Skip to main content
logo
Lancer la vidéo

The history of Emotions. An Introduction, de Jan Plampe

Numéro 4 - 2017 par Geneviève Warland

mai 2017

Les émo­tions sont-elles uni­ver­selles ou bien sont-elles des construc­tions sociales ? Consti­­tuent-elles l’opposé de la rai­son ou entrent-elles en sym­biose avec elle ? Sont-elles de pures réac­tions à des phé­no­mènes externes ou bien passent-elles par le filtre d’une per­cep­tion interne, elle-même mode­lée par la mémoire d’expériences pas­sées et/ou l’acquisition de normes ? D’où vient l’intérêt actuel, par­ti­cu­liè­re­ment en histoire, […]

Un livre

Les émo­tions sont-elles uni­ver­selles ou bien sont-elles des construc­tions sociales ? Consti­tuent-elles l’opposé de la rai­son ou entrent-elles en sym­biose avec elle ? Sont-elles de pures réac­tions à des phé­no­mènes externes ou bien passent-elles par le filtre d’une per­cep­tion interne, elle-même mode­lée par la mémoire d’expériences pas­sées et/ou l’acquisition de normes ? D’où vient l’intérêt actuel, par­ti­cu­liè­re­ment en his­toire, en psy­cho­lo­gie et dans les neu­ros­ciences, pour ces formes sou­vent non ver­bales de l’expression humaine ?

Tels sont divers aspects abor­dés par le livre de Jan Plam­per, qui se veut une syn­thèse exhaus­tive sur le sujet. Il a été ini­tia­le­ment rédi­gé en alle­mand sous le titre Ges­chichte und Gefühl. Grund­la­gen der Emo­tions­ges­chichte1. La ver­sion anglaise aux presses uni­ver­si­taires de l’université d’Oxford, au titre plus sobre, L’histoire des émo­tions. Une intro­duc­tion, lui donne accès à une audience plus large, anglo-saxonne, mais aus­si francophone.

La ques­tion cen­trale porte sur la fécon­di­té des sciences du vivant (psy­cho­lo­gie et neu­ros­ciences) pour la recherche his­to­rique s’intéressant aux émo­tions. Avant d’y répondre, l’auteur offre un pano­ra­ma impres­sion­nant des études en phi­lo­so­phie, en his­toire, en anthro­po­lo­gie et en eth­no­lo­gie, en psy­cho­lo­gie et dans les neu­ros­ciences sur cette dimen­sion de l’humain qui a sou­vent été négli­gée au pro­fit d’autres thé­ma­tiques comme la ratio­na­li­té, le pro­grès, les struc­tures au fon­de­ment de la socié­té, etc.

Cela dit, ce pano­ra­ma réa­lise, pour l’essentiel, un tour d’horizon des publi­ca­tions de cher­cheurs alle­mands ou amé­ri­cains. Qu’on ne s’attend pas à y trou­ver une syn­thèse de tra­vaux fran­çais ou belges, comme ceux du psy­cho­logue social Ber­nard Rimé, pro­fes­seur émé­rite de l’université catho­lique de Lou­vain, auteur notam­ment d’un ouvrage clef dans le domaine Le par­tage social des émo­tions2. En effet, l’historien qu’est Jan Plam­per est le plus à l’aise, sur le plan théo­rique dans deux aires cultu­relles : né en Alle­magne en 1970, il a sui­vi sa for­ma­tion dans ce pays (où il a réa­li­sé plu­sieurs séjours de recherches par la suite) et sur la côte est des États-Unis à l’université Bran­deis. Aujourd’hui, il enseigne à la Gold­smiths Uni­ver­si­ty of Lon­don. Il s’est spé­cia­li­sé en his­toire de la Rus­sie, pays for­mant la troi­sième aire cultu­relle qui lui est fami­lière, prin­ci­pa­le­ment comme domaine d’application, et en his­toire des émo­tions. Sa thèse de doc­to­rat porte sur le culte de Sta­line : The Sta­lin Cult : A Stu­dy in the Alche­my of Powe3. Actuel­le­ment, il tra­vaille sur la peur chez les sol­dats russes pen­dant la Grande Guerre et s’intéresse éga­le­ment à l’his­toire sen­so­rielle de la Révo­lu­tion russe.

La syn­thèse sur l’histoire des émo­tions se divise en quatre cha­pitres. Le pre­mier pro­pose un sur­vol his­to­rio­gra­phique de l’attention por­tée aux émo­tions de la Grèce antique aux phi­lo­sophes et his­to­riens des XIXe et XXe siècles. Le second cha­pitre passe en revue les tra­vaux en anthro­po­lo­gie et en eth­no­gra­phie mon­trant que les émo­tions sont un phé­no­mène cultu­rel rela­tif, variant selon les socié­tés et dans l’espace et le temps. Le troi­sième cha­pitre pré­sente le point de vue de la psy­cho­lo­gie expé­ri­men­tale et des neu­ros­ciences sur les émo­tions comme réa­li­té ins­crite dans le corps humain et don­née uni­ver­selle. Enfin, le qua­trième cha­pitre, davan­tage réflexif et métho­do­lo­gique que des­crip­tif, syn­thé­tique et cri­tique comme les pré­cé­dents, pro­pose des pistes de recherche pour l’étude des émo­tions en histoire.

L’étude des émo­tions depuis le XIXe siècle se répar­tit prin­ci­pa­le­ment autour de deux pôles : d’un côté, les théo­ries socio­cons­truc­ti­vistes pour les­quelles les émo­tions font l’objet d’un appren­tis­sage et évo­luent en fonc­tion des contextes socié­taux et his­to­riques ; de l’autre, les théo­ries uni­ver­sa­listes qui mettent en avant l’intemporalité et l’universalité des émo­tions. C’est à suivre le dia­logue trans­dis­ci­pli­naire entre ces deux pôles, éta­bli par l’auteur, que la lec­ture de ce livre nous invite. Plam­per estime, en effet, que ces deux tra­di­tions scien­ti­fiques ont à apprendre l’une de l’autre et que les cher­cheurs en sciences humaines peuvent tirer des ensei­gne­ments inté­res­sants des tra­vaux en psy­cho­lo­gie et en neu­ros­ciences, et vice versa.

Pour pré­sen­ter les axes d’un ouvrage qui entre dans la caté­go­rie des syn­thèses ou méta­ré­flexions sur dif­fé­rents domaines de recherche, plu­sieurs voies sont pos­sibles. La pre­mière de nature cri­tique vise à dis­cu­ter les mérites d’un tel ouvrage, à rele­ver les qua­li­tés et les défauts des points de vue expri­més par l’auteur, à cer­ner la per­ti­nence et l’exhaustivité du tour d’horizon pro­po­sé sans entrer dans le détail des nom­breuses théo­ries pré­sen­tées. La seconde voie est davan­tage illus­tra­tive. Met­tant en évi­dence les aspects cen­traux abor­dés dans l’ouvrage, elle leur donne chair en fai­sant part des résul­tats de cer­taines recherches : l’ihuma ou le contrôle des émo­tions chez les Esqui­maux, la colère chez les IIon­gots assou­vie sous la forme d’une chasse visant la déca­pi­ta­tion d’hommes d’un autre vil­lage, le livre de Dar­win The Expres­sion of the Emo­tions in Man and Ani­mals (1872) comme pierre d’achoppement entre l’interprétation uni­ver­sa­liste et l’interprétation social-construc­ti­viste qui en a été don­née, la théo­rie des six émo­tions de base éta­blie par Ekman, etc. Une troi­sième voie consiste à prendre un point de vue médian entre une pers­pec­tive de cri­tique scien­ti­fique et une autre de syn­thèse de nature essen­tiel­le­ment infor­ma­tive. C’est cette der­nière voie que j’emprunte toutes pro­por­tions gar­dées pour la lec­ture de l’histoire des émo­tions de Plamper.

La recons­truc­tion his­to­rio­gra­phique de l’histoire des émo­tions l’envisage sur le long terme : sont ain­si évo­quées rapi­de­ment les œuvres de Thu­cy­dide, d’Aristote, de Pla­ton, de Galien, de Tho­mas d’Aquin, de Des­cartes, de Hobbes, de Spi­no­za, de Rous­seau, de Scho­pen­hauer, de Kier­ke­gaard, de Nietzsche, de Hei­deg­ger et de Sartre. Quant à l’historien fran­çais Lucien Febvre, l’historien néer­lan­dais Johann Hui­zin­ga et le socio­logue alle­mand Nor­bert Elias, ils béné­fi­cient tous les trois d’une men­tion spé­ciale pour l’intérêt qu’ils ont por­té au début du XXe siècle à la sen­si­bi­li­té et aux affects dans l’histoire, par­ta­geant de sur­croit la croyance moderne en une mai­trise accrue de l’expression des émo­tions au cours des siècles. Une des étapes dans la recherche his­to­rique sur les émo­tions est fran­chie par Peter Stearns, fon­da­teur du Jour­nal of Social His­to­ry, et Carole Ziso­witz-Stearns, his­to­rienne et psy­chiatre, qui ont mis en évi­dence l’importance de dis­tin­guer entre le vécu émo­tion­nel indi­vi­duel et les normes émo­tion­nelles en vigueur dans une socié­té. Les années 1990 voient un inté­rêt gran­dis­sant pour des objets tels que la peur ou la notion d’honneur, comme chez Jean Delu­meau4 ou William Red­dy, le pre­mier à inté­grer la psy­cho­lo­gie cog­ni­tive dans ses réflexions his­to­riques5. C’est dans ces années-là que Bar­ba­ra Rosen­wein, médié­viste, spé­cia­liste de l’ordre clu­ni­sien, affine ses recherches qui la mène­ront à pro­po­ser un concept fruc­tueux pour les études his­to­riques sur les émo­tions, celui de com­mu­nau­tés émo­tion­nelles, à savoir de modes d’expression des émo­tions liés à des groupes sociaux dif­fé­rents. En 2001 paraît un des livres majeurs de Red­dy, The Navi­ga­tion of Fee­ling : A Fra­me­work for the His­to­ry of Emo­tions6, au moment même où les atten­tats du 11 sep­tembre 2001 frappent les États-Unis. Non seule­ment cet évè­ne­ment majeur a, selon Plam­per, accé­lé­ré une modi­fi­ca­tion du voca­bu­laire (le terme « état émo­tion­nel » a rem­pla­cé ceux d’«état men­tal » ou d’«état psy­chique » uti­li­sés aupa­ra­vant), mais il consti­tue sur­tout un tour­nant dans la recherche scien­ti­fique en géné­ral avec l’essor des sciences du vivant et dans l’histoire des émo­tions en par­ti­cu­lier qui a vu le nombre d’études explo­ser. Ces der­nières tournent défi­ni­ti­ve­ment le dos au post­struc­tu­ra­lisme ou cultu­ral turn comme ana­lyse d’un signi­fiant par­ti­cu­lier pour prendre en compte la réa­li­té, à savoir le corps et les émo­tions. Exit le lin­guis­tic turn foca­li­sé sur le dis­cours pour faire place à l’emo­tio­nal turn cen­tré sur les affects : haine, peur, joie…

Ce pre­mier cha­pitre n’est pas la par­tie la plus inté­res­sante de l’ouvrage. Il appa­rait fort réduc­teur dans la pré­sen­ta­tion de la pen­sée des auteurs et manque quelque peu de cohé­rence. De sur­croit, Plam­per omet cer­tains auteurs récents de langue alle­mande, tels la médié­viste Annette Gerok-Rei­ter, pro­fes­seur à l’université de Tübin­gen, dont les recherches portent sur la peur et l’horreur au Moyen Âge.

En ce qui concerne les domaines de l’anthropologie et de l’ethnologie, Plam­per montre non seule­ment l’impact de grands auteurs tels que Dur­kheim, Lévi-Strauss, Tur­ner, Mali­nows­ki et Mead, mais il passe sur­tout en revue une série d’études de cas, réa­li­sées par des auteurs anglo-saxons depuis les années 1990. Son inten­tion ici est d’illustrer en quoi consiste le social-construc­ti­visme qui est la posi­tion domi­nante en anthropologie/ethnologie, affir­mant le carac­tère rela­tif de chaque culture et mon­trant la diver­si­té des vécus et des normes émo­tion­nelles. Ce cha­pitre par­ti­cipe de l’argumentation fon­da­men­tale du livre en ce qu’il déve­loppe le pôle des émo­tions comme construc­tions sociales, ces der­nières sont donc fon­da­men­ta­le­ment diverses. Il répond éga­le­ment à une néces­si­té scien­ti­fique interne, à savoir la dette de l’historiographie envers l’ethnologie, pion­nière dans le champ d’investigation des émo­tions depuis les années 1970. C’est ain­si que l’on voyage, avec Jean Briggs, chez les Esqui­maux inca­pables de colère car ils ont ban­ni de leur culture cette forme extrême d’expression des affects ou, avec Michelle Rosal­do, chez les Ilon­gots, tri­bu phi­lip­pine qui, avant sa chris­tia­ni­sa­tion, exer­çait la déca­pi­ta­tion comme manière de sou­la­ger les « cœurs lourds ». Plam­per indique ensuite l’ouverture de l’ethnologie non seule­ment à la dimen­sion bio­lo­gique uni­ver­selle du corps humain à par­tir des années 1990, mais aus­si à l’affirmation d’une séman­tique cultu­relle uni­ver­selle, comme chez Anna Wierz­bi­cka, por­tant sur les struc­tures du lan­gage en ce com­pris l’expression des émo­tions. Cer­tains eth­no­lin­guistes rejoignent ain­si le psy­cho­logue Paul Ekman sur l’existence d’émotions de base (joie, colère, dégout, peur, mépris, tris­tesse et sur­prise), qui seraient pré­sentes dans toutes les cultures mal­gré des formes d’expression variées.

Les sciences du vivant, qui dési­gnent chez Plam­per prin­ci­pa­le­ment la psy­cho­lo­gie cog­ni­tive ou sociale et les neu­ros­ciences, sont actuel­le­ment à la pointe de l’étude des émo­tions. Elles consti­tuent le pôle uni­ver­sel de la démons­tra­tion, ces sciences étant fon­dées sur le prin­cipe de l’unité psy­chique de l’humain. Ce cha­pitre convoque, à l’instar des pré­cé­dents, de nom­breuses théo­ries comme celle d’Ekman, déjà men­tion­née, ain­si que les auteurs clas­siques comme Charles Dar­win ou le psy­cho­logue Wil­helm Wundt, mais aus­si d’autres points de vue issus des neu­ros­ciences per­met­tant de visua­li­ser l’activité céré­brale liée aux émo­tions. Une des lignes majeures en psy­cho­lo­gie dis­tingue les théo­ries beha­viou­ristes qui inter­prètent les émo­tions comme étant des affects, autre­ment dit des réac­tions cor­po­relles à des sti­mu­lis exté­rieurs, et les théo­ries éva­lua­tives (apprai­sal-school) pour les­quelles chaque émo­tion inclut une dimen­sion d’évaluation. C’est cette der­nière école qui s’est impo­sée dans les années 1980 avec la revue Cog­ni­tion and Emo­tion. Dans les neu­ros­ciences, une ligne de frac­ture appa­rait éga­le­ment entre l’hypothèse de la sta­bi­li­té du fonc­tion­ne­ment céré­bral et celle de sa plasticité.

Si Plam­per se met à la hau­teur des avan­cées de la recherche dans cha­cun des domaines évo­qués (his­toire, anthropologie/ethnologie, psy­cho­lo­gie et neu­ros­ciences), il adopte, mal­gré tout, une pos­ture d’historien cher­chant à éta­blir des généa­lo­gies entre les auteurs et les écoles. Ce fai­sant, il four­nit divers conseils métho­do­lo­giques, allant de la ques­tion des sources à par­tir des­quelles étu­dier les émo­tions à celle des concepts pou­vant être mis en œuvre en pas­sant par l’injonction à lire des ouvrages et des articles sur des thèmes spé­ci­fiques en psy­cho­lo­gie et en neu­ros­ciences et à ne pas se conten­ter d’aperçus géné­raux ou de livres de vul­ga­ri­sa­tion. En effet, le public visé par cet ouvrage est d’abord un public d’historiens.

Enfin, le der­nier cha­pitre quitte le genre du bilan pour pro­po­ser quelques pistes de recherche. Pour ce faire, Plam­per s’appuie sur plu­sieurs auteurs qui tra­vaillent de manière trans­dis­ci­pli­naire, emprun­tant leurs outils à la fois aux sciences humaines (his­toire, anthro­po­lo­gie, socio­lo­gie) et aux sciences du vivant, tels William Red­dy, déjà men­tion­né, qui vise à arti­cu­ler régimes émo­tion­nels (comme ensemble de normes et de pra­tiques cultu­relles) et régimes poli­tiques et sociaux, en s’appuyant sur l’histoire de la socié­té fran­çaise et de ses bou­le­ver­se­ments aux XVIIIe et XIXe siècles. Ensuite, il passe en revue dif­fé­rents cou­rants his­to­rio­gra­phiques (his­toire de la poli­tique, du droit, de l’économie et des médias ain­si que l’histoire des mou­ve­ments sociaux) afin de mon­trer com­ment y inté­grer la dimen­sion émo­tion­nelle. À cet égard deux exemples par­lants : le pre­mier concerne les moti­va­tions de l’engouement mar­xiste dans la jeu­nesse uni­ver­si­taire occi­den­tale et nord-amé­ri­caine des années 1960 – 1970. Selon Plam­per, à l’explication ration­nelle par l’influence des textes s’ajoute néces­sai­re­ment une dimen­sion co-émo­tion­nelle ou co-affec­tive, éma­nant d’un sen­ti­ment dif­fus d’injustice et de colère éprou­vé à l’époque pour diverses rai­sons (hié­rar­chi­sa­tion sociale, rejet des valeurs capi­ta­listes, guerre du Viet­nam…). Le second vient de l’étude de Debo­rah Gould sur les mani­fes­ta­tions gays et les­biennes dans les années 1980 aux États-Unis et ayant conduit à la créa­tion du groupe ACT-UP visant à atti­rer l’attention de la socié­té et des auto­ri­tés sur les décès en nombre liés au sida. La créa­tion de ce groupe ne se réduit pas, selon l’auteure, à une lec­ture poli­tique : inté­rêts prag­ma­tiques visant la consti­tu­tion d’un groupe de pres­sion pour faire valoir ses droits, mais s’explique par les émo­tions, sus­ci­tées par la situa­tion catas­tro­phique, tant chez les acti­vistes que chez ceux à qui ils s’adressaient. Il s’agit donc, dans ce cas, de prendre en compte les pro­ces­sus émo­tion­nels qui ont pré­si­dé à l’émergence de ce mou­ve­ment et à sa recon­nais­sance, qui per­mettent d’évaluer cor­rec­te­ment son impact sociétal.

Les lignes qui pré­cé­dent ne donnent qu’un aper­çu limi­té de l’ouvrage de Plam­per qui com­porte près de cinq-cents pages accom­pa­gnées de quelques illus­tra­tions. S’il a été conçu comme une fabrique d’outils pour l’historien, le socio­logue, l’anthropologue ou l’ethnologue, le psy­cho­logue, le scien­ti­fique et le qui­dam y trou­ve­ront éga­le­ment de quoi nour­rir leur curio­si­té, étant don­né la diver­si­té des études et des théo­ries pré­sen­tées avec force cita­tions : un par­ti pris déli­bé­ré afin de don­ner la parole aux auteurs. Cette lec­ture est donc pro­fi­table à plus d’un titre ; elle est tan­tôt ardue (notam­ment en rai­son de cer­tains rac­cour­cis ou du carac­tère touf­fu du texte par endroits), tan­tôt pas­sion­nante, car elle ouvre la porte à des uni­vers scien­ti­fiques et des champs spa­tiaux et tem­po­rels très variés.

  1. His­toire et émo­tion. Fon­de­ments de l’histoire des émotions.
  2. B. Rimé, Le par­tage social des émo­tions, Paris, Presses uni­ver­si­taires de France, 2005.
  3. Yale Uni­ver­si­ty Press, 2012
  4. Son livre sur la peur en Occi­dent date de 1978. Il est sui­vi par de nom­breuses publi­ca­tions por­tant sur le fait reli­gieux et les émo­tions qu’il charrie.
  5. The Invi­sible Code : Honor and Sen­ti­ment in Post­re­vo­lu­tio­na­ry France, 1815 – 1848, Ber­ke­ley, Uni­ver­si­ty of Cali­for­nia Press, 1997.
  6. New York, Cam­bridge Uni­ver­si­ty Press, 2001.

Geneviève Warland


Auteur

Geneviève Warland est historienne, philosophe et philologue de formation, une combinaison un peu insolite mais porteuse quand on veut introduire des concepts en histoire et réfléchir à la manière de l’écrire. De 1991 à 2003, elle a enseigné en Allemagne sous des statuts divers, principalement à l’université : Aix-la-Chapelle, Brême, et aussi, par la suite, Francfort/Main et Paderborn. Cette vie un peu aventurière l’a tout de même ramenée en Belgique où elle a travaillé comme assistante en philosophie à l’USL-B et y a soutenu en 2011 une thèse intégrant une approche historique et une approche philosophique sur les usages publics de l’histoire dans la construction des identités nationales et européennes aux tournants des XXè et XXIè siècles. Depuis 2012, elle est professeure invitée à l’UCLouvain pour différents enseignements en relation avec ses domaines de spécialisation : historiographie, communication scientifique et épistémologie de l’histoire, médiation culturelle des savoirs en histoire. De 2014 à 2018, elle a participé à un projet de recherche Brain.be, à la fois interdisciplinaire et interuniversitaire, sur Reconnaissance et ressentiment : expériences et mémoires de la Grande Guerre en Belgique coordonné par Laurence van Ypersele. Elle en a édité les résultats scientifiques dans un livre paru chez Waxmann en 2018 : Experience and Memory of the First World War in Belgium. Comparative and Interdisciplinary Insights.