductrice, elle est originaire d’Iran, un pays en proie à une vaste révolte dont on nous parle depuis plusieurs mois, mais qui dure en réalité depuis plus de 115 ans. Alors qu’elle s’est lancée dans la traduction en farsi d’un ouvrage pour le moins engagé, In the Name of Women’s Rights. The Rise of Femonationalism, elle partage avec nous sa démarche de traductrice activiste et les menaces qui ont pesé (et pèsent toujours) sur elle tout au long de son travail.
Dans leur article, Anne Delizée et Aleksey Yudin s’interrogent sur les pratiques de traduction des noms propres, et plus spécifiquement dans un contexte de guerre, en l’occurrence celui de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Iels nous offrent un panorama historique des langues slaves avant de mettre en lumière les pratiques langagières comme construction identitaire. Au début de ce conflit, de nombreux médias se sont interrogés sur leur propre utilisation de l’onomastique notamment concernant la capitale ukrainienne. Anne Delizée et Aleksey Yudin viennent éclairer cette question de leur propre expérience.
La littérature jeunesse est le parent pauvre de la traduction… mais pas dans ce dossier. Anne Cohen Beucher, reconvertie dans la traduction après une carrière dans les banques et les assurances nous parle de sa passion pour cette soi-disant « petite littérature » et de l’importance que revêt à ses yeux la diffusion d’histoires et de récits pour les enfants. Passeuse de mots passionnée, son interview exprime sa foi dans l’importance du partage de cultures diverses pour construire les esprits des plus jeunes.
Enfin, le dossier se clôt par une présentation de TraduQtiV, une association belge très active en matière de visibilisation de la traduction et des traductrices littéraires, animée, entre autres, par Anne Casterman. Vous pourrez d’ailleurs continuer de suivre leur action via les réseaux sociaux.
- La langue est porteuse de marques de la domination masculine. Les codes androlectaux sont ceux du « parler homme » et des codes de langage androcentrés.