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La Revue nouvelle et le rassemblement des progressistes

Numéro 1 – 2021 - partis politiques politique progressiste rassemblement RevueNouvelle par Michel Molitor

février 2021

Tout au long de cette année 2021, nous publie­rons des textes qui plongent dans les archives de La Revue nou­velle pour déga­ger des ana­lyses de l’évolution des thé­ma­tiques trai­tées dans nos colonnes et, au tra­vers de ce prisme, de l’évolution de notre socié­té. Pour inau­gu­rer cette rubrique qu’il coor­donne, Michel Moli­tor pro­pose une mise en pers­pec­tive du thème du tra­vaillisme ou du ras­sem­ble­ment des pro­gres­sistes au fil du temps. Au tra­vers de son texte, c’est la pos­si­bi­li­té même d’un tel ras­sem­ble­ment qui finit par se poser : quelles conver­gences, pour quels buts et sur quels objets ?

À VG

Article

Le thème du tra­vaillisme ou du ras­sem­ble­ment des pro­gres­sistes a été une constante de l’analyse ou des posi­tions poli­tiques de La Revue nou­velle au cours du temps. Ce choix pren­dra des formes diverses, depuis la recherche de la pos­si­bi­li­té de créa­tion d’un par­ti tra­vailliste à l’instar du Labor bri­tan­nique jusqu’à la recherche de coa­li­tions gou­ver­ne­men­tales qui puissent se construire autour d’un pro­gramme de progrès.

Si la période de la guerre a été l’occasion de réflexions et de contacts autour de l’idée de redé­fi­ni­tion de la scène poli­tique, assez rapi­de­ment les for­ma­tions poli­tiques tra­di­tion­nelles se recons­ti­tuent sous de nou­veaux vête­ments. En revoyant pro­fon­dé­ment ses struc­tures internes, en 1945 le Bloc catho­lique se trans­forme en Par­ti social chré­tien (PSC), très lar­ge­ment majo­ri­taire en Flandre, mais bien implan­té en Wal­lo­nie. Il asso­cie deux ten­dances qui n’ont pas d’expression ins­ti­tu­tion­nelle : une branche conser­va­trice et ce qu’on appel­le­ra la démo­cra­tie chré­tienne, plus proche des orga­ni­sa­tions sociales et sen­sible à une forme de démo­cra­tie éco­no­mique et sociale. Le par­ti ouvrier belge (POB) est deve­nu le Par­ti socia­liste belge (PSB). Le PSB adopte une réforme struc­tu­relle impor­tante ; doré­na­vant l’adhésion y est indi­vi­duelle et ne tran­site plus comme aupa­ra­vant par des struc­tures voi­sines telles la mutua­li­té ou l’organisation syn­di­cale. Il affirme une orien­ta­tion sociale-démo­crate et est confron­té, sur sa gauche, à la concur­rence poli­tique du Par­ti com­mu­niste, vigou­reuse à l’époque1. Le par­ti libé­ral est le troi­sième par­ti à ambi­tion natio­nale qui émerge de la guerre. Bien implan­té à Bruxelles, il affiche des options ouver­te­ment conser­va­trices. PSB et PL se carac­té­risent en outre, à l’époque, par un anti­clé­ri­ca­lisme net­te­ment affir­mé. À l’époque, le monde asso­cia­tif chré­tien (on ne l’appelle pas encore ain­si) est puis­sant, à tra­vers le sys­tème sco­laire qui consti­tue, sur le ter­rain, une concur­rence impor­tante avec l’enseignement orga­ni­sé par l’État. Il est aus­si fort pré­sent dans les réseaux hos­pi­ta­liers, mutuel­listes ou coopératifs.

Comme par­tout en Europe, l’expérience de la guerre a été dou­lou­reuse2. La guerre a été l’expérience ultime d’une socié­té confron­tée à sa des­truc­tion, mais aus­si l’occasion de recom­po­si­tions. En Bel­gique, les espé­rances de renou­vè­le­ment pro­fond se heur­te­ront à la pesan­teur des struc­tures acquises qui se réno­ve­ront en sur­face sans chan­ge­ment pro­fond. Mar­tin Conway écrit : « Le résul­tat de tous ces évè­ne­ments a été le réta­blis­se­ment d’une ver­sion lar­ge­ment réfor­mée du sta­tu­quo d’avant guerre3 ». Les nou­veaux rap­ports de force qui mar­que­ront le monde et sin­gu­liè­re­ment l’Europe (la guerre froide et le contrôle sovié­tique de la moi­tié de l’Europe) auront des effets de gla­cia­tion poli­tique et brouille­ront les repères idéo­lo­giques4. Le monde catho­lique, quant à lui, sort fort mar­qué par l’expérience de la guerre qui a vu se construire des soli­da­ri­tés ori­gi­nales, mais l’appareil de l’Église est tou­jours figé dans un ver­ti­ca­lisme rigide et il fau­dra attendre le Concile de Vati­can II (1962 – 1965) pour que les forces de renou­vè­le­ment engagent des chan­ge­ments timides.

Le contexte politique 1945 – 1950

Sur la scène poli­tique belge, les années qui vont de la fin de la guerre à 1950 sont mar­quées par des conflits divers. Si la « Ques­tion royale » est le cata­ly­seur des plus grandes oppo­si­tions, d’autres occa­sions de ten­sions poli­tiques existent : le trai­te­ment de la Résis­tance et de son désar­me­ment, la ges­tion des séquelles de la guerre, le ravi­taille­ment et l’énergie, la relance de l’économie et l’austérité. Les for­mules gou­ver­ne­men­tales se suc­cèdent, alliant dans d’éphémères coa­li­tions les adver­saires d’hier5. Pen­dant ces années, le monde poli­tique s’avère inca­pable de mettre en œuvre un pro­gramme nova­teur. La recons­ti­tu­tion des capa­ci­tés éner­gé­tiques se fait indé­pen­dam­ment de tout débat réel sur le contrôle de l’énergie ; il en va de même du cré­dit, des finances et de la fis­ca­li­té. Les débats sur le temps de tra­vail sont encore à venir. Les seules réformes impor­tantes concernent la mise au point d’un sys­tème de sécu­ri­té sociale qui se construit. Il est vrai qu’il avait été conçu et dis­cu­té par les « inter­lo­cu­teurs sociaux », patro­nat et orga­ni­sa­tions de tra­vailleurs pen­dant la guerre. La conclu­sion de la Ques­tion royale — abdi­ca­tion de Léo­pold III et arri­vée de Beau­douin au terme d’un pro­ces­sus d’affrontements vio­lents — clô­tu­re­ra cette période d’instabilité et un gou­ver­ne­ment social-chré­tien homo­gène assu­re­ra la direc­tion des affaires de 1950 à 19546. Il sera sui­vi entre 1954 et 1958 d’une coa­li­tion dite « des gauches », alliant méca­ni­que­ment PSB et Par­ti libé­ral dans une coa­li­tion pleine de contra­dic­tion dont l’unité se fait sur l’opposition au PSC et à ses réa­li­sa­tions en matière sco­laire. Cette poli­tique sera sanc­tion­née en 1958 lorsque le PSC retrou­ve­ra une majo­ri­té abso­lue au Sénat et pra­ti­que­ment abso­lue à la Chambre (il béné­fi­cie­ra de l’appui de deux voix libé­rales fla­mandes) et qu’une paci­fi­ca­tion poli­tique sera réa­li­sée par la conclu­sion d’un accord, « le pacte sco­laire ». Cette paci­fi­ca­tion de la scène poli­tique sera de courte durée. Avec le début des années 1960 se pro­fi­le­ront les affron­te­ments qui oppo­se­ront jusqu’à la fin du siècle les deux grandes com­mu­nau­tés lin­guis­tiques ; la Flandre estime qu’elle ne peut se déve­lop­per dans le cadre de l’État belge uni­taire et la Wal­lo­nie découvre sa posi­tion mino­ri­taire et le déclin de son économie.

Les tentatives de l’après-guerre

Ces péri­pé­ties ont don­né peu d’occasions aux par­tis poli­tiques de se repen­ser. En décembre 1969, à l’occasion du vingt-cin­quième anni­ver­saire de la revue, Vincent Gof­fart recons­ti­tue les ana­lyses de cette pre­mière période et leurs évo­lu­tions7.

Entre 1945 et la fin des années 1960, La Revue nou­velle abor­de­ra la ques­tion du ras­sem­ble­ment des pro­gres­sistes de diverses manières : dia­logue entre socia­listes et chré­tiens, la pos­si­bi­li­té d’un par­ti tra­vailliste, les coa­li­tions gou­ver­ne­men­tales. En effet, pen­dant les années qui suivent la fin de la guerre, La Revue nou­velle s’interroge sur les condi­tions d’une poli­tique tra­vailliste et sur les pos­si­bi­li­tés d’un par­ti qui incarne cette option. En sep­tembre 1945, Phi­lippe Meu­nier regrette que le par­ti socia­liste n’ait pas ouvert « les voies à une entente sin­cère et loyale avec les forces pro­gres­sistes du pays […]». « Le par­ti socia­liste aurait pu […] deve­nir l’aile mar­chande d’un vaste ras­sem­ble­ment tra­vailliste à la manière anglaise où toutes les forces vives et jeunes du pays auraient pu se faire repré­sen­ter et se réunir en s’opposant à la fois à l’extrémisme com­mu­niste et aux diverses nuances d’une réac­tion sociale, depuis le simple conser­va­tisme jusqu’à cer­taines ten­dances fas­cistes mal étouf­fées8. »

Pen­dant la guerre, dans les milieux autour du gou­ver­ne­ment de Londres notam­ment, des démo­crates chré­tiens fran­co­phones et cer­tains socia­listes avaient envi­sa­gé la créa­tion d’un par­ti tra­vailliste nou­veau. En 1945, ils crée­ront l’Union démo­cra­tique belge (UDB) qui avait l’ambition expli­cite d’être l’amorce de ce par­ti nou­veau. L’UDB est concur­rente du PSC récem­ment (re)créé. La Revue nou­velle est par­ta­gée, elle compte des udé­bistes et des par­ti­sans du PSC. Elle écrit : « Les faits véri­fie­ront. Ils se char­ge­ront de mon­trer si l’UDB est le noyau du grand ras­sem­ble­ment tra­vailliste ou de “centre gauche” qu’elle vou­drait réa­li­ser. Ils prou­ve­ront si le Par­ti social chré­tien n’est pas un simple “reta­page” du vieux par­ti catho­lique et s’il tra­duit une volon­té sin­cère et effi­cace de “décon­fes­sion­na­li­sa­tion et de renou­veau”9 » . Et la revue de se féli­ci­ter que les catho­liques puissent choi­sir entre deux par­tis, « Nous consi­dé­rons la pos­si­bi­li­té de cette option comme une chance pour les catho­liques. Il nous parait utile et heu­reux qu’ils puissent avoir le choix et qu’ils ne soient pas for­cés de s’inféoder en bloc à une for­ma­tion unique ». La pos­si­bi­li­té de choix est une chance « parce qu’elle est l’indice for­mel de la néces­saire décon­fes­sion­na­li­sa­tion de notre vie poli­tique » (id.)

Signe des temps, le car­di­nal Van Roey, pri­mat de Bel­gique, cri­tique cette vision des choses. La revue accuse le coup. À la veille des élec­tions de février 1946, elle publie­ra deux articles pré­sen­tant les posi­tions de l’un et l’autre par­ti. Le pro­jet du PSC est défen­du en jan­vier 1946 par E. de la Val­lée-Pous­sin, celui de l’UDB en février 1946 par le Dr E. de Greef.

Les élec­tions de février 1946 marquent l’échec de l’UDB qui obtien­dra 2,2% des voix à la Chambre10. Le pro­jet de par­ti tra­vailliste n’aura été appré­cié que par une frac­tion de l’électorat démo­crate chré­tien et le par­ti socia­liste refu­se­ra de perdre son iden­ti­té dans un ras­sem­ble­ment qui ne lui assu­re­rait pas un indé­niable lea­deur­ship. Il semble clair, en outre, que la pré­fé­rence mar­quée par l’UDB pour une abdi­ca­tion de Léo­pold III ait éloi­gné de ce nou­veau par­ti une par­tie des élec­teurs catho­lique qui, d’une autre manière, auraient pu le rejoindre.

Phi­lippe Meu­nier écrit « Par­mi les causes de l’échec élec­to­ral de l’Union démo­cra­tique belge j’en relève une qui est à son hon­neur. Ses diri­geants se sont fait des pos­si­bi­li­tés de la vie poli­tique en Bel­gique une concep­tion cal­quée sur le modèle d’une démo­cra­tie par­faite : celle d’un regrou­pe­ment poli­tique à la manière anglo-saxonne. Inten­tion louable et méri­toire. Elle pro­cé­dait du désir d’assainir notre atmo­sphère poli­tique. Mais les faits viennent de prou­ver que nous ne sommes pas mûrs pour cette for­mule. Le serons-nous jamais ? […]» Et d’affirmer « Le salut poli­tique de l’Europe occi­den­tale ne peut pro­ve­nir que d’un rap­pro­che­ment entre socia­listes et chré­tiens11 » . Il y a là l’amorce d’une constante dans les choix poli­tiques de la revue : la pré­fé­rence d’une forme de bipar­tisme qui cla­ri­fie­rait la vie politique.

Il n’empêche, si en 1945, le PSB est sourd à l’idée de consti­tuer un ras­sem­ble­ment tra­vailliste, la revue entre­tient les meilleurs rap­ports avec une autre revue, Les cahiers socia­listes, ani­mée par des hommes comme Ray­mond Rif­flet et Georges Gorie­ly, chez qui elle trouve l’écho de ses propres pré­oc­cu­pa­tions. La revue main­tien­dra le contact avec eux jusqu’au moment où les Cahiers devront se sabor­der sur l’ordre du pré­sident du PSB qui les trai­tait d’intel­lec­tuels, de doc­tri­naires, de trots­kistes, et d’uto­pistes12.

Dans l’immédiat, pour ce qui est des choix poli­tiques, l’échec de l’UDB et la fer­me­ture anti­clé­ri­cale du PSB indiquent que pour les chré­tiens, le PSC reste le seul choix pos­sible. Mais Phi­lippe Meu­nier craint fort cette limi­ta­tion : « Ce que je redoute […] c’est que l’unité néces­saire au sein du PSC ne serve de pré­texte “à la mise en boite” par une mino­ri­té conser­va­trice et “réac­tion­naire” de ce qui est l’essentiel : les prin­cipes d’action poli­tique et sociale qui forment le pro­gramme du par­ti […] Les masses ouvrières ont été et res­tent le levier de la révo­lu­tion sociale néces­saire qui est en marche et qui se fera contre les chré­tiens si elle ne s’accomplit pas avec eux […]». Il sou­ligne l’importance de la décon­fes­sion­na­li­sa­tion et la néces­si­té de mener « Une action poli­tique qui s’affirme comme anti­ca­pi­ta­liste, anti­li­bé­rale, anti­éta­tique13 ».

La conclu­sion de la recherche d’un renou­veau tra­vailliste au len­de­main de la guerre est four­nie par Jean Fos­ty qui écri­vait en décembre 1949 : « le tra­vail de refonte du socia­lisme fut assez actif et fécond durant la guerre. Le sys­tème de sécu­ri­té sociale est né du pacte du même nom. Dans les mêmes milieux on pour­sui­vait le rêve d’un Par­ti du tra­vail. Mais celui-ci ne fut pas suf­fi­sam­ment muri ni étu­dié. Quand naquit l’UDB, l’emprise du par­ti (socia­liste, ndlr), le sou­ci d’unité tel que le conçoit M. Buset (pré­sident du PSB, ndlr) l’emportèrent sur le rêve. C’est ce qui per­mit au pré­sident du PSB de décla­rer le 6 novembre der­nier que l’idée d’un Par­ti du tra­vail appar­te­nait au pas­sé14 ».

Les coalitions sociales chrétiennes socialistes

À défaut du par­ti tra­vailliste qui avait ses pré­fé­rences, la revue sou­tient les coa­li­tions gou­ver­ne­men­tales asso­ciant PSC et PSB. C’est un choix rai­son­né. Comme le sou­ligne Régi­nald Heme­leers en décembre 1948 (Chro­nique poli­tique): « L’indispensable gou­ver­ne­ment social-chré­tien-socia­liste ne sera pas de taille à réa­li­ser des réformes de struc­tures, ni à mener une poli­tique de gran­deur. Mais il est aujourd’hui le seul à pou­voir liqui­der les pro­blèmes de la guerre. Et cette ren­contre loyale devant une œuvre à accom­plir en com­mun per­met­trait d’espérer pour demain des regrou­pe­ments plus réels et plus pro­fonds15 ».

En jan­vier 1955, après la consti­tu­tion du gou­ver­ne­ment asso­ciant PSB et Par­ti libé­ral, la revue s’interroge : quel est le vrai socia­lisme « Celui de l’équipe Van Acker… pré­oc­cu­pée de satis­faire les appé­tits élec­to­ra­listes et de faire de l’anticléricalisme. Ou celui de l’équipe de M. Renard qui s’attaque réso­lu­ment aux pro­blèmes de l’heure dont la solu­tion com­mande le pro­grès social16 ? » . Après l’épisode d’une coa­li­tion sociale chré­tienne libé­rale qui aura à gérer la déco­lo­ni­sa­tion (été 1960) et subi­ra le choc des grandes grèves de l’hiver 1960 – 1961, la revue sou­tien­dra la consti­tu­tion d’une coa­li­tion « tra­vailliste », le gou­ver­ne­ment Lefèvre-Spaak. Ch. Pier­re­fils écrit en mars 1961 : « Le seul gou­ver­ne­ment éven­tuel­le­ment capable de répondre aux pro­blèmes de l’heure doit repo­ser sur une alliance entre le PSC et le Par­ti socialiste. »

Mal­gré l’échec élec­to­ral de la coa­li­tion Lefèvre-Spaak (PSC-PSB) et la très forte pro­gres­sion du PLP17, en 1965, Pierre Har­mel (PSC) ten­te­ra de consti­tuer un gou­ver­ne­ment asso­ciant les mêmes par­tis, PSB et PSC. Tren­ca­vel (la nou­velle équipe poli­tique de la revue) écrit que « la nou­velle coa­li­tion ne serait peut-être pas la meilleure des for­mules, mais à coup sûr la moins mau­vaise » (« La vie poli­tique », juillet 1965).

À la recherche du rassemblement (perdu) des progressistes

Dans les années qui suivent, la Bel­gique est mar­quée par une ten­sion poli­tique qui s’avère de plus en plus déter­mi­nante : les rap­ports entre les deux grandes com­mu­nau­tés lin­guis­tiques. Cette ten­sion qui a long­temps pris le visage d’une que­relle au sujet de la langue prend rapi­de­ment un autre visage : la concur­rence pour le lea­deur­ship poli­tique et sur­tout la recherche des moyens du déve­lop­pe­ment au Nord, en forte expan­sion et au Sud en plein déclin. Dans ce contexte, la ques­tion du ras­sem­ble­ment des pro­gres­sistes prend des visages variés.

En décembre 1966, la revue publie un numé­ro spé­cial, « La Bel­gique en crise », qui eut un reten­tis­se­ment sen­sible. Deux thèmes sont lon­gue­ment dis­cu­tés : les ques­tions com­mu­nau­taires dont la revue pense qu’elles consti­tue­ront l’axe cen­tral des ten­sions à venir et le ras­sem­ble­ment des pro­gres­sistes (« réfor­ma­teurs » dans le lan­gage uti­li­sé alors). Sur ce point, Vincent Gof­fart sou­ligne que les idées défen­dues dans ce numé­ro sont fort proches de celles de la revue des années 1945 – 1946. « Deux articles suc­ces­sifs (“La crise des par­tis” et “Regrou­per les réfor­ma­teurs”), tout en répé­tant les objec­tions que sou­le­vait une cer­taine pra­tique socia­liste, se livraient à une sévère cri­tique idéo­lo­gique du PSC, fon­dé sur un concept de défense de la foi et des ins­ti­tu­tions chré­tiennes, expli­cable his­to­ri­que­ment mais aujourd’hui dépas­sé. […] La notion de bien com­mun est jugée à la fois essen­tielle et floue. Il parait dan­ge­reux de s’en don­ner pour le repré­sen­tant qua­li­fié, elle sert de jus­ti­fi­ca­tion à des com­pro­mis sans pers­pec­tives qui ne sont pos­sibles que parce qu’on se refuse à toute remise en cause glo­bale des fon­de­ments de notre sys­tème éco­no­mique et social. […] Selon l’équipe poli­tique de la revue, le regrou­pe­ment des réfor­ma­teurs socia­listes et chré­tiens est néces­saire en ce qu’il se fonde sur une ten­sion sociale réelle (celle qui oppose conser­va­teurs et pro­gres­sistes). […] Par­mi les condi­tions de suc­cès d’un tel regrou­pe­ment, Tren­ca­vel insiste par­ti­cu­liè­re­ment sur le fait que le regrou­pe­ment ne doit pas mener à un affa­dis­se­ment réci­proque, qu’il doit assu­rer en son sein une large liber­té d’expression et de ten­dances, qu’il doit enfin être pré­pa­ré par des dis­cus­sions loyales entre des par­te­naires appe­lés à se retrou­ver18. »

Deux ans plus tard, la revue revient sur le sujet en esti­mant qu’avant de pen­ser regrou­pe­ment poli­tique (« À gauche, le regrou­pe­ment poli­tique n’est guère avan­cé : la longue his­toire du mou­ve­ment ouvrier est mar­quée par la divi­sion entre socia­listes et chré­tiens »), il faut pen­ser pro­gramme19. « Pour débou­cher enfin sur la créa­tion d’un nou­veau par­ti […] il est indis­pen­sable de défi­nir un nou­veau pro­gramme de gauche, un pro­gramme qui se centre à la fois sur la démo­cra­tie et l’efficacité […] La démo­cra­tie com­mence à la base : par l’autogestion des entre­prises, des écoles, des quar­tiers… C’est au niveau de la com­mu­nau­té wal­lonne que ce pro­gramme poli­tique doit être éla­bo­ré […] Il n’y a là aucune atti­tude anti­fla­mande : sim­ple­ment la recon­nais­sance d’une réa­li­té20. »

Le 1er mai 1969, Leo Col­lard, le pré­sident du PS, lance un appel solen­nel au ras­sem­ble­ment des pro­gres­sistes. La revue accueille posi­ti­ve­ment cet appel, mais « demande à Leo Col­lard d’aller jusqu’au bout de sa démarche. Des ques­tions sont posées en matière de rap­ports com­mu­nau­taires et de plu­ra­lisme (non seule­ment du point de vue de l’enseignement, mais encore à l’égard de l’organisation d’un mou­ve­ment qui doit ména­ger en son sein la plus grande liber­té d’expression). […] La conver­gence exige des remises en cause d’ailleurs réci­proques… nom­breux sont les “chré­tiens de gauche” qui ne craignent rien tant qu’un “socia­lisme moderne” qui ne serait qu’un vague néo­li­bé­ra­lisme21 ».

Il s’avéra rapi­de­ment que cet appel s’accompagnait du refus de remettre en ques­tion les struc­tures du PSB. Autre­ment dit, le « ras­sem­ble­ment » était une invi­ta­tion à rejoindre, indi­vi­duel­le­ment le par­ti, sans le modi­fier à par­tir de l’apport ori­gi­nal de ceux qu’il invi­tait à le rejoindre. Une expli­ca­tion à cette pru­dence, qui inter­di­sait toute forme de réno­va­tion, est à trou­ver dans la crainte des diri­geants du PS de voir se consti­tuer au sein du par­ti des « ten­dances » qui mine­raient leur auto­ri­té. En 1964, un congrès du PSB avait répri­mé tout à la fois son aile gauche en décré­tant l’incompatibilité entre la qua­li­té de membre du PSB et la col­la­bo­ra­tion aux jour­naux La Gauche et Links et la par­ti­ci­pa­tion aux organes de direc­tion du Mou­ve­ment popu­laire wal­lon (MPW) issu des grandes grèves de l’hiver 1960 – 1961 et fort actif dans les rangs de la FGTB22. Si lors de son congrès de décembre 1969, le PSB relaie l’appel de son pré­sident, la revue constate néan­moins qu’il enre­gistre peu d’échos. En jan­vier 1970, devant ce qu’elle consi­dère comme un blo­cage de la vie poli­tique, elle estime qu’il faut envi­sa­ger ensemble les deux hypo­thèses de restruc­tu­ra­tion de la vie poli­tique et de recom­po­si­tion des rela­tions com­mu­nau­taires qui se sont ten­dues depuis deux ans. Une amorce de solu­tion pour­rait être trou­vée dans des « Ren­contres pro­gres­sistes » orga­ni­sées dans cha­cune des com­mu­nau­tés. « Elles auraient pour objet d’aborder toutes les ques­tions poli­tiques, y com­pris les ques­tions com­mu­nau­taires. Dans un second temps, ces confé­rences pour­raient se mettre à dis­cu­ter ensemble et for­mu­ler les termes d’un accord23. »

La Revue nou­velle ten­te­ra l’expérience par la par­ti­ci­pa­tion de plu­sieurs de ses membres aux tra­vaux du « groupe Bas­tin-Yer­na » qui asso­ciait des socia­listes et des démo­crates chré­tiens autour de la mise au point d’un pro­jet concret de ras­sem­ble­ment des pro­gres­sistes. Le groupe BY publie en 1971 un ouvrage consa­cré à un pro­gramme poli­tique com­plet et des pro­po­si­tions d’action24. Dans les conclu­sions de l’ouvrage, les auteurs constatent que « L’orientation, actuel­le­ment majo­ri­taire au sein du PSB wal­lon n’est pas favo­rable au ras­sem­ble­ment des pro­gres­sistes. […] En rédui­sant le ras­sem­ble­ment des pro­gres­sistes à la pêche à la ligne des démo­crates chré­tiens, il refuse une réa­li­té que viennent de confir­mer encore les élec­tions syn­di­cales, à savoir qu’il ne peut exis­ter qu’une seule majo­ri­té popu­laire en Wal­lo­nie, celle qui réuni­rait les tra­vailleurs chré­tiens au com­bat socia­liste, sans que ces tra­vailleurs doivent quit­ter leurs orga­ni­sa­tions syn­di­cales et sociales. » Des coa­li­tions poli­tiques asso­ciant PSB wal­lon et démo­cra­tie chré­tienne pour­raient être des étapes utiles, mais il faut pen­ser plus loin et pen­ser à une « Union orga­nique […] dif­fé­rente de la for­mule tra­di­tion­nelle des par­tis poli­tiques. Elle sera dif­fi­cile à construire, mais il faut que l’on com­prenne qu’un tel objec­tif est désirable ».

Sur la scène poli­tique, des ten­ta­tives sont néan­moins entre­prises. La revue ana­lyse en octobre 1972 les ten­ta­tives de dia­logues des jeunes sociaux-chré­tiens et des jeunes socia­listes en Flandre et la consti­tu­tion d’une nou­velle équipe d’animation de la revue De Nieuwe Maand qui le maté­ria­lise pour regret­ter que le CVP contre ces ini­tia­tives et tente de refaire son uni­té en jouant sur la ten­sion chrétiens/libres pen­seurs. Comme en écho, en Wal­lo­nie, « l’appel de Leo Col­lard n’a guère été pris en consi­dé­ra­tion dans la stra­té­gie du par­ti qui se contente de jouir de sa situa­tion domi­nante et de parer coup par coup aux pro­blèmes éco­no­miques et sociaux qui se posent dans la région25 ».

Ces années voient aus­si l’apparition de diverses formes de contes­ta­tions poli­tiques et cultu­relles (notam­ment le déve­lop­pe­ment de diverses formes « d’ultragauches ») exté­rieures aux orga­ni­sa­tions poli­tiques ou syn­di­cales. Dans l’étude qu’il consacre à ce thème, Jean-Marie Chau­vier estime que l’accueil de ces dyna­miques par les orga­ni­sa­tions tra­di­tion­nelles serait une clé de leur renou­vè­le­ment. Et la revue de s’interroger sur la contri­bu­tion de ces mou­ve­ments à une nou­velle défi­ni­tion du ras­sem­ble­ment des pro­gres­sistes26.

Déçus par les fer­me­tures du PSB, non­obs­tant l’appel de son pré­sident, des chré­tiens pro­gres­sistes, plus ou moins proches de struc­tures comme le Mou­ve­ment ouvrier chré­tien (MOC) explo­rèrent diverses voies : l’investissement dans des for­ma­tions poli­tiques régio­nales, des actions en front com­mun syn­di­cal ou des ini­tia­tives locales telles l’Union démo­cra­tique et pro­gres­siste (UDP) à Mons. L’UDP a ras­sem­blé en 1971, des mili­tants de divers hori­zons de la gauche à l’occasion des élec­tions com­mu­nales à Mons avec un cer­tain suc­cès puisque leur liste obtien­dra 28% des voix, mais cette ini­tia­tive fera long feu et ne sera pas repro­duite ailleurs. Le Ras­sem­ble­ment wal­lon (RW) ou, dans une moindre mesure, le FDF à Bruxelles, accueillirent éga­le­ment des mili­tants issus de milieux chré­tiens, mais il s’avéra assez vite que ces par­tis ne consti­tue­raient pas les pla­te­formes sus­cep­tibles de por­ter des pro­jets de ras­sem­ble­ment des pro­gres­sistes. Marc Dele­pe­leire prend acte de ces échecs en met­tant en cause les orga­ni­sa­tions tra­di­tion­nelles du mou­ve­ment ouvrier : « Si l’heure du ras­sem­ble­ment des pro­gres­sistes n’a pas encore son­né, celle de l’examen de conscience des syn­di­cats, de leur manière d’agir et de leurs objec­tifs, elle, ne devait pas tar­der27 ». Il n’empêche que divers débats se déve­loppent, aux marges des par­tis tra­di­tion­nels. Faut-il don­ner la prio­ri­té au fédé­ra­lisme ou au ras­sem­ble­ment des pro­gres­sistes ? Pour Tren­ca­vel, « Choi­sir de réa­li­ser le fédé­ra­lisme avant le socia­lisme implique une alliance avec des groupes fédé­ra­listes ou régio­na­listes quelles que soient leurs orien­ta­tions quant à la démo­cra­ti­sa­tion de la socié­té. Ce type d’alliance, poli­ti­que­ment dou­teuse et pro­ba­ble­ment inef­fi­cace, doit être reje­tée. » Autre­ment dit, ce serait lais­ser la voie ouverte à un socia­lisme ges­tion­naire pra­ti­quant des stra­té­gies d’occupation du ter­rain. Par contre, il vaut mieux s’assurer préa­la­ble­ment « de la consti­tu­tion d’une réelle force poli­tique pro­gres­siste en Wal­lo­nie28 ».

L’année sui­vante, en mai 1976, à l’initiative de quatre revues, Les Cahiers mar­xistes, le Bul­le­tin de la Fon­da­tion André Renard, Socia­lisme et La Revue nou­velle, un col­loque réunit à Namur des mili­tants et diverses per­son­na­li­tés du monde poli­tique et syn­di­cal autour du thème « la Wal­lo­nie et la crise, un défi pour la gauche ». Les dis­cus­sions ont mis en évi­dence la néces­si­té d’une vision de la gauche qui se démarque à la fois des incan­ta­tions du pas­sé et des emprunts mal dégui­sés aux for­mules de la droite. Autant qu’un effort de conver­sion des appa­reils, une vision com­mune aux « pro­gres­sistes » implique un pro­fond renou­vè­le­ment de leur pen­sée29. Le contraste est fort avec un col­loque, interne au PSB, tenu en octobre 1980 sur la pré­sence de chré­tiens au par­ti socia­liste. La revue note que s’il y a au PSB des gens dis­po­sés à ces ouver­tures, nom­breux sont ceux qui éprouvent le besoin de faire état des pré­ven­tions his­to­riques ou autres pour jus­ti­fier leurs résis­tances à toute ouver­ture. Les contacts « au som­met » entre diri­geants poli­tiques et/ou d’organisations sociales n’ont jamais été autre chose que « d’aimables rela­tions per­son­nelles plus ou moins gas­tro­no­miques ». « L’éternel cou­plet sur les orga­ni­sa­tions chré­tiennes res­pon­sables de la divi­sion des tra­vailleurs ne sert […] qu’à légi­ti­mer le PSC et sa démo­cra­tie chré­tienne ». « Ras­sem­bler les pro­gres­sistes est effec­ti­ve­ment le défi, mais un défi pra­tique […] sur un pro­gramme concret, et non un défi phi­lo­so­phique visant à récon­ci­lier les vété­rans de la laï­ci­té et les vété­rans de l’action catho­lique ouvrière, si émou­vants soient leurs sou­ve­nirs de tran­chées, si légi­times soient leurs médailles gagnées au feu, si néces­saires soit encore, de part et d’autre, leur vigi­lance30 ».

Pour beau­coup, le PS, dans son fonc­tion­ne­ment comme dans son iden­ti­té qui mêle archaïsme et prag­ma­tisme, dans la rente que lui assure sa posi­tion domi­nante en Wal­lo­nie est le prin­ci­pal fac­teur de blo­cage qui hypo­thèque un réel ras­sem­ble­ment des pro­gres­sistes. Dans un article de mars 1981, Vincent Gof­fart revient sur les évo­lu­tions qui depuis l’appel de Leo Col­lard en 1969 auraient ren­du les choses pos­sibles31. « Dans une socié­té où le plu­ra­lisme vécu pro­gres­sait, alors que croyants et incroyants se retrou­vaient sou­vent au sein des par­tis com­mu­nau­taire et libé­raux », le PS32 n’a pas été capable de sai­sir les oppor­tu­ni­tés qu’ouvraient ces chan­ge­ments. « En réa­li­té, dans une socié­té où le nombre de tra­vailleurs manuels dimi­nuait sen­si­ble­ment, mais où d’anciennes bar­rières per­daient de leur force, le PS avait une belle carte à jouer. Il pou­vait, comme les socia­listes fran­çais ou les com­mu­nistes ita­liens s’y sont essayés, ins­tau­rer un nou­veau cli­mat cultu­rel et ras­sem­bler autour de lui tout ce qui bou­geait dans la socié­té, tout ce qui se refu­sait au déclin. » « Certes le PS se trou­ve­ra tou­jours des jeunes loups, des can­di­dats dépu­tés ambi­tieux, mais la masse des jeunes pro­gres­sistes a, durant les années 1960, choi­sit l’extrême gauche ou les par­tis com­mu­nau­taires ; aujourd’hui elle hésite entre l’apolitisme, les éco­los, l’extrême gauche et même le PSC. » À quelques degrés près, ce constat de 1981 a gar­dé toute sa jus­tesse qua­rante ans plus tard ; le PS ne s’est pas renou­ve­lé et le pay­sage de la gauche s’est diver­si­fié avec l’affirmation d’Écolo et le sur­gis­se­ment récent du PTB.

Les élec­tions de novembre 1981 qui voient la défaite du PSC et la qua­si-dis­pa­ri­tion du RW pré­ci­pitent au sein du MOC le débat sur l’engagement poli­tique des démo­crates chré­tiens. Nico­las Lam­bert dégage trois ten­dances33. Pour cer­tains il faut pri­vi­lé­gier l’action syn­di­cale, ren­for­cer le front com­mun syn­di­cal et négo­cier au coup par coup des accords poli­tiques avec les inter­lo­cu­teurs qui se pré­sentent. D’autres sont par­ti­sans de la créa­tion d’un nou­veau par­ti « qui serait une alter­na­tive de gauche au par­ti socia­liste ». Cette option parait contes­table ou peu pra­ti­cable pour ceux qui pri­vi­lé­gient un troi­sième choix : l’investissement « dans des for­mules telles que des fon­da­tions ou des clubs poli­tiques qui brassent pro­jets et pers­pec­tives avec des pro­gres­sistes de tous bords ». « L’objectif à moyen terme demeure le ras­sem­ble­ment des pro­gres­sistes, mais […] il n’est pas pos­sible d’entrer aujourd’hui dans un par­ti socia­liste qu’ils com­parent à la vieille Sfio de la IVe Répu­blique en France. » Et de s’appuyer sur les expé­riences fran­çaises ani­mées par R. Buron (Objec­tif 72), J. Delors (Échanges et pro­grès) ou A. Jean­son (Assises pour le socia­lisme). Cette stra­té­gie tran­si­toire n’est pas incom­pa­tible avec l’investissement syn­di­cal. Les tenants de l’action syn­di­cale main­tien­dront d’ailleurs leur posi­tion (dont le cor­ré­lat est une sorte de méfiance par rap­port à l’action poli­tique) avec quelque suc­cès puisqu’en longue période, les affi­lia­tions au syn­di­cat chré­tien ne ces­se­ront de croitre tout comme leurs suc­cès aux élec­tions sociales.

Transition : des appareils aux idées

En 1983, alors que le pays est gou­ver­né par une coa­li­tion sociale-chré­tienne-libé­rale pré­si­dée par W. Maer­tens, Tren­ca­vel constate que les choses n’ont guère évo­lué34 : « Les diverses com­po­santes de la gauche wal­lonnes conti­nuent à être pri­son­nières de leurs struc­tures et à néan­moins les pri­vi­lé­gier ». « Le PS conti­nue à ne rêver que d’une chose : reve­nir au gou­ver­ne­ment natio­nal et exer­cer sa tutelle sans par­tage sur sa com­mu­nau­té et sur sa région. Le MOC conti­nue à vou­loir cla­ri­fier sa ligne poli­tique […].» « Rien d’étonnant à ce que le mou­ve­ment Éco­lo qui était par­ve­nu après ses hési­ta­tions pos­té­lec­to­rales à jouer le jeu de la “majo­ri­té pro­gres­siste” ne prenne ses dis­tances à l’égard d’une démarche plus ins­ti­tu­tion­nelle et méca­nique que mobi­li­sa­trice et réno­va­trice. Feu la majo­ri­té de pro­grès en Wal­lo­nie…» Et pour­tant, même si « le mou­ve­ment socia­liste a tué depuis une géné­ra­tion toute réelle mili­tance en Wal­lo­nie […] faut-il pour autant s’organiser en dehors de lui ? » « Face au natio­na­lisme dévas­ta­teur du Nord et au néo­li­bé­ra­lisme du gou­ver­ne­ment cen­tral, que faire si ce n’est ten­ter de nou­velles approches et oser de nou­veaux dis­cours ? » En 1985 la même coa­li­tion sera recon­duite (Maer­tens VI). L’opposition sera ingrate à conduire pour le PS et le SP. Tren­ca­vel écrit : « Ces condi­tions un peu par­ti­cu­lières ne pour­raient-elles pas être l’occasion d’une réflexion plus fon­da­men­tale sur l’avenir de la sociale-démo­cra­tie dans les socié­tés indus­trielles avan­cées et sur l’avenir de la gauche en Bel­gique ? » « Entre la res­tau­ra­tion fri­leuse et l’inconnu, la ten­ta­tion est grande pour un cer­tain nombre de res­pon­sables de la gauche poli­tique, au PS comme ailleurs, de remettre leur tablier. N’est-ce pas, au contraire, le moment d’explorer des for­mules vrai­ment nou­velles35 ? »

C’est peut-être là que s’enracine la dif­fi­cul­té de recom­po­ser une gauche, au-delà des jeux d’appareils : dans la dif­fi­cul­té de pen­ser de manière nou­velle les ques­tions et les pro­blèmes du temps. Mar­tin Mal­let pense que « l’inaptitude à cap­ter une dyna­mique dans les phé­no­mènes contem­po­rains » est à mettre en rap­port avec « l’apparent suc­cès d’une cer­taine idéo­lo­gie de droite36 ». La droite, et notam­ment les for­mu­la­tions néo­li­bé­rales, semblent appor­ter des réponses sédui­santes, par les cri­tiques de la bureau­cra­tie, la valo­ri­sa­tion de l’initiative, de la flexi­bi­li­té. Il n’empêche que la cré­di­bi­li­té de la gauche passe par « une ana­lyse des phé­no­mènes bureau­cra­tiques et des effets débi­li­tants de sa propre inser­tion dans les rouages de l’État, une ana­lyse sérieuse de sa capa­ci­té à orien­ter l’avenir […]» Comme en écho, quelques années plus tard, Théo Hachez appelle à un effort d’imagination col­lec­tive : « Si nous n’y croyons plus, nous fer­mons défi­ni­ti­ve­ment la porte du poli­tique, qui est voué à l’inertie des com­pro­mis régres­sifs […] L’acte de foi exige d’être consé­quent, c’est-à-dire de libé­rer dans la négo­cia­tion avec nos contraintes, des espaces de choix […]» « La mon­dia­li­sa­tion ne dicte pas la durée du tra­vail ». Mais qui est prêt à entrer dans cette nou­velle dyna­mique ? Et de dénon­cer les aveux des pré­si­dents du PS comme du SP (nous sommes en 1997) qui disaient leur impuis­sance face au Gatt et à l’Union euro­péenne. « Quand on n’a plus rien à vendre, on ferme bou­tique. Or, nous savons que confiance et renou­veau démo­cra­tique s’épaulent et que la pré­ser­va­tion des acquis comme la conquête de nou­veaux droits y sont liés37 » . Autre­ment dit, ce n’est pas du côté des par­tis socia­listes tra­di­tion­nels que l’on ouvri­ra les voies des chan­ge­ments nécessaires.

Pour­tant, l’année pré­cé­dente, Phi­lippe Bus­quin, le pré­sident du PS, ins­pi­ré par le suc­cès de l’alliance de centre gauche en Ita­lie, avait lan­cé sa ver­sion de l’Olivier en invi­tant à la for­ma­tion d’une alliance faite des conver­gences entre le PS, la démo­cra­tie chré­tienne et les éco­lo­gistes. Ce pro­jet avait échoué. « Et pour cause. Il enten­dait que son par­ti consti­tuât le tronc cen­tral de l’arbre, les autres for­ma­tions (Éco­lo et le PSC, ou du moins sa com­po­sante démo­crate chré­tienne) étant réduites à par­faire la ramure. Ses par­te­naires poten­tiels ne pou­vaient l’accepter […]38 » . Fin 1997, le pré­sident du MOC, Fran­çois Mar­tou, lance une autre ten­ta­tive, « le Ceri­sier ». Il s’agit de faci­li­ter les conver­gences entre PS, Éco­lo et démo­cra­tie chré­tienne en vue de s’opposer à la vague libé­rale qui déferle sur la poli­tique et de faire obs­tacle aux coa­li­tions « laïques » (soit libé­rales-PS) répu­tées poli­ti­que­ment régres­sives. (De fait des coa­li­tions de ce type seront orga­ni­sées entre 1999 et 2007, les gou­ver­ne­ments Verhof­stadt.) La condi­tion serait de se mettre d’accord sur un pro­gramme « que seule une coa­li­tion excluant le PRL aurait pu réa­li­ser ». Pour Simon Grenz­man, cette piste était hypo­thé­quée de diverses manières : le refus de cer­tains d’assurer une sur­vie au PSC, cal­culs élec­to­ra­listes, aller­gies indé­pas­sables… Les ten­ta­tives de consti­tu­tion d’un front de gauche se sont enli­sées dans un débat où la ques­tion des alliances l’a empor­té sur le conte­nu. En outre, les désac­cords sur les ques­tions ins­ti­tu­tion­nelles n’ont rien faci­li­té. « Inutile […] de rêver à une union de la gauche qui pour­rait com­bler les décep­tions de plus de dix ans de “socia­lisme du pos­sible” et rendre à l’État-providence les cou­leurs qu’il n’a plus connues depuis le début des années sep­tante. » Quelle stra­té­gie dès lors qui dépasse les nos­tal­gies et les renon­ce­ments sté­riles ? Le redres­se­ment pour­rait se jouer « dans l’enseignement, la culture, la san­té, l’aide aux per­sonnes. Or, Éco­lo et la gauche chré­tienne ont en ce domaine une exper­tise his­to­rique à par­ta­ger avec d’autres et, au pre­mier chef, avec les socia­listes et tous les sociaux-démo­crates en géné­ral. » Ce pro­gramme doit être dis­cu­té, « et pas seule­ment au niveau des appa­reils de par­ti ». Mais Simon Grenz­man ne pense pas que les temps soient pro­pices pour ce genre d’exercice.

Feu le rassemblement des progressistes ?

Au cours des vingt der­nières années, le thème du ras­sem­ble­ment des pro­gres­sistes dis­pa­rait peu à peu des pages de La Revue nou­velle. On y sub­sti­tue régu­liè­re­ment des inter­ro­ga­tions sur les dif­fi­cul­tés ou le deve­nir de la gauche. La pre­mière dif­fi­cul­té est de la situer : où est la gauche, où sont les idées qui l’ont por­tée dans un uni­vers poli­tique de plus en plus bou­le­ver­sé par les évo­lu­tions de socié­té (mon­dia­li­sa­tion), les adap­ta­tions dif­fi­ciles à ces chan­ge­ments en des temps où les prag­ma­tismes de court terme servent de balises. Sans comp­ter les crises réelles comme celle de 2008/2009 qui, loin d’être des acci­dents, illus­trent les voies obs­cures des recon­fi­gu­ra­tions du temps.

Par ailleurs, l’extrême frag­men­ta­tion des pay­sages poli­tiques de la Bel­gique et de ses com­po­santes régio­nales com­plique évi­dem­ment d’hypothétiques recon­fi­gu­ra­tions de gauche. Lors des élec­tions de 2019, trente-et-un par­tis se pré­sen­taient à la Chambre (Par­le­ment « fédé­ral »). Les scores les plus impor­tants se dis­tri­buent entre la N‑VA (16,0%) et Défi (2,2%). Pour ce qui est des « par­tis tra­di­tion­nels » le PS obtient 9,5%, le CD&V 8,9%, l’Open VLD 8,6%, le MR, 7,6%, le SP.A 6,7% et le CDH, 3,7%, soit au total 45% des voix là où ils en obte­naient entre 95 et 90,5% de 1950 à 196139. L’innovation est consti­tuée par les par­tis natio­na­listes fla­mands (24,6% à la Chambre), les par­tis verts, Éco­lo et Groen (12,2%) et le PTB/PVDA (8,6%).

Dans ce contexte, com­ment se construisent les pola­ri­tés et, coro­lai­re­ment, les conver­gences ? Il est dif­fi­cile de situer ces par­tis sur un axe tra­di­tion­nel droite/gauche parce que cette dis­po­si­tion ne ren­drait pas compte de cer­taines de leurs carac­té­ris­tiques majeures qui se dis­tri­buent entre l’innovation et la tra­di­tion. Le PS repré­sente la gauche tra­di­tion­nelle, là où Éco­lo est por­teur d’innovations. Si le PTB a évo­lué depuis ses ori­gines maoïstes, il se pré­sente aujourd’hui comme une alter­na­tive radi­cale à la sociale-démo­cra­tie, enra­ci­née dans une vision mar­xiste-léni­niste de l’Histoire, ce qui l’écarte clai­re­ment des autres for­ma­tions de gauche. Le MR a éprou­vé cer­taines dif­fi­cul­tés à inté­grer ses diverses com­po­santes (libé­rales, MCC, et pen­dant un temps FDF) et est domi­né par des per­son­na­li­tés aux égos par­fois contras­tés, ce qui explique sa dif­fi­cul­té à opter pour une ligne claire entre le social-libé­ra­lisme de Louis Michel et l’option plus droite popu­liste de son pré­sident actuel. Le VLD, his­to­ri­que­ment fort mar­qué par la pen­sée néo­li­bé­rale, se défi­nit mieux aujourd’hui comme une droite moder­ni­sa­trice. La N‑VA est por­teuse d’une forme de natio­na­lisme tra­di­tio­na­liste. Il serait facile de mul­ti­plier ces exemples ; ils indiquent la com­plexi­té de la scène poli­tique. Sur­tout ils montrent com­ment une recom­po­si­tion de la gauche comme de la droite sous forme de « ras­sem­ble­ments » est une opé­ra­tion fort compliquée.

Le Par­ti libé­ral a crû d’une manière spec­ta­cu­laire après être deve­nu en 1961 le Par­ti pour la liber­té et le pro­grès (PLP, PVV en Flandre)40. En Wal­lo­nie et à Bruxelles, en aban­don­nant son option laïque, il s’est ouvert aux voix de la droite de la famille chré­tienne avec l’ambition de deve­nir le grand par­ti de centre droit, alter­na­tive au CVP/PSC. Il a ensuite per­du de sa sub­stance avec la concur­rence des par­tis régio­na­listes (RW et sur­tout FDF). Deve­nu Mou­ve­ment réfor­ma­teur (MR) en 2002, il avait pour objec­tif de récu­pé­rer divers élec­to­rats de centre droit. Cette amorce de regrou­pe­ment, par­tiel­le­ment réus­sie, se heurte aujourd’hui à la résis­tance de Défi et du CDH, même si, pour reprendre un mot de Pas­cal Del­wit, il y a pro­ba­ble­ment aujourd’hui plus d’électeurs d’origine chré­tienne au MR qu’au CDH… Mais l’opération de ras­sem­ble­ment à droite est com­plexe et res­semble à une sorte d’Arlésienne (cette per­sonne dont on parle, mais qu’on ne voit jamais).

Mal­gré les appels (ou incan­ta­tions) de cer­tains de ses diri­geants, en Wal­lo­nie et à Bruxelles, le PS n’a jamais entre­pris de ten­ta­tive sérieuse de ras­sem­ble­ment à gauche alors qu’en Flandre, le SP.A a été rejoint par des mili­tants venant des milieux démo­crates chré­tiens. Par contre, même s’il est dif­fi­cile de quan­ti­fier le mou­ve­ment, il est assez évident que les votes de nom­breux mili­tants issus de la démo­cra­tie chré­tienne, des orga­ni­sa­tions sociales chré­tiennes comme du monde asso­cia­tif ont nour­ri la crois­sance d’Écolo41. C’est donc Éco­lo, sur des thèmes nou­veaux, qui aurait opé­ré une forme de regrou­pe­ment ori­gi­nal. Si des conver­gences PS-Éco­lo peuvent être envi­sa­gées sur cer­tains thèmes, les deux for­ma­tions sont en oppo­si­tion com­plète sur d’autres.

Les for­mules de ras­sem­ble­ment des pro­gres­sistes ou l’aspiration tra­vailliste de l’après-guerre avaient une autre carac­té­ris­tique : s’enraciner dans l’expérience com­mune du « monde du tra­vail » et la convic­tion que la classe ouvrière avait un rôle moteur dans le chan­ge­ment de la socié­té. Depuis un demi-siècle, le monde du tra­vail s’est pro­fon­dé­ment recon­fi­gu­ré et si, dans notre pays, les orga­ni­sa­tions sociales qui le repré­sentent sont tou­jours aus­si puis­santes, et, mal­gré des ten­ta­tives inté­res­santes, elles ne sont plus aus­si por­teuses des pro­jets de chan­ge­ment social qu’elles l’ont été dans le pas­sé. Les moteurs du chan­ge­ment ont évo­lué et les orga­ni­sa­tions syn­di­cales, seules ou sur­tout en Front com­mun, sont désor­mais capables de mener les actions de pro­mo­tion du monde du tra­vail sans l’appui de par­tis poli­tiques. C’est d’ailleurs ce carac­tère qui les cré­dite d’un coef­fi­cient de confiance très supé­rieur à celui des par­tis poli­tiques. La réfé­rence au monde du tra­vail n’est donc cer­tai­ne­ment plus le déno­mi­na­teur com­mun sur lequel pour­rait se construire un ras­sem­ble­ment conduit par le PS. Par ailleurs, le PS n’est pas/plus le par­ti qui repré­sen­te­rait les exclus et c’est pré­ci­sé­ment cette lacune qui a fait le suc­cès du PTB. En Wal­lo­nie sur­tout, le PS, au pou­voir depuis trente-neuf ans, est deve­nu un par­ti ges­tion­naire, enra­ci­né dans les ins­ti­tu­tions issues de la régio­na­li­sa­tion qui lui per­mettent de pra­ti­quer une stra­té­gie effi­cace d’occupation du ter­rain42. Mais cette voca­tion nou­velle n’en fait pas un par­ti por­teur des chan­ge­ments qui répon­draient aux néces­si­tés de l’heure, même si son poids en fait l’axe inévi­table d’une hypo­thé­tique recon­fi­gu­ra­tion de la gauche. Mais, n’en allait-il pas de même en 1969, lors de l’appel de Léo Col­lard ou en 1996 avec la pro­po­si­tion de Phi­lippe Bus­quin de consti­tuer un Olivier ?

Enfin, la recherche des voies d’un « ras­sem­ble­ment des pro­gres­sistes » était éga­le­ment construite sur une hypo­thèse impli­cite : la pré­fé­rence pour une cer­taine forme de bipar­tisme. Pour ses par­ti­sans, cette for­mule aurait eu le mérite de cla­ri­fier le jeu poli­tique et de ren­for­cer la démo­cra­tie en offrant des options claires aux élec­teurs. Cette orien­ta­tion semble exclue aujourd’hui et la frag­men­ta­tion de la scène poli­tique res­semble fort à la divi­sion des par­tis sous la IVe Répu­blique en France. En 2019, trente-et-un par­tis se sont pré­sen­tés aux élec­tions fédé­rales. En Wal­lo­nie, si huit listes étaient pré­sentes dans toutes les cir­cons­crip­tions, dix autres se pré­sen­taient à divers endroits. Néan­moins, seules cinq listes sont pré­sentes au Par­le­ment wal­lon43 et les deux par­tis domi­nants — les deux pôles théo­riques d’un hypo­thé­tique bipar­tisme — PS et MR gou­vernent ensemble… asso­ciés à Écolo.

En guise de bilan

Le pro­jet tra­vailliste était une ver­sion ouverte du socia­lisme. Il était enra­ci­né dans la convic­tion d’un chan­ge­ment néces­saire qui libè­re­rait la socié­té, et au pre­mier plan le monde du tra­vail, des mul­tiples formes d’exploitation et orga­ni­se­rait le par­tage équi­table des res­sources de la socié­té. À sa manière, il était por­teur d’un pro­jet de réforme morale qui lui don­nait son sens et sa vigueur. Cette réforme était décli­née de diverses manières par un cer­tain nombre d’acteurs poli­tiques et sociaux, au pre­mier rang des­quels les par­tis socia­listes, mais aus­si d’autres groupes qui auraient pu les rejoindre, à condi­tion que ce qui devait être conver­gence et asso­cia­tion ne soit pas assi­mi­la­tion. Dans notre pays, ce pro­jet a échoué pour des rai­sons mul­tiples, ana­ly­sées et, dans une cer­taine mesure, déplo­rées, au fil du temps par La Revue nou­velle. La néces­si­té d’un pro­jet com­pa­rable, ajus­té aux réa­li­tés du temps est indis­cu­table encore aujourd’hui, mais il faut en retrou­ver le sens et la dyna­mique, dans un monde nou­veau, sin­gu­liè­re­ment bous­cu­lé et sou­mis aux impé­ra­tifs de mul­tiples, et par­fois meur­trières, mises en ordre. Comme en 1945, le début d’une longue marche. En sou­hai­tant que cette fois, d’une manière ou d’une autre, elle aboutisse.

  1. Aux élec­tions de 1946, le PC obtient 12,96% des voix à la Chambre, pour 42,54% au PSC, 31,57% au PSB et 8,93% au PL.
  2. Voir, à cet égard, le numé­ro du 15 décembre 1945 de La Revue nou­velle.
  3. Conway M., Les cha­grins de la Bel­gique, Crisp, 2015, p. 13.
  4. Voir, par exemple, L’opium des intel­lec­tuels de Ray­mond Aron (Plu­riel-Poche).
  5. Huit coa­li­tions gou­ver­ne­men­tales se suc­cé­de­ront entre 1945 et 1950.
  6. Un gou­ver­ne­ment PSC homo­gène, avec trois Pre­miers ministres suc­ces­sifs : MM. Duvieu­sart, Pho­lien et Van Houtte, en fonc­tion de l’évolution de péri­pé­ties poli­tiques tel l’effacement du roi Léo­pold III en 1950.
  7. Gof­fart V., « La Revue nou­velle et vingt-cinq ans de vie poli­tique belge et inter­na­tio­nale », La Revue nou­velle, décembre 1969. Cette sec­tion s’inspire direc­te­ment de ce remar­quable article.
  8. Dans « Situa­tion du socia­lisme belge » (15 sep­tembre 1945, p. 244).
  9. Devant les par­tis, octobre 1945, p. 257.
  10. PSC : 42,5%, PSB : 31,6%, Par­ti com­mu­niste : 12,7%, Par­ti libé­ral : 8,9%, UDB : 2,2%.
  11. « Devant les par­tis », La Revue nou­velle, 15 mars 1945, p. 244.
  12. Gof­fart V., op. cit., p. 455. Réfé­rence à un article de La Revue nou­velle du 15 mars 1946.
  13. Meu­nier Ph., « Devant les par­tis », La Revue nou­velle, 15 mars 1946, p. 248.
  14. Fos­ty J., « Essai sur la crise du socia­lisme en Bel­gique », La Revue nou­velle, décembre 1949. Cité par Vincent Gof­fart, op.cit., 457.
  15. Cité par Vincent Gof­fart, op.cit., p. 459.
  16. Cité par Vincent Gof­fart, op.cit., p. 459. André Renard était le secré­taire géné­ral adjoint de la FGTB et un des pro­mo­teurs actifs du pro­gramme de « réformes des struc­tures » éla­bo­ré par le syn­di­cat socia­liste au cours des années 1950. Pro­gramme qui n’aura pas d’écho dans la ges­tion gou­ver­ne­men­tale du PSB à cette époque.
  17. Le Par­ti pour la liber­té et le pro­grès (PLP) est le nou­vel ava­tar du Par­ti libé­ral, créé en 1961 et doré­na­vant expli­ci­te­ment ouvert aux chré­tiens. Il est donc l’ancêtre de l’actuel MR.
  18. Gof­fart V., op.cit., p. 461.
  19. Tren­ca­vel, « Un pro­gramme pour la gauche », La Revue nou­velle, février 1969, p. 179.
  20. Gof­fart V., op.cit., p. 462.
  21. Gof­fart V., op.cit., p. 462.
  22. Voir Del­wit P., « Le par­ti et le gou­ver­ne­ment », dans H. Le Paige et P. Del­wit, Les socia­listes et le pou­voir, Labor, 1998, p. 247.
  23. Tren­ca­vel, « Les par­tis face aux com­mu­nau­tés », La Revue nou­velle, jan­vier 1970, p. 12.
  24. Groupe BY, Quelle Wal­lo­nie, que socia­lisme, Les bases d’un ras­sem­ble­ment des pro­gres­sistes, EVO et FAR, 1971. Cita­tions extraites des conclu­sions, p. 226 – 231.
  25. Mar­tou Fr., « Flandre et Wal­lo­nie face au ras­sem­ble­ment des pro­gres­sistes », La Revue nou­velle, octobre 1972, p. 218.
  26. Chau­vier J.-M., « Gau­chisme et nou­velle gauche en Bel­gique », Cahiers heb­do­ma­daires du Crisp, 600 – 601, 602 – 603, 1973. Com­men­té dans La Revue nou­velle de sep­tembre 1973 p. 115 par Michel Molitor.
  27. Dele­pe­leire M., « Pro­gres­sistes : les chré­tiens moroses et per­plexes », La Revue nou­velle, novembre 1973, p. 403.
  28. Tren­ca­vel, « Fédé­ra­lisme et ras­sem­ble­ment des pro­gres­sistes », La Revue nou­velle, février 1974, p. 118.
  29. M.D., « La Wal­lo­nie et la crise », La Revue nou­velle, juillet-aout 1976, p. 9.
  30. Dele­pe­leire M., « Des chré­tiens au PS ? La mas­tur­ba­tion (intel­lec­tuelle) rend sourd », La Revue nou­velle, novembre 1980, p. 398.
  31. Gof­fart V., « Vingt ans de socia­lisme. Quel ave­nir ? », La Revue nou­velle, mars 1981, p. 277.
  32. En 1978, le PSB (BSP) his­to­rique s’est scin­dé en deux par­tis : PS et SP (aujourd’hui SP.A).
  33. Lam­bert N., « MOC : Des mou­ve­ments en sens divers », La Revue nou­velle, décembre 1981, p. 3.
  34. Tren­ca­vel, « Y a‑t-il dans ce pays un centre gauche fran­co­phone ? », La Revue nou­velle, mars 1983, p. 339.
  35. Tren­ca­vel, « La conti­nui­té sans le chan­ge­ment », La Revue nou­velle, jan­vier 1986, p. 19.
  36. Mal­let M., « Les mou­ve­ments du balan­cier idéo­lo­gique », La Revue nou­velle, sep­tembre 1987, p. 157.
  37. Hachez Th., « Pour le ras­sem­ble­ment des pro­gres­sistes », La Revue nou­velle, décembre 1997, p. 4.
  38. Grenz­man S., « Ras­sem­ble­ment de la gauche : 1999 le trou noir de la gauche », La Revue nou­velle, juillet-aout 1998, p. 8.
  39. Voir Michel Moli­tor, « L’indifférence poli­tique ? », La Revue nou­velle, 6, 2019, p. 29.
  40. Le Par­ti libé­ral a obte­nu 12,3% des voix à la chambre en 1961 ; le PLP en obtien­dra 21,6 en 1964.
  41. Une recherche publiée en 2003 par le Crisp, indique que 37,5% des membres de l’assemblée géné­rale d’Ecolo se déclarent croyants. Par­mi ceux-ci, 77,1% se disent « catho­liques » et 17,5% « chré­tiens ». Par ailleurs par­mi les cadres d’Ecolo, 45,1% sor­taient de l’UCL. Cf. P. Del­wit, B. Hel­lings, E. Van Haute, « Les cadres inter­mé­diaires du par­ti socia­liste et d’Ecolo », Cahiers heb­do­ma­daires du Crisp, 1801 – 1802, 2003. p. 47 – 48.
  42. Les exé­cu­tifs régio­naux sont sor­tis du gou­ver­ne­ment natio­nal en décembre 1981. Le PS a été au pou­voir pen­dant les 39 années qui suivent, sauf à deux moments : 2 ans de décembre 1985 à février 1988 (exé­cu­tif Wathe­let, PSC-PLP) et de juillet 2017 à sep­tembre 2019 (exé­cu­tif Bor­su, MR-CDH).
  43. Le PS avec 23 sièges, le MR, 20, Eco­lo, 12, le CDH, 10, et le PTB, 10.

Michel Molitor


Auteur

Sociologue. Michel Molitor est professeur émérite de l’UCLouvain. Il a été directeur de {La Revue nouvelle} de 1981 à 1993. Ses domaines d’enseignement et de recherches sont la sociologie des organisations, la sociologie des mouvements sociaux, les relations industrielles.