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Partie de campagne à Gaza

Numéro 1 Janvier 2009 - Proche et Moyen-orient par Pascal Fenaux

janvier 2009

L’o­pé­ra­tion Plomb for­gé lan­cée fin décembre par l’ar­mée israé­lienne contre le Hamas pales­ti­nien répond pro­ba­ble­ment à des agen­das poli­tiques peu avouables, à com­men­cer par la pers­pec­tive des élec­tions légis­la­tives anti­ci­pées du 10 février pro­chain. L’a­ve­nir dira si Ehoud Barak, ministre de la Défense, n’en­tre­ra pas dans l’his­toire comme un pyro­mane sup­plé­men­taire dans un Moyen-Orient qui n’en a jamais manqué.

Le 27 décembre 2008, l’ar­mée israé­lienne déclen­chait une offen­sive mili­taire d’une vio­lence rare contre la bande de Gaza pales­ti­nienne, l’o­pé­ra­tion Plomb for­gé 1 . Selon la ver­sion israé­lienne offi­cielle, réper­cu­tée telle quelle et de façon assez dif­fi­ci­le­ment com­pré­hen­sible par de nom­breux médias géné­ra­listes, il s’a­gis­sait de ripos­ter à la « rup­ture » de la trêve (négo­ciée sous l’é­gide de l’É­gypte) par le Hamas et de mettre un terme aux tirs de roquettes par les groupes armés pales­ti­niens, affi­liés ou non au Mou­ve­ment de la Résis­tance isla­mique. Pour ce qui est des buts de l’o­pé­ra­tion Plomb for­gé, les obser­va­teurs ont été bien en peine d’en tra­cer les contours, vu la caco­pho­nie qui règne au sein du gou­ver­ne­ment ain­si qu’entre ce der­nier et l’é­che­lon mili­taire. Si tous décla­raient qu’il n’é­tait pas ques­tion de réoc­cu­per de façon per­ma­nente la bande de Gaza, cer­tains affir­maient vou­loir « éra­di­quer » défi­ni­ti­ve­ment le Hamas, tan­dis que d’autres se mon­traient plus « sobres » en se conten­tant de vou­loir détruire les « infra­struc­tures de la Terreur ».

Au moment où ce numé­ro de La Revue nou­velle est mis sous presse, l’o­pé­ra­tion Plomb for­gé bat tou­jours son plein et le bilan de l’of­fen­sive est acca­blant : près de 800 vic­times pales­ti­niennes (dont une forte pro­por­tion de civils) et une dizaine de vic­times côté israé­lien (dont une majo­ri­té de sol­dats tom­bés au com­bat). Autre constat, après huit années d’a­li­gne­ment total de l’ad­mi­nis­tra­tion répu­bli­caine sor­tante du pré- sident George W. Bush sur la poli­tique mar­tiale pri­vi­lé­giée par les gou­ver­ne­ments israé­liens depuis 2000, cer­tains obser­va­teurs prê­taient à son suc­ces­seur démo­crate Barack Oba­ma l’in­ten­tion d’ef­fec­tuer une per­cée diplo­ma­tique. Il est à craindre que, lors de son inves­ti­ture le 20 jan­vier, ce der­nier voie sa marge de manœuvre dra­ma­ti­que­ment réduite par l’i­ni­tia­tive israé­lienne du 27 décembre 2008.

La trêve : viol, rup­ture ou non-reconduction ?

S’il faut se gar­der de faire de pro­nos­tics sur l’is­sue de cette guerre, il est néan­moins pos­sible d’en faire une ana­lyse poli­tique et de tordre le cou à quelques rumeurs. Ain­si, il n’est pas exact de dire et de répé­ter que c’est le mou­ve­ment isla­mo-natio­na­liste pales­ti­nien qui a rom­pu la trêve 2 . Il serait plus conforme à la réa­li­té et à la simple chro­no­lo­gie des évé­ne­ments de dire qu’Is­raël a vio­lé une trêve que le Hamas n’a ensuite pas recon­duite. À la fin du prin­temps 2008, à la suite de la média­tion de l’É­gypte entre le Hamas et Israël (qui ne se recon­naissent pas mutuel­le­ment), une trêve à durée déter­mi­née et renou­ve­lable tous les six mois avait été négo­ciée. L’ac­cord conclu au Caire pré­voyait l’ar­rêt des tirs de roquettes pales­ti­niennes contre le ter­ri­toire d’Is­raël, la sus­pen­sion des incur­sions mili­taires israé­liennes dans la bande de Gaza et l’al­lé­ge­ment sub­stan­tiel du blo­cus éco­no­mique et huma­ni­taire de ce ter­ri­toire pales­ti­nien qui dépend lar­ge­ment de l’aide internationale.

Entré offi­ciel­le­ment en vigueur le 19 juin 2008, cet accord n’a­vait pas subi de coups de canif de la part des Pales­ti­niens, à l’ex­cep­tion de quelques tirs spo­ra­diques de roquettes par des élé­ments armés échap­pant mani­fes­te­ment au contrôle des ser­vices de sécu­ri­té de l’AP-Hamas3. Cepen­dant, le gou­ver­ne­ment israé­lien n’a en rien allé­gé le blo­cus impo­sé à la bande de Gaza, tan­dis que les dis­cus­sions, via les Égyp­tiens et les Saou­diens, autour d’un éven­tuel échange entre l’Is­raé­lien Gilad Sha­lit (un sol­dat enle­vé en juin 2006) et quelques cen­taines de Pales­ti­niens que le Hamas consi­dère comme des pri­son­niers poli­tiques ou de guerre n’ont jamais abouti.

Le 4 novembre 2008, l’ar­mée israé­lienne a déclen­ché une incur­sion ter­restre et une série de bom­bar­de­ments héli­por­tés qui ont débou­ché sur la mort de six mili­ciens pales­ti­niens, déclen­chant auto­ma­ti­que­ment la reprise des tirs de roquettes contre le ter­ri­toire israé­lien. Dans les jours qui ont sui­vi la vio­la­tion de la trêve par Israël, une dizaine d’autres mili­ciens pales­ti­niens ont encore été abat­tus, tan­dis que le gou­ver­ne­ment Olmert a déci­dé du ren­for­ce­ment du blo­cus de la bande de Gaza et de l’in­ter­dic­tion d’ac­cès des jour­na­listes étran­gers et israé­liens au ter­ri­toire gazaouite. La pénu­rie pro­vo­quée par l’é­tran­gle­ment du ter­ri­toire a peut-être fait le bon­heur des contre­ban­diers égyp­tiens et pales­ti­niens qui font tran­si­ter les mar­chan­dises et les armes légères par les tun­nels clan­des­tins creu­sés sous l’« Axe Phi­la­del­phie » (la fron­tière for­ti­fiée entre la bande de Gaza et le Sinaï égyp­tien). Mais la consé- quence en a éga­le­ment été l’af­fai­blis­se­ment du Hamas et la mar­gi­na­li­sa­tion du cou­rant « poli­tique » incar­né par le Pre­mier ministre élu Ismaïl Haniyeh, au pro­fit des cou­rants plus radicaux.

Quelques jours avant le 18 décembre 2008, date butoir pour recon­duire ou non la trêve, cer­tains res­pon­sables gazaouites du Hamas n’ex­cluaient pas sa recon­duc­tion pour une nou­velle période de six mois, mais à condi­tion d’ob­te­nir une exten­sion de l’ac­cord en Cis­jor­da­nie (où les mili­ciens du Hamas sont tra­qués de nuit par les com­man­dos israé­liens et par les forces de sécu­ri­té pales­ti­niennes entraî­nées par les Amé­ri­cains) et à la réou­ver­ture des points de pas­sage entre la bande de Gaza, l’É­gypte et Israël, tan­dis que d’autres res­pon­sables s’y oppo­saient fer­me­ment 4. Fina­le­ment, ce sont ces der­niers qui l’ont empor­té dans le bras de fer au sein du mou­ve­ment isla­mo-natio­na­liste et, le 19 décembre 2008, le Hamas annon­çait offi­ciel­le­ment que la trêve ne serait pas recon­duite. L’a­ve­nir dira si, comme le pensent cer­tains, en pre­nant cette déci­sion lourde de consé­quences pré­vi­sibles pour la popu­la­tion civile pales­ti­nienne de Gaza, le Hamas ne s’est pas fait le jouet du bras de fer entre l’I­ran et Israël 5.

L’ombre des légis­la­tives israéliennes

L’a­ve­nir dira éga­le­ment si, comme se le sont deman­dé pru­dem­ment plu­sieurs ana­lystes israé- liens aux pre­miers jours de l’of­fen­sive mili­taire, l’o­pé­ra­tion Plomb for­gé n’a pas d’a­bord été une ten­ta­tive déses­pé­rée (et déses­pé­rante) du ministre de la Défense Ehoud Barak de se repla­cer dans le jeu poli­tique 6 . Quelques jours avant la reprise des hos­ti­li­tés, les son­dages d’o­pi­nion étaient de plus en plus cruels pour l’A­vo­da (Par­ti tra­vailliste) en ne le cré­di­tant inva­ria­ble­ment que d’une moyenne de 10 sièges sur les 120 que compte le Par­le­ment israé­lien (Knes­set), soit tout au plus 9 % d’in­ten­tions de vote.

À la « cruau­té » d’une opi­nion israé­lienne défi­ni­ti­ve­ment éman­ci­pée d’un sys­tème tra­vailliste qui avait domi­né la socié­té hébraïque des années vingt aux années sep­tante du siècle pas­sé, avant d’en­trer dans un lent pro­ces­sus d’é­va­po­ra­tion, s’a­jou­tait la déso­rien­ta­tion d’un élec­to­rat de centre-gauche face à un Ehoud Barak aux pra­tiques et aux posi­tions poli­tiques infi­ni­ment plus mili­ta­ristes et natio­na­listes que celles de ses concur­rents de Kadi­ma. D’au­tant qu’il lais­sait entendre qu’il entre­rait dans une coa­li­tion domi­née par le Likoud. Il est ain­si appa­ru que, depuis son retour à la tête du Par­ti tra­vailliste et du minis­tère de la Défense en juin 2007, Ehoud Barak, renouant avec la ligne qu’il avait pri­vi­lé­giée lors son occu­pa­tion éphé­mère du poste de Pre­mier ministre (1999 – 2000), avait à nou­veau impul­sé une poli­tique très favo­rable au lob­by natio­nal-reli­gieux de la colo­ni­sa­tion de peu­ple­ment en Cis­jor­da­nie 6 (en vio­la­tion des enga­ge­ments pris envers les États-Unis et l’U­nion euro­péenne) et se heurt­tait à cer­taines résis­tances de la Cour suprême 7.

Le prin­ci­pal béné­fi­ciaire de l’ef­fon­dre­ment tra­vailliste était le par­ti Kadi­ma, la dis­si­dence de centre-droit du Likoud, créée fin 2005 par Ariel Sha­ron et diri­gée par ses suc­ces­seurs Ehoud Olmert, le Pre­mier ministre démis­sion­naire, et Tzi­pi Liv­ni, la ministre des Affaires étran­gères sor­tante 8 . Non seule­ment, Kadi­ma était par­ve­nu à conqué­rir de plus en plus d’an­ciens élec­teurs tra­vaillistes au sein des classes moyennes d’as­cen­dance ash­ké­naze (les anciens Juifs d’Eu­rope cen­trale) 9 , mais éga­le­ment des élec­teurs du Likoud inquiets des nom­breuses places éli­gibles obte­nues par des can­di­dats d’ex­trême droite sur la liste élec­to­rale de la vieille for­ma­tion de droite nationaliste.

Une des pre­mières consé­quences de l’of­fen­sive sur Gaza a été l’en­vo­lée spec­ta­cu­laire d’E­houd Barak dans les son­dages et une concur­rence effré­née dans l’ac­ti­visme mili­taire entre les ministres cen­tristes et tra­vaillistes, sur­fant sur une vague d’o­pi­nion acquise presque una­ni­me­ment 10 à une opé­ra­tion cen­sée éloi­gner les roquettes pales­ti­niennes des villes israé­liennes fron­ta­liè- res de Gaza. Une opi­nion évi­dem­ment tou­jours meur­trie par la vague d’at­ten­tats sui­cides des années 2001 – 2003. L’a­ve­nir dira si, en renouant avec la poli­tique de la « muraille de feu » (homat esh) for­gée dans les années cin­quante et qu’il avait appli­quée impla­ca­ble­ment 11 en octobre 2000, Ehoud Barak, ministre de la Défense, n’en­tre­ra pas dans l’his­toire comme un pyro­mane sup­plé­men­taire dans un Moyen-Orient qui n’en a jamais manqué.

Au moment de conclure cet article rédi­gé dans l’ur­gence, nul ne sait quelle sera l’is­sue mili­taire de l’o­pé­ra­tion Plomb for­gé. On peut cepen­dant dire que ses consé­quences poli­tiques risquent d’être pro­pre­ment désas­treuses, sans même par­ler du lourd tri­but payé par les civils, essen­tiel­le­ment par­mi les Pales­ti­niens. Réduit au rang d’ob­ser­va­teur impuis­sant et inca­pable d’ob­te­nir la moindre conces­sion israé­lienne en dépit des pro­messes du som­met d’An­na­po­lis de novembre 2007, le Fatah de Mah­moud Abbas risque d’être lour­de­ment sanc­tion­né par les élec­teurs, si les élec­tions pré­si­den­tielles théo­ri­que­ment pré­vues en 2009 n’é­taient pas repor­tées, voire étaient car­ré­ment cou­plées avec des légis­la­tives anti­ci­pées d’un an.

Espoir plom­bé

Une autre vic­time de la guerre de Gaza risque d’être l’U­nion euro­péenne. Dès 2006, elle avait sanc­tion­né la vic­toire élec­to­rale du Hamas en cou­pant son sou­tien finan­cier à la bande de Gaza et en posant au vain­queur isla­mo-natio­na­liste une condi­tion abso­lue et préa­lable que ce der­nier ne pou­vait que refu­ser : la recon­nais­sance uni­la­té­rale de l’É­tat d’Is­raël et de son droit à l’exis­tence, sans enga­ge­ment réci­proque. L’UE a non seule­ment par­ti­ci­pé à une catas­trophe huma­ni­taire et pri­vi­lé­gié une phi­lo­so­phie qui est la néga­tion même de tout pro­ces­sus poli­tique, mais elle s’est sur­tout neu­tra­li­sée dans le dos­sier israé­lo-pales­ti­nien. La der­nière vic­time de cette nou­velle défer­lante de sang, c’est évi­dem­ment l’es­poir de voir Israé­liens et Pales­ti­niens sor­tir de leur étreinte mor­telle, tant la crainte est désor­mais réelle d’as­sis­ter dans les mois à venir à un ter­rible retour de flammes, sous la forme d’une reprise des atten­tats en Israël 12 . L’es­poir est bel et bien plombé.

  1. Dès le pre­mier jour de l’of­fen­sive, « Ofe­ret yet­zou­ka », qui signi­fie en hébreu « Plomb for­gé » ou « Plomb fon­du », a été tra­duit dans les médias fran­çais par « Plomb dur­ci ». en cette ère de « goo­gli­sa­tion » et de fré­né­sie inter­nau­tique, cette tra­duc­tion erro­née s’est mal­heu­reu­se­ment imposée.
  2. et, quand bien même serait-ce le cas, cela ne ferait pas moins tom­ber la tac­tique pri­vi­lé­giée par l’é­tat-major israé­lien et le gou­ver­ne­ment démis­sion­naire d’e­houd Olmert sous la qua­li­fi­ca­tion de crime de guerre, au regard du droit inter­na­tio­nal et des conven­tions inter­na­tio­nales ad hoc, au même titre d’ailleurs que les tirs indis­cri­mi­nés de roquettes pales­ti­niennes contre le ter­ri­toire israélien.
  3. le 14 juin 2007, l’au­to­ri­té pales­ti­nienne (aP) était scin­dée en deux enti­tés dis­tinctes, à la suite des affron­te­ments vio­lents consé­cu­tifs à l’é­chec de la prise du pou­voir par la force par le Fatah de Mah­moud abbas et son ancien homme fort à Gaza, Moham­mad Dah­lan. le Hamas, vain­queur des élec­tions légis­la­tives du 26 jan­vier 2006, éli­mi­nait vio­lem­ment le Fatah dans la bande de Gaza et y for­mait un gou­ver­ne­ment diri­gé par le Pre­mier ministre sor­tant de la coa­li­tion d’u­nion natio­nale, Ismaïl Haniyeh. Pen­dant ce temps, en cis­jor­da­nie, le pré­sident Mah­moud abbas for­mait un gou­ver­ne­ment diri­gé par le tech­no­crate salam Fayyad et inves­ti par un Par­le­ment auto­nome (clP) dont la majo­ri­té des dépu­tés isla­mo-natio­na­listes avaient été entre-temps incar­cé­rés par l’ar­mée israé­lienne et la police pales­ti­nienne. Voir Pas­cal Fenaux, « aveugles à Gaza », la Revue nou­velle, n° 8, août 2007.
  4. avi Issa­cha­roff et amos Harel, « une pour­suite de la trêve dans la bande de Gaza ? Ça dépend de l’in­ter­lo­cu­teur », Ha’a­retz (en hébreu), 18 décembre 2008.
  5. Hou­cheng awsi, « est-ce Gaza qui est bom­bar­dée, ou Téhé­ran ? », al-Hayat (en arabe), 4 jan­vier 2009.
  6. Uri Blau, « le ministre de la Défense vient d’au­to­ri­ser des dizaines de plans d’ex­ten­sion en cis­jor­da­nie », Ha’a­retz (en hébreu), 14 novembre 2008.
  7. aki­va eldar & nadav shra­gaï, « l’É­tat contre Tsa­hal », Ha’a­retz (en hébreu), 13 novembre 2008.
  8. Pas­cal Fenaux, « légis­la­tives anti­ci­pées. l’in­ter­mi­nable ato­mi­sa­tion du champ poli­tique israé­lien », la Revue nou­velle, n° 11, novembre 2008.
  9. allouf Ben, « Requiem pour l’a­vo­da », Ha’a­retz, 10 octobre 2008. Yaël Paz-Mela­med, « un par­ti en phase ter­mi­nale », Maa­riv (en hébreu), 25 sep­tembre 2008.
  10. selon un son­dage réa­li­sé par l’Ins­ti­tut Tel­se­ker, la guerre recueillait 98 % d’o­pi­nions favo­rables au sein de la majo­ri­té juive d’Is­raël. Inver­se­ment, 95 % des citoyens issus de la mino­ri­té arabe d’Is­raël y étaient hos­tiles. Maa­riv (en hébreu), 2 jan­vier 2009.
  11. en octobre 2000, ehoud Barak, alors Pre­mier ministre et ministre de la Défense, avait choi­si de répri­mer avec une vio­lence inouïe et sans pré­cé­dent les mani­fes­ta­tions pales­ti­niennes qui avaient accueilli la visite contro­ver­sée d’a­riel sha­ron sur l’es­pla­nade des Mos­quées. D’un témoi­gnage édi­fiant livré par l’an­cien direc­teur des Ren­sei­gne­ments mili­taires israé­liens, le géné­ral amos Mal­ka, il res­sort ain­si qu’en octobre 2000, soit le pre­mier mois du sou­lè­ve­ment pales­ti­nien, les sol­dats avaient déjà tiré 1,3 mil­lion (!) de balles de gros calibre sur les mani­fes­tants. Pour de nom­breux obser­va­teurs israé­liens et pales­ti­niens, c’est ce choix qui aurait fait dura­ble­ment bas­cu­ler le Hamas et une par­tie du Fatah dans la voie mili­taire et les atten­tats ter­ro­ristes contre les civils israé­liens. aki­va eldar, « son vrai visage », Ha’a­retz (en hébreu), 11 juin 2004.
  12. « Que je périsse avec les Phi­lis­tins » (Tamot naf­shi ‘im Pli­sh­tim), ce fut, selon le très mythique livre des Juges (16,30), le cri lan­cé à Gaza par sam­son avant de faire s’é­crou­ler le temple du dieu Dagon sur lui-même et sur les mil­liers de Phi­lis­tins venus assis­ter à son sup­plice. au rythme de la des­cente aux enfers qu’est le conflit israé­lo­pa­les­ti­nien, com­ment ne pas res­ter songeur ?

Pascal Fenaux


Auteur

Pascal Fenaux est membre du comité de rédaction de La Revue nouvelle depuis 1992. Sociologue, il a poursuivi des études en langues orientales (arabe et hébreu). Il est spécialiste de la question israélo-palestinienne, ainsi que de la question linguistique et communautaire en Belgique. Journaliste indépendant, il est également «vigie» (veille presse, sélection et traduction) à l’hebdomadaire Courrier international (Paris) depuis 2000. Il y traite et y traduit la presse «régionale» juive (hébréophone et anglophone) et arabe (anglophone), ainsi que la presse «hors-zone» (anglophone, yiddishophone, néerlandophone et afrikaansophone).