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Pourquoi Gbagbo s’accroche-t-il au pouvoir ?

Numéro 2 Février 2011 par Thierry Ngosso

février 2011

Ces paroles du chroniqueur Marc Uyttendaele montrent à coup sûr l’imbroglio politique dans lequel est plongée la Belgique depuis plusieurs mois malgré des élections démocratiques. Mais Marc Uyttendaele fait aussi un clin d’œil à une situation politique ivoirienne qui reste indécise. Plusieurs semaines après la fin du processus électoral, la Côte d’Ivoire reste plongée dans l’incertitude politique. […]

Ces paroles du chroniqueur Marc Uyttendaele montrent à coup sûr l’imbroglio politique dans lequel est plongée la Belgique depuis plusieurs mois malgré des élections démocratiques. Mais Marc Uyttendaele fait aussi un clin d’œil à une situation politique ivoirienne qui reste indécise. Plusieurs semaines après la fin du processus électoral, la Côte d’Ivoire reste plongée dans l’incertitude politique. Reclus dans ce que d’aucuns qualifient ironiquement de « République du Golf », du nom de l’hôtel où est basé son gouvernement, Alassane Dramane Ouattara voit pourtant son siège présidentiel « confisqué » par un Laurent Gbagbo qui ne veut pas céder le pouvoir.

Cette situation, si elle est inédite dans les formes et les proportions qu’elle prend, n’est pourtant pas exceptionnelle. À de rares exceptions près, l’Afrique est coutumière de présidents sortants qui ont perdu les élections et qui, au grand mépris du verdict des urnes, se sont accrochés au pouvoir. Robert Mugabe a perdu des élections présidentielles au Zimbabwe, mais il s’est accroché au pouvoir en laissant une illusion d’influence à son opposant et Premier ministre actuel Morgan Tsvangira. Mwai Kibaki en a fait de même au Kenya. Et si l’hypothèse de réitérer le scénario des compromis zimbabwéens et kenyans a été rejetée par la communauté internationale, c’est sans doute parce que le processus électoral ivoirien semble sur plusieurs points très singulier.

Bref rappel des faits

L’élection présidentielle ivoirienne de novembre dernier peut être considérée comme l’aboutissement d’un processus qui aura été long et difficile à mettre en œuvre. Havre de paix depuis l’indépendance du 7 aout 1960, c’est vers la fin des années nonante que la Côte d’Ivoire inaugure une zone de turbulences politiques sur fond de problématique identitaire : la question de l’ivoirité. Affirmation de la souveraineté et de l’identité du peuple ivoirien face aux menaces d’assujettissement politique et économique, le concept de l’ivoirité est politiquement instrumentalisé par Henri Konan Bédié pour exclure Alassane Ouattara de la vie politique1.

Écarté arbitrairement de la présidentielle de 1995 qui marque la succession d’Houphouët-Boigny dont il était le Premier ministre, Alassane Ouattara sera aussi exclu de celle de 2000 qui fait suite au renversement en 1999 d’Henri Konan Bédié. Et comme le dit Jean-Pierre Dozon, « bien que la notion d’ivoirité, sans doute trop associée aux impérities du président déchu, ne soit plus guère à l’honneur en tant que telle dans l’espace public, une large part de son contenu y est toujours à l’œuvre et persiste à rendre peu ou prou illégitimes les ambitions présidentielles d’Alassane Ouattara2 ». Le putsch exécuté par l’armée qui place le général Guéï au pouvoir n’améliore pas le climat politique. Au terme d’un processus électoral problématique, Laurent Gbagbo, grâce à la rue, renverse le général Guéï. Ce dernier, qui a perdu les élections et qui a pourtant voulu s’accrocher au pouvoir, est assassiné. Mais la crise politico-militaire n’est pas apaisée pour autant.

En 2002, une nouvelle tentative de putsch a lieu. Si elle échoue à déloger Laurent Gbagbo du fauteuil présidentiel, elle réussit quand même à diviser le pays en deux. Il y a, d’une part, le Nord, majoritairement musulman et sous le contrôle des Forces nouvelles menées par Guillaume Soro. Et, d’autre part, le Sud, majoritairement chrétien, sous le contrôle de Laurent Gbagbo et des forces armées loyalistes. Après un mandat « ingrat », Laurent Gbagbo ne réussira jamais à assoir son pouvoir et sa légitimité sur toute l’étendue du pays. Une palette d’accords internationaux se déploie alors sous l’égide de la France et des Nations unies avec un succès mitigé. Ce sont les accords de Ouagadougou, signés le 4 mars 2007 entre Laurent Gbagbo et Guillaume Soro, et obtenus par la médiation de Blaise Compaoré au nom de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), qui vont mettre le pays sur le chemin d’une élection présidentielle démocratique et crédible.

Finalement, début novembre 2010, des élections « sur une base consensuelle » financées à hauteur de plus de 60 millions d’euros par la communauté internationale se tiennent. Des observateurs indépendants de la Cedeao, de l’Union africaine (UA), de l’UE et de l’ONU surveillent le processus. C’est dans ce contexte que se tient le premier tour de l’élection présidentielle. Laurent Gbagbo (38%) et Alassane Ouattara (32%) sont qualifiés pour le second tour, Henri Konan Bédié (25%) est le grand perdant. Respectant un accord politique passé avec Ouattara, Bédié appelle à voter pour lui. La veille du second tour se tient un débat télévisé inédit entre Gbagbo et Ouattara. L’un et l’autre promettent solennellement de respecter le verdict des urnes, de jouer le jeu démocratique jusqu’au bout. Même si la suspicion demeure sur la sincérité de l’un ou de l’autre à respecter l’engagement pris, les protagonistes et les observateurs se rassurent par la note, issue des accords de Ouagadougou, qui mandate l’ONU de certifier les résultats définitifs de l’élection présidentielle. Les élections du second tour ont alors lieu le 28 novembre, signant une courte, mais nette victoire du camp Ouattara. On rêve alors d’une issue pacifique à la décennie de crise. Le conte de fée est cependant de courte durée et tourne à la supercherie. Le perdant Laurent Gbagbo décide de s’accrocher au pouvoir contre vents et marées.

Ce qui distingue la démocratie électorale de la loterie

L’attitude de Gbagbo peut interpeler les Occidentaux habitués à une alternance pacifique. Dans la plupart des démocraties ordinaires, ceux qui perdent dans les urnes ne prennent pas le risque d’usurper le pouvoir. C’est d’ailleurs sur ce point que se penche Adam Przeworski, politologue américain d’origine polonaise, qui propose une théorie minimaliste de la démocratie3. Cette théorie s’inspire de la conception schumpetérienne de la démocratie à laquelle elle associe des minimums poppériens. Pour Schumpeter, la démocratie est un régime où les gouvernements sont choisis dans les urnes, c’est-à-dire élus. Et pour Popper, la démocratie est le mode de gouvernement où les citoyens ont les meilleures chances de pouvoir se débarrasser des gouvernants sans effusion de sang. Dans une interview récente au Courrier international, Adam Przeworski résume en ces termes des années de recherche sur la démocratie en tant que système politique : « Dans un système démocratique, le parti qui a perdu les élections cède le pouvoir. Il pourrait ne pas le céder et risquer un conflit politique. Mais c’est une solution couteuse et ses conséquences sont incertaines. Le deuxième scénario est moins risqué : on entre dans l’opposition et on reprend le pouvoir aux élections suivantes. On va souffrir pendant quatre ans, mais en partant, bien sûr, du principe que nos adversaires respectant eux aussi la loi, le palais présidentiel va de nouveau être à nous. Dans un système démocratique, il est moins cher d’éviter le conflit et d’attendre les prochaines élections. C’est ainsi que la démocratie devient un système qui s’autoentretient. […] Pour moi, la démocratie est un système où les gouvernants perdent les élections. […] Un point c’est tout4. »

Mais pourquoi céder le pouvoir, si on a les moyens de l’usurper et de le confisquer ? Przeworski montre en fait que, si certaines conditions sont réunies, les gouvernants qui perdent les élections ne prendront pas le risque de s’accrocher au pouvoir. La première condition est la motivation ou la volonté de résoudre pacifiquement les conflits. Cette motivation ou cette volonté ne résultent sans doute pas totalement du régime politique lui-même. Cependant, les mécanismes institutionnels et électoraux qui caractérisent la démocratie font naitre et renforcent cette motivation à vouloir résoudre des démêlés pacifiquement. La démocratie a donc une vertu pacificatrice, car elle permet de trancher les différends sans recourir à la force. Cette approche poppérienne de la démocratie lui confère une vertu particulièrement pacifique.

La seconde condition est la périodicité des élections. Les élections doivent pouvoir se tenir dans des délais raisonnables de manière à ce que la possibilité effective d’une alternance existe. Si ceux qui perdent les élections savent que l’alternance est possible, ils ne prendront pas le risque de régler leurs différends avec leurs opposants par la violence. Ils auront intérêt à attendre le tour suivant. C’est pourquoi le tour suivant doit se tenir dans un délai raisonnable qui dissuade le perdant de tout recours à des moyens non démocratiques. La possibilité de prendre part à des élections qui ont une périodicité connue permet donc au perdant d’envisager de rebondir pacifiquement par après.

Cependant, Przeworski nous explique aussi que la démocratie électorale n’est pas le seul régime qui satisfait ce critère. Un régime où les gouvernants seraient non pas élus de manière périodique, mais tirés au sort périodiquement, pourrait lui aussi être pacifique et démocratique. Le cas de la Grèce antique est à ce titre illustratif. Toutefois, la démocratie électorale ou l’usage de l’élection en démocratie livre une information capitale qui n’est pas toujours disponible dans un système où le tirage au sort est privilégié. Par le vote, en effet, la démocratie renseigne les candidats qui concourent sur le rapport de force réel. Le poids du vote qui correspond numériquement au nombre de votants coïncide aussi avec une potentielle puissance physique. Le gouvernement élu n’est pas seulement légitime, il est aussi le gouvernement des plus forts. Donc la démocratie électorale dispose d’une qualité supplémentaire par rapport à la loterie.

L’élection se présente donc toujours comme révélatrice d’un double message. Aux perdants potentiels, il est dit que même dans le cadre d’une confrontation physique, ils seraient perdants. Aux gagnants potentiels, le message est clair : s’ils n’organisent pas les élections dans un avenir proche et s’ils s’agrippent au pouvoir, le rapport de force peut changer. D’ailleurs, même s’ils n’organisent pas d’élections, ce rapport de force peut changer. Donc, ils ne prendront pas le risque de s’éterniser au pouvoir compte tenu de cette fluctuation du rapport de force. C’est grâce à cette information sur le rapport de force réel qui est susceptible de fluctuer plus tard que des protagonistes politiques rationnels ne s’accrochent pas au pouvoir s’ils sont battus de façon crédible dans les urnes. Et c’est aussi pour les mêmes raisons que l’élection constitue une alternative pacifique à la rébellion. Pour Przeworski, seules les démocraties clarifient cette information au terme de chaque confrontation électorale, ce qui n’est le cas ni de la loterie ni des dictatures qui parviennent souvent à mesurer l’état du rapport de force entre protagonistes politiques par le biais des polices secrètes. C’est la disponibilité de cette information, couplée à la perspective de pouvoir participer aux élections suivantes, qui permettent une alternance non violente. C’est aussi pourquoi Przeworski peut parler du miracle de la démocratie lorsqu’il dit : « En fin de compte, le miracle de la démocratie est que des forces politiques rivales obéissent au résultat du vote. Ceux qui ont des armes obéissent à ceux qui n’en ont pas. Les titulaires des postes gouvernementaux sont sous la menace d’un contrôle. Les perdants attendent leur chance pour gagner leur place. Les conflits sont règlementés, traités conformément aux règles, et donc limités. Ce n’est certes pas un consensus, mais ce n’est pas le chaos non plus. Tout simplement un conflit limité, mais un conflit sans effusion de sang. Les bulletins de vote sont des “pierres de papier”, comme Engels l’a jadis observé5. »

Application au cas de Gbagbo

Si la démocratie est un régime où les perdants acceptent de céder le pouvoir, pourquoi Gbagbo s’y accroche-t-il ? Son attitude n’est-elle pas un défi à la théorie de Przeworski ? Nous ne le pensons pas. On pourrait certes être tenté de répondre d’emblée en disant que Gbagbo n’est pas un protagoniste politique rationnel. Ou alors que la Côte d’Ivoire n’est pas une démocratie. Mais cette réponse serait à notre avis simpliste et superficielle. Car en effet, à y regarder de plus près, l’argumentaire de Przeworski permet en réalité d’expliquer le comportement de Gbagbo. Car il se peut que même si l’élection ivoirienne fut démocratique, les conditions mises en évidence par Przeworski ne soient pas quant à elles parfaitement satisfaites. Ce qui expliquerait alors le comportement de Gbagbo.

Revisitons ces conditions avec les lunettes du camp Gbagbo. Premièrement, on peut dire que, jusqu’à ce jour, Laurent Gbagbo a généralement marqué sa volonté de résoudre pacifiquement les conflits politiques de son pays. Jusqu’à l’élection présidentielle, il n’avait jamais organisé un putsch, ni constitué une milice pour conquérir le pouvoir. En outre, même si on peut douter de sa bonne foi, on peut dire qu’il a permis à son adversaire Alassane Ouattara de se présenter aux élections présidentielles alors que tous ses prédécesseurs l’en ont exclu. À son actif de politique motivé par la volonté de résoudre pacifiquement les conflits, on notera un compromis politique avec les Forces nouvelles qui a vu Guillaume Soro devenir le chef de son gouvernement avant l’élection. Enfin, et même si cela participe de la ruse politicienne, Laurent Gbagbo propose actuellement une solution « concertée » et « pacifique » en vue d’une sortie de la crise en cours. À ce stade, l’on pourrait donc s’attendre à une transition en douceur.

Pourtant, si Laurent Gbagbo ne doute pas que d’autres élections se tiendront dans cinq ans voire dans un délai raisonnable, les deux autres conditions — possibilité effective de se représenter et information sur le rapport de force réel — ne lui paraissent sans doute pas pleinement satisfaites. D’abord, la perspective d’une alternance politique semble s’évaporer pour lui. Et pour cause, les chances pour qu’il puisse prendre part à une échéance électorale future s’amenuisent. Une des raisons est liée au risque qu’il soit confronté à la justice nationale ou internationale dès qu’il quittera le pouvoir. Peut-être pense-t-il être allé trop loin dans des exactions postélectorales pour craindre les représailles de la justice nationale. Mais surtout, peut-être est-il conscient de l’existence de nombreux charniers6 qui lui font craindre un sort à la Charles Taylor qui, malgré un exil temporaire et négocié au Nigeria, est finalement tombé dans l’escarcelle de la Cour pénale internationale. D’où sans doute le rejet répété des offres de Washington lui proposant un exil sur le sol américain ainsi que le rapporte une source journalistique de RFI.

Ensuite, non seulement a‑t-il sans doute en tête le fait qu’il ne pourra pas participer aux élections suivantes, et encore moins les gagner. Mais il relativise peut-être aussi la capacité des résultats électoraux à nous offrir une vision fiable du rapport de force réel. Et en effet, à part la première marche sur la RTI qui s’est soldée par de nombreux morts, on ne peut pas dire que les appels à la désobéissance civile et les ultimatums du camp Ouattara aient connu les résultats escomptés. Et pour le moment, l’allégeance de l’armée ivoirienne au pouvoir de Gbagbo remet en question la coïncidence que fait Przeworski entre le poids du vote et la puissance physique. Reste à savoir si le rapport de force issu des urnes peut aussi être modifié par des facteurs tant internes qu’externes.

En réalité, le cas ivoirien montre que le résultat d’une élection à l’intérieur du cadre national ne suffit plus seulement pour clarifier la nature du rapport de force. Il faut y joindre désormais le crédit international. Dans un contexte de mondialisation et d’intensification de la diplomatie internationale, le point de vue de certains acteurs internationaux joue un rôle important sur la crédibilité des résultats de l’élection. À cet égard, si la pression internationale semble s’ajouter au poids de l’électorat ouattarien, ce dernier ayant été reconnu par l’ensemble de la communauté internationale, d’autres facteurs internes par contre pèsent en faveur de Gbagbo. Le soutien de l’armée loyaliste, le contrôle de la télévision nationale (RTI), le contrôle du port autonome d’Abidjan et la présence du siège des principales institutions économiques et politiques dans le Sud chrétien et pro-Gbagbo confortent le camp Gbagbo sur ses marges de manœuvre. Si le rapport de force était sérieusement modifié par les facteurs extérieurs, on pourrait alors conclure que Laurent Gbagbo est un protagoniste politique irrationnel. Sauf que, sans doute dans la perception qu’il a des évènements, non seulement le résultat électoral n’est pas assez net, mais surtout il pense que les facteurs internes évoqués (armée, RTI, port) pèsent plus lourd dans ce rapport de force que les facteurs du crédit international.

En guise de conclusion

L’attitude de Laurent Gbagbo peut donc s’expliquer. La singularité du processus électoral et postélectoral ivoirien nous permet de tirer deux conclusions. D’abord, la périodicité des élections ne suffit pas. Il faut que le candidat perdant puisse pouvoir effectivement profiter de l’alternance. Laurent Gbagbo a bien compris que cette éventualité serait plus impossible que probable. Il ne suffit donc pas de poser théoriquement cette potentialité, encore faut-il que les conditions de son effectuation soient rendues possibles. Ensuite, le vote est un indicateur imparfait du rapport de force. L’élection, même quand elle n’a pas fait l’objet de fraudes significatives, ne livre donc pas toujours avec clarté la nature réelle du rapport de force. Le résultat d’une élection est sur ce plan une approximation. Cette approximation ne gagne pas en clarté malgré le crédit international qui peut être apporté à une élection. L’élection n’est donc pas toujours une panacée.

Sous la menace d’une intervention militaire de la Cedeao et malgré un rapport de force qui peut sembler aux yeux de beaucoup de plus en plus défavorable, Laurent Gbagbo ne peut que continuer de s’accrocher. Il compte toujours sur l’armée qui vient de lui renouveler son soutien par le truchement du général Mangou. Il compte toujours sur la RTI, véritable instrument de propagande en sa faveur. Ces soutiens se présentent sans doute comme des viatiques politiques. Mais ce n’est pas rien. Car, en réalité, peut-on vraiment donner à Gbagbo la garantie qu’il pourra une fois de plus un jour briguer la magistrature suprême de son pays ? Rien n’est moins sûr, le syndrome taylorien a laissé des traces en Afrique, et même dans le monde. Et puis Gbagbo n’a pas oublié qu’il était prisonnier politique sous la primature de Ouattara. D’où peut-être sa détermination à couler lentement avec son paquebot et tout ce qu’il contient. C’est un protagoniste politique qui n’a plus en réalité rien à gagner, mais tout à perdre.

Donc, un Laurent Gbagbo rationnel ne peut que s’accrocher vaille que vaille au pouvoir. Ce qui ne veut pas dire évidemment qu’il est juste qu’il soit rationnel.

  1. Jean-Pierre Dozon, « La Côte d’Ivoire entre démocratie, nationalisme et ethnonationalisme », Politique africaine, n° 78, juin 2000.
  2. Ibid., p. 46.
  3. Adam Przeworski, « Minimalist conception of democracy : a defense », in Democracy’s value, I. Shapiro & C. Hacker-Cordôn (eds.), Cambridge University Press, 1999.
  4. Adam Przeworski, « L’équation de la démocratie perpétuelle »,
    interview réalisée par Gazeta Wyborcza, Courrier interna­tional, n° 1043, du 28 octobre au 3 novembre 2010, p. 55.
  5. Adam Przeworski, « Minimalist conception of democracy : a defense », p. 49.
  6. L’hebdomadaire Jeune Afrique rapporte en effet que l’ONU qui a été empêchée d’enquêter sur l’existence de charniers à Abidjan confirme l’existence de miliciens libériens aux ordres du camp Gbagbo.

Thierry Ngosso


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