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Subtil avril

Numéro 5 Mai 2013 par Joëlle Kwaschin

mai 2013

Nos lec­teurs nous par­don­ne­ront d’avoir, l’espace d’une rubrique, aban­don­né notre habi­tuel sérieux pour nous trans­for­mer en « jouettes » facé­tieuses qui leur ont, avec allé­gresse, mon­té l’un ou l’autre bateau. Les indices qui par­se­maient notre « nou­velle rubrique », depuis son titre même de « mois­son d’avril », n’ont pu que leur révé­ler la super­che­rie. Ce serait faire injure à leur sagacité […]

Nos lec­teurs nous par­don­ne­ront d’avoir, l’espace d’une rubrique, aban­don­né notre habi­tuel sérieux pour nous trans­for­mer en « jouettes » facé­tieuses qui leur ont, avec allé­gresse, mon­té l’un ou l’autre bateau. Les indices qui par­se­maient notre « nou­velle rubrique », depuis son titre même de « mois­son d’avril », n’ont pu que leur révé­ler la super­che­rie. Ce serait faire injure à leur saga­ci­té que de pen­ser qu’ils se soient lais­sé duper.

La Revue nou­velle a‑t-elle fait preuve d’inconséquence et a‑t-elle tra­hi son idéal édi­to­rial d’élucidation des enjeux sociaux et poli­tiques en sui­vant cette tra­di­tion légère qui remon­te­rait au XVIe siècle ? Le 1er avril, les pois­sons émaillent tous les médias. C’est un jour où l’attention est aigui­sée, où chaque infor­ma­tion paraît impro­bable, invrai­sem­blable, où incré­du­li­té et stu­pé­fac­tion riva­lisent. « Ce n’est pas vrai, ils ont osé faire ça. » Cette traque, qui remet l’actualité en pers­pec­tive cri­tique et irré­vé­ren­cieuse, pour­rait être une atti­tude cou­tu­mière, mais on ne peut dou­ter des médias tout le temps.

« Au moment où com­mence avril, l’esprit doit se mon­trer sub­til. » Mais avril n’est pas seule­ment l’occasion de dou­ter de la véra­ci­té des infor­ma­tions dif­fu­sées par les médias ; pour nous, l’exercice auquel se sont prê­tés quelques contri­bu­teurs de la rubrique « Le mois » a consti­tué une ouver­ture. C’est que le monde comme il va ne nous plait pas, et il était ten­tant de le confor­mer à notre guise et de le pen­ser plus juste et plus soli­daire. Le men­tir-vrai d’Aragon, dévoi­le­ment du réel par la fabu­la­tion, était, pour lui, por­teur de plus de véri­té que la réa­li­té brute. Il ne nous a pas fal­lu dis­tordre beau­coup la réa­li­té pour la plier à notre bon vou­loir, tant elle semble par­fois absurde et insen­sée, sou­vent injuste.

Comme dans une vieille com­me­dia dell’arte, nous vous saluons, amis lec­teurs, et espé­rons que ce chan­ge­ment de point de vue vous aura diver­tis et aura nour­ri votre réflexion.

Joëlle Kwaschin


Auteur

Licenciée en philosophie