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Subtil avril
Nos lecteurs nous pardonneront d’avoir, l’espace d’une rubrique, abandonné notre habituel sérieux pour nous transformer en « jouettes » facétieuses qui leur ont, avec allégresse, monté l’un ou l’autre bateau. Les indices qui parsemaient notre « nouvelle rubrique », depuis son titre même de « moisson d’avril », n’ont pu que leur révéler la supercherie. Ce serait faire injure à leur sagacité […]
Nos lecteurs nous pardonneront d’avoir, l’espace d’une rubrique, abandonné notre habituel sérieux pour nous transformer en « jouettes » facétieuses qui leur ont, avec allégresse, monté l’un ou l’autre bateau. Les indices qui parsemaient notre « nouvelle rubrique », depuis son titre même de « moisson d’avril », n’ont pu que leur révéler la supercherie. Ce serait faire injure à leur sagacité que de penser qu’ils se soient laissé duper.
La Revue nouvelle a‑t-elle fait preuve d’inconséquence et a‑t-elle trahi son idéal éditorial d’élucidation des enjeux sociaux et politiques en suivant cette tradition légère qui remonterait au XVIe siècle ? Le 1er avril, les poissons émaillent tous les médias. C’est un jour où l’attention est aiguisée, où chaque information paraît improbable, invraisemblable, où incrédulité et stupéfaction rivalisent. « Ce n’est pas vrai, ils ont osé faire ça. » Cette traque, qui remet l’actualité en perspective critique et irrévérencieuse, pourrait être une attitude coutumière, mais on ne peut douter des médias tout le temps.
« Au moment où commence avril, l’esprit doit se montrer subtil. » Mais avril n’est pas seulement l’occasion de douter de la véracité des informations diffusées par les médias ; pour nous, l’exercice auquel se sont prêtés quelques contributeurs de la rubrique « Le mois » a constitué une ouverture. C’est que le monde comme il va ne nous plait pas, et il était tentant de le conformer à notre guise et de le penser plus juste et plus solidaire. Le mentir-vrai d’Aragon, dévoilement du réel par la fabulation, était, pour lui, porteur de plus de vérité que la réalité brute. Il ne nous a pas fallu distordre beaucoup la réalité pour la plier à notre bon vouloir, tant elle semble parfois absurde et insensée, souvent injuste.
Comme dans une vieille commedia dell’arte, nous vous saluons, amis lecteurs, et espérons que ce changement de point de vue vous aura divertis et aura nourri votre réflexion.