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Le travail sur soi

Numéro 10 Octobre 2007 par Nicolas Marquis

octobre 2007

Pour quelles rai­sons La Revue nou­velle pro­­pose-t-elle un dos­sier consa­cré au « tra­vail sur soi » ? Nous pen­sons que les phé­no­mènes que l’on englobe sous cette thé­ma­tique touchent de nom­breux champs sociaux, recon­fi­gurent les fron­tières, tra­vaillent les arti­cu­la­tions entre sphères pri­vée et publique. Ils s’ins­crivent dans la ligne de dos­siers anté­rieurs qui mon­traient com­bien les nou­velles formes […]

Pour quelles rai­sons La Revue nou­velle pro­pose-t-elle un dos­sier consa­cré au « tra­vail sur soi » ? Nous pen­sons que les phé­no­mènes que l’on englobe sous cette thé­ma­tique touchent de nom­breux champs sociaux, recon­fi­gurent les fron­tières, tra­vaillent les arti­cu­la­tions entre sphères pri­vée et publique. Ils s’ins­crivent dans la ligne de dos­siers anté­rieurs qui mon­traient com­bien les nou­velles formes de trai­te­ment du social, dans la fou­lée d’une exten­sion du champ de la san­té men­tale, pou­vaient se lire comme des « thé­ra­pies pour nor­maux », une nou­velle « fabrique du sujet », éten­dues à tous les membres de la socié­té — comme choix ou comme contrainte.

En d’autres termes, loin de ne concer­ner que quelques indi­vi­dus éga­rés ou des cher­cheurs tra­vaillant sur des champs aus­si épar­pillés que le monde de l’en­tre­prise (Ste­vens), le champ psy­cho­re­li­gieux (De Backer), les ouvrages de psy­cho­lo­gie popu­laire (Mar­quis) ou les poli­tiques d’ac­ti­va­tion (Mou­laert), le tra­vail sur soi s’im­pri­me­rait dans les méandres de nos vies pri­vées et pro­fes­sion­nelles. À la fois comme injonc­tion sociale, expres­sion d’un pou­voir, moda­li­té d’une volon­té d’é­man­ci­pa­tion, voire de salut.

Un mouvement de fond

Ces domaines ne sont pas exhaus­tifs ; ils doivent être lus comme autant de pointes visibles d’un mou­ve­ment de fond qui tra­verse le social, la manière dont nous fai­sons socié­té et dont elle nous fait. Ce mou­ve­ment agi­rait comme un appro­fon­dis­se­ment et une inten­si­fi­ca­tion de la moder­ni­té, que deux hypo­thèses proches sou­tiennent : une triple muta­tion anthro­po­lo­gique (Genard) et une exten­sion de l’es­pace du tra­vail, le tra­vail sur soi se sur­ajou­tant au tra­vail sur les choses (Vran­cken). Ce fai­sant, moins qu’à une entrée dans la « post­mo­der­ni­té », nous ver­rions se dérou­ler sous nos yeux cette « radi­ca­li­sa­tion de la moder­ni­té » dont nous parle Gid­dens pour sou­li­gner ses dimen­sions tant exten­sive qu’in­ten­sive. Plus qu’à une crise du social qui en appelle à une rup­ture (« perte des repères », « nou­veau para­digme »…), voire à une réno­va­tion de l’an­cien, nous assis­te­rions au dérou­le­ment du tapis rouge de la moder­ni­té, dans le contexte d’un capi­ta­lisme triom­phant qui sait y pui­ser son « esprit ».

Dérou­le­ment sinueux, com­po­sé de mul­tiples « strates » qui n’ef­facent pas pour autant les anciennes formes d’ac­tion tant au niveau de l’in­di­vi­du que de la socié­té. Par­ler avec ses amis de ses pro­blèmes per­son­nels n’est pas un moyen qui s’ef­face quand inter­vient la ges­tion pro­fes­sion­nelle du stress ; les poli­tiques d’ac­ti­va­tion ne sup­priment pas pour autant les poli­tiques plus clas­siques d’in­dem­ni­sa­tion. Par contre, dans ces deux exemples, ces formes d’ac­tion pré­exis­tantes à l’ex­pan­sion du tra­vail sur soi sont retra­vaillées : la dis­cus­sion ami­cale sera recon­si­dé­rée comme une tech­nique par­mi d’autres pour éva­cuer son stress tan­dis que les allo­ca­tions sociales seront acti­vées, c’est-à-dire que leur fonc­tion d’in­dem­ni­sa­tion évo­lue en par­tie vers une fonc­tion d’incitation.

Bref, à la manière dont cette moder­ni­té s’ap­pro­fon­dit, ce dos­sier ne cherche pas tant à révo­lu­tion­ner la manière dont nous nous pen­sons ensemble, dont nous consti­tuons le social : il veut davan­tage mar­quer la per­ti­nence des ana­lyses pré­cé­dentes de La Revue nou­velle sur cette thé­ma­tique à par­tir de nou­veaux exemples concrets qui insistent, cha­cun à leur manière et avec des accents dif­fé­rents, sur la recon­fi­gu­ra­tion du social vers laquelle tend et qu’ex­prime le tra­vail sur soi.

Psychologisation ?

Défi­nis­sons, à ce stade, « le tra­vail sur soi » comme une acti­vi­té, une éla­bo­ra­tion trans­for­ma­trice, réa­li­sée par un indi­vi­du sur ses espaces per­son­nels (sub­jec­ti­vi­té, com­por­te­ment, « com­pé­tences rela­tion­nelles »…), tra­vail pro­duit par un recours à des res­sources internes et externes. Ce tra­vail sur soi cor­res­pond-il à une « psy­cho­lo­gi­sa­tion » de la socié­té ? En effet, qu’elle soit reven­di­quée posi­ti­ve­ment ou cri­ti­quée, cette lame de fond tra­ver­se­rait toute la socié­té et le « tra­vail sur soi » n’en serait fina­le­ment que le signe visible, la mise en pra­tiques et en actes.

Si ce dos­sier s’at­tache à en démon­ter diverses moda­li­tés, il importe d’en com­prendre la signi­fi­ca­tion au point de départ, de se mettre d’ac­cord (ou de par­ta­ger un accord sur nos désac­cords) sur ce que nous enten­dons par « psy­cho­lo­gi­sa­tion ». Accor­dons-nous sur cette pre­mière conven­tion : cette notion ne se réduit pas tant à la crois­sance de la pré­sence des psy­cho­logues dans la ges­tion de nos vies, mais s’en­ten­drait plu­tôt comme une ges­tion de plus en plus pri­vée des pro­blèmes sociaux. S’a­git-il alors sim­ple­ment d’une tra­duc­tion de pro­blèmes aupa­ra­vant rela­tés dans l’i­diome du social en sou­cis per­son­nels ? Dans ce cas, le tra­vail sur soi se réduit-il à une psy­cho­lo­gi­sa­tion ? Nous pen­sons qu’un tel constat ne rend pas jus­tice à la com­plexi­té du phénomène.

Pour mieux sai­sir ce dont nous par­lons, il importe de situer « notre » tra­vail sur soi dans le temps et dans l’es­pace. Depuis l’An­ti­qui­té occi­den­tale (par­ti­cu­liè­re­ment les stoï­ciens), l’at­ten­tion por­tée à soi, tant du point de vue éthique qu’es­thé­tique n’a ces­sé d’être l’ob­jet de pré­oc­cu­pa­tions constantes de la part des intel­lec­tuels pour mener une vie bonne. Avec l’a­vè­ne­ment des doc­trines du Salut, por­tées à leur paroxysme par le pro­tes­tan­tisme, le tra­vail sur soi prit une autre dimen­sion, en se retrou­vant par­tie pre­nante de la recherche des signes d’é­lec­tion pour le croyant qui espé­rait s’as­su­rer une place au ciel.
L’a­mon­cè­le­ment actuel d’ou­vrages et de pra­tiques prô­nant le déve­lop­pe­ment per­son­nel doit-il être com­pris en conti­nui­té ou en rup­ture par rap­port aux formes que le tra­vail sur soi a pu prendre pré­cé­dem­ment ? Est-il encore per­ti­nent de le com­prendre à par­tir des mêmes caté­go­ries qui ont ser­vi à ana­ly­ser les conduites de vie prô­nées par B. Frank­lin et d’autres avant lui ? Sommes-nous encore dans une logique de l’in­di­vi­du « com­plet » ou « fini » quand les pra­tiques visant l’ac­com­plis­se­ment per­son­nel ou pro­fes­sion­nel induisent une quête sans fin du « tou­jours plus » (d’au­then­ti­ci­té, de sureté de soi, de res­pon­sa­bi­li­sa­tion…) : est-on jamais assez « acti­vé », « employable », « développé » ?

À par­tir de ce détour, il est pos­sible de repen­ser la caté­go­rie de « psy­cho­lo­gi­sa­tion ». On peut, par exemple, reques­tion­ner l’op­po­si­tion entre sphères publique et pri­vée qui ne serait plus tel­le­ment de mise, tant ont été déve­lop­pées des thèses démon­trant l’ab­sorp­tion du public par le pri­vé (figure de l’in­di­vi­du nar­cis­sique qui aurait per­du ses repères, que les pro­blèmes publics n’in­té­res­se­raient que dans la mesure où ils font écho à sa propre per­son­na­li­té) ou l’in­verse (en s’ap­puyant sur le phé­no­mène de la télé­réa­li­té, d’autres montrent que nous assis­tons à une « publi­ci­sa­tion » du pri­vé, c’est-à-dire au fait que l’on apprête sa vie pri­vée pour qu’elle puisse être pré­sen­tée à un public).

Une autre hypo­thèse de tra­vail consis­te­rait à mon­trer que, s’il y a chan­ge­ment des caté­go­ries expli­ca­tives dans les épreuves avec l’a­vè­ne­ment d’ex­pli­ca­tions indi­vi­duelles ou « psy­cho­lo­giques », ce n’est pas sans consé­quences sur le sens des épreuves subies par les indi­vi­dus et l’oc­troi d’é­tat de gran­deur : « le grand » est celui qui est mobile, qui sait se valo­ri­ser, s’en­ga­ger de manière intel­li­gente ; « le petit » reste accro­ché à un lieu et n’est pas en mesure de bou­ger, de se rendre « valuable ». La « psy­cho­lo­gi­sa­tion » appa­rai­trait dès lors comme un phé­no­mène plus com­plexe que ce qu’en disent les approches posi­tives ou cri­tiques. Le « tra­vail sur soi » se pro­pose alors d’é­tendre sa défi­ni­tion pour cher­cher à englo­ber cette com­plexi­té comme nous le ver­rons dans les deux hypo­thèses tra­cées par Genard et Vrancken.

Il est éga­le­ment utile d’ef­fec­tuer un détour géo­gra­phique afin de cer­ner la rela­ti­vi­té du « tra­vail sur soi », cela d’au­tant que nombre de pra­tiques de déve­lop­pe­ment per­son­nel, y com­pris dans le domaine de la for­ma­tion pro­fes­sion­nelle, ont recours à des « tra­di­tions » psy­cho­cor­po­relles plus ou moins exo­tiques et anciennes (transe cha­ma­nique, médi­ta­tion boud­dhique, yoga, taî-chi…). Comme on le ver­ra dans l’ar­ticle consa­cré au domaine psy­cho­re­li­gieux avec l’exemple du boud­dhisme, ces tra­di­tions sont sou­vent « revi­si­tées » et remo­de­lées dans un sens très dif­fé­rent de leur contexte d’o­ri­gine. D’une pra­tique réser­vée aux seuls moines des forêts, des « indi­vi­dus hors du monde » en quête d’ef­fa­ce­ment de soi, la médi­ta­tion boud­dhique se trans­forme en outil de déve­lop­pe­ment de soi ou de lutte contre le stress, pra­ti­quée par des hommes et des femmes acti­ve­ment enga­gés dans la vie sociale.

Fils rouges

Si nou­veau­té il y a à tra­vers le « tra­vail sur soi », ce serait donc moins dans son conte­nu ou le pas­sage à des formes de « psy­cho­lo­gi­sa­tion » du social que dans le déve­lop­pe­ment de ce phé­no­mène par strates et paliers : muta­tion anthro­po­lo­gique (Genard) et exten­sion de la sphère du tra­vail (Vran­cken) sont deux formes d’ap­pro­fon­dis­se­ment de la moder­ni­té et de recon­fi­gu­ra­tion du social. Nos quatre exemples de pra­tiques en consti­tuent autant d’as­pé­ri­tés affleurantes.

Un autre fil rouge, plus clas­sique, consiste à voir que, si le « tra­vail sur soi » s’a­vère une ten­ta­tive de réponse au désen­chan­te­ment col­lec­tif, la pro­messe du réen­chan­te­ment indi­vi­duel n’est pas néces­sai­re­ment au ren­dez-vous. Le « tra­vail sur soi » recon­fi­gure les champs dans les­quels il se déve­loppe. Ses « béné­fi­ciaires » se repo­si­tionnent autour de réfé­rences dif­fé­rentes à mesure que le chan­ge­ment anthro­po­lo­gique dont il serait ques­tion (Genard) s’é­tend : les posi­tions des indi­vi­dus deviennent plus bru­meuses et l’ob­jec­tif pour l’in­di­vi­du comme pour la socié­té n’est plus tant de gué­rir un mal que de « vivre avec », de s’ac­com­mo­der en « gérant » la situa­tion par une action d’a­bord indi­vi­duelle. À mesure que la mala­die aigüe cède du ter­rain à la mala­die chro­nique, l’ac­tion à son égard passe d’une action cura­tive sur les symp­tômes à un pro­ces­sus pré­ven­tif de ges­tion des troubles. Nous sommes entrés dans la socié­té du risque (Beck, 1986) où vivre devient une affaire ris­quée, mais où nous sommes obli­gés de nous inves­tir, lit­té­ra­le­ment d’in­ves­tir de nous, si nous ne vou­lons pas être mis de côté.

Plus pra­ti­que­ment, ce dos­sier cherche à mettre au tra­vail les ana­lystes du social et leurs concep­tions. Plus qu’une seule cri­tique du tra­vail sur soi comme nou­velle forme de pou­voir ou de contrôle, mais moins qu’une vision enchan­tée du phé­no­mène sur l’air connu du désen­chan­te­ment social et de la quête d’un réen­chan­te­ment indi­vi­duel, sui­vi d’une frus­tra­tion, c’est une posi­tion scep­tique (du grec skep­ti­kos, « qui observe ») que les cher­cheurs ont à construire quand ils observent ces phé­no­mènes, posi­tion qui, en retour, per­met­tra aus­si peut-être de com­prendre ce qui, dans ceux-ci, sou­lève des craintes dans le chef de ceux qui l’ob­servent, que ces craintes soient ou non jus­ti­fiées. C’est là que se situe­rait éga­le­ment une des plus-values de ce dossier.

Contenu du dossier : deux hypothèses et quatre formes

Afin de per­mettre à ces fils rouges de se ren­con­trer et d’o­pé­ra­tion­na­li­ser la démarche que nous pro­po­sons dans cette intro­duc­tion, le pré­sent dos­sier se com­pose de trois parties.

Dans un pre­mier temps, nous sui­vrons deux inter­pré­ta­tions géné­rales du « tra­vail sur soi », toutes deux sous­cri­vant à l’hy­po­thèse d’une exten­sion de la moder­ni­té. Jean-Louis Genard y voit une triple muta­tion anthro­po­lo­gique qui s’ac­com­plit dans la longue durée. De son côté, Didier Vran­cken estime que nous serions entrés dans une « socié­té du tra­vail sur soi » qui se lit comme une exten­sion de la socié­té du tra­vail. Non pas qu’il s’a­gisse de rem­pla­cer la socié­té sala­riale ni même d’ef­fa­cer le tra­vail sala­rié. Au contraire, la socié­té du tra­vail sur soi serait une autre forme de réponse à la « nou­velle ques­tion sociale ».
Dans un deuxième temps, nous iden­ti­fions quatre formes, quatre mises en scène contras­tées du « tra­vail sur soi ».
Tout d’a­bord avec le tra­vail de Ber­nard De Backer, il s’a­git de suivre quelques méandres du champ psy­cho­re­li­gieux. Cette pre­mière mise en bouche montre com­bien la posi­tion du cher­cheur ne peut se réduire ni à une simple vision cri­tique (au risque de ne voir qu’un fugace phé­no­mène mal­veillant dont la figure des sectes est la cris­tal­li­sa­tion) ni à une posi­tion idéalisatrice.
Ensuite, nous sui­vrons la mise en œuvre d’un dis­po­si­tif de déve­lop­pe­ment per­son­nel au sein d’une mul­ti­na­tio­nale. Hélène Ste­vens révèle tout au long d’une obser­va­tion fine du dis­po­si­tif, la manière dont le tra­vail sur soi s’est ini­tia­le­ment vu comme por­teur de chan­ge­ment, comme réponse à des formes concrètes de désen­chan­te­ment au tra­vail (démo­ti­va­tion, etc.). Fina­le­ment, on assiste à une recon­fi­gu­ra­tion des posi­tions sociales dans l’en­tre­prise où une par­tie des indi­vi­dus par­vient à tirer son épingle du jeu quand une autre se voit relé­guée selon de nou­velles modalités.

Puis, nous explo­rons avec Nico­las Mar­quis un phé­no­mène deve­nu mas­sif. Depuis quelques années, les libraires ont vu leur rayon d’ou­vrages « psy­cho pop » (« psy­cho­lo­gie popu­laire ») s’a­gran­dir de manière expo­nen­tielle. Com­ment l’ob­ser­va­teur doit-il inter­pré­ter ce phé­no­mène ? Peut-il seule­ment par­ler de « psy­cho pop » au risque de tom­ber immé­dia­te­ment dans le juge­ment de valeur ? En même temps, doit-il aban­don­ner sur le bord de la rive toute vision cri­tique et accep­ter le haut tirage de ces ouvrages comme une preuve évi­dente de la per­ti­nence de ceux-ci ?

Nous nous pen­che­rons pour finir sur un dis­po­si­tif d’out­pla­ce­ment à des­ti­na­tion des plus de qua­rante-cinq ans qui ont été licen­ciés. Pra­tique ren­due qua­si obli­ga­toire depuis la loi sur le Pacte de soli­da­ri­té entre les géné­ra­tions, l’ac­com­pa­gne­ment pro­po­sé par des agences pri­vées d’out­pla­ce­ment nous entraine dans une autre forme d’ex­ten­sion du tra­vail sur soi. Thi­bauld Mou­laert remet en pers­pec­tive ce dis­po­si­tif en le situant par rap­port à la pré­pen­sion pour mon­trer qu’il s’a­git d’une réponse de l’É­tat social actif à des­ti­na­tion des tra­vailleurs âgés. Ensuite, il montre com­ment le tra­vail sur soi mis en œuvre auprès de ce public le recon­fi­gure autour de ses capa­ci­tés à argu­men­ter. S’a­git-il alors de faire accep­ter des condi­tions d’emploi plus pré­caires comme allant de soi ou d’ex­plo­rer les pistes pour des formes de res­pect mutuel ?

Un nouvel impératif ?

Après avoir expo­sé deux hypo­thèses géné­rales et quatre mises en œuvre rela­ti­ve­ment diver­si­fiées, nous ter­mi­ne­rons par une brève conclu­sion reve­nant sur nos fils rouges de départ et ouvrant vers d’autres développements.
En clair, c’est à une explo­ra­tion du « tra­vail sur soi » que nous invi­tons le lec­teur, une explo­ra­tion consciente de ses limites, mais qui cherche à poser ou repo­ser une série de ques­tions en croi­sant les visions d’es­paces mul­tiples de tra­vail sur soi.

Ce fai­sant, aurons-nous quelque peu avan­cé sur cet appel qui résonne à tra­vers les temps : « Connais-toi toi-même »… ? À moins que ce dos­sier, jus­te­ment, ne se conclue sur le constat d’un virage sans retour. L’in­jonc­tion d’une connais­sance de soi aurait per­du son hori­zon, celui d’une enti­té finie dans un monde clos, pour se muer en impé­ra­tif de mou­ve­ment indé­fi­ni : « Pro­duis-toi toi-même ! »

Nicolas Marquis


Auteur

sociologue, chargé de cours en sociologie, méthodologie et méthodes quantitatives à l’université Saint-Louis Bruxelles, codirecteur du Casper, nicolas.marquis@usaintlouis.be