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Pays émergents : moteurs des énergies renouvelables ?
La croissance importante des pays émergents tant d’un point de vue industriel que démographique leur vaut d’atteindre le stade des émetteurs de gaz à effet de serre les plus importants de la planète. L’épuisement progressif des énergies fossiles soulève la question suivante : ces pays se préoccupent-ils véritablement du renouvelable ?
Depuis la récente catastrophe de Fukushima, la crainte du nucléaire a été ravivée dans l’opinion publique. Le renouvelable semble désormais une nécessité en soi et non un luxe. Vivre en harmonie avec la nature, assurer sa descendance ou tendre à l’autarcie, cela n’a rien d’un luxe. Ce n’est pas un hasard si ces trois objectifs constituent la base fondamentale de ce qu’on appelle le développement durable. En effet, le renouvelable concerne les questions environnementales, sociales et économiques.
Cependant, si la problématique de l’énergie renouvelable suscite autant d’intérêt en Occident, qu’en est-il dans les pays émergents ?
Il y a une augmentation incontestable de l’utilisation des énergies renouvelables puisque les investissements mondiaux ont grimpé de 17 % en 2012 1 . Nous traversons une époque charnière. De fait, depuis 2011, ce sont les pays en voie de développement qui investissent davantage dans le renouvelable avec un montant total de 72 milliards de dollars ; un chiffre qui contraste fort avec celui des années précédentes 2 . C’est le cas de la Chine, de l’Inde, du Brésil, de l’Afrique du Sud, de la Bolivie, de l’Uruguay… Autant de nouvelles puissances émergentes qui ont besoin de se développer de manière durable et qui font parler d’elles sur la scène internationale soit à cause de leurs engagements importants dans le renouvelable, soit en raison de leur puissance économique.
Prise de conscience
Si nous analysons les investissements de chaque pays dans le secteur énergétique, l’idée selon laquelle les pays émergents seraient à la traine se révèle erronée. Selon le Rapport mondial 2012 sur les énergies renouvelables, le leadeur mondial en la matière serait la Chine.
Bien que la Chine soit le plus gros générateur d’émissions de CO2 et que les agglomérations chinoises soient les villes les plus polluées au monde, les mentalités évoluent. Aussi, nous assistons aujourd’hui à des investissements massifs pour réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) des industriels. L’État a renforcé son soutien aux industries vertes dans le cadre d’une politique de verdissement. En effet, elles sont aidées par des mesures fiscales et administratives, et bénéficient d’aides financières à l’investissement.
Enfin, Pékin a fait passer en 2008 un décret imposant aux agences environnementales locales de publier des informations sur les entreprises ne respectant pas les standards écologiques. Ce qui encourage la population et les ONG à dénoncer ces entreprises et à les boycotter.
La même prise de conscience s’effectue chez leurs voisins indiens. Selon un rapport du Programme des Nations unies pour l’environnement (Pnue) sur les « Tendances mondiales dans le secteur de l’énergie verte en 2010 », l’Inde se hisserait au huitième rang des investissements dans l’énergie durable.
Alors que les députés européens pataugent dans la création d’une cour pénale européenne de l’Environnement, l’Inde a suivi l’exemple du Canada, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande en fondant le National Green Tribunal (NGT), une cour spéciale dédiée aux conflits environnementaux. En outre, une nouvelle loi sur les sociétés est en cours de négociation au Parlement indien. Celle-ci obligerait toute entreprise ayant un chiffre d’affaires supérieur à 161 millions d’euros ou dont le profit net est supérieur à 810 000 euros, de réinvestir 2 % de leurs profits dans la responsabilité sociale des entreprises (RSE).
Le green business traverse aussi l’Atlantique où le Brésil s’est engagé dans le cadre de la conférence de Copenhague à réduire ses émissions de 36,1 à 38,9 % à l’horizon 2020 3. Et cela par des mesures spécifiques telles que la réduction de la déforestation dans l’Amazonie et l’utilisation accrue des énergies renouvelables.
En outre, selon la société de média Corporate Knights, cinq entreprises brésiliennes font partie du top 100 des sociétés les plus durables dans le monde, à commencer par Natura Cosmeticos SA qui occupe la deuxième place 4 .
À ce jour, la croissance verte est un sujet moins présent sur le continent africain. Pourtant, ce ne sont pas les résolutions qui manquent. L’Afrique du Sud prévoit lors de la conférence de Copenhague une baisse des émissions de CO2 de 42 % d’ici 2025. C’est à la suite de la crise énergétique de 2008 que Johannesburg s’est tournée vers le développement des énergies renouvelables. La région étant propice à l’énergie solaire, éolienne ainsi qu’au biogaz, c’est également un lieu idéal pour développer une technologie peu pratiquée aujourd’hui : les énergies marines.
Un exemple à suivre ?
Un pays nettement plus discret va de l’avant et donne l’exemple, même s’il ne déterminera probablement pas le nouvel ordre mondial. Il s’agit de l’Uruguay.
Son président José Mujica, désormais vanté par la presse internationale, soutient avec conviction le développement des énergies renouvelables. Le 15 mars passé, « Pepe » Mujica a assisté à l’inauguration de l’usine solaire photovoltaïque Asahi qui comporte 2 240 panneaux photovoltaïques. Une nouvelle qui réjouit les écologistes. Ce site fait partie du plan de restructuration énergétique national. Le gouvernement uruguayen s’est fixé comme objectif de produire 90 % de son électricité grâce aux énergies renouvelables d’ici 2015. C’est principalement grâce aux barrages hydroélectriques (45 %), aux investissements dans le secteur éolien (30 %) et enfin aux centrales biomasses (15 %) que la République orientale d’Uruguay produirait ses 7,96 milliards de kWh de consommation moyenne annuelle 5 .
La volonté des pays en développement est finalement peut-être plus profonde et plus tenace qu’en Occident. C’est ce que l’on pourrait conclure en observant des initiatives telles que le sommet de la terre de Cochabamba organisé par Evo Morales, le président de l’État plurinational de Bolivie. Cette conférence est une réponse à celle de Copenhague qui, selon les mouvements écologistes, avait été un échec. La nature de ce sommet international ? « Fonder un nouveau système, qui rétablisse l’harmonie avec la nature et entre les êtres humains », un système qui défendrait la « Pachamama », la terre mère ainsi que le développement durable. Leurs revendications n’ont pas été prises en compte lors de l’accord de Cancun, mais une telle mobilisation démontre à nouveau que la volonté écologique est fortement présente aujourd’hui au sein des pays émergents.
Que ce soit par le biais des entreprises privées ou des législations émanant des pouvoirs publics, le développement durable occupe une place grandissante au sein des sociétés des pays émergents. En effet, les vieilles superpuissances se font rattraper par ce que l’on a appelé, en économie, le tiers-monde. Expression qui perd de son sens dans le monde globalisé que nous connaissons.
Alors la question que l’on se pose aujourd’hui est : devons-nous reconsidérer les investissements publics dans le secteur des énergies renouvelables, alors que la conjoncture actuelle n’est guère favorable ? En tout cas, une chose semble certaine néanmoins, une prise de conscience généralisée de notre surconsommation écocide est nécessaire, et une adaptation indispensable.
- UNEP, UNEP 2012 Annual report, http://bit.ly/1i9zkc6.
- Programme des Nations unies pour l’environnement, « Les investissements mondiaux dans l’énergie verte en forte augmentation », http://bit.ly/1jO4a7r.
- PNUD, Les résultats de Copenhague : Les négociations et l’accord, http://bit.ly/1gOwN1w.
- Corporate Knights, 2012 Global 100 List, http://global100.org/.
- Central Intelligence Agency, The World Factbook, http://1.usa.gov/1cqjPKy.