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Le paradoxe de la faim, lutter contre la malnutrition

Numéro 12 Décembre 2013 par Rubén Flores

décembre 2013

Ces der­nières années, si les pays d’Amérique latine et des Caraïbes ont connu une crois­sance moyenne sou­te­nue de 5 %, celle-ci n’a pas pour autant don­né lieu à une dimi­nu­tion de la vul­né­ra­bi­li­té à laquelle est expo­sée une par­tie impor­tante de la popu­la­tion du conti­nent. Mal­gré des pro­grès socioé­co­no­miques signi­fi­ca­tifs au cours des der­nières décen­nies, l’Amérique latine reste en effet l’une des régions les plus inéga­li­taires de la pla­nète. De plus, l’éradication de la mal­nu­tri­tion dans la région reste un défi encore non réso­lu. Divers pro­grammes existent et doivent être déve­lop­pés afin de ren­for­cer l’agriculture fami­liale, en par­ti­cu­lier le rôle des femmes, valo­ri­ser les mar­chés locaux et les pro­duits tra­di­tion­nels pour élar­gir la base d’une ali­men­ta­tion saine et aug­men­ter les reve­nus de la popu­la­tion rurale

Dossier

Les pays connaissent entre eux, mais aus­si entre dif­fé­rentes régions et groupes de popu­la­tions en leur sein, de fortes dis­pa­ri­tés en matière nutri­tion­nelle. Dans cer­tains pays comme la Boli­vie et le Hon­du­ras, les pro­blèmes de mal­nu­tri­tion touchent jusqu’à 50 à 70 % des popu­la­tions pauvres, autoch­tones et rurales (FAO, Cepal et Ilca, 2013). La Banque mon­diale estime ain­si à 7 mil­lions le nombre d’enfants de moins de cinq ans souf­frant de mal­nu­tri­tion chro­nique dans la région en 2012.

L’Amérique latine, terre de contrastes

Cette pro­blé­ma­tique entraine un impact néga­tif pour la sécu­ri­té ali­men­taire qui se défi­nit comme l’accès uni­ver­sel et à tout moment à une ali­men­ta­tion suf­fi­sante, saine et nutri­tive (FAO, Som­met mon­dial de l’alimentation, 1996). Une ali­men­ta­tion faible en calo­ries, pro­téines ou autres élé­ments essen­tiels comme les micro­nu­tri­ments (fer et zinc) a d’énormes consé­quences sur la san­té et la pro­duc­ti­vi­té. En Amé­rique latine, la mal­nu­tri­tion chro­nique, qui entraine des retards de crois­sance, reste le pro­blème nutri­tion­nel le plus impor­tant. Elle affecte plus de 50 % des enfants de moins de cinq ans au Gua­te­ma­la et autour de 30 % en Haï­ti, Hon­du­ras, Boli­vie, Équa­teur et Pérou. Ce phé­no­mène se déve­loppe prin­ci­pa­le­ment entre l’âge de six mois et deux ans. 

[*Gra­phique n° 1 : Évo­lu­tion de la faim en Amé­rique latine et Caraïbes entre 1990 – 1992 et 2010 – 2012. En mil­lions d’habitants*]
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[/Source : FAO, 2012/]

Il est notam­ment lié à des pro­blèmes de san­té, à une mau­vaise ali­men­ta­tion et à un manque d’éducation nutri­tion­nelle des mères de famille. En Boli­vie, le manque de fer entraine des taux d’anémie de 52 % pour les enfants en âge pré­sco­laire et de 37 % chez les femmes enceintes. La carence en fer aug­mente le risque de mor­ta­li­té mater­nelle et infan­tile, entraine un ralen­tis­se­ment du déve­lop­pe­ment cog­ni­tif, affai­blit le ren­de­ment sco­laire et dimi­nue la pro­duc­ti­vi­té au tra­vail. On estime en outre que 22 % des enfants de moins de cinq ans manquent de vitamines.

La mal­nu­tri­tion des enfants en bas âge affecte de manière irré­ver­sible le déve­lop­pe­ment humain et par consé­quent freine le pro­grès éco­no­mique d’un pays en impo­sant un cout éle­vé à l’ensemble de la socié­té. D’un point de vue éco­no­mique, la mal­nu­tri­tion peut faire perdre jusqu’à 10 % du salaire auquel un tra­vailleur aurait pu pré­tendre tout au long de sa vie. Selon une étude rela­ti­ve­ment récente, des pays comme la Boli­vie, l’Équateur, le Para­guay et le Pérou perdent entre 2,0 % et 5,9 % du PIB du fait de la faim et de la mal­nu­tri­tion infan­tile (Mar­ti­nez et Fer­nan­dez, 2009).

Le gra­phique n°2 montre clai­re­ment le dilemme entre la crois­sance éco­no­mique des pays et la per­sis­tance des pro­blé­ma­tiques sociales. Par exemple, même si les sta­tis­tiques de mal­nu­tri­tion du Pérou se sont amé­lio­rées ces der­nières années, 23,2 % d’enfants de moins de cinq ans souffrent encore de retards de crois­sance. Dans les popu­la­tions rurales, on arrive à un taux de 38,8 %. On retrouve des taux simi­laires dans les zones rurales d’Équateur (33 %) et de Boli­vie (37 %).

[*Gra­phique n° 2 : La rela­tion entre le retard de crois­sance et le reve­nu natio­nal par habi­tant dans les pays latino-américains*]

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[/Source : Banque mon­diale. Les niveaux de retard de crois­sance pro­viennent de l’Organisation mon­diale de la san­té et de sa base de don­nées « Crois­sance de l’enfant et mal­nu­tri­tion ». L’information concer­nant le reve­nu natio­nal brut par tête pro­vient de la Banque mondiale.
/]

Les facteurs qui contribuent à la vulnérabilité alimentaire

La géo­gra­phie de la région, ses condi­tions agroé­co­lo­giques, ses dis­pa­ri­tés socioé­co­no­miques et les poli­tiques tra­di­tion­nelles rendent l’Amérique latine par­ti­cu­liè­re­ment vul­né­rable aux catas­trophes natu­relles, à la vola­ti­li­té des prix des den­rées ali­men­taires et aux crises huma­ni­taires en géné­ral. Dans ce contexte, n’importe quelle situa­tion de crise et d’urgence menace la sécu­ri­té ali­men­taire des popu­la­tions les plus vul­né­rables, en par­ti­cu­lier les enfants et les femmes enceintes.

Volatilité des prix des aliments et impact de la crise alimentaire

Au milieu des années 1990, l’augmentation de la demande ali­men­taire dans les pays émer­gents et les poli­tiques de sti­mu­la­tion de la pro­duc­tion de bio­car­bu­rants aux États-Unis et dans l’Union euro­péenne ont accru la pres­sion inter­na­tio­nale sur les prix ali­men­taires. Les effets sur l’Amérique latine ont été variables d’un pays à l’autre en fonc­tion de la balance ali­men­taire (ali­ments expor­tés ver­sus ali­ments impor­tés) et leur capa­ci­té à finan­cer leurs impor­ta­tions ali­men­taires. Les pays andins ont vu les prix de leurs prin­ci­paux pro­duits agri­coles d’exportation res­ter rela­ti­ve­ment faibles par rap­port au prix inter­na­tio­nal des céréales. L’Amérique cen­trale et les Caraïbes ont davan­tage souf­fert du fait de leur capa­ci­té réduite à impor­ter des ali­ments (Bian­chi et al, 2009).

Par consé­quent, la hausse des prix des den­rées ali­men­taires au-des­sus du niveau géné­ral des prix repré­sente une menace pour la sécu­ri­té ali­men­taire, en par­ti­cu­lier pour les ménages à faibles reve­nus, car ceux-ci dépensent pro­por­tion­nel­le­ment davan­tage pour se nour­rir que les ménages plus aisés. GRAPH 2

Par ailleurs, il existe un besoin urgent de règles com­mer­ciales inter­na­tio­nales plus équi­li­brées. La concen­tra­tion est telle dans les mar­chés ali­men­taires mon­diaux qu’une part crois­sante de la valeur ajou­tée est cap­tu­rée par les gros­sistes et les com­mer­çants, et non les pro­duc­teurs des pays en développement.

Les négo­cia­tions à l’Organisation mon­diale du com­merce (OMC) et spé­cia­le­ment celles concer­nant le com­merce agri­cole sont au point mort depuis de nom­breuses années. Pour­tant de nou­velles règles sont indis­pen­sables pour mettre fin aux dis­tor­sions com­mer­ciales qui nuisent aux agri­cul­teurs des pays en voie de déve­lop­pe­ment et par consé­quent à la sécu­ri­té ali­men­taire mondiale.

On peut néan­moins obser­ver qu’au siècle der­nier, les mul­ti­na­tio­nales de l’agroalimentaire ont connu un suc­cès com­mer­cial sans pré­cé­dent à tra­vers le monde. Selon Oxfam (2013), pour 7 mil­liards de consom­ma­teurs, il existe 1,5 mil­liard de pro­duc­teurs de den­rées ali­men­taires dans les zones rurales. Par contre, ce ne sont pas plus de cinq-cents socié­tés qui contrôlent 70 % de la nour­ri­ture consom­mée sur l’ensemble de la pla­nète. Les entre­prises ali­men­taires n’ont pas uti­li­sé leur énorme puis­sance pour aider à géné­rer un sys­tème ali­men­taire plus équi­table et assu­rer la sécu­ri­té ali­men­taire et les oppor­tu­ni­tés éco­no­miques pour les popu­la­tions les plus pauvres.

Les pro­grammes de res­pon­sa­bi­li­té sociale des entre­prises mis en œuvre jusqu’à pré­sent sont géné­ra­le­ment des pro­jets très ciblés comme ceux visant à réduire la consom­ma­tion d’eau ou à for­mer des agri­cul­trices mais qui ne prennent pas en compte les causes pro­fondes de la faim et de la pau­vre­té. La majo­ri­té des entre­prises n’ont en effet pas de poli­tiques appro­priées pour gui­der leurs propres opé­ra­tions au sein de la chaine d’approvisionnement en tenant compte du déve­lop­pe­ment ter­ri­to­rial et se contentent sou­vent d’actions philanthropiques.

Impact du changement climatique

Par­mi les consé­quences du réchauf­fe­ment cli­ma­tique, les chan­ge­ments de tem­pé­ra­tures et le régime des pré­ci­pi­ta­tions repré­sentent des phé­no­mènes affec­tant néga­ti­ve­ment la pro­duc­tion agri­cole et par consé­quent la sécu­ri­té alimentaire.

L’impact du chan­ge­ment cli­ma­tique sur la pro­duc­tion agri­cole s’opère à deux niveaux. D’une part, les risques directs de perte de pro­duc­ti­vi­té cau­sés par des condi­tions météo­ro­lo­giques extrêmes telles que la séche­resse, le gel et les inon­da­tions ; d’autre part, l’augmentation de la vul­né­ra­bi­li­té des sys­tèmes ali­men­taires à la suite de l’appauvrissement des res­sources natu­relles comme l’eau et le déve­lop­pe­ment de mala­dies et d’insectes qui contri­buent à la baisse de la pro­duc­tion et des res­sources éco­no­miques en limi­tant l’accès à la nourriture.

Une perte anti­ci­pée de pro­duc­ti­vi­té et une vul­né­ra­bi­li­té accrue dues aux chan­ge­ments cli­ma­tiques auront des effets néga­tifs dis­pro­por­tion­nés sur la vie des popu­la­tions vivant dans des condi­tions mar­gi­nales en Amé­rique latine et dans le monde. Celles-ci ne pos­sèdent plus les capa­ci­tés pour s’adapter et répondre en temps vou­lu aux effets du chan­ge­ment cli­ma­tique. Il faut savoir qu’il aura fal­lu par exemple des cen­taines d’années pour que la popu­la­tion de l’Altiplano andin, qui signi­fie plaine d’altitude en espa­gnol, situé à plus de 3300 mètres d’altitude, puisse déve­lop­per des connais­sances et des pra­tiques lui per­met­tant de sur­vivre dans des condi­tions extrêmes. C’est ain­si que les agri­cul­teurs andins conti­nuent éga­le­ment d’utiliser la bio­di­ver­si­té agri­cole comme stra­té­gie d’atténuation des risques et aident par voie de consé­quence à pré­ser­ver la base géné­tique pour amé­lio­rer les cultures. Il se cultive encore par exemple cinq-mille varié­tés tra­di­tion­nelles de pommes de terre dans les Andes. Cepen­dant, le chan­ge­ment cli­ma­tique, le mor­cè­le­ment des terres, la migra­tion, l’exclusion sociale, les inéga­li­tés entre les sexes notam­ment, conduisent à une plus grande vul­né­ra­bi­li­té du sys­tème ali­men­taire de cette région.

Évolution et limites des politiques de sécurité alimentaire

En réponse à la crise ali­men­taire, il est impor­tant de noter les chan­ge­ments de poli­tique de sécu­ri­té ali­men­taire entre­pris par les pays de la région et qui couvrent quatre domaines d’action prin­ci­paux. Pre­miè­re­ment, l’appui à la petite agri­cul­ture et le déve­lop­pe­ment rural (sub­ven­tions aux intrants, assis­tance tech­nique, achat par l’État). Deuxiè­me­ment, la garan­tie d’une pro­tec­tion sociale et la dis­tri­bu­tion de nour­ri­ture via des sub­ven­tions condi­tion­nelles et des pro­grammes d’alimentation sco­laire. Ain­si au Pérou, des pro­grammes visent à lut­ter contre la mal­nu­tri­tion et à ali­gner les pro­grammes sociaux avec la stra­té­gie natio­nale de nutri­tion (connue sous le nom de Cre­cer). Troi­siè­me­ment, la mise en place de pro­grammes d’assistance axés sur la san­té des mères et des enfants de moins de cinq ans (comme le pro­gramme « Mal­nu­tri­tion zéro » en Équa­teur et Boli­vie). Qua­triè­me­ment, une meilleure édu­ca­tion et for­ma­tion en matière de san­té et de nutrition.

La crise ali­men­taire a éga­le­ment déclen­ché des débats théo­riques et poli­tiques sur le concept de sécu­ri­té ali­men­taire. Depuis 2003, du point de vue juri­dique et ins­ti­tu­tion­nel, il y a eu des pro­grès dans le déve­lop­pe­ment d’une nou­velle légis­la­tion pour les régions concer­nées par la ques­tion de la sécu­ri­té ali­men­taire. Dans de nom­breux cas, cette légis­la­tion ne crée pas seule­ment de nou­veaux cadres règle­men­taires, mais aus­si des méca­nismes orga­ni­sa­tion­nels afin de faci­li­ter les inter­ven­tions publiques dans ce domaine. Mais il est impor­tant de sou­li­gner que les réponses poli­tiques doivent être mul­ti­di­men­sion­nelles et inté­grer les objec­tifs à court et long terme.

Onze pays de la région ont déjà approu­vé des lois sur la sécu­ri­té ali­men­taire. Par­mi les réponses à court terme, les poli­tiques de com­pen­sa­tion sociale comme les trans­ferts moné­taires condi­tion­nés au contrôle médi­cal des enfants, sont les plus emblé­ma­tiques. Les poli­tiques à long terme telles que l’investissement dans la recherche et le déve­lop­pe­ment agri­coles ont reçu moins d’attention. Il faut noter que la rela­tion entre agri­cul­ture et nutri­tion ne fait pas encore par­tie des stra­té­gies qui s’appliquent de manière cou­rante dans la région (Piñei­ro et al., 2009).

En Boli­vie, les nou­velles normes sou­lignent que l’obtention d’une ali­men­ta­tion saine fait par­tie des droits uni­ver­sels. Cet aspect est en train de prendre de l’ampleur au niveau inter­na­tio­nal. Dans cer­tains pays comme le Vene­zue­la, l’Équateur, la Boli­vie et le Gua­te­ma­la, le concept de sou­ve­rai­ne­té ali­men­taire s’utilise aus­si dans les cadres juri­diques rela­tifs à la sécu­ri­té ali­men­taire. La sou­ve­rai­ne­té ali­men­taire est défi­nie comme le droit de tous les peuples à défi­nir leurs propres poli­tiques agri­coles et ali­men­taires en fonc­tion des objec­tifs de déve­lop­pe­ment durable et de sécu­ri­té alimentaire.

Au Bré­sil, une grande coa­li­tion entre orga­ni­sa­tions sociales et ins­ti­tu­tions gou­ver­ne­men­tales a conduit à la créa­tion de méca­nismes for­mels de dia­logue et au déve­lop­pe­ment de grands pro­grammes à l’instar du pro­jet de loi « Fome Zero » (Faim zéro, en por­tu­gais). Ce pro­gramme a été pro­po­sé en 2003 par le futur pré­sident Luiz Iná­cio Lula da Sil­va, comme un méca­nisme pour garan­tir la sécu­ri­té ali­men­taire. Ce pro­gramme fut une des prio­ri­tés de l’agenda de déve­lop­pe­ment éco­no­mique et social du gou­ver­ne­ment bré­si­lien. Il a néces­si­té la mise en place d’un méca­nisme de par­ti­ci­pa­tion sociale reliant la struc­ture fami­liale pay­sanne aux lois sur la sécu­ri­té ali­men­taire et la nutri­tion. La FAO, qui a mené une éva­lua­tion du pro­gramme en 2006, a consta­té que, grâce à la qua­li­té des ser­vices reçus, la san­té, l’éducation et la for­ma­tion des popu­la­tions les plus pauvres s’étaient sen­si­ble­ment amé­lio­rées (FAO, 2009).

Il est donc néces­saire d’adopter des poli­tiques sociales appro­priées pour répondre aux effets de la crise ali­men­taires, de prendre des mesures pour obte­nir une meilleure sta­bi­li­té des prix agri­coles et mettre en place des pro­grammes d’appui à l’agriculture fami­liale tenant compte des risques cli­ma­tiques et économiques.

Contribution de l’agriculture au développement et à la sécurité alimentaire

Sui­vant les sta­tis­tiques de la FAO, la pro­duc­tion d’aliments a aug­men­té de manière signi­fi­ca­tive en Amé­rique latine au cours des dix der­nières années, par­ti­cu­liè­re­ment dans le cas du maïs (145 %), du blé (72 %) et du riz (77 %). Les pays mon­trant la dyna­mique de crois­sance la plus éle­vée se trouvent en Amé­rique du Sud (Bré­sil et Argen­tine en par­ti­cu­lier). Mais la pro­duc­tion agri­cole reste mal­gré tout sen­sible au contexte défa­vo­rable mon­dial des prix ali­men­taires et à la varia­bi­li­té cli­ma­tique qui ont pro­vo­qué une décé­lé­ra­tion en 2012 (FAO, 2012). Les dyna­miques de pro­duc­tion et de com­merce varient consi­dé­ra­ble­ment selon les pays, reflé­tant des dis­pa­ri­tés régio­nales, mais aus­si locales.

Par­mi les dif­fé­rents types de pro­duc­tion de la région, la petite agri­cul­ture joue un rôle impor­tant en termes d’approvisionnement ali­men­taire au sein des pays même si son rôle varie d’un pays à l’autre. Les poli­tiques mises en place cherchent à ren­for­cer les stra­té­gies pour mieux inté­grer l’agriculture fami­liale dans les sys­tèmes de pro­duc­tion agri­coles natio­naux. Tou­te­fois, cer­taines cultures sont déjà for­te­ment répan­dues dans la région, c’est le cas du maïs et des hari­cots. En zones tro­pi­cales, on retrouve prin­ci­pa­le­ment le manioc, le cacao et la banane tan­dis que dans les régions andines, c’est sur­tout la pomme de terre qui est très pré­sente. Selon une ana­lyse effec­tuée par le Groupe d’experts indé­pen­dants sur l’agriculture et le déve­lop­pe­ment en Amé­rique latine (Pia­dal, 2013), la com­plexi­té crois­sante et la diver­si­té de la pro­duc­tion agri­cole sont main­te­nant recon­nues comme pou­vant contri­buer aux dif­fé­rentes dimen­sions de la crois­sance éco­no­mique et amé­lio­rer ain­si la sécu­ri­té ali­men­taire, réduire la pau­vre­té et la vul­né­ra­bi­li­té dans les zones rurales, celles-ci étant les plus tou­chées par la vola­ti­li­té et les prix éle­vés des den­rées ali­men­taires ain­si que par le chan­ge­ment climatique.

Le poten­tiel de la région pour accroitre la pro­duc­tion est asso­cié, d’une part, à une mai­trise éle­vée de la tech­no­lo­gie, en par­ti­cu­lier dans des pays comme le Bré­sil, l’Uruguay et l’Argentine, qui ont une pro­por­tion impor­tante de terres par rap­port au nombre d’habitants ruraux, un capi­tal humain bien for­mé ain­si qu’un cadre ins­ti­tu­tion­nel effi­cace. D’autre part, l’obtention de ren­de­ments plus éle­vés dans des pays comme l’Équateur, la Boli­vie, le Para­guay et dans cer­tains pays d’Amérique cen­trale pour­rait accroitre la contri­bu­tion de la région en termes de dis­po­ni­bi­li­té ali­men­taire mais néces­si­te­rait davan­tage d’investissements dans la recherche agri­cole. En dehors du Bré­sil, du Chi­li et de l’Uruguay qui dépensent en moyenne entre 1,2 et 1,9 % de leur PIB agri­cole dans la recherche, les autres pays de la région y consacrent en moyenne 0,5 %. À titre de com­pa­rai­son, les pays indus­tria­li­sés qui dépensent 2 à 3 % de leur PIB dans des pro­grammes de recherche.

Les inves­tis­se­ments publics dans l’agriculture en Amé­rique latine, qui res­tent en moyenne infé­rieurs à 2 % des dépenses publiques d’après la FAO (2013), sont lar­ge­ment en deçà du pour­cen­tage de contri­bu­tion de ce sec­teur à la richesse natio­nale. Le tableau ci-des­sous reprend quelques élé­ments de comparaison.

**La petite agri­cul­ture contri­bue au déve­lop­pe­ment mal­gré le sou­tien public réduit

L’agroéconomiste péru­vien Richard Webb a récem­ment écrit un article inti­tu­lé « Agri­cul­ture en pots » basé sur un com­men­taire du ministre de l’Agriculture péru­vien quand celui-ci a décou­vert, lors du der­nier recen­se­ment agri­cole, que 82 % des exploi­ta­tions agri­coles du Pérou étaient minus­cules (d’une taille moyenne de moins de cinq hectares).

Webb affirme qu’avant de tom­ber dans le pes­si­misme, il serait inté­res­sant d’analyser de plus près l’idée, deve­nu un mythe, que l’« agri­cul­ture en pots » n’a pas d’avenir. Il existe de nom­breuses preuves, tant au Pérou que dans d’autres pays comme la Chine ou l’Inde, que les mini-exploi­ta­tions agri­coles ne sont pas néces­sai­re­ment syno­nymes de retard et de pau­vre­té. En effet, le suc­cès de l’agriculture péru­vienne de ces vingt der­nières années ne se limite pas aux grands domaines agroex­por­ta­teurs de la côte, mais touche éga­le­ment les mini-exploitations. 

Tableau n° 1 : Élé­ments socioé­co­no­miques, com­pa­rai­son entre pays d’Amérique latine
Equa­teur Pérou Boli­vie Bré­sil Argen­tine Cos­ta Rica
Poids de l’agriculture dans le PIB (%) 10 6 13 5 12 6
Pro­duc­tion d’aliments par rap­port aux besoins nationaux (%) 60 60 75 95 90 95
% popu­la­tion rurale 33 23 33 15 8 35
% pau­vre­té rurale 41 56 61 36 45 20

[/Source : Banque mon­diale, CEPAL (cepal­stats)/]

C’est par exemple le cas avec la pomme de terre, dont la pro­duc­tion a aug­men­té chaque année de 5,3 % durant cette période. Il existe aus­si d’autres cultures de mini-exploi­ta­tion comme l’« ollu­co » (tuber­cule de la zone andine pous­sant en alti­tude), la fève, le manioc et les pois qui ont connu une pro­gres­sion de plus de 4 %. Les mini-exploi­ta­tions ont géné­ré une des réus­sites agri­coles les plus mar­quantes de l’histoire, sur­tout si l’on tient compte des condi­tions dif­fi­ciles dans les­quelles cette pro­duc­tion se déve­loppe. L’agriculture fami­liale joue aus­si un rôle impor­tant pour la conser­va­tion de la bio­di­ver­si­té comme dans le cas de la pomme de terre dans les Andes.

Dans ce contexte, on observe une ten­dance à la fémi­ni­sa­tion des tâches agri­coles. Les femmes s’occupent de plus en plus de fermes fami­liales car les hommes doivent migrer pour des périodes pro­lon­gées ou tra­vailler dans le sec­teur non agri­cole. Selon la FAO, le pour­cen­tage d’exploitations diri­gées par des femmes en Amé­rique latine et dans les Caraïbes a aug­men­té ces der­nières années et se situe entre 25 et 30 %. Cela démontre le rôle accru des femmes dans la sécu­ri­té et la pro­duc­tion ali­men­taires ain­si que dans le bien-être social de la région. Cela devrait faire réflé­chir sur l’importance de la dimen­sion de genre dans les poli­tiques de déve­lop­pe­ment de capa­ci­tés et de pro­mo­tion de l’agriculture familiale.

En l’Amérique latine, 37 % des pauvres (envi­ron 65 mil­lions de per­sonnes) vivent dans les zones rurales où pré­vaut la petite agri­cul­ture avec très peu d’aides ou de cré­dit en s’appuyant sur une tech­no­lo­gie très limi­tée. Mais une étude récente sur les pers­pec­tives de l’agriculture et le déve­lop­pe­ment rural dans les Amé­riques recon­nait que les pays d’Amérique latine et des Caraïbes ont enta­mé de sérieux efforts pour mieux appuyer l’agriculture fami­liale (Cepal, FAO, Ilca, 2013). Au cours de l’année écou­lée, l’adoption de poli­tiques et d’instruments d’accompagnement au pro­fit de l’agriculture fami­liale est deve­nue une prio­ri­té dans l’agenda des pays de la région. Plu­sieurs pays ont lan­cé des restruc­tu­ra­tions ins­ti­tu­tion­nelles basées sur la modi­fi­ca­tion de com­pé­tences ou la créa­tion de nou­velles branches minis­té­rielles. Le Pérou, par exemple, a créé le minis­tère du déve­lop­pe­ment et de l’inclusion sociale, en cher­chant à assu­rer l’harmonie entre les dif­fé­rents sec­teurs poli­tiques (y com­pris l’agriculture) et les niveaux de gou­ver­ne­ment (à tra­vers une approche de déve­lop­pe­ment territorial).

Il est pré­vu que, dans le futur, les pays ren­forcent aus­si les sys­tèmes d’innovation pour mieux inté­grer la recherche et le trans­fert de tech­no­lo­gies afin d’améliorer la crois­sance éco­no­mique et le bien-être social. Dans cette pers­pec­tive, il est impor­tant d’envisager des stra­té­gies pour assu­rer l’intégration de l’agriculture fami­liale, favo­ri­sant à la fois l’associativité tout comme la recon­ver­sion des sys­tèmes de vul­ga­ri­sa­tion axés sur le ser­vice à ce groupe de pro­duc­teurs, en aidant et for­mant les vul­ga­ri­sa­teurs à deve­nir des agents d’innovation for­més aux nou­veaux enjeux et défis liés aux chan­ge­ments de la struc­ture pro­duc­tive de l’économie rurale. Une étude récente du Fond régio­nal de tech­no­lo­gie agri­cole a mis en évi­dence des exemples d’innovations qui ont eu un impact et ont béné­fi­cié aux petits pro­duc­teurs (Fon­ta­gro, 2013). Le suc­cès de ces expé­riences a beau­coup dépen­du de l’interaction et du par­te­na­riat entre les dif­fé­rents acteurs. Par exemple, l’utilisation de modèles asso­cia­tifs, inclu­sifs, com­pé­ti­tifs et durables, comme dans le cas de l’organisation de petits api­cul­teurs en Argen­tine et en Répu­blique domi­ni­caine, ou l’approche par­ti­ci­pa­tive dans les chaines de pro­duc­tion de pommes de terre natives au Pérou, montre que le tra­vail par­ti­ci­pa­tif entre les équipes de recherche et de déve­lop­pe­ment (R & D), le sec­teur pri­vé et les réseaux tech­niques dans les ter­ri­toires locaux faci­litent l’identification de nou­velles oppor­tu­ni­tés de mar­ché, la créa­tion de normes, l’utilisation de la bio­di­ver­si­té de manière durable et le déve­lop­pe­ment d’un conglo­mé­rat pro­duc­tif au pro­fit de l’agriculture familiale.

Domaines pour renforcer la contribution de l’agriculture à la nutrition

**L’augmentation de la pro­duc­ti­vi­té agri­cole amé­liore la nutri­tion. Mais il faut faire plus

Pour amé­lio­rer la nutri­tion et réduire les couts éco­no­miques et sociaux que la mal­nu­tri­tion impose à la socié­té, il est impor­tant de se pen­cher sur l’alimentation et l’agriculture. Selon la FAO (2012), en plus d’une fonc­tion tra­di­tion­nelle de pro­duc­tion des ali­ments et de géné­ra­tion de reve­nus, l’agriculture pour­rait aus­si aider de manière signi­fi­ca­tive à faire dis­pa­raitre la malnutrition.

La crois­sance de la pro­duc­ti­vi­té agri­cole contri­bue à amé­lio­rer la nutri­tion, mais il s’agit d’un pro­ces­sus lent et peut-être insuf­fi­sant pour réduire rapi­de­ment la mal­nu­tri­tion. Suivre le rythme de crois­sance de la pro­duc­ti­vi­té agri­cole sera cru­cial dans les pro­chaines décen­nies car la pro­duc­tion d’aliments de base devra aug­men­ter de 60 % pour répondre à la crois­sance pré­vue de la demande.

En dehors de la nour­ri­ture de base, les régimes ali­men­taires sains doivent être variés et conte­nir une com­bi­nai­son équi­li­brée et adé­quate de lipides, pro­téines et micro­nu­tri­ments. Les prio­ri­tés de recherche et déve­lop­pe­ment dans l’agriculture doivent s’orienter davan­tage vers la pro­duc­tion d’aliments plus nutri­tifs et pro­mou­voir la diver­si­fi­ca­tion de la pro­duc­tion des petits exploi­tants (fruits, légumes et petit bétail).

Les efforts pour accroitre la teneur en micro­nu­tri­ments par bio­for­ti­fi­ca­tion sont pro­met­teurs. La bio­for­ti­fi­ca­tion, qui consiste en l’amélioration des cultures pour en aug­men­ter la valeur nutri­tion­nelle comme la pro­duc­tion d’une pomme de terre à forte teneur en fer et en zinc dans la région andine où le défi­cit de ces élé­ments est une cause impor­tante de mal­nu­tri­tion chez les popu­la­tions pauvres. Au Pérou, les taux d’anémie dus à la carence en fer chez les enfants d’âge pré­sco­laire et les femmes enceintes sont de 50 % et 43 %, res­pec­ti­ve­ment. La bio­for­ti­fi­ca­tion devrait avoir un effet durable, car elle concerne des cultures déjà consom­mées de manière cou­rante dans les com­mu­nau­tés et qu’elle ren­dra plus nutri­tives. C’est aus­si une stra­té­gie effi­cace en termes de cout. Une fois les varié­tés riches en nutri­ments iden­ti­fiées et sélec­tion­nées, leurs frais de pro­mo­tion et la mul­ti­pli­ca­tion sont rela­ti­ve­ment faibles. Dans la région andine, le Centre inter­na­tio­nal de la pomme de terre (CIP) tra­vaille à l’amélioration de la qua­li­té nutri­tion­nelle de la pomme de terre en pro­fi­tant de la grande bio­di­ver­si­té exis­tante et de la consom­ma­tion impor­tante par les popu­la­tions andines de la région d’un grand nombre de varié­tés de pommes de terre tra­di­tion­nelles encore culti­vées. Le centre tra­vaille en par­ti­cu­lier à iden­ti­fier les pommes de terre indi­gènes à haute teneur en fer et zinc, et à sélec­tion­ner de nou­velles varié­tés plus riches de ces élé­ments pour pro­mou­voir leur consom­ma­tion en com­plé­ment d’autres ali­ments pro­duits à la ferme (pro­duc­tion hor­ti­cole ou du petit éle­vage) pour assu­rer la diver­si­té du régime ali­men­taire en par­ti­cu­lier des femmes enceintes et des enfants en bas âge. Le CIP par­ti­cipe aus­si à d’autres expé­riences posi­tives de pro­mo­tion de cultures de bio­for­ti­fi­ca­tion comme au Mozam­bique et en Ougan­da dans le cas de la patate douce à chair oran­gée qui contient des niveaux éle­vés de bêta-caro­tène per­met­tant de com­bler les carences en vita­mine A dont souffrent les enfants, cau­sant la céci­té. Fina­le­ment, il faut men­tion­ner que les inter­ven­tions agri­coles visant à amé­lio­rer la nutri­tion et la san­té sont géné­ra­le­ment plus effi­caces lorsqu’elles sont com­bi­nées avec la mise en œuvre de pro­grammes d’éducation nutri­tion­nelle et avec la pro­mo­tion d’une approche sen­sible au genre.

[**Le Centre inter­na­tio­nal de la pomme de terre*]
Le Centre inter­na­tio­nal de la pomme de terre (CIP) est un orga­nisme de recherche sans but lucra­tif basé à Lima, au Pérou, et pré­sent dans une ving­taine de bureaux à tra­vers le monde. Créé en 1971, le CIP est membre du CGIAR, un par­te­na­riat mon­dial de recherche agri­cole pour le déve­lop­pe­ment. Les cher­cheurs du CIP tra­vaillent sur la conser­va­tion, l’amélioration, la culture et l’aspect post-récolte des dif­fé­rentes varié­tés de pommes de terre, patates douces et autres racines et tuber­cules, dans une pers­pec­tive favo­rable au déve­lop­pe­ment durable et à l’équité de genre. Les divers pro­jets et pro­grammes du CIP ont pour objec­tif d’améliorer la sécu­ri­té ali­men­taire et de réduire la pau­vre­té des popu­la­tions les plus pauvres du monde.

Conclusions

Au cours des der­nières années, l’économie des pays d’Amérique latine a connu une crois­sance sou­te­nue, bien que fra­gi­li­sée par la crise ali­men­taire et les aléas cli­ma­tiques. Mais le défi de la faim et de la mal­nu­tri­tion reste posé, sur­tout pour les popu­la­tions les plus vul­né­rables vivant sou­vent en milieu rural.

Répondre aux causes de la mal­nu­tri­tion demande une approche mul­ti­sec­to­rielle qui inclut des inter­ven­tions com­plé­men­taires dans les sys­tèmes d’alimentation, de san­té et d’éducation, et ceci par­ti­cu­liè­re­ment au niveau ter­ri­to­rial. Il s’agit d’un défi majeur qui, mal­gré l’existence de poli­tiques d’intégration, ne se maté­ria­lise pas dans la réa­li­té. Le prin­ci­pal pro­blème est que les pro­grammes uti­li­sés pour pro­mou­voir la sécu­ri­té ali­men­taire sont trans­ver­saux vis-à-vis de l’organisation clas­sique des gou­ver­ne­ments. Pour faire face à ce pro­blème, les pays lati­no-amé­ri­cains adoptent des poli­tiques et des ins­tru­ments afin de répondre aux besoins de l’agriculture fami­liale liés à la sécu­ri­té ali­men­taire. Plu­sieurs pays ont pro­cé­dé à des restruc­tu­ra­tions ins­ti­tu­tion­nelles sur la base de modi­fi­ca­tions et de la créa­tion de nou­velles branches minis­té­rielles cher­chant à har­mo­ni­ser les poli­tiques de dif­fé­rents secteurs.

Les approches mul­ti­sec­to­rielles offrent de nom­breuses oppor­tu­ni­tés d’intervention dans des sys­tèmes pour amé­lio­rer la nutri­tion et le régime ali­men­taire des popu­la­tions. Elles sont soit direc­te­ment orien­tées vers l’amélioration de la pro­duc­tion, soit liées à des méca­nismes de pro­tec­tion sociale via des pro­grammes d’alimentation et d’assistance liés à la san­té, la nutri­tion et l’éducation.

La pro­duc­tion agri­cole et la pro­duc­ti­vi­té res­tent essen­tielles à une meilleure nutri­tion, mais les pro­grammes de recherche et de déve­lop­pe­ment doivent être davan­tage orien­tés vers les ques­tions de qua­li­té nutri­tion­nelle des ali­ments et de dura­bi­li­té des sys­tèmes de pro­duc­tion. Les inter­ven­tions dans ce domaine seront plus effi­caces si elles prennent en compte le rôle du genre et sont com­bi­nées à l’éducation nutri­tion­nelle. La crois­sance de la pro­duc­tion d’aliments dépen­dra en grande par­tie de l’innovation tech­no­lo­gique, qui demeure pour l’instant, comme nous l’avons vu, très faible dans la majo­ri­té des pays d’Amérique latine. Davan­tage d’investissements sont néces­saires dans l’agriculture, non seule­ment en matière de recherche agri­cole, mais aus­si pour mettre en place de nou­velles struc­tures ins­ti­tu­tion­nelles, inno­vantes, en lien avec des acti­vi­tés de recherche et de déve­lop­pe­ment ; en pro­mou­vant aus­si une par­ti­ci­pa­tion du sec­teur pri­vé plus active sur­tout dans le déve­lop­pe­ment de chaines de pro­duc­tion qui pro­curent des oppor­tu­ni­tés éco­no­miques pour les popu­la­tions rurales.

Pour ter­mi­ner et en sui­vant les recom­man­da­tions de la FAO (2012), le ren­for­ce­ment de l’agriculture fami­liale et les poli­tiques de sécu­ri­té ali­men­taire demandent de défi­nir et ren­for­cer les mesures déjà mises en place dans dif­fé­rents domaines. Tout d’abord, l’appui à la pro­duc­tion ciblant l’agriculture fami­liale et impli­quant un plus grand inves­tis­se­ment public et pri­vé. Deuxiè­me­ment, la valo­ri­sa­tion des mar­chés ali­men­taires locaux ain­si que des pro­duits tra­di­tion­nels tels que la pomme de terre, le hari­cot colo­ré des Andes, le qui­noa et le petit éle­vage. Cela per­met­tra d’élargir la base de l’alimentation de la popu­la­tion, d’améliorer son état nutri­tion­nel et de géné­rer de nou­veaux reve­nus pour la popu­la­tion rurale. Troi­siè­me­ment, la pro­mo­tion de lignes direc­trices pour une ali­men­ta­tion plus saine à tra­vers des pro­grammes d’éducation nutri­tion­nelle pour les enfants et les adultes dif­fu­sés dans une approche qui tient compte des ques­tions de genre.

On ne peut ain­si encou­ra­ger la crois­sance de l’agriculture mon­diale et amé­lio­rer les moyens de sub­sis­tance dans les zones rurales sans un enga­ge­ment public renou­ve­lé pour inves­tir davan­tage et à bon escient dans l’agriculture.

tra­duit de l’espagnol par Fran­çois Reman

Rubén Flores


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