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La Revue nouvelle et les relations communautaires

Numéro 3 – 2022 - questions communautaires par Michel Molitor

avril 2022

« La fédé­ra­li­sa­tion du pays n’est qu’une expres­sion d’un état de fait qui a éga­le­ment pro­vo­qué, à par­tir des lois lin­guis­tiques de 1963, l’apparition de par­tis com­mu­nau­taires fran­co­phones et, à par­tir de la polé­mique du trans­fert de l’université de Lou­vain en 1968, la divi­sion des par­tis natio­naux. La fédé­ra­li­sa­tion aura, semble-t-il, été lar­ge­ment pré­cé­dée par la consti­tu­tion d’espaces politiques […]

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« La fédé­ra­li­sa­tion du pays n’est qu’une expres­sion d’un état de fait qui a éga­le­ment pro­vo­qué, à par­tir des lois lin­guis­tiques de 1963, l’apparition de par­tis com­mu­nau­taires fran­co­phones et, à par­tir de la polé­mique du trans­fert de l’université de Lou­vain en 1968, la divi­sion des par­tis natio­naux. La fédé­ra­li­sa­tion aura, semble-t-il, été lar­ge­ment pré­cé­dée par la consti­tu­tion d’espaces poli­tiques sépa­rés. On ne peut désor­mais exclure que ces espaces engendrent des auto­no­mies dont les seuls tem­pé­ra­ments seraient la com­mune dépen­dance à l’égard de l’extérieur et — un jour, peut-être — la coexis­tence au sein d’un véri­table espace poli­tique euro­péen qui, par rap­port à une Bel­gique ouverte à tous les vents du large, offri­rait au moins l’avantage de pou­voir contrô­ler son destin. »

Gof­fart V., « Une Bel­gique défaite dans une Europe à faire »,
La Revue nou­velle, décembre 1978, p. 571.

Entre 1945 et aujourd’hui, l’État belge a connu des trans­for­ma­tions consi­dé­rables. Une modi­fi­ca­tion fon­da­men­tale, à l’instar de la plu­part des pays euro­péens, est son inté­gra­tion dans un espace poli­tique nou­veau, l’Union euro­péenne, assor­tie de consi­dé­rables trans­ferts de pouvoirs.

La Bel­gique a connu d’autres trans­for­ma­tions plus spé­ci­fiques, décou­lant de la réor­ga­ni­sa­tion des rela­tions entre les com­mu­nau­tés cultu­relles qui la com­posent. L’existence de ces com­mu­nau­tés n’avait pas été prise en compte lors de créa­tion de l’État belge en 1830. Elles vont néan­moins pro­gres­si­ve­ment émer­ger au cours de la période contem­po­raine et il fau­dra dès lors faire place à leurs dyna­miques, aux exi­gences qu’elles portent et à leurs tra­duc­tions institutionnelles.

Entre 1945, l’année de sa créa­tion, et aujourd’hui, La Revue nou­velle a don­né une place impor­tante à la dis­cus­sion des ques­tions com­mu­nau­taires, aux rela­tions entre les deux grandes com­mu­nau­tés cultu­relles de la Bel­gique. Avec le temps, cette ques­tion est deve­nue cen­trale dans l’évolution poli­tique du pays.

Nous publions dans ce numé­ro et les deux qui sui­vront, une série de trois articles retra­çant le fil de cette évolution.

Ce pre­mier article recons­ti­tue la manière dont la revue a ten­té de com­prendre les mou­ve­ments ou les sen­ti­ments qui ani­maient l’une et l’autre des com­mu­nau­tés entre 1945 et la fin des années 1950 sans qu’il soit ques­tion alors d’interroger les formes et les struc­tures de l’État.

Les années 1960 s’ouvrent sur trois crises sévères qui res­semblent fort à une crise de régime : la fin de la colo­ni­sa­tion en 1960, la diver­gence entre le rythme et la nature du déve­lop­pe­ment éco­no­mique du Nord et du Sud à l’origine de la reven­di­ca­tion wal­lonne de redres­se­ment éco­no­mique por­tée par les grèves de l’hiver 1960 – 1961, la radi­ca­li­sa­tion des exi­gences lin­guis­tiques de la Flandre.

Un deuxième article por­te­ra sur la manière dont la revue a trai­té ces remises en cause de l’État et cette période de la Bel­gique pos­tu­ni­taire qui se conclu­ra par l’échec, en 1978, d’un pacte poli­tique — le « pacte d’Egmont » — cen­sé garan­tir une for­mule de paci­fi­ca­tion com­mu­nau­taire répon­dant aux vœux des uns et des autres.

Un troi­sième article rap­por­te­ra les ana­lyses de la revue consa­crées à la manière dont le sys­tème poli­tique a accou­ché ensuite de for­mules ins­ti­tu­tion­nelles suc­ces­sives selon des scé­na­rios régu­liè­re­ment inache­vés, et leur mise en œuvre complexe.

Michel Molitor


Auteur

Sociologue. Michel Molitor est professeur émérite de l’UCLouvain. Il a été directeur de {La Revue nouvelle} de 1981 à 1993. Ses domaines d’enseignement et de recherches sont la sociologie des organisations, la sociologie des mouvements sociaux, les relations industrielles.