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Qu’est-ce que l’antiwokisme ?

Numéro 4 Juin 2024 - Wokisme par David Paternotte Martin Deleixhe

juin 2024

Le 24 mars der­nier, le Vlaams Belang lan­çait offi­ciel­le­ment son pro­gramme élec­to­ral et pla­çait celui-ci sous la ban­nière de l’antiwokisme et de la lutte contre la pro­pa­gande de gauche et contre les élites glo­bales. Outre des men­tions dans le pro­gramme géné­ral oppo­sant le wokisme à la nor­ma­li­té et au Fla­mand moyen, le par­ti a consa­cré une bro­chure programmatique […]

Dossier

Le 24 mars der­nier, le Vlaams Belang lan­çait offi­ciel­le­ment son pro­gramme élec­to­ral et pla­çait celui-ci sous la ban­nière de l’antiwokisme et de la lutte contre la pro­pa­gande de gauche et contre les élites glo­bales1. Outre des men­tions dans le pro­gramme géné­ral oppo­sant le wokisme à la nor­ma­li­té et au Fla­mand moyen2, le par­ti a consa­cré une bro­chure pro­gram­ma­tique à ce sujet. Sur un fond bleu ciel, la cou­ver­ture arbore une vierge blanche dont le socle est en train de se fis­su­rer et le titre, mas­sif, évoque un com­bat cultu­rel3. En qua­rante pages, ce docu­ment revient sur les ori­gines intel­lec­tuelles de ce phé­no­mène en Flandre et à l’étranger et couvre un large spectre de domaines : édu­ca­tion, ensei­gne­ment supé­rieur, éga­li­té, culture, sou­tien au tis­su asso­cia­tif, etc. Il affirme que le wokisme « empoi­sonne » la socié­té fla­mande et annonce un éven­tail de mesures4.

Un débat incandescent

Le terme « wokisme », encore incon­nu du grand public belge il y a quelques mois, s’est invi­té avec fra­cas dans la cam­pagne élec­to­rale. Pour le grand public, il est entré dans le lan­gage cou­rant début 2023, à la suite d’une double séquence qui a tra­ver­sé la fron­tière lin­guis­tique. En février, le Centre Jean Gol, centre d’étude du Mou­ve­ment réfor­ma­teur (MR), a publié un rap­port inti­tu­lé « Le wokisme, ce nou­veau tota­li­ta­risme dont on ne peut pro­non­cer le nom »5. Son autrice, la mili­tante laïque Nadia Geerts, en a tiré quelques mois plus tard le livre Woke ! La tyran­nie vic­ti­maire6. Repre­nant les pon­cifs du débat fran­çais, ce rap­port vise, tous azi­muts, mou­ve­ments anti­ra­cistes ou fémi­nistes, les uni­ver­si­taires, etc., et a pro­vo­qué un large débat en Bel­gique fran­co­phone. Face aux nom­breuses voix qui ont dénon­cé son indi­gence scien­ti­fique7, tant le pré­sident du MR, Georges-Louis Bou­chez, que le pré­sident de son centre d’études, Coren­tin de Salle, ont pris publi­que­ment la parole pour défendre le document.

Quelques jours plus tard, le pré­sident de la NV‑A, Bart De Wever, a aus­si publié un ouvrage sur le sujet, Over woke, rapi­de­ment tra­duit en fran­çais8. Ce livre cou­ronne une série de confé­rences dans les uni­ver­si­tés fla­mandes sous le titre Hoe woke onze cultuur ver­nie­tigt (Com­ment le wokisme détruit notre culture) et accuse le monde cultu­rel et sur­tout uni­ver­si­taire de pro­pa­ger une idéo­lo­gie post­mo­derne qui éro­de­rait les fon­de­ments de la nation fla­mande en valo­ri­sant des iden­ti­tés tan­tôt dénon­cées comme trop cos­mo­po­lites, tan­tôt comme trop par­ti­cu­lières9. Ses talents de com­mu­ni­ca­teur lui ont per­mis de faire rebon­dir cette polé­mique de pla­teaux de télé­vi­sion en stu­dios de radio, comme le détaille l’article d’Alexander Dhoest dans ce numéro.

Le Vlaams Belang était quant à lui déjà mobi­li­sé, le « wokisme » ayant à ses yeux rejoint l’islam et l’immigration par­mi les prin­ci­pales menaces pla­nant sur la Flandre. La com­pé­ti­tion élec­to­rale entre les deux par­tis natio­na­listes fla­mands a rapi­de­ment conduit à une sur­en­chère média­tique10, ali­men­tée par des acteurs comme Dries Van Lan­gen­hove11. Ces entre­pre­neurs poli­tiques se sont tous pré­sen­tés comme des lan­ceurs d’alerte, qui sou­hai­taient mettre en garde la popu­la­tion contre des dan­gers pour les valeurs, la culture et l’héritage de la Flandre, la Bel­gique ou l’Occident. Ils ont aus­si dif­fu­sé – avec un cer­tain suc­cès – un cli­mat d’anxiété qui a ten­té de faire de cette thé­ma­tique jusqu’alors incon­nue du grand public un des sujets prin­ci­paux du débat élec­to­ral en cours12.

Ce débat ne vise tou­te­fois pas seule­ment à conser­ver ou cap­ter des élec­teurs et des élec­trices et il serait erro­né de le can­ton­ner au contexte élec­to­ral. La polé­mique sur le wokisme a émer­gé quelques années plus tôt et, sur­tout, elle est por­tée par une gamme plus diver­si­fiée d’acteurs et d’actrices. Tant au nord qu’au sud du pays, ce débat a per­mis de relan­cer une frange du mou­ve­ment laïque his­to­ri­que­ment mobi­li­sée autour des risques de l’islam poli­tique et de la dénon­cia­tion du com­mu­nau­ta­risme. En Bel­gique fran­co­phone, comme le rap­pelle Corinne Tor­re­kens dans son article, Fadi­la Maa­rou­fi et Flo­rence Ber­geaud-Bla­ck­ler ont créé le Café laïque13 à la suite de l’Observatoire des fon­da­men­ta­lismes à Bruxelles, ce qui leur a per­mis d’élargir leur palette de mobi­li­sa­tion : isla­misme, tran­sac­ti­visme, wokisme, édu­ca­tion, etc. Des acteurs comme Marc et Julien Uyt­ten­daele ont aus­si mul­ti­plié les décla­ra­tions fra­cas­santes dans les médias, en par­ti­cu­lier pour défendre la neu­tra­li­té de l’État14 et dénon­cer l’avènement du com­mu­nau­ta­risme et de l’identitarisme en poli­tique. Ces dif­fé­rents acteurs ont d’ailleurs récem­ment conver­gé dans un Mani­feste des voix uni­ver­sa­listes pour un monde com­mun16, une orga­ni­sa­tion qui a orga­ni­sé des ren­contres contro­ver­sées sur le wokisme17 et les ques­tions trans18 à l’Université d’Anvers.

Au nord du pays, on assiste à une mobi­li­sa­tion plus impor­tante au sein des uni­ver­si­tés. Le phi­lo­sophe Maar­ten Bou­dry a mul­ti­plié les inter­ven­tions sur le sujet et a invi­té Susan Nei­man à pré­sen­ter son livre Left is not woke à Gand19. De même, le phi­lo­sophe Andreas De Block (KUL) a connu une cer­taine visi­bi­li­té avec le livre Is links gewoon slim­mer ? Ideo­lo­gie aan onze uni­ver­si­tei­ten (La gauche est-elle sim­ple­ment plus maligne ? Idéo­lo­gie à l’université)20, qui entend pro­mou­voir la diver­si­té idéo­lo­gique contre une sup­po­sée main­mise de la gauche sur le monde aca­dé­mique. Sur­tout, une suc­ces­sion d’évènements, en par­ti­cu­lier à Anvers, ont conduit à la créa­tion de l’organisation Hypa­tia21. Ras­sem­blant des pro­fes­seurs d’université de Flandre et des Pays-Bas22, celle-ci vise à dénon­cer des menaces pour la liber­té aca­dé­mique et à défendre la liber­té d’expression sur les cam­pus. Dans ce but, elle orga­nise des évè­ne­ments, fait connaitre des publi­ca­tions et pro­pose sur son site un « sys­tème de signa­le­ment » (meld­punt). À l’inverse de ce qui se passe au niveau poli­tique, ces acteurs ne sont pas uni­que­ment de droite ou d’extrême droite, mais com­prennent aus­si des per­son­na­li­tés his­to­ri­que­ment issues de la gauche ain­si qu’un nombre impor­tant de figures laïques. Leur vision de la science témoigne sou­vent d’un cer­tain posi­ti­visme qui ignore ou s’oppose aux révo­lu­tions épis­té­miques des der­nières décen­nies23 et leur dis­cours invoque aus­si l’esprit des Lumières, qu’il fau­drait pro­té­ger de dérives identitaires.

D’autres enjeux ont enfin per­mis l’expression de dis­cours anti­wo­kistes dans l’espace public, par­fois à la faveur d’acteurs plus dis­pa­rates. Par­mi ceux-ci, citons les débats sur le pas­sé colo­nial belge et la com­mis­sion par­le­men­taire char­gée d’examiner la mémoire colo­niale ain­si que la ques­tion de l’inclusivité du lan­gage, évo­quée par Lau­rence Rosier dans ce numé­ro24. L’antiwokisme a aus­si per­mis de relan­cer un mou­ve­ment anti­genre au suc­cès limi­té, en par­ti­cu­lier autour de la ques­tion trans. C’est par­ti­cu­liè­re­ment le cas de l’Observatoire de la Petite Sirène, une orga­ni­sa­tion fran­co-belge qui s’inquiète « des dis­cours idéologiques sur l’enfant et l’adolescent » et sou­haite « mettre en garde les pro­fes­sion­nels de l’enfance sur l’impact des réseaux sociaux et du mili­tan­tisme »25. Cet Obser­va­toire, qui a été un des visages les plus visibles des mobi­li­sa­tions contre l’EVRAS, entre­tient des liens avec d’autres acteurs belges et fran­çais, comme le Café laïque, l’Observatoire du déco­lo­nia­lisme (aujourd’hui « Obser­va­toire des idéo­lo­gies iden­ti­taires »26) ou le Bel­gian Centre for Evi­dence-Based Mede­cine27.

Un nouvel objet d’étude.

Comme l’indiquent ces quelques exemples, ni le terme « wokisme » lui-même ni son irrup­tion dans le voca­bu­laire poli­tique belge ne sont le fruit d’une géné­ra­tion spon­ta­née. L’un et l’autre résultent de stra­té­gies déli­bé­rées, diverses et pas néces­sai­re­ment conver­gentes ou coor­don­nées. Celles-ci sont por­tées par des acteurs et actrices pré­cises, qui pensent avoir un inté­rêt à recon­fi­gu­rer le pay­sage poli­tique et social contem­po­rain en y intro­dui­sant un nou­veau cli­vage, qui les oppo­se­rait aux « wokistes », élevé·es au rang de menace sour­noise et pro­téi­forme28.

L’objet de ce numé­ro n’est pas de répondre ou d’invalider ces dis­cours, dans la mesure où cela impli­que­rait d’accepter les termes dans les­quels ce débat a ini­tia­le­ment été posé et de concé­der qu’une nou­velle divi­sion struc­tu­re­rait et peut-être même domi­ne­rait désor­mais le champ poli­tique. Ce pos­tu­lat écra­se­rait toutes les nuances qui existent entre des posi­tions poli­tiques plu­rielles, aux his­toires tou­jours mou­ve­men­tées et sin­gu­lières (anti­ra­cisme, fémi­nisme, mou­ve­ment LGBTQI, post­co­lo­nia­lisme, éco­lo­gisme…) abu­si­ve­ment ras­sem­blées sous le qua­li­fi­ca­tif de « wokisme ». De plus, fonc­tion­nant de manière per­for­ma­tive, il contri­bue­rait à une polé­mique sim­pliste qui ren­force une oppo­si­tion binaire for­mu­lée sous forme de « pour » ou « contre ». Enfin, il pour­rait nous impo­ser de défendre toutes les mani­fes­ta­tions de ce qui est désor­mais ran­gé dans la caté­go­rie « wokisme », alors que, comme le rap­pellent Flo­rence Del­motte, Jus­tine Lacroix et Édouard Del­ruelle dans ce numé­ro, cer­taines d’entre elles méritent de plus amples dis­cus­sions29. Il y a donc là un piège argu­men­ta­tif dans lequel nous ne sou­hai­tons pas tomber.

Cela ne veut pas dire pour autant que ces contro­verses ne sou­lèvent pas d’interrogations et ne méritent pas que l’on s’y arrête. Tou­te­fois, il nous semble plus fécond, dans ce but, de dépla­cer la focale. À nos yeux, le concept de « wokisme » ne pré­sente pas de grand inté­rêt sur le plan ana­ly­tique dans la mesure où il range indis­tinc­te­ment sous une même déno­mi­na­tion des phé­no­mènes socio­po­li­tiques fort dif­fé­rents. Pour cette rai­son, il ne per­met ni de décrire, ni de com­prendre, ni d’expliquer le monde social qui nous entoure. En revanche, il appa­rait assez clai­re­ment que ce terme peut être – et a été – stra­té­gi­que­ment mobi­li­sé dans des contextes déter­mi­nés par cer­tains acteurs poli­tiques et cer­tains milieux intel­lec­tuels pour dis­qua­li­fier leurs oppo­sants ou pour recon­fi­gu­rer des rap­ports de force. Plu­tôt que de répondre à cette mise en accu­sa­tion, d’entériner et de conso­li­der une divi­sion à la fois pro­blé­ma­tique et sté­rile, nous pro­po­sons d’inverser la ques­tion woke30 afin d’interroger l’ensemble com­po­site d’idées et de slo­gans ras­sem­blés sous la ban­nière de l’antiwokisme, ain­si que la nature et la com­po­si­tion des coa­li­tions d’acteurs qui les portent. En d’autres mots, nous sou­hai­tons faire de l’antiwokisme un objet d’étude — l’objectiver et l’objectifier — afin de poser les ques­tions sui­vantes : que nous dit cette polé­mique des inten­tions, des visions du monde et des pra­tiques des accu­sa­teurs ? Quel est l’objectif pour­sui­vi ? Quelles sont les ins­ti­tu­tions qui ini­tient ou qui relaient ces démarches ? Quels sont les sou­bas­se­ments théo­riques de ces dis­cours ? Com­ment se construisent socio­lo­gi­que­ment les réseaux d’acteurs qui les portent ?

Ce numé­ro, qui porte avant tout sur la Bel­gique fran­co­phone, est le pre­mier résul­tat de cet effort intel­lec­tuel. Il découle de la jour­née d’étude « Ana­to­mie de l’antiwokisme », orga­ni­sée le 11 décembre 2023 sur le site de l’ancienne Uni­ver­si­té Saint-Louis à Bruxelles31. Pro­duit d’une réflexion col­lec­tive, cet évè­ne­ment est le fruit du tra­vail conjoint de col­lègues de toutes les uni­ver­si­tés belges fran­co­phones. Face à la mul­ti­pli­ca­tion d’attaques — dans les­quelles plu­sieurs d’entre nous ont été visé·es — il nous a paru impor­tant de créer l’espace et de prendre le temps pour l’analyse, afin de mieux com­prendre le moment que nous tra­ver­sons. Loin d’être exhaus­tif, ce numé­ro sou­haite offrir une pre­mière mise en pers­pec­tive et ébau­cher les contours d’un pro­gramme de recherche. Por­tant avant tout sur la Bel­gique fran­co­phone, il offre néan­moins des ouver­tures sur la Flandre, la France et plu­sieurs pays étran­gers. Cet effort se pour­sui­vra par un pro­jet édi­to­rial de plus grande envergure.

Prolégomènes à l’étude de l’antiwokisme

Si ce pro­jet intel­lec­tuel est appe­lé à se pour­suivre, quelques obser­va­tions peuvent déjà être for­mu­lées. Elles nous aident à cir­cons­crire cet objet d’étude émergent. Il faut tout d’abord rele­ver que le concept même de « wokisme » s’inscrit plus dans le registre de la méta­phore poé­tique que celui du lan­gage tech­nique des sciences sociales. Confor­mé­ment à ses ori­gines his­to­riques dans le mou­ve­ment afro-amé­ri­cain, il évoque « l’éveil », le réveil, voire le renou­veau et invi­te­rait les citoyen·nes à « s’éveiller » (c’est la tra­duc­tion lit­té­rale du mot anglais woke dont il est issu) aux dis­cri­mi­na­tions mul­tiples qui struc­tu­re­raient la socié­té. Tou­te­fois, ce terme, que sa construc­tion en « ‑isme » désigne comme une idéo­lo­gie poli­tique, n’esquisse aucune ébauche de pro­gramme poli­tique, si mini­mal soit-il. À titre de com­pa­rai­son, des termes comme l’écologisme, le libé­ra­lisme, le socia­lisme, ou le com­mu­nisme en révèlent bien plus sur les idéo­lo­gies qu’ils dési­gnent, là où le « wokisme » est in fine un mot qui ne veut rien dire et qui, pour cette rai­son, signi­fie ou peut signi­fier une mul­ti­tude de choses dif­fé­rentes32.

Puisque les mani­fes­ta­tions du wokisme sont plu­rielles, nombre de dis­cours anti­wo­kistes uti­lisent la stra­té­gie du plus petit déno­mi­na­teur com­mun pour cap­tu­rer l’identité pro­fonde de cette sup­po­sée idéo­lo­gie. Ce qui uni­rait fémi­nistes, post­co­lo­niaux, queers, anti­ra­cistes et acti­vistes trans­genres dans une grande coa­li­tion bigar­rée, c’est la dénon­cia­tion par­ta­gée des dis­cri­mi­na­tions dont iels ont à souf­frir. On pour­rait objec­ter à cette carac­té­ri­sa­tion que les groupes mino­ri­sés ne se mobi­lisent jamais contre « la Dis­cri­mi­na­tion » défi­nie abs­trai­te­ment mais dénoncent des injus­tices concrètes et spé­ci­fiques, contex­tua­li­sées et propres à leur situa­tion, avec des dyna­miques et des enjeux qui leur appar­tiennent. Rien ne per­met de pen­ser a prio­ri que toutes ces luttes sin­gu­lières vont méca­ni­que­ment conver­ger pour for­mer un camp poli­tique uni­fié33+6.

Tou­te­fois, loin d’être une fai­blesse, cette impré­ci­sion s’avère poli­ti­que­ment redou­table. Parce qu’il s’agit d’un signi­fiant vide et que sa défi­ni­tion relève bien sou­vent plus de l’énumération de ses mani­fes­ta­tions que de la des­crip­tion de son prin­cipe ou de son essence, le terme « wokisme » se révèle d’une grande plas­ti­ci­té. Rien n’est alors plus facile que de pré­sen­ter divers phé­no­mènes sociaux qui par­tagent un air de famille comme rele­vant de cette idéo­lo­gie, en dépit des désac­cords ou des conflits qui peuvent exis­ter entre les acteurs ou les mou­ve­ments aux­quels on appose ce label. Cela per­met aus­si d’adapter ce terme à des contextes et des idéo­lo­gies dif­fé­rentes, sans s’encombrer outre mesure de la cohé­rence entre les idées avan­cées. Une telle carac­té­ris­tique aide à com­prendre com­ment des acteurs et des actrices aux tra­jec­toires très dif­fé­rentes peuvent adop­ter ce terme, en faire un axe prio­ri­taire de leurs luttes et, par­fois, conver­ger dans des coa­li­tions à pre­mière vue étonnantes.

Tout ceci nous aide enfin à entre­voir les inten­tions cachées der­rière l’invention de ce terme. Sa fonc­tion prin­ci­pale n’est pas de décrire le monde social ou de dénon­cer de nou­velles divi­sions mais de le scin­der en deux. Il est employé pour créer un nou­veau cli­vage dans l’espace poli­tique et don­ner de bonnes rai­sons à celles et ceux qui se sentent mena­cés par les pro­grès de l’égalité sociale d’unir leurs forces au sein d’une grande coa­li­tion qui rela­ti­vise, voire rend obso­lète, la dis­tinc­tion qui exis­tait au préa­lable entre droite modé­rée et droite radi­cale (et même entre cer­tains milieux de la gauche et cette droite ras­sem­blée). Pour cette rai­son, l’étude de l’antiwokisme doit non seule­ment s’inscrire dans l’analyse de constel­la­tions intel­lec­tuelles mais aus­si dans celle de tra­jec­toires de groupes et d’individus. Si la reprise de ce dis­cours par des acteurs conser­va­teurs ou d’extrême droite ne sur­prend per­sonne, son arti­cu­la­tion par des per­sonnes issues de com­bats d’émancipation est plus dif­fi­cile à com­prendre. À ce niveau, il convien­drait de pro­cé­der à une ana­lyse plus fine de l’évolution de cer­tains cou­rants de pen­sée comme la laï­ci­té orga­ni­sée et de l’articuler à une socio­lo­gie des acteurs qui tente de sai­sir des points de bas­cu­le­ment au sein de tra­jec­toires indi­vi­duelles, ain­si que des par­cours de radicalisation.

Une seconde obser­va­tion vient épau­ler la pre­mière. Si le terme « wokisme » ras­semble dif­fé­rents cou­rants de droite en leur agré­geant quelques figures du centre et de la gauche, il contri­bue aus­si à nor­ma­li­ser des idées conser­va­trices et d’extrême droite dans l’espace public. En effet, le com­bat anti­woke vise in fine à main­te­nir des pri­vi­lèges et des hié­rar­chies, à pro­mou­voir le sta­tu­quo et à limi­ter les pro­grès de l’égalité. C’est de cette façon qu’il s’inscrit, comme le rap­pellent Lau­rence Rosier et Ugo Laquièze, dans la conso­li­da­tion d’un pro­jet natio­na­liste et popu­liste. De tels efforts pour recon­fi­gu­rer le pay­sage poli­tique et rendre à nou­veau fré­quen­table la droite radi­cale ne sont pas neufs, mais s’inscrivent dans une longue his­toire dont le « wokisme » est le der­nier ava­tar et celui qui, en Bel­gique fran­co­phone, ren­contre peut-être le plus de suc­cès. Cette his­toire se décline au gré des termes mobi­li­sés pour réa­li­ser cette opé­ra­tion, par­mi les­quels on peut citer « poli­ti­que­ment cor­rect », « com­mu­nau­ta­risme », « théo­rie du genre », « mar­xisme cultu­rel » ou « isla­mo-gau­chisme »34. Chaque terme est por­teur d’enjeux propres, liés à un moment his­to­rique pré­cis et plu­sieurs de ces généa­lo­gies sont retra­cées dans ce numé­ro. Corinne Tor­re­kens revient ain­si sur les dif­fé­rents épi­sodes de la contro­verse au sujet du port du voile isla­mique dans l’espace public pour mon­trer com­ment celles et ceux qui étaient hier dénon­cés comme des « isla­mo-gau­chistes » sont aujourd’hui requa­li­fiés en « wokistes ». De même, en étu­diant les luttes épis­té­miques qui sous-tendent l’offensive anti­wo­kiste, David Pater­notte tisse des liens entre cet épi­sode et les luttes plus anciennes contre le « mar­xisme cultu­rel » et le « poli­ti­que­ment correct ».

Si cha­cun de ces termes dis­qua­li­fiants connait une his­toire propre qui le lie à une époque et un enjeu, force est de consta­ter qu’il y a éga­le­ment un élé­ment de conti­nui­té qui fait de ces dif­fé­rentes dési­gna­tions les maillons d’une même chaine car, dans la contro­verse qui a entou­ré cha­cun d’entre eux, se rejoue à chaque fois la dénon­cia­tion de pro­grès par­tiels de l’égalité juri­dique et sociale et des dis­po­si­tifs de luttes contre la dis­cri­mi­na­tion. Joseph Mum­ba­za Ngeke, Clau­dia Toma et Laurent Lica­ta illus­trent ce point dans leur contri­bu­tion en expo­sant les résis­tances aux­quelles les poli­tiques de diver­si­té, d’égalité et d’inclusion doivent faire face dans leur mise en œuvre au sein de grandes orga­ni­sa­tions comme les uni­ver­si­tés. Pour bien com­prendre le dis­cours anti­wo­kiste, il est donc indis­pen­sable de le sai­sir dans cette double dimen­sion. Il faut à la fois faire droit à cette his­toire longue, qui le dépasse et le déborde, tout en prê­tant atten­tion à ce qu’il y a d’inédit et d’original dans cette réité­ra­tion de la controverse.

Troi­siè­me­ment, les dis­cours anti­wo­kistes ne pos­sèdent pas seule­ment une his­toire mais aus­si une géo­gra­phie. Ils ne viennent pas de nulle part et n’ont pas cir­cu­lé en sui­vant n’importe quels canaux. Comme l’ont éta­bli de nom­breux tra­vaux35, ceux-ci sont avant tout issus des milieux de la Droite éta­su­nienne et doivent être repla­cés dans un com­bat cultu­rel enta­mé il y a déjà plu­sieurs décen­nies. Ils s’inscrivent dans des enjeux tant idéo­lo­giques que maté­riels et visent à ancrer dura­ble­ment un virage à droite aux États-Unis36. Ces dis­cours se sont tou­te­fois pro­pa­gés à tra­vers le globe de façon impres­sion­nante au cours des der­nières années et ont trou­vé un ter­reau par­ti­cu­liè­re­ment fer­tile en Europe. La ques­tion de leur cir­cu­la­tion est par consé­quent d’un inté­rêt capi­tal car elle nous amène à nous inter­ro­ger sur leurs relais trans­na­tio­naux, ain­si que sur les effets de dif­frac­tion que subissent ces dis­cours lorsqu’ils sont trans­plan­tés d’un espace public à un autre. En effet, si le phé­no­mène est bel et bien glo­bal et si les pla­te­formes digi­tales ont favo­ri­sé leur pro­pa­ga­tion sous des formes stan­dar­di­sées comme le montre Ugo Laquièze dans son article, les termes du débat ne s’en trouvent pas moins recon­fi­gu­rés au gré des contextes afin de s’adapter aux cultures poli­tiques natio­nales ou locales. Ain­si, le pas­sage de la contro­verse par la France a eu pour effet coro­laire de faire des enjeux de la laï­ci­té ou de l’universalisme abs­trait répu­bli­cain deux de ses pré­oc­cu­pa­tions prin­ci­pales37, alors que ces élé­ments sont glo­ba­le­ment absents de ce débat aux États-Unis. Dans son texte, Lau­rence Rosier insiste ain­si sur la cris­pa­tion iden­ti­taire et natio­na­liste qui a sui­vi en France les pro­po­si­tions de réfor­mer la langue fran­çaise afin de la rendre plus inclusive.

La Bel­gique consti­tue un labo­ra­toire par­ti­cu­liè­re­ment riche pour étu­dier ces cir­cu­la­tions, dans la mesure où, de manière clas­sique, acteurs fran­co­phones et fla­mands s’abreuvent à des sources dif­fé­rentes. Ain­si, Nadia Geerts cite sur­tout des écrits fran­co­phones ou tra­duits en fran­çais (Badin­ter, Bas­tié, Braun­stein, Cou­tu­rier, Hei­nich, Polo­ny, Roza, Sal­va­dor, Taguieff, Valen­tin, etc.) tan­dis que Bart De Wever et les col­la­bo­ra­teurs du Vlaams Belang s’inspirent de sources anglo­phones (Daw­kins, Fukuya­ma, Haidt, Kauf­mann, Lind, McW­hor­ter, Mur­ray…), que com­plètent des influences néer­lan­daises. Ces cir­cu­la­tions sont étroi­te­ment liées à des flux cultu­rels via les médias et les pro­duc­tions édi­to­riales, qui voient par exemple les étals des libraires belges fran­co­phones inon­dés de la pro­duc­tion anti­wo­kiste fran­çaise. Elles résultent aus­si de contacts per­son­nels et orga­ni­sa­tion­nels, dans la mesure où nombre d’acteurs font le pont entre notre pays, la France et les Pays-Bas. À titre d’exemples, le Café laïque et l’Observatoire de la Petite Sirène déploient leurs acti­vi­tés par-delà la fron­tière fran­co-belge, tan­dis qu’Hypatia ras­semble des col­lègues fla­mands et néer­lan­dais. Enfin, la NV‑A par­ti­cipe au même groupe par­le­men­taire euro­péen que Vox, Fra­tel­li d’Italia ou le PiS polo­nais, tan­dis que des ténors du Vlaams Belang par­ti­cipent régu­liè­re­ment à des évè­ne­ments inter­na­tio­naux, tant en Europe qu’aux États-Unis.

Pour ter­mi­ner, l’antiwokisme se carac­té­rise par un style et une forme de prise de parole. Ces pro­duc­tions empruntent beau­coup au registre du lan­ceur d’alerte et de l’enquête d’investigation, qu’illustrent notam­ment la méta­phore de l’infiltration et le récit de voyage en terres wokistes38. Cette pos­ture jus­ti­fie, voire requiert, des constats catas­tro­phistes, des hyper­boles et des condam­na­tions sans appel car l’enjeu n’est alors plus de com­prendre un phé­no­mène socio­po­li­tique mais d’enrayer, au choix, le tota­li­ta­risme qui vient, l’érosion de la liber­té d’expression ou la déca­dence de la civi­li­sa­tion. Au juge­ment ana­ly­tique se sub­sti­tue ain­si le juge­ment moral, qui ne s’encombre guère des nuances propres aux sciences sociales puisque son objet est de tran­cher entre le bien et le mal.

Au prix de quelques tours de pas­se­passe, ce com­bat se pare aus­si des atours du dis­cours des droits humains. Le wokisme, pré­sen­té comme la pointe poli­tique avan­cée du post­mo­der­nisme, s’éloignerait du pré­cieux héri­tage des Lumières et mena­ce­rait de faire tom­ber de leur pié­des­tal des normes car­di­nales de notre vivre-ensemble comme l’universalisme, la laï­ci­té, la liber­té d’expression ou l’égalité entre les citoyens. Com­battre le wokisme revien­drait alors à lut­ter pour la démo­cra­tie et les droits humains.

Comme le rap­pelle Édouard Del­ruelle en conclu­sion39, ce ren­ver­se­ment des fronts n’est cepen­dant qu’apparent. D’une part, nombre de luttes dénon­cées comme « wokistes » sont menées pré­ci­sé­ment au nom de l’égalité et de l’universalité des droits. Elles insistent sur la néces­saire arti­cu­la­tion de ces prin­cipes avec la recon­nais­sance des dif­fé­rences et rejettent l’injonction à l’homogénéité, sans tou­te­fois reje­ter l’horizon d’une uni­ver­selle éga­li­té. D’autre part, les Lumières ne se sont jamais confon­dues avec une doc­trine figée. Ce terme désigne un mou­ve­ment intel­lec­tuel plu­riel, cri­tique et mili­tant, qui avait fait de la dénon­cia­tion des injus­tices socio­po­li­tiques sa rai­son d’être. Rien n’interdit donc de voir dans les mou­ve­ments sociaux contem­po­rains des émules et non des fos­soyeurs de cet esprit rebelle.

  1.  Andries S. et Debrock F., Het pro­gram­ma van Vlaams Belang : niet meer de islam maar « woke » is vijand nr.1, De Stan­daard, 24 mars 2024.
  2. Vlaams Belang, Vlaan­de­ren weer van ons. Ver­kie­zing­spro­gram­ma, Bruxelles, 2024. 
  3. Vlaams Belang, Cultuurs­tri­jd, Bruxelles, 2023. Ce docu­ment a béné­fi­cié de l’expertise de Paul Boo­ne­faes, éga­le­ment auteur de l’ouvrage Zwi­jg ! Waa­rom woke niet deugt, Deurne, Erts­berg, 2021. Le Vlaams Belang évoque aus­si la ques­tion du wokisme dans les bro­chures pro­gram­ma­tiques consa­crées aux médias et à la culture. 
  4. Ibid. p. 25. 
  5. Geerts N., Le wokisme : ce nou­veau tota­li­ta­risme dont on ne peut pro­non­cer le nom, Les études du Centre Jean Gol, Bruxelles, 2023. 
  6. Geerts N., Woke ! La tyran­nie vic­ti­maire, Bruxelles, Édi­tions f Devil­lé, 2024.
  7. Notam­ment Del­wit P., Deleixhe M. et Pran­chère J.-Y.
  8. De Wever B., Over woke, Gand, Bor­ge­rhoff & Lam­be­rigts, 2023. Il faut par ailleurs noter que Drieu Gode­fri­di, choi­si pour emme­ner la liste NV‑A en Bra­bant wal­lon, est l’auteur de nom­breux ouvrages sur des thèmes connexes : genre, race, islam, éco­lo­gie, etc. 
  9. Par­fois ces deux condam­na­tions contra­dic­toires coha­bitent sur une même page, voir p. 38 dans le cha­pitre « De aan­val op wie we zijn » (« L’attaque sur qui nous sommes »).

  10. Gus­tin A., « Doing gen­der at the far right. A stu­dy of the arti­cu­la­tions of natio­na­lism and popu­lism in Vlaams Belang’s gen­der dis­courses », Jour­nal of Lan­guage and Poli­tics, 2023, Online First : https://doi.org/10.1075/jlp.22163.gus
  11. Du côté fran­co­phone, si le nou­veau par­ti Chez Nous se posi­tionne aus­si sur le sujet, son poids poli­tique et public reste à ce jour limité. 
  12. Mahou­deau A., La panique woke, Paris : Tex­tuel, 2022. 
  13. https://www.cafla.be/
  14. Uyt­ten­daele M., La neu­tra­li­té en eaux troubles. Regard sur le modèle belge de neu­tra­li­té à tra­vers la juris­pru­dence des juri­dic­tions suprêmes, Limal, Anthe­mis, 2023. 
  15. https://les-universalistes.be/ °]. En Flandre, ce cou­rant se retrouve notam­ment autour du Huma­nis­tisch Ver­bond15Cette orga­ni­sa­tion a aus­si contri­bué à la dif­fu­sion des livres Dyab Abou Jah­jah, Ver­lich­ting onder vuur : Woke, isla­misme, extreem­rechtse, Deurne, Erts­berg, 2021 et Maar­ten Haar­laar (dir.), Ben ik wel woke genoeg ? Een ont­dek­king­stocht door het land der social jus­tice war­riors, Anvers, Gom­pel & Sva­ci­na, 2022. 
  16. https://www.humanistischverbond.be/blog/855/van-activisme-tot-cancelcultuur-en-zelfcensuur-vormt-woke-een-bedreiging-voor-de-vrijheid-van-denken-19-maart-2022/; https://ertsberg.be/events/symposium-van-activisme-tot-cancelcultuur-en-zelfcensuur-vormt-woke-een-bedreiging-voor-de-vrijheid-van-denken/
  17. https://www.knack.be/nieuws/belgie/onvrede-aan-uantwerpen-bij-lezingenreeks-over-trans-personen/
  18. https://maartenboudry.be/
  19. Tielt, Lan­noo, 2023. 
  20. https://www.hypatia-academia.be/
  21. Dont Elbers A. (UA), Elchar­dus M. (VUB), Storme M. (KUL/UA) et Cli­teur P. (Lei­den)
  22. À ce niveau, les cartes blanches du bio­lo­giste Éric Muraille dans Le Soir sont éclai­rantes, même si elles paraissent plus isolées. 
  23. Geerts N. a aus­si contri­bué à une étude sur le sujet : Geerts N. et Vereecke J., « L’écriture inclu­sive », Les ana­lyses du Centre Jean Gol, Bruxelles, 2021. 
  24. https://www.observatoirepetitesirene.org/
  25. https://decolonialisme.fr/
  26. https://www.standaard.be/cnt/dmf20220912_97919377
  27. Moss D., Le monstre du woke­ness, La revue nou­velle, n° 2, 2022, p. 18.
  28. Pran­chère J.-Y., « Post­face », dans Alain Poli­car, Le wokisme n’existe pas. La fabri­ca­tion d’un mythe, Bor­deaux, Le Bord de l’Eau, 2024. 
  29. En clin d’œil à Fas­sin É., L’inversion de la ques­tion homo­sexuelle, Paris, Édi­tions Amster­dam, 2005. 
  30. https://msh.ulb.ac.be/fr/agenda/journee-d-etude-anatomie-de-l-anti-wokisme
  31. Poli­car A., Le wokisme n’existe pas. La fabri­ca­tion d’un mythe, Bor­deaux, Le Bord de l’eau, 2024.
  32. Dupuis-Déri F., Panique à l’université : Rec­ti­tude poli­tique, wokes et autres menaces ima­gi­naires, Mont­réal, Lux, 2022. 
  33. Maes M. et Pater­notte D. (dir), Les nou­veaux lieux com­muns de la droite, La revue nou­velle, n° 5, 2020. 
  34. Mahou­deau A., op. cit. et Dupuis-Déri F., op. cit.
  35. Lau­rens S., Der­rière la « crise » du free speech : l’université rêvée des indus­triels liber­ta­riens, Mou­ve­ments, n° 112, p. 126 – 136. 
  36. Gau­tier C. et Zan­ca­ri­ni-Four­nel M., De la défense des savoirs cri­tiques : Quand le pou­voir s’en prend à l’autonomie de la recherche, Paris, La Décou­verte, 2022. 
  37. À titre d’exemple : Bus­si­gny N., Les Nou­veaux inqui­si­teurs. L’enquête d’une infil­trée en terres wokes, Paris, Albin Michel, 2023.
  38. Voir aus­si Pran­chère J.-Y., op. cit.

David Paternotte


Auteur

David Paternotte est chargé de cours (ULB), vice-doyen aux relations internationales (Faculté de Philosophie et sciences sociales), président du comité de gestion du master de spécialisation interuniversitaire en études de genre, Atelier Genre(s) et Sexualité(s), Institut de sociologie, Striges (Structure de recherche interdisciplinaire sur le genre, l’égalité et la sexualité), Maison des sciences humaines.

Martin Deleixhe


Auteur

Docteur en Sciences politiques et sociales. Professeur, Faculté de Philosophie et Sciences sociales, ULB. Chercheur au Centre de Théorie Politique de l’ULB.