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Modeste proposition pour empêcher les étrangers clandestins d’être à la charge de la société et pour les rendre utiles au public

Numéro 12 2002 par Joëlle Kwaschin

août 2016

En 1729, Jona­than Swift, l’au­teur des Voyages de Gul­li­ver, écri­vit une Modeste pro­po­si­tion pour empê­cher les enfants des pauvres d’être à la charge de leurs parents ou de leur pays et pour les rendre utiles au public, texte aus­si bref que ter­rible dans son amère iro­nie. Puisque, disait-il en sub­stance, l’Ir­lande meurt de faim sous la domi­na­tion éco­no­mique et poli­tique de l’An­gle­terre, qu’elle est dévo­rée par la misère, menons cette logique jus­qu’à son terme : les nour­ris­sons irlan­dais pour­raient être réin­té­grés dans le cir­cuit éco­no­mique sous la forme de viande de bou­che­rie. “J’ad­mets qu’il s’a­git d’un comes­tible assez cher, et c’est pour­quoi je le des­tine aux pro­prié­taires ter­riens : ayant sucé la moelle des pères, ils sont les plus qua­li­fiés pour man­ger la chair des fils.” Toutes pro­por­tions gar­dées, aujourd’­hui la situa­tion de la majo­ri­té des étran­gers est inad­mis­sible, qu’il s’a­gisse d’é­tran­gers en attente de régu­la­ri­sa­tion, de clan­des­tins qui n’ont même pas osé intro­duire leur dos­sier, ou encore de ceux qui, en ordre de papiers, sont en butte à la xéno­pho­bie d’une par­tie de la popu­la­tion. On pour­rait, en pas­ti­chant presque mot à mot et en édul­co­rant Swift, ima­gi­ner de venir à bout du pré­ten­du afflux d’é­tran­gers en les fai­sant s’af­fron­ter, à l’ins­tar de chien ou de coqs de combats.
Où réside le scan­dale, dans l’hu­meur du déses­poir ou dans les ater­moie­ments d’une classe poli­tique, d’une socié­té, d’une Com­mu­nau­té euro­péenne qui laissent pour­rir la ques­tion des migrations ?

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