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Somalie. Sortie du tunnel ou illusion diplomatique ?

Numéro 12 Décembre 2013 par Mohamed Abdillahi Bahdon

décembre 2013

La prise d’otages dans le centre com­mer­cial West­gate de Nai­ro­bi le 21 sep­tembre der­nier sou­lève la ques­tion de la sta­bi­li­té de tous les pays de la Corne de l’Afrique, notam­ment de la Soma­lie, qui souffrent d’une insta­bi­li­té poli­tique natio­nale et régio­nale. La Répu­blique démo­cra­tique de la Soma­lie est un grand pays de la Corne de l’Afrique, […]

La prise d’otages dans le centre com­mer­cial West­gate de Nai­ro­bi le 21 sep­tembre der­nier sou­lève la ques­tion de la sta­bi­li­té de tous les pays de la Corne de l’Afrique, notam­ment de la Soma­lie, qui souffrent d’une insta­bi­li­té poli­tique natio­nale et régio­nale. La Répu­blique démo­cra­tique de la Soma­lie est un grand pays de la Corne de l’Afrique, l’une des régions afri­caines les plus stra­té­giques. En effet, plus que ses res­sources, c’est sa posi­tion géo­gra­phique et sa proxi­mi­té avec l’Arabie et ses res­sources pétro­lières et gazières qui ont fait du ter­ri­toire soma­lien un lieu d’affrontement entre les puis­sances colo­niales euro­péennes (France, Ita­lie et Royaume Uni) du XIXe siècle et les deux super­puis­sances de la guerre froide.

Elle s’est créée en 1960 à la suite de l’union de deux colo­nies : le Soma­li­land (colo­nie bri­tan­nique) et la Soma­lie ita­lienne (le centre et le sud). Consi­dé­rée comme un pays par­ti­cu­lier par son homo­gé­néi­té lin­guis­tique, cultu­relle, eth­nique et reli­gieuse, elle avait pra­ti­que­ment tout pour « réus­sir » la construc­tion d’un État-nation après l’accession à l’indépendance des colo­nies africaines.

Sans remon­ter loin dans le temps, l’histoire de la socié­té soma­lienne est mar­quée par un natio­na­lisme irré­den­tiste et reven­di­ca­tif dans les années 1940. La jeu­nesse natio­na­liste a été un acteur incon­tour­nable dans la vie poli­tique et sociale des deux ex-colo­nies. Diri­gée par des natio­na­listes de l’époque colo­niale, la répu­blique indé­pen­dante s’engage, pour des rai­sons ter­ri­to­riales, dans une poli­tique bel­li­queuse contre ses voi­sins et, en par­ti­cu­lier, l’Éthiopie.

En 2011, le pes­si­misme à pro­pos d’une éven­tuelle solu­tion du conflit soma­lien était encore domi­nant depuis la chute du der­nier dic­ta­teur, le géné­ral pré­sident Moha­med Siyaad Barre. Le pou­voir cen­tral a dis­pa­ru et a fait place à des affron­te­ments meur­triers dont la prin­ci­pale vic­time est la popu­la­tion, qui souffre encore aujourd’hui des consé­quences huma­ni­taires et sociales de deux décen­nies de crise socio­po­li­tique. La com­mu­nau­té inter­na­tio­nale s’est impli­quée dès 1991, mais de manière inté­res­sée et sans coor­di­na­tion entre les dif­fé­rents acteurs régio­naux et inter­na­tio­naux (ONU, les pays euro­péens et les États-Unis avec l’opération Res­taure Hope) avant de s’en dés­in­té­res­ser tota­le­ment. Or avec les atten­tats du 11 sep­tembre 2001, la diplo­ma­tie éta­su­nienne a mani­fes­té un cer­tain inté­rêt, sur­tout pour le ren­for­ce­ment de sa sécu­ri­té dans cette région et sa poli­tique de lutte contre le ter­ro­risme international.

Depuis la fin de l’année 2011, on assiste à un « chan­ge­ment » tant de la part de la classe poli­tique soma­lienne que de la com­mu­nau­té des États de la région comme des puis­sances occi­den­tales. En 2012, au-delà des attaques meur­trières per­pé­trées par les groupes isla­mistes, la situa­tion poli­tique et socioé­co­no­mique s’améliore.

Il faut d’abord cla­ri­fier de quelle Soma­lie on parle dans les médias et les dis­cours diplo­ma­tiques. En effet depuis 1991, le Soma­li­land1, l’ex-colonie bri­tan­nique, a pro­cla­mé son indé­pen­dance, mais elle n’est pas recon­nue par la com­mu­nau­té inter­na­tio­nale. À part cette ex-région, une autre région s’est auto­pro­cla­mée auto­nome en 1998. C’est le Punt­land, située entre le grand Sud et le Soma­li­land. Son pre­mier pré­sident, ancien dépu­té à Moga­dis­cio et pré­sident du Front soma­lien du salut démo­cra­tique, a pré­si­dé le gou­ver­ne­ment soma­lien d’Abdullahi Yusuf Ahmed. D’octobre 2004 au 29 décembre 2008, il fut pré­sident du gou­ver­ne­ment de tran­si­tion. Le Punt­land a souf­fert jusqu’au début de l’année 2012 de la pira­te­rie, du tra­fic d’êtres humains vers le Yémen et d’enlèvements d’étrangers dus à la mul­ti­pli­ca­tion d’organisations cri­mi­nelles qui demeurent lar­ge­ment impu­nies. Le Soma­li­land et le Punt­land se dis­putent sur la déli­mi­ta­tion de leurs fron­tières res­pec­tives et notam­ment dans les pro­vinces de Sool et Saanag.

Quand on parle de la Soma­lie, on fait donc réfé­rence à la par­tie en conflit où les forces isla­mistes comme l’Union des tri­bu­naux isla­mistes et les Al-Schab­baab inter­viennent, mais où il y a aus­si des forces mili­taires étran­gères, les troupes déployées par l’Union afri­caine avec l’appui juri­dique et finan­cier du Conseil de sécu­ri­té et de l’Union européenne.

Une classe politique et une société en recomposition

La classe poli­tique soma­lienne a beau­coup chan­gé. La dis­pa­ri­tion des chefs de guerre et des élites du régime auto­ri­taire a lais­sé la place à d’autres mou­ve­ments poli­tiques et reli­gieux sans oublier les groupes régio­naux, qui s’affirment sur­tout au sud. Sui­vant les recom­man­da­tions des dif­fé­rentes confé­rences et ren­contres sur la Soma­lie, un gou­ver­ne­ment de tran­si­tion et un pro­ces­sus élec­to­ral ont été mis en place, mais sans la par­ti­ci­pa­tion des citoyens. En 2008, après la chute du pre­mier pré­sident « élu » d’un gou­ver­ne­ment de tran­si­tion par le Par­le­ment à Nai­ro­bi, un isla­miste modé­ré a été « élu » par le Par­le­ment en exil à Dji­bou­ti, Sha­rif Sheikh Ahmed2.

En sep­tembre 2012, l’institution par­le­men­taire, com­po­sée de 275 membres, a élu un nou­veau pré­sident, le troi­sième depuis les années 2000. Vingt-cinq can­di­dats, tous des hommes, s’étaient pré­sen­tés. C’est au deuxiè­me tour, face au pré­sident sor­tant Sha­rif Sheikh Ahmed, qu’Hassan Sheikh Moha­moud a été élu avec 190 votes contre 79. Comme il est deve­nu de tra­di­tion depuis quelques années, un mois après il a nom­mé un Pre­mier ministre. Son élec­tion a été une sur­prise pour les obser­va­teurs de la situa­tion poli­tique et sociale de ce pays, rava­gé par des décen­nies d’anarchie poli­tique et sociale. Son élec­tion a été pré­sen­tée comme le début du pro­ces­sus de recons­truc­tion d’un État cen­tral dont la Soma­lie est pri­vée depuis la chute du pré­sident Siyaad Barre en 1991.

Has­san Sheikh Moha­moud est le fon­da­teur d’une uni­ver­si­té et pro­fes­seur de tech­no­lo­gie à l’université natio­nale de Soma­lie à Moga­dis­cio. Il n’a jamais été ministre dans aucun gou­ver­ne­ment sous la pré­si­dence du géné­ral Moha­med Siyaad Barre, il n’a par­ti­ci­pé à aucun groupe armé après la chute du régime auto­ri­taire du géné­ral pré­sident. Mais c’est un acti­viste proche du par­ti Al-Islah, qui a une cer­taine affi­ni­té idéo­lo­gique avec le par­ti égyp­tien des Frères musul­mans. Poli­ti­que­ment, il est indé­pen­dant et ouvert au dia­logue avec tous les acteurs de la vie poli­tique et sociale du pays. Son pas­sé et sa neu­tra­li­té com­pensent son absence de ges­tion des affaires publiques.

Se démar­quant de ses pré­dé­ces­seurs des der­nières années, il a nom­mé des femmes à des postes impor­tants. Sur les dix membres du gou­ver­ne­ment nom­mé en octobre 2012, on compte deux femmes : la ministre de la Fonc­tion publique et celle des Affaires étran­gères, Faw­zia Yusuf Haji Adan. Membre de la dia­spo­ra soma­lienne, elle est ori­gi­naire du Soma­li­land. Pour sym­bo­lique que soit cette nomi­na­tion, comme elle-même le recon­nait, ce geste reflète au moins un chan­ge­ment dans la classe poli­tique soma­lienne. Pour­quoi les femmes ne pour­raient-elles pas par­ti­ci­per à la sta­bi­li­té du pays et à la pacification ?

Mais on ne peut igno­rer et sous-esti­mer l’apport d’acteurs régio­naux, tant des États (la Répu­blique de Dji­bou­ti, l’Éthiopie, le Kenya3) que de l’Autorité inter­gou­ver­ne­men­tale pour le déve­lop­pe­ment (IGAD4). Si les inter­ven­tions mili­taires occupent l’actualité depuis 2006, les négo­cia­tions et confé­rences orga­ni­sées par les pays de la sous-région ont abou­ti, avec l’appui d’autres pays et orga­ni­sa­tions inter­na­tio­nales et régio­nales, à la mise en place d’un nou­veau sys­tème poli­tique. L’IGAD a joué timi­de­ment un rôle impor­tant dans la réso­lu­tion des conflits poli­tiques de ses membres, comme la Soma­lie, mais aus­si le Sou­dan. Mais après la créa­tion de l’Union afri­caine (UA) et sur­tout l’apparition d’un organe avec com­pé­tence de réso­lu­tion des conflits armés et internes, le Conseil de paix et de sécu­ri­té (CPS), son rôle a été ren­for­cé ; elle s’est vu attri­buer par le CPS une mis­sion de réso­lu­tion du conflit soma­lien. Et en 2007, l’UA décide de créer avec l’appui du Conseil de sécu­ri­té des Nations unies la mis­sion Ami­som, com­po­sée de mili­taires des pays afri­cains, essen­tiel­le­ment du Burun­di et de l’Ouganda.

Cette nou­velle dyna­mique régio­nale et sous-régio­nale n’a pas exclu les inter­ven­tions des États limi­trophes. En effet, l’Éthiopie à deux reprises (2006 et 2011) comme le Kenya en octobre 2011 sont inter­ve­nus mili­tai­re­ment dans le conflit soma­lien à des moments où les gou­ver­ne­ments de tran­si­tion étaient mena­cés par des groupes isla­mistes. Mais au-delà de l’appui qu’ils apportent à ces gou­ver­ne­ments, ces inter­ven­tions répondent à des inté­rêts natio­naux, essen­tiel­le­ment sécu­ri­taires et éco­no­miques, et elles sont sou­te­nues mili­tai­re­ment par les États-Unis et cer­tains pays euro­péens. Les groupes isla­mistes, qui opèrent dans ce pays, sont liés au réseau Al-Qae­da et consti­tuent une forte menace pour la sta­bi­li­té du gou­ver­ne­ment élu en sep­tembre 2012.

Si la solu­tion mili­taire est inévi­table pour délo­ger des ter­ro­ristes et sau­ver des civils dans un conflit, elle ne peut, cepen­dant, consti­tuer une solu­tion pour un conflit com­plexe qui implique tant des acteurs locaux qu’étrangers. En effet, elle ne peut que main­te­nir le cycle de vio­lence comme en Irak et en Afghanistan.

Le retour de l’action diplomatique

Depuis 2011, on observe des actions diplo­ma­tiques, menées par des pays ou des orga­ni­sa­tions inter­na­tio­nales. Dès 1992, le conflit soma­lien, la des­truc­tion de l’État et l’aggravation de la situa­tion huma­ni­taire avaient fait l’objet d’actions de la part de la com­mu­nau­té inter­na­tio­nale, confor­mé­ment à la nou­velle confi­gu­ra­tion des rela­tions inter­na­tio­nales de l’après-guerre froide. Les inter­ve­nants avaient réagi en fonc­tion du déve­lop­pe­ment de la situa­tion poli­tique et sécu­ri­taire de la Soma­lie sans vrai­ment d’agenda com­mun et clair. En effet, la récu­pé­ra­tion de la capi­tale et des grandes villes par le gou­ver­ne­ment soma­lien de tran­si­tion, avec l’aide de l’Amisom, la pré­sence des troupes éthio­piennes et kenyanes et donc la réduc­tion de la menace des isla­mistes et des pirates ont conduit le Royaume Uni, la Tur­quie et la diplo­ma­tie euro­péenne à mettre en place de nou­velles poli­tiques. L’ouverture d’ambassades par ces deux pays a sans doute consti­tué un geste impor­tant, fût-il symbolique.

Le Royaume Uni a orga­ni­sé en 2012 une confé­rence5 réunis­sant à Londres plus de cin­quante pays et des orga­ni­sa­tions inter­na­tio­nales et régio­nales (les Nations unies, l’Union afri­caine et la Ligue arabe) avec la par­ti­ci­pa­tion du pré­sident Sha­rif Sheikh Ahmed. Fait nou­veau, le Soma­li­land par­ti­cipe aus­si à cette confé­rence comme invi­té6. Comme pour jus­ti­fier le virage diplo­ma­tique de son pays, David Came­ron affir­mait que « les pro­blèmes de la Soma­lie ont été jugés tout sim­ple­ment trop dif­fi­ciles et trop éloi­gnés pour être pris en compte. Pareil fata­lisme a nui à la Soma­lie, mais aus­si à la Grande Bre­tagne ». En col­la­bo­ra­tion avec le nou­veau pré­sident élu en sep­tembre 2012, David Came­ron a accueilli une deuxième confé­rence sur le sol bri­tan­nique en mai 2013 copré­si­dée par le pré­sident soma­lien Has­san Sheik Moha­moud. Le Royaume Uni ne se limite pas seule­ment à des gestes et des ren­contres, il apporte son aide à l’organisation de l’administration cen­trale par la pré­sence de conseillers dans les minis­tères et en aidant les membres de la dia­spo­ra soma­lienne, comme l’actuel maire de Moga­dis­cio, ins­tal­lés dans les villes bri­tan­niques à ren­trer pour par­ti­ci­per à la phase de recons­truc­tion. Quant à la Tur­quie, puis­sance émer­gente, elle appa­rait sur la scène soma­lienne d’abord par le déploie­ment des fon­da­tions reli­gieuses, qui apportent de l’aide huma­ni­taire sur­tout durant la famine de l’été 2011, et ensuite en orga­ni­sant une confé­rence inter­na­tio­nale les 31 mai et 1erjuin 2012 à Istan­bul en pré­sence du pré­sident Sha­rif Sheikh Ahmed7.

Pour sa part, l’Union euro­péenne a été ces der­niers temps un par­te­naire impor­tant dans la réso­lu­tion de la crise soma­lienne. Elle est le pre­mier contri­bu­teur de l’aide huma­ni­taire et ins­ti­tu­tion­nelle à la Soma­lie. Mais elle n’est pas seule­ment le pre­mier dona­teur (plus d’un mil­liard d’euros entre 2008 et 2013), sa diplo­ma­tie inter­vient dans des sec­teurs clés pour la recons­truc­tion de l’État : la lutte contre la pira­te­rie, la sta­bi­li­té et la sécu­ri­té, la for­ma­tion d’une armée natio­nale soma­lienne, le par­te­na­riat avec l’Union afri­caine, qui se tra­duit par un appui finan­cier aux opé­ra­tions de main­tien de la paix dans ce pays comme dans le reste du continent…

La confé­rence du 16 sep­tembre der­nier co-orga­ni­sée par la Com­mis­sion euro­péenne et la pré­si­dence soma­lienne à Bruxelles, à laquelle ont pris part des pays de la région comme l’Éthiopie, la Répu­blique de Dji­bou­ti et le Sou­dan du Sud, a consta­té l’amélioration de la ges­tion du gou­ver­ne­ment fédé­ral sur les plans éco­no­mique et de la sécu­ri­té (une forte baisse des atten­tats à Moga­dis­cio), mais la situa­tion est loin d’être stable. Cathe­rine Ash­ton par­lait d’une « gou­ver­nance émer­gente ». Pour sa part, le Conseil de sécu­ri­té des Nations unies a rem­pla­cé son bureau poli­tique des Nations unies pour la Soma­lie par une Mis­sion d’assistance des Nations unies en Soma­lie (Manu­som8). Le but pour­sui­vi devait per­mettre l’adoption d’une feuille de route fon­dée sur les prin­cipes du New Deal9 pour les États fra­giles. Or la Soma­lie ne cor­res­pond pas à cette situa­tion, parce que le conflit conti­nue encore.

Conclusion

Les der­nières confé­rences orga­ni­sées par des pays du Nord et l’Europe, inté­grant les acteurs régio­naux, montrent l’implication de la com­mu­nau­té inter­na­tio­nale. La réso­lu­tion du conflit soma­lien ne peut se résu­mer aux résul­tats de telles ren­contres, encore faut-il que des actions prag­ma­tiques et concrètes soient entre­prises par les dif­fé­rentes par­ties en pré­sence. On n’a pas ouvert un dia­logue natio­nal qui inclut les dif­fé­rentes forces poli­tiques et sociales du pays. Mais tous les groupes ne sont pas dis­po­sés à un dia­logue. La sécu­ri­té et la sta­bi­li­té res­tent les prin­ci­paux défis du nou­veau pré­sident soma­lien. Sans doute la recons­truc­tion de l’État et de ses ins­ti­tu­tions passe par l’établissement de la sécu­ri­té et de la sta­bi­li­té, mais elle doit s’opérer à par­tir de nou­velles bases, non seule­ment cla­niques — qui sont à l’origine du conflit —, mais régio­nale, ce qui néces­site le consen­sus de tous les acteurs. Le futur de la Soma­lie, c’est aus­si la réso­lu­tion de la situa­tion du Soma­li­land. Com­ment faut-il l’intégrer dans le nou­veau pay­sage fédé­ral qui se dessine ?

  1. Le Soma­li­land pré­sente moins de risques de guerre que le reste du pays. Les nou­velles auto­ri­tés, à savoir les membres du Mou­ve­ment natio­nal soma­lien, qui a com­bat­tu l’ex-président Moha­med Siyaad Barre, avaient enta­mé un pro­ces­sus de récon­ci­lia­tion entre les dif­fé­rents groupes en recou­rant au droit tra­di­tion­nel et aux tech­niques modernes de l’organisation poli­tique du ter­ri­toire. Depuis 1991, quatre pré­si­dents élus se sont suc­cé­dé. Si la situa­tion de ce ter­ri­toire n’est pas com­pa­rable à celle du reste du pays, néan­moins il existe quelques ten­sions. Le 29 novembre 2008, des atten­tats à la bombe ont été com­mis contre des ins­tal­la­tions des Nations unies et d’autres endroits à Har­gey­sa, la capitale.
  2. Il avait affron­té deux autres can­di­dats dont le fils de l’ancien pré­sident soma­lien, Moha­med Siyaad Barre, qui s’est reti­ré. Il l’a empor­té au deuxième tour avec 293 voix contre 126 pour le troi­sième can­di­dat, Nour Has­san Hus­sein. Celui-ci a été l’un des fon­da­teurs de l’Union des tri­bu­naux isla­mistes. L’UTI n’est pas un groupe mono­li­thique. En 2006, deux groupes s’affrontaient, les radi­caux et les modé­rés. Il a été membre des modérés.
  3. Ces trois pays ont accueilli plu­sieurs confé­rences, sur la récon­ci­lia­tion natio­nale soma­lienne et l’organisation d’élections du Par­le­ment et du gou­ver­ne­ment de tran­si­tion. La pre­mière confé­rence eut lieu à Dji­bou­ti-ville en juillet 1991.
  4. C’est une orga­ni­sa­tion créée en 1986 dans la capi­tale de la Répu­blique de Dji­bou­ti. Elle regroupe la Répu­blique fédé­rale démo­cra­tique d’Éthiopie, la Répu­blique de Dji­bou­ti, l’Erythrée, le Kenya, la Répu­blique démo­cra­tique de Soma­lie (tou­jours membres), l’Ouganda, le Sou­dan et le Sou­dan du Sud (depuis 2012).
  5. Les orga­ni­sa­teurs de cette confé­rence du 20 février 2012 se sont fixé comme pro­gramme : l’encouragement du pro­ces­sus poli­tique vers un État fédé­ral, l’extension du man­dat de la force de l’Union afri­caine (Ami­som), l’intensification de la lutte contre la menace ter­ro­riste, les opé­ra­tions mari­times contre les pirates et leur tra­duc­tion devant la jus­tice, le finan­ce­ment des régions, le ren­for­ce­ment de l’aide humanitaire.
  6. Depuis la pro­cla­ma­tion de son « indé­pen­dance », non recon­nue par les Nations unies, ni par les orga­ni­sa­tions régio­nales comme l’Union afri­caine ou la Ligue des États arabes, le Soma­li­land n’a pris part à aucune ren­contre sur le futur de la Soma­lie. Or en février 2012, il est invi­té. Le ministre des Pêches et des Ports, Abdilla­hi Jama Geel­jire, affir­mait que « Le Soma­li­land a été invi­té sur un pied d’égalité avec les autres nations par­ti­ci­pantes ; c’est une oppor­tu­ni­té en or pour notre pays et cela va nous don­ner une visi­bi­li­té qui va nous per­mettre d’exposer notre cas. Nous avons ain­si la pos­si­bi­li­té de par­ta­ger notre expé­rience avec nos frères soma­liens et de leur mon­trer com­ment nous avons bâti la paix et la sta­bi­li­té que nous connais­sons aujourd’hui et aux­quelles ils aspirent ».
  7. Le thème était : « Pré­pa­rer l’avenir de la Soma­lie. Objec­tifs 2015 ». Ses orga­ni­sa­teurs ont choi­si une for­mule, qui lie poli­tique et déve­lop­pe­ment par la consti­tu­tion de forums sur l’eau, l’énergie, les routes…
  8. Le man­dat de la Manu­som consiste à appuyer les efforts de récon­ci­lia­tion et de média­tion, d’apporter des conseils stra­té­giques pour l’édification de l’État, plus par­ti­cu­liè­re­ment dans le domaine de la sécu­ri­té et de l’État de droit, d’œuvrer en faveur du ren­for­ce­ment des capa­ci­tés natio­nales de pro­mo­tion des droits de l’homme et de four­nir un appui à la coor­di­na­tion des ini­tia­tives de la com­mu­nau­té internationale.
  9. Le New Deal est un docu­ment signé en Corée du Sud par une qua­ran­taine de pays et d’institutions dont les objec­tifs sont la conso­li­da­tion de la paix et la garan­tie de pros­pé­ri­té des États qui se trouvent dans une phase de tran­si­tion postconflit.

Mohamed Abdillahi Bahdon


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