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Réflexions sur l’Église
Je viens de terminer mon livre sur l’Église, et je voudrais consigner par écrit quelques conclusions actuellement impubliables.
Elles sont impubliables parce qu’elles vont à l’encontre de toute la politique ecclésiastique depuis de nombreux siècles et qu’elles soulèveraient donc des protestations véhémentes, en particulier de la part des autorités ecclésiastiques. Cependant ces conclusions se dégagent de l’étude de l’histoire de l’Église d’une façon qui me paraît tout à fait décisive ; elles n’ont d’ailleurs aucune répercussion sur la doctrine chrétienne. Au contraire, elles s’accordent avec l’Évangile beaucoup mieux que la conception généralement reçue.
L’idée essentielle est que l’Église, pour accomplir sa mission, doit être tout à fait indépendante des puissances temporelles ; elle accomplit sa mission dans la mesure où elle jouit de cette indépendance. Mais cette indépendance n’est possible que si l’Église ne groupe qu’un nombre relativement restreint de fidèles et vit dans une assez grande pauvreté.
En effet, quand l’Église a dans un pays une grande importance sociale, par le fait qu’elle réunit en elle la plus grande partie ou l’ensemble de la population, le gouvernement cherche à se servir d’elle ; le catholicisme devient une force nationale et ceux qui sont responsables de la nation, ou préoccupés du bien de la nation avant tout, cherchent à mettre cette force au service de la nation ; l’Église perd alors sa liberté spirituelle ; elle est amenée à intervenir dans le temporel pour servir les intérêts de l’État ; cela se voit bien aujourd’hui : dans chaque pays, l’Église est mobilisée au service des intérêts nationaux, et l’Église exprime dans chaque pays son approbation pour l’attitude de l’État.
En même temps, quand l’Église acquiert une grande importance sociale, elle profite de son influence dans l’État pour obtenir d’être soutenue par les pouvoirs publics ; ce soutien consiste dans des biens qui lui sont donnés, comme dans l’Ancien Régime, ou dans des traitements alloués au clergé, des subsides aux écoles, des subsides pour la construction d’églises, etc. Mais aussitôt que l’Église reçoit de l’État des avantages, elle devient dépendante de l’État ; les dirigeants de l’Église deviennent préoccupés de ne pas déplaire à l’État, et cette préoccupation se développe dans la mesure où les avantages accordés par l’État sont considérables ; nous le voyons bien en Belgique : l’Église reçoit de l’État des avantages considérables ; aussi nos évêques sont convaincus que l’Église ne pourrait plus se passer de ces avantages et une de leurs préoccupations principales est de ne pas avoir de conflit avec l’État, ce qui les amène à une série d’attitudes dont les dernières années ont fourni plus d’un exemple et qui sont exactement à l’encontre de ce qu’on appelle la liberté apostolique.
De plus, ce lien de l’Église et de l’État, qui se resserre des deux côtés, l’État cherchant à dominer l’Église pour profiter de son influence, et l’Église cherchant à plaire à l’État pour se ménager sa bienveillance, amène l’Église à s’occuper du temporel et se plonger in negotiis saecularibus, au mépris de la volonté formellement manifestée de son fondateur. Notre temps ne cesse d’assister aux interventions épiscopales dans tous les pays pour seconder l’État dans des entreprises purement temporelles, des guerres par exemple, ou des mouvements politiques, où l’Église prend toujours le parti de ceux qui sont au pouvoir. En Belgique, les interventions des évêques contre le mouvement fl amand, contre le rexisme étaient toujours des interventions au service du parti au pouvoir ; de même, pendant la guerre de 1939, l’intervention du cardinal de Malines pour soutenir la politique de neutralité ou pour approuver le roi à l’occasion de la capitulation de l’armée belge.
Dans ces conditions, il est extrêmement difficile à des incroyants ou même à des catholiques tièdes de reconnaitre dans l’Église du Christ. Ces prises de position de l’Église dans des questions temporelles éminemment discutables sont tellement opposées à l’esprit aussi bien qu’à la lettre de l’Évangile, qu’il faut avoir beaucoup réfléchi et beaucoup étudié l’Église pour comprendre de quelle manière elle reste l’Église du Christ, malgré ces défaillances. Ceux que le catholicisme attire sont attirés par les catholiques fervents qu’ils rencontrent, ou par le contact de la pensée catholique, en dehors de ces faits concrets. Un certain nombre d’esprits, par contre, sont écartés de l’Église par ces interventions et on ne voit pas que personne puisse être conquis par elle, en tant qu’Église du Christ, à l’occasion de ces interventions dans le temporel ; celles-ci peuvent lui valoir la sympathie de ceux auxquels elle rend service ou dont elle flatte les passions, mais cette sympathie va à une institution humaine utile, non à l’Église du Christ, non à l’œuvre spirituelle et surnaturelle de l’Église.
D’autre part encore, quand l’Église est une puissance ayant un rang tel qu’elle puisse traiter avec une apparente efficacité avec les gouvernements, les autorités ecclésiastiques s’imaginent être en état d’exercer une action considérable en influençant directement les gouvernants. La reconnaissance offi cielle de l’Église, les honneurs extérieurs qui lui sont rendus, l’exhortation des princes, et, pour pouvoir les exhorter, le souci d’être en bons termes avec eux, prennent alors dans les préoccupations des chefs de l’Église une place tout à fait disproportionnée avec l’importance effective que ces formes d’action peuvent avoir. L’histoire des papes de Pastor racontant dans le détail l’action des papes du XVe et du XVIe siècle est à cet égard triste à faire pleurer ; les papes passent leur temps à se laisser leurrer par des témoignages de respect, à se laisser extorquer des concessions dont les conséquences religieuses sont terribles en échange de témoignages de déférence purement extérieurs. Et l’Église étant riche, toutes les relations des princes avec l’Église se concentrent sur les désirs des princes de dominer l’Église en nommant les dignitaires ecclésiastiques de façon à disposer des biens, et d’obtenir du pape qu’il leur permette de taxer les biens d’Église.
Cela se remarque d’ailleurs aussitôt que Pépin le Bref crée l’État pontifical. Immédiatement, le souci de la puissance temporelle prend une place primordiale dans les préoccupations des papes, et comme leur puissance temporelle est fragile, comme ils sont incapables de la maintenir par eux-mêmes et qu’ils en sont redevables à la bienveillance des princes, ils adoptent à l’égard de ceux-ci une attitude de quémandeurs, avilissante pour l’Église du Christ ; et ils se montrent prêts à accorder des faveurs spirituelles de toutes sortes pour obtenir le soutien temporel dont ils ont besoin. Le spirituel est mis au service du temporel au lieu que ce soit l’inverse.
On en retire la conviction décisive que la liberté spirituelle de l’Église exige qu’elle soit pauvre, qu’elle ne reçoive pas de subside de l’État, et qu’elle ne groupe qu’un nombre de fidèles assez restreint pour que les catholiques comme tels ne puissent exercer une influence décisive sur la vie de l’État.
Les quelques contacts que j’ai eus avec les catholiques anglais m’ont fort impressionné aussi dans ce sens. Le catholicisme en Angleterre est bien plus exclusivement religieux que chez nous, parce que les catholiques comme tels n’ont pas d’action à exercer sur l’État. Les questions politiques et sociales y sont beaucoup plus nettement distinctes de la religion. Ce qui y sépare un catholique d’un protestant et d’un libre-penseur, ce n’est pas une attitude vis-à-vis de l’État ou de la question sociale, mais une attitude vis-à-vis du Christ et de la manière de s’unir au Christ. Les rapports de l’Église et de l’État, dans nos vieux pays catholiques, ont eu comme résultat de lier la religion à toute la vie temporelle à un tel point que les valeurs proprement religieuses passent souvent à l’arrière-plan ou ont l’air d’y passer, de façon que des catholiques tièdes ou des incroyants ne peuvent plus parvenir à les discerner exactement — et donc, à reconnaitre le Christ dans l’Église.
L’expérience que l’Église a faite maintenant depuis dix-neuf siècles aboutit donc à cette conclusion que la constitution de pays catholiques, la conversion de nations dans leur ensemble n’est pas un idéal pour l’Église, que l’État chrétien est presque inévitablement — et je crois même qu’on peut supprimer le « presque » —, que l’État chrétien est inévitablement une cause de décadence pour l’Église.
Ceci est un fait d’expérience, une constatation pratique. Elle se heurte à ce qu’on a toujours cru, parce qu’on a toujours raisonné dans l’abstraction et que, théoriquement, si les hommes étaient parfaits, il serait très désirable que tous les hommes se convertissent et qu’il y ait des États chrétiens. Mais quand on a raisonné sur cette matière, on a toujours raisonné sur des hommes abstraits et non sur les hommes concrets, tels qu’ils sont dans la réalité, avec leurs faiblesses. En fait, le point d’équilibre idéal de l’Église se trouve au moment où les catholiques sont assez nombreux pour exercer une forte influence, sans l’être suffisamment pour être ou aspirer à devenir la puissance dominante dans l’État.
C’est à ce point-là que l’Église atteint à l’influence la plus considérable, en restant pleinement elle-même, et en exerçant une action proprement spirituelle.
L’autre conclusion essentielle à laquelle j’arrive est celle de la nécessité de la persécution pour l’Église actuelle. C’est ce qu’on pourrait appeler la thèse catastrophique.
L’Église actuelle est moins corrompue qu’en d’autres temps, mais elle est enlisée dans un fatras de petites choses, des routines, des conventions, des cadres sociaux, des préoccupations temporelles, qui voilent fortement les traits du Christ en elle. Ceux qui abordent l’Église en entrant en contact avec des âmes profondément surnaturelles peuvent y trouver le Christ, mais ce n’est pas le grand nombre, et c’est pourquoi les conversions sont rares.
L’administration ecclésiastique, par exemple, étouffe terriblement l’esprit de l’Évangile.
Le fidèle moyen n’entre en contact avec l’Église qu’à propos d’enterrements ou de mariages qui sont traités comme une affaire commerciale ; s’il veut par sentiment faire célébrer le service funèbre d’un des siens dans une chapelle à son gout, il se heurte à la revendication des droits paroissiaux, qui se présente avant tout comme une revendication d’argent ; de même les questions de titres et d’insignes honorifiques tiennent dans l’Église une place qui va radicalement à l’encontre de l’esprit du Christ ; les soutanes violettes et les titres des prélats, les anneaux précieux des évêques, les palais pontificaux, la pompe romaine sont autant d’insultes à l’Évangile ; et encore, quand les prêtres, dans notre pays, soignent leur cave, comme tant d’entre eux le font, quand le vin coule à flots à leur table, et qu’on met en regard leur pingrerie, aussitôt qu’il s’agit du vin de messe, qu’ils veulent le moins cher possible et dispensé dans les burettes les plus petites possible, comment croire qu’ils ont pour le sacrifice de la messe le respect et l’amour que suppose la foi dans la doctrine de l’Église ? Il faut avoir beaucoup réfléchi à ces choses-là pour comprendre ces contradictions, mais celui qui voit l’Église simplement de l’extérieur ne peut à ces signes-là reconnaitre en elle l’Église du Christ.
Il en est de même de l’importance attachée à des usages qui n’en ont pas, comme à certaines formes de dévotion, à des règles rituelles. Un prêtre qui attache une importance capitale à la récitation de son bréviaire, et montre par ailleurs peu de zèle pour les âmes, peu de détachement des biens matériels, beaucoup d’attachement à ses aises, est un personnage extrêmement choquant du point de vue chrétien. Chez un grand nombre de ceux qu’on appelle de bons prêtres, la charité chrétienne ne se montre jamais, mais seulement une dignité ou une honnêteté de vie toute naturelle. Et chez un grand nombre de catholiques, prêtres et laïcs, se manifeste une étroitesse d’esprit qui fait passer à l’arrière-plan l’essentiel de la religion, l’amour de Dieu et du prochain, pour y substituer des formes extérieures et des cadres administratifs.
On pourrait encore ajouter un grand nombre d’autres traits, et notamment qu’un grand nombre de prêtres, et même d’évêques, s’intéressent beaucoup plus à des choses profanes qu’au règne de Dieu ; quand ils trouvent un prétexte pour s’occuper de politique ou de questions économiques, ils s’en emparent avec une satisfaction facile à discerner.
Et malgré cela l’Église est plus pure, de nos jours, tout au moins en Europe, qu’elle ne l’a été dans la plupart des siècles antérieurs. Et pris l’un après l’autre, chacun des abus, dont je viens d’indiquer quelques-uns, est d’importance secondaire. C’est l’esprit général dont ils procèdent qui est grave. Et cet esprit est à peu près impossible à déraciner par des voies normales, parce que la lutte contre chacune de ces manifestations demanderait un effort disproportionné avec l’importance de son enjeu.
Prenons par exemple la cour pontificale, il est évident que jamais Jésus n’aurait accepté d’habiter le palais du Vatican. Il est tout à fait évident que le luxe de ces salons, les millions dépensés tous les ans pour entretenir des gardes suisses inutiles, etc., sont en contradiction avec l’esprit de l’Évangile. D’ailleurs ce palais du Vatican a été construit et orné par des papes de la Renaissance dont le souvenir est la honte de l’Église ; l’étiquette de la cour pontificale a été principalement réglée à cette époque. Depuis lors, les papes sont devenus de bons prêtres, plusieurs même des saints, leur vie personnelle est simple et austère. Il n’est plus resté de cette honte de la Renaissance que le cadre, chose en soi peu importante. Elle l’est suffisamment cependant pour créer une certaine difficulté à voir dans le pape le représentant du Christ. Car enfin, ce représentant qui se présente sous un aspect que son Maitre eût non seulement condamné, mais abhorré, rend difficile, par là même, de le reconnaitre pour ce qu’il est.
Mais, par ailleurs, supprimer le palais du Vatican, installer le pape dans une demeure digne de lui, supprimer la cour pontificale, amener le vicaire de Jésus-Christ à vivre d’une manière qui s’inspire de Jésus-Christ, jusque dans son apparence extérieure, se heurte à de telles difficultés qu’il paraît proprement irréalisable, tant que le pape ne sera pas chassé de son palais et obligé de fuir et de vivre pendant quelque temps dans la misère. L’entourage du pape, la plupart des chrétiens, des membres du clergé, sont si peu chrétiens ; s’inspirent si peu de l’esprit du Christ, que le pape qui voudrait, de sa propre initiative, transformer radicalement le genre de vie pontifical se heurterait à une résistance qui l’obligerait à user ses forces sur un objet en soi peu important. Supprimer le Vatican et la cour pontificale est sans doute une entreprise plus difficile que la définition d’un dogme ou la formation de légions de missionnaires ! Si on doit espérer que l’Église se purifie de ces petites taches qui ne la corrompent pas, mais qui souillent sa face et rendent difficile d’y reconnaitre le visage du Christ, il faut souhaiter que l’Église soit secouée au point que toutes ces écailles tombent.
Or la secousse, c’est normalement la persécution qui la produit. Le pape ne quittera le Vatican que si on l’en chasse ; les dignitaires ecclésiastiques ne quitteront leurs titres ronflants et leurs costumes tapageurs, les religieux et les religieuses n’abandonneront leurs costumes absurdes et leurs usages désuets que si on les bouscule, si on les chasse de leur vie calfeutrée, si on les oblige à trainer par les chemins, à se cacher, à faire n’importe quel métier pour assurer leur existence. La persécution seule dégagera chez les catholiques, clergé et fidèles, l’essentiel de la foi, la vie du Christ et la charité, pour reléguer à l’arrière-plan ce qui n’eut jamais dû en sortir.
Évidemment la persécution entraine d’innombrables malheurs. Le principal, ce sont les défections. Dans l’Église embourgeoisée où nous vivons, les catholiques capables de souffrir pour leur foi ne sont pas très nombreux. Mais en réalité, la réduction numérique qui se produira dans l’Église persécutée ne sera pas un dommage pour l’Église, car les chrétiens qui l’abandonneront seront pour la plupart des chrétiens de tradition et d’habitude, qui ne sont des chrétiens qu’en apparence. Par contre la persécution trempera les autres, purifiera tout le corps de la Sainte Église et lui rendra l’éclat qu’elle perd dans la mesure où elle s’éloigne de l’esprit du Christ.
Au moment où j’écris ces lignes, il semble que la persécution approche ; elle s’est déjà abattue sur un certain nombre de pays et on peut s’attendre à ce qu’elle se généralise. Ce temps est donc béni. Il faut souhaiter que la persécution soit assez profonde et durable pour bouleverser l’Église jusqu’à ce que beaucoup croient être ses fondements, c’est-à-dire l’organisation paroissiale, les costumes et les palais épiscopaux, l’administration vaticane, même les modes de distribution des sacrements. Déjà, dans certains pays, on a dû, sous l’empire de la persécution, permettre aux prêtres de célébrer avec n’importe quel verre, aux fidèles de se communier eux-mêmes. Mais pour qu’on distingue dans la messe l’essentiel de l’accessoire, qu’on se rende compte par exemple que l’emploi du latin est sans importance, de même que la communion sous une ou deux espèces, de même que l’emploi du vêtement liturgique, de même que le jeûne eucharistique, et l’heure à laquelle la messe se célèbre, que tout cela est sans impotence, que la seule chose importante est que la messe soit mise à la disposition des fidèles aussi abondamment que possible, et qu’elle soit célébrée de façon qu’ils la comprennent et puissent s’y unir aussi facilement que possible, pour qu’on arrive à cela, il faut qu’une secousse violente mette l’Église en danger et qu’on soit obligé de sacrifier tout l’accessoire pour sauver l’essentiel.
Dans l’état de paix et de traditionalisme routinier où nous sommes, proposer des changements aussi peu importants que de dire la messe en langue vulgaire, de laisser communier sous les deux espèces ou d’établir la concélébration, soulève des tempêtes. Ce sont pourtant des choses sans importance qui ne mettent en question aucun point du dogme ni de la morale, et ces réformes rendraient la religion plus vivante et feraient mieux comprendre au peuple que la messe est bien le sacrifice de la Cène que Jésus a institué le Jeudi Saint. Quand on voit dans l’histoire les interminables querelles sur ces questions sans importance, les hérésies ou les schismes que ces querelles ont alimentés, le nombre d’hommes intelligents et de saints prêtres qui ont consacré une partie importante de leur vie à défendre la tradition ecclésiastique en ce domaine, comme si vraiment la vie de l’Église en dépendait, c’est à pleurer de douleur ! Et pendant ce temps, on laisse se développer un enseignement de la théologie morale où la charité n’a presque pas de part !…
Mais je sais bien que tout cela est inévitable. Il n’y a qu’une persécution profonde et durable, un écroulement extérieur de l’Église, qui puisse y remédier. Un évêque allemand disait, il y a deux ou trois ans : « Nous devons rentrer dans les catacombes ». Je le crois. Il disait avec douleur. Je reprends son idée avec joie. Nous devons rentrer dans les catacombes ; nous en avons besoin. C’est dans les catacombes que l’Église retrouvera sa pureté.
Ermitage du Bon Larron, 23 juin 1940.