Ce site utilise des cookies afin que nous puissions vous fournir la meilleure expérience utilisateur possible. Les informations sur les cookies sont stockées dans votre navigateur et remplissent des fonctions telles que vous reconnaître lorsque vous revenez sur notre site Web et aider notre équipe à comprendre les sections du site que vous trouvez les plus intéressantes et utiles.
Pitié pour les Français
Les Français me font parfois pitié. Je sais, ce genre de propos n’est pas très politiquement correct, mais je vous dois la vérité. Et j’ai pitié. Leur naïveté, leur maladresse, leurs colères homériques (ou qui se voudraient telles), leurs prises de position radicales, leurs pieds dans le tapis, leurs roches tarpéiennes, leurs Voltaire, Rousseau, De […]
Les Français me font parfois pitié. Je sais, ce genre de propos n’est pas très politiquement correct, mais je vous dois la vérité. Et j’ai pitié. Leur naïveté, leur maladresse, leurs colères homériques (ou qui se voudraient telles), leurs prises de position radicales, leurs pieds dans le tapis, leurs roches tarpéiennes, leurs Voltaire, Rousseau, De Gaulle…
Je sais, chaque peuple se gouverne selon son désir et sa culture. Je connais aussi la modestie légendaire du peuple belge qui cache sa grandeur et son génie propre sous des abords de simplets. Tout de même, pouvons-nous, alors que nous possédons un remède, le refuser au malade, alors que nous connaissons la solution, laisser s’égarer plus encore le fourvoyé, alors que nous avons le savoir-faire, laisser sévir le tâcheron ? Ne devons-nous pas faire offense à notre réserve et oser le dire franchement : « À notre avis, nous devrions être un exemple pour le peuple français. »
Nous aurions pu choisir le mariage entre homosexuels ou l’homoparentalité, les trente-cinqheures ou la question du destin international de la France, prenons simplement l’exemple des élections présidentielles à l’UMP. Ce jeune parti cherche à se doter d’un leadeur charismatique susceptible de l’emporter aux prochaines présidentielles (françaises, celles-là). Deux candidats se lèvent, lèvent des troupes, s’affrontent, font assaut de haine fraternelle, flirtent avec les fachos, s’encanaillent avec les ultralibéraux, donnent des gages aux fondamentalistes cathos, se fendent de déclarations fracassantes, s’abreuvent d’anathèmes, se tweetclashent par « teams » interposées… Puis vient le jour décisif. Qui ne décide de rien.
On se déclare vainqueur avant les résultats, on a bourré les urnes ici, on a oublié les DOM-TOM là-bas, on recompte, on ne recompte pas, on passe en commission de recours, on menace de saisir la justice civile, on appelle le grand frère pour départager les pugilistes, on lui trouve une sale tête, on s’invective à nouveau, on se sarcasme réciproquement, on accouche péniblement d’un maigre projet de référendum interne sur la nécessité de procéder à de nouvelles élections. Un plébiscite à la De Gaulle, le képi et la grandeur en moins.
Pitoyable fiasco.
Mais quelle pauvreté que celle de l’univers politique français ! Et encore, « politique », le grand mot que voilà pour de tels enfantillages ! Nous qui savons ce que faire de la politique veut dire, réservons ce type de procédés à l’élection du président de notre club de natation ou d’un délégué de classe.
Je sais combien cette idée peut être controversée, mais face à tant de salive versée en vain, il me semble que notre grande Nation se doit d’intervenir, de montrer la voie de la civilisation à cette peuplade reculée. Au titre de l’intervention humanitaire, il est temps que sonne, en France, l’heure de la démocratie. Fût-ce à l’initiative de la Belgique.
Car les solutions existent, nous les éprouvons depuis de longues décennies : informateurs, formateurs, démineurs, négociateurs, pacificateurs, affabulateurs, provocateurs, sherpas, commissions diverses, conseil des sages, ministres au rencart, sonnettes d’alarme, procédures en conflit d’intérêt, compromis et compromissions, dernières chances avant la toute dernière chance, dernières lignes droites, conclaves, kerns, accords préélectoraux, reniements, coalitions en tous genres, cordons sanitaires, nuits décisives, accords sur tout ou sur rien, accords sur la méthode de travail, collèges d’experts, coprésidents, pactes culturels, accords de la Saint-Polycarpe… Grâce à ces merveilles issues du génie belge, nous faisons cohabiter dans notre doux pays chrétiens conservateurs et laïcards rabiques, nationalistes-à-brassard et social-traitres cumulards, citoyens-fraudeurs et État tentaculaire, fans de formule 1 et écologistes bêlants, sicaires du droit des personnes et séides du droit du sol, néerlandophones dialectaux et francophones patoisants, évêques étriqués et familles homoparentales, bekende vlamingen et famille régnante amidonnée, assistés et populistes… Bref, l’eau et le feu. Sans morts, ou presque. Sans guerre. Sans débat. Sans ambition. En paix.
Grâce à B‑FAST, nos services pourraient être sur le terrain en quelques heures. Il suffit d’en donner l’ordre et de régler quelques détails pratiques. À ce propos, une commission devra être créée, pour désigner un panel d’experts dont le rapport servira de base à une recommandation d’un comité des sages envoyée à un organe de concertation inter-régional et à une structure fédérale de coordination dont l’objectif sera de déterminer les lignes directrices d’un avant-projet d’arrêté royal portant sur l’extension des services de B‑FAST aux affaires politico-linguistico-particratiques. Alors, nous pourrons aviser. Nous attendons à ce sujet le résultat d’une négociation entre les présidents des partis démocratiques.