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Le nazisme, un facteur d’intégration

Numéro 7 – 2018 - extrême droite intégration par Anathème

novembre 2018

Bien des rumeurs néga­tives courent, ces der­niers temps, au sujet des nazis, néos ou pas, et des fas­cistes. Coor­don­née par les gau­chistes, qu’aucune bas­sesse n’effraie, cette stig­ma­ti­sa­tion menace l’extrême droite d’un injuste dis­cré­dit. Certes, cer­tains se sont insur­gés et ont entre­pris de défendre ces gens dont l’enthousiasme a défendre nos valeurs est trop sou­vent mal perçu. […]

Billet d’humeur

Bien des rumeurs néga­tives courent, ces der­niers temps, au sujet des nazis, néos ou pas, et des fas­cistes. Coor­don­née par les gau­chistes, qu’aucune bas­sesse n’effraie, cette stig­ma­ti­sa­tion menace l’extrême droite d’un injuste discrédit.

Certes, cer­tains se sont insur­gés et ont entre­pris de défendre ces gens dont l’enthousiasme a défendre nos valeurs est trop sou­vent mal per­çu. C’est ain­si qu’il fut pro­po­sé de créer une sorte « d’appellation nazi contrô­lée » en inter­di­sant que ce qua­li­fi­ca­tif soit don­né à la légère à des per­sonnes qui ne le méri­te­raient pas. Au même titre que le bour­gogne ou la feta, le nazi ver­rait son pres­tige pré­ser­vé par sa rare­té et par les contrôles entou­rant l’attribution du label « natio­nal socialiste ».

L’initiative est louable, mais il est regret­table qu’elle mise tout sur la répres­sion, fai­sant l’impasse sur la péda­go­gie. Il me semble en effet pré­fé­rable de mettre l’accent sur des élé­ments posi­tifs, de mettre en lumière des ver­tus nazies ou fas­cistes. Bien enten­du, on a sou­vent loué la ponc­tua­li­té des trains du IIIe Reich ou la qua­li­té du revê­te­ment de ses auto­routes, on a don­né en exemple l’élégance des uni­formes des sol­dats du Duce, on a rele­vé la ponc­tua­li­té, la poli­tesse et l’organisation sans faille des troupes d’occupation alle­mandes durant la der­nière guerre. Mal­heu­reu­se­ment, ces valeurs sont sou­vent mécon­si­dé­rées par les jeunes géné­ra­tions et, par ailleurs, leur mise en avant risque de ravi­ver des cli­chés dont, jus­te­ment, ceux que nous enten­dons défendre conti­nuent de souffrir.

C’est pour­quoi il me semble néces­saire de mettre en lumière la moder­ni­té de l’extrême droite et sa forte impli­ca­tion dans la pro­mo­tion de valeurs contem­po­raines, comme la lutte contre les dis­cri­mi­na­tions et l’inclusion sociale.

Cette pro­po­si­tion vous étonne ? Elle est pour­tant soli­de­ment sou­te­nue par les faits. En effet, force est de recon­naitre que, sous des appa­rences cli­vantes, les fas­cistes et les nazis œuvrent à l’intégration de tous dans leurs mou­ve­ments. Loin d’être éli­tistes et de ne s’adresser qu’aux élites sociales et morales comme le font les bobos gau­chistes — y a‑t-il plus enclin au mépris de classe qu’un bobo gau­chiste ? — les forces de la droite décom­plexée acceptent les moins dotés.

Certes, leurs lea­deurs sont édu­qués, sou­vent nan­tis et issus des classes domi­nantes, mais voyez la bon­hom­mie avec laquelle ils fré­quentent un lum­pen-pro­lé­ta­riat aux dents gâtées et aux trai­nings dis­ten­dus. Oui, les chefs de Schild en Vrien­den por­taient des pulls en cache­mire sur leurs che­mises Cal­vin Klein, mais jamais on ne les vit refu­ser de ser­rer la main d’un skin tatoué ni d’un inci­vique dans le besoin. Oui, les cadres du mou­ve­ment sont alpha­bé­ti­sés, mais ils côtoient, dans une franche cama­ra­de­rie, des per­sonnes qui ne dépa­re­raient pas un hôpi­tal psy­chia­trique. Voyez la sol­li­ci­tude avec laquelle ils inculquent à des hordes d’exclus leurs slo­gans sur le Grand Rem­pla­ce­ment et la supé­rio­ri­té de l’homme blanc. Admi­rez leur patience lorsque leurs adhé­rents échouent pour la mil­lième fois à tra­cer une croix gam­mée pré­sen­table. Consi­dé­rez cet avo­cat qui aime à poser devant sa che­mi­née en marbre, mais sou­rit face à la col­lec­tion de déclas­sés d’une sec­tion hen­nuyère de son parti.

Il est grand temps de prendre conscience de ce que l’extrême droite met la poli­tique à la por­tée des plus dému­nis, notam­ment de ceux qui vivent dans une effrayante misère intel­lec­tuelle. Ces­sons de bro­car­der ces hommes qui vont au contact de la popu­la­tion, sans dégout, sans mépris, pour for­mer les hordes qui, demain, appor­te­ront à nou­veau ordre et sécu­ri­té à nos sociétés.

Certes, il faut le recon­naitre, la par­tie fran­co­phone de notre beau pays est quelque peu à la traine, mais la situa­tion n’est pas sans espoir. Déjà, les fas­cistes fla­mands, fidèles à leur tra­di­tion d’ouverture à l’indigence et à la médio­cri­té, prennent par la main les poli­tiques les moins brillants du Sud. Oui, une socié­té inclu­sive est possible.

Anathème


Auteur

Autrefois roi des rats, puis citoyen ordinaire du Bosquet Joyeux, Anathème s'est vite lassé de la campagne. Revenu à la ville, il pose aujourd'hui le regard lucide d'un monarque sans royaume sur un Royaume sans… enfin, sur le monde des hommes. Son expérience du pouvoir l'incite à la sympathie pour les dirigeants et les puissants, lesquels ont bien de la peine à maintenir un semblant d'ordre dans ce monde qui va à vau-l'eau.