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La Revue nouvelle et les relations communautaires
« La fédéralisation du pays n’est qu’une expression d’un état de fait qui a également provoqué, à partir des lois linguistiques de 1963, l’apparition de partis communautaires francophones et, à partir de la polémique du transfert de l’université de Louvain en 1968, la division des partis nationaux. La fédéralisation aura, semble-t-il, été largement précédée par la constitution d’espaces politiques […]
« La fédéralisation du pays n’est qu’une expression d’un état de fait qui a également provoqué, à partir des lois linguistiques de 1963, l’apparition de partis communautaires francophones et, à partir de la polémique du transfert de l’université de Louvain en 1968, la division des partis nationaux. La fédéralisation aura, semble-t-il, été largement précédée par la constitution d’espaces politiques séparés. On ne peut désormais exclure que ces espaces engendrent des autonomies dont les seuls tempéraments seraient la commune dépendance à l’égard de l’extérieur et — un jour, peut-être — la coexistence au sein d’un véritable espace politique européen qui, par rapport à une Belgique ouverte à tous les vents du large, offrirait au moins l’avantage de pouvoir contrôler son destin. »
Goffart V., « Une Belgique défaite dans une Europe à faire »,
La Revue nouvelle, décembre 1978, p. 571.
Entre 1945 et aujourd’hui, l’État belge a connu des transformations considérables. Une modification fondamentale, à l’instar de la plupart des pays européens, est son intégration dans un espace politique nouveau, l’Union européenne, assortie de considérables transferts de pouvoirs.
La Belgique a connu d’autres transformations plus spécifiques, découlant de la réorganisation des relations entre les communautés culturelles qui la composent. L’existence de ces communautés n’avait pas été prise en compte lors de création de l’État belge en 1830. Elles vont néanmoins progressivement émerger au cours de la période contemporaine et il faudra dès lors faire place à leurs dynamiques, aux exigences qu’elles portent et à leurs traductions institutionnelles.
Entre 1945, l’année de sa création, et aujourd’hui, La Revue nouvelle a donné une place importante à la discussion des questions communautaires, aux relations entre les deux grandes communautés culturelles de la Belgique. Avec le temps, cette question est devenue centrale dans l’évolution politique du pays.
Nous publions dans ce numéro et les deux qui suivront, une série de trois articles retraçant le fil de cette évolution.
Ce premier article reconstitue la manière dont la revue a tenté de comprendre les mouvements ou les sentiments qui animaient l’une et l’autre des communautés entre 1945 et la fin des années 1950 sans qu’il soit question alors d’interroger les formes et les structures de l’État.
Les années 1960 s’ouvrent sur trois crises sévères qui ressemblent fort à une crise de régime : la fin de la colonisation en 1960, la divergence entre le rythme et la nature du développement économique du Nord et du Sud à l’origine de la revendication wallonne de redressement économique portée par les grèves de l’hiver 1960 – 1961, la radicalisation des exigences linguistiques de la Flandre.
Un deuxième article portera sur la manière dont la revue a traité ces remises en cause de l’État et cette période de la Belgique postunitaire qui se conclura par l’échec, en 1978, d’un pacte politique — le « pacte d’Egmont » — censé garantir une formule de pacification communautaire répondant aux vœux des uns et des autres.
Un troisième article rapportera les analyses de la revue consacrées à la manière dont le système politique a accouché ensuite de formules institutionnelles successives selon des scénarios régulièrement inachevés, et leur mise en œuvre complexe.