Skip to main content
logo
Lancer la vidéo

Secours qu’appellent les chiens

Numéro 3 Mars 2009 par Jacques Vandenschrick

mars 2009

à paraître, dans le courant de 2009, chez Cheyne éditeur, F43400, Le Chambon-sur-Lignon 1. Ces chiens qui, dans les soirs de marbre, Appellent au secours à travers les champs vides, — Abus de chaînes, abois d’aveux — Gardent pour eux la mémoire des coups. Quand c’est peut-être à cause de leur appel Et des souvenirs illisibles Que les enfants, parfois, […]

à paraître, dans le courant de 2009, chez Cheyne éditeur, F43400, Le Chambon-sur-Lignon

1.

Ces chiens qui, dans les soirs de marbre,

Appellent au secours à travers les champs vides,

- Abus de chaînes, abois d’aveux -

Gardent pour eux la mémoire des coups.

Quand c’est peut-être à cause de leur appel

Et des souvenirs illisibles

Que les enfants, parfois, sans invoquer raison

Prennent peur dans la nuit.

2.

Soirs anxieux qu’on poussait devant soi

Comme des meutes affolées

Au travers des linges épandus.

Quelqu’un manquait longtemps

Qu’on attendait, qu’on attendait

Dans le saccage des lessives…

3.

Quand la lune s’embusque

Dans l’épaisseur des haies,

Lorsqu’on prend peur d’encore commencer,

Qu’on ne sait plus rien des promesses,

Qu’on longe des hangars noirs

Où on entend battre la mer sous les portes :

Nuit de porphyre,

D’impénétrable attente dans les harassements…

4.

Bêtes tremblantes et perdues

Traversant les faubourgs

Sur des chemins de graviers,

Pendant qu’on chuchote.

Boules de toisons grises,

Comme soudées par une maigre neige.

On voudrait alors qu’une jeune fille

Ne pense plus mourir derrière une vitre…

5.

Ces étrangers qui nous visitent en songe,

Ne sachant plus le sentier du refuge,

N’est-ce pas toujours nous, en fuite,

Inconnus à nous-mêmes,

L’âme écrasée par les présences ?

Nous, craignant d’oublier les noms,

Attendant sous les plombs,

Hélant qui saurait un chemin plus clair ?

6.

Mander que se perpétuent les cabanes,

Que les jours bleus deviennent

Lentement une énigme.

Mendier que le vent nous rachète

Quand, par grand froid,

Avec la nuit qui monte,

On a les yeux de fer

Et qu’on entend au loin

Une cloche amère et plus mauve.

7.

Appelant la réparation,

Entends les chiens de nuit.

Vois le feu bas sur le rivage.

Le lit de nuages, le miel promis

Et l’ombre incompréhensible…

Car toujours le couteau

S’écarte du parfum.

Il ne te faut qu’aimer enfin.

Et que l’hiver ne s’aggrave en chemin.

Jacques Vandenschrick


Auteur