Skip to main content
logo
Lancer la vidéo

La question patrimoniale et la ville européenne

Numéro 9 Septembre 2011 - Art et culture par Pierre Gosselain

septembre 2011

Si la notion de patri­moine a évo­lué et s’est élar­gie, ce n’est pas pour autant qu’il serait source de dif­fi­cul­tés dans l’a­mé­na­ge­ment de la ville, mais il est la rai­son pour laquelle un ensemble d’ac­teurs tendent, par leur puis­sance, leur dyna­misme ou leur désin­vol­ture à por­ter atteinte à l’i­den­ti­té de la ville euro­péenne dont il consti­tue une com­po­sante essentielle.

Au préa­lable, il semble oppor­tun de rap­pe­ler la signi­fi­ca­tion de cer­tains termes tels que le patri­moine, la ville euro­péenne. Le patri­moine est com­po­sé de trois grands groupes d’éléments : les res­sources natu­relles — eau, air, sol, gise­ments, ani­maux, végé­taux…; les valeurs imma­té­rielles — langue, culture, mémoire col­lec­tive ; le monde des objets résul­tant de l’activité humaine, que celle-ci s’exerce dans le tra­vail, l’œuvre ou l’action (Arendt, 1983).

Au cours des quatre der­nières décen­nies, la notion a évo­lué, elle s’est éten­due, démo­cra­ti­sée en quelque sorte, à telle enseigne qu’elle recouvre aujourd’hui l’ensemble des êtres et des objets du monde que nos socié­tés d’Occident consi­dèrent comme devant être sau­vés de la dégra­da­tion et de la des­truc­tion. D’autre part, uti­li­sé sans autre pré­ci­sion dans les publi­ca­tions scien­ti­fiques ou tech­niques trai­tant d’urbanisme ou de conser­va­tion, le mot désigne en fait le « patri­moine cultu­rel immo­bi­lier », les objets qu’il recouvre étant des immeubles et des expres­sions de la culture d’une société.

Pre­nant en compte à la fois l’élargissement de la notion et la déli­mi­ta­tion pré­cise de son objet pour l’urbaniste, le patri­moine cultu­rel immo­bi­lier nous paraît englo­ber six types de biens immeubles, ceux-ci s’étendant du monu­men­tal à l’utilitaire, du site gran­diose au lieu de folk­lore, du sym­bole du pou­voir à celui du tra­vail : les monu­ments et ensembles archi­tec­tu­raux (clas­sés ou ins­crits à l’inventaire sup­plé­men­taire); les ensembles his­to­riques et tra­di­tion­nels ; le patri­moine bâti (prin­cier, bour­geois, ver­na­cu­laire, ancien ou moderne) pré­sen­tant un inté­rêt cultu­rel, his­to­rique, esthé­tique, urba­nis­tique, archi­tec­tu­ral, social ou tech­nique. Ensuite, l’espace public (bou­le­vards, ave­nues, rues, places, squares, voies pié­tonnes, quais, ter­rasses…); le patri­moine « natu­rel » urbain (jar­dins, parcs, squares, inté­rieurs d’ilots cou­verts de végé­ta­tion…); les pay­sages urbains.

L’espace d’urbanisation traditionnelle des villes européennes

Bien que sa mesure soit entre­prise com­plexe, les géo­graphes et les socio­logues s’accordent à carac­té­ri­ser l’urbanité1 par au moins trois cri­tères : la den­si­té d’occupation de sol sur le plan de la géo­gra­phie, la diver­si­té des iden­ti­tés et des acti­vi­tés sur le plan socioé­co­no­mique et la conti­nui­té du bâti sur le plan morphologique.

Le cri­tère de la mor­pho­lo­gie étant le plus tan­gible, on a consi­dé­ré que cet espace d’urbanisation tra­di­tion­nelle se com­pose du centre ancien à carac­tère his­to­rique cou­vrant une super­fi­cie variable, de quelques hec­tares dans les petites loca­li­tés à plu­sieurs dizaines d’hectares dans les grandes villes, entou­ré par la par­tie agglo­mé­rée de la com­mune dont le péri­mètre suit la limite des construc­tions éri­gées en ordre conti­nu le long des voi­ries jusqu’au milieu du XXe siècle, soit avant la dif­fu­sion en masse des moyens indi­vi­duels de trans­port automobile.

Sur le plan de la mor­pho­lo­gie, la ville tra­di­tion­nelle se carac­té­rise par une struc­ture com­po­sée de voi­ries (rues, ave­nues, bou­le­vards…), de places publiques et d’ilots, l’ensemble étant mar­qué par la conti­nui­té dans l’espace.

Les trames de la voi­rie et du par­cel­laire consti­tuent une com­po­sante fon­da­men­tale de la ville euro­péenne. Dans cette confi­gu­ra­tion, l’ilot est fer­mé, les fronts de bâtisse des rues qui l’entourent sont éta­blis à l’alignement2 et en ordre conti­nu. Même lorsqu’un immeuble rem­plis­sant une fonc­tion sociale, cultu­relle ou poli­tique, voire de pres­tige d’une ins­ti­tu­tion pri­vée, est édi­fié en retrait par rap­port à l’alignement, ména­geant ain­si l’espace pour une cour d’honneur, un pavillon de ser­vice, une grille ou un mur de clô­ture réta­blit la conti­nui­té dans le défi­le­ment des façades, et par là même, l’homogénéité de la scé­no­gra­phie de la rue. Les exemples illus­trant cette dis­po­si­tion sont innom­brables : minis­tères, cours de jus­tice, ambas­sades, pré­fec­tures, hôtels muni­ci­paux, hôtels de maitre… intro­duisent des moments de varié­té dans la rue de la ville ancienne sans en rompre l’unité.

Jusqu’au milieu du XIXe siècle, les par­celles d’ilots affec­tées à l’habitation et au com­merce sont géné­ra­le­ment étroites, sauf lorsqu’une per­sonne s’est appro­priée plu­sieurs d’entre elles pour édi­fier un immeuble de pres­tige. Par la suite, le déve­lop­pe­ment des équi­pe­ments com­mer­ciaux, admi­nis­tra­tifs et sociaux ain­si que celui des immeubles de loge­ments col­lec­tifs néces­si­te­ront des par­celles plus larges à front de rue.

Les inté­rieurs d’ilots des villes anciennes sont long­temps res­tés des lieux de la vie domes­tique où sub­sis­tait la végé­ta­tion. À la révo­lu­tion indus­trielle, ils sont enva­his par les petits ate­liers, entre­pôts, réserves entrai­nant une dégra­da­tion du milieu de vie par des­truc­tion de la nature, miné­ra­li­sa­tion du sol, enlai­dis­se­ment. Dans la deuxième moi­tié du XXe siècle, l’occupation inten­sive des inté­rieurs d’ilots des grandes villes résulte de la den­si­fi­ca­tion des bâti­ments ou de leur chan­ge­ment d’affectation ; ils deviennent éga­le­ment des lieux de par­cage de véhicules.

Les rues et les places qui assument des fonc­tions dépas­sant celle d’écouler le tra­fic sont des lieux de ren­contre, des points de repère qui jouent un rôle essen­tiel dans la vie urbaine : elles sont les élé­ments prin­ci­paux de l’espace public. Jusqu’il y a qua­rante ans, celui-ci était le domaine de l’homme debout qui se meut à son rythme natu­rel et sans acti­vi­té spé­ciale. Pour le flâ­neur urbain, la ville est l’objet de son désir, flâ­ner est un luxe qui ne lui coute rien (Culot, 1996). Aujourd’hui, trop de gens se déplacent en véhi­cule indi­vi­duel, de manière contra­dic­toire avec le propre de la rue et de la place qui sont des lieux où l’on ren­contre les autres à pied, c’est-à-dire sur un pied d’égalité.

Les quar­tiers qui peuvent grou­per plu­sieurs ilots pré­sentent une per­son­na­li­té pro­ve­nant de leur posi­tion (cen­trale ou péri­phé­rique), de leur âge (his­to­rique ou nou­veau) ou encore d’une fonc­tion domi­nante maté­ria­li­sée par un équi­pe­ment com­mu­nau­taire (gare, mar­ché, université…).

Le centre de la cité confère à celle-ci sa per­son­na­li­té par la pré­sence de monu­ments dont les super­struc­tures : clo­cher, flèche, dôme… dominent la masse com­pacte des bâti­ments à fonc­tions banales telles que l’habitat ou le com­merce. Les quar­tiers cen­traux d’une ville pos­sèdent la pro­prié­té d’hypnotiser habi­tants, visi­teurs, tou­ristes et… archi­tectes car ils en condensent l’image, la sym­bo­lique et le désir.

L’adhésion à cette struc­ture fon­da­men­tale ne fait cepen­dant pas l’unanimité. De manière récur­rente, cer­tains auteurs tentent de mon­trer le carac­tère « dépas­sé » de la struc­ture tra­di­tion­nelle. Dans les années trente et qua­rante, il s’agissait de la rue vili­pen­dée par Le Cor­bu­sier, aujourd’hui de l’ilot avec lequel il fau­drait prendre des liber­tés au nom de la créa­ti­vi­té archi­tec­tu­rale, thème d’ennuyeux rabâ­chages3.

Deux arché­types nous semblent, en ce début de XXIe siècle encore, ser­vir de modèle à cer­tains auteurs de pro­jet : le Mou­ve­ment moderne et l’exposition universelle.

Pour les adeptes de ce mou­ve­ment, la ville devait être com­po­sée d’immeubles hauts posés dans des espaces verts (J. Cas­tex, J.‑Ch. Depaule, Ph. Pane­rai, 1977) et reliés par un réseau impor­tant de voi­ries pour auto­mo­biles, à l’opposé de la ville tra­di­tion­nelle qui se pré­sente comme une masse construite dans laquelle les rues, places, parcs et inté­rieurs d’ilot sont des espaces ouverts. Dans son « plan Voi­sin pour Paris » éta­bli en 1925, Le Cor­bu­sier pré­voyait la des­truc­tion du centre de la capi­tale, dont seuls étaient conser­vés quelques monu­ments his­to­riques, et la construc­tion de dix-huit immeubles-tours de forme identique.

L’archétype de l’exposition uni­ver­selle pré­sente la mor­pho­lo­gie prô­née par le Mou­ve­ment moderne, mais s’en dis­tingue par l’originalité exa­cer­bée de l’objet archi­tec­tu­ral : l’architecte brule de deve­nir une star. « Le résul­tat est un antiur­ba­nisme qui s’exprime par maintes sub­ti­li­tés et plus par­ti­cu­liè­re­ment par le manié­risme du des­sin très adap­té à tout, sauf à la construc­tion de la ville » (Ch. Del­fante, 1987).

Le patri­moine cultu­rel immo­bi­lier et pay­sa­ger pâtit aujourd’hui comme hier de nom­breux fac­teurs de dégra­da­tion ou de des­truc­tion par­mi les­quels on peut rete­nir : les phé­no­mènes natu­rels (effon­dre­ment de sol, inon­da­tion, choc sis­mique…), les pol­lu­tions et nui­sances diverses (fumées, vibra­tions…), la des­truc­tion par fait de guerre, la démo­li­tion pré­mé­di­tée d’immeubles, l’abandon ou la déshé­rence et les pillages qui les accom­pagnent, les expro­pria­tions pour la construc­tion d’infrastructures (essen­tiel­le­ment rou­tières) ou d’équipements lourds en tis­su urbain ancien, la dégra­da­tion par ajout d’éléments incon­grus, le faça­disme en ses diverses formes jusqu’à la mise en déri­sion ou le maquillage de bâti­ments anciens, la publi­ci­té com­mer­ciale enlai­dis­sante par dis­po­si­tifs divers, et enfin le phé­no­mène occulte, mais omni­pré­sent de la spé­cu­la­tion foncière.

Les incompatibilités entre les projets et l’identité du patrimoine culturel immobilier

Quatre types de réa­li­sa­tion sou­lèvent un pro­blème de com­pa­ti­bi­li­té avec la sau­ve­garde du patri­moine natu­rel, cultu­rel et pay­sa­ger de la ville euro­péenne : les immeubles de grande hau­teur, les grands équi­pe­ments cultu­rels, admi­nis­tra­tifs, uni­ver­si­taires, les réa­li­sa­tions d’architecture contem­po­raine faites sans réfé­rence au contexte et les inter­ven­tions inop­por­tunes sur le patri­moine cultu­rel immo­bi­lier lui-même. Ces pro­jets sou­lèvent d’abord des pro­blèmes d’urbanisme avant de poser des ques­tions d’architecture dans la ville traditionnelle.

Les immeubles de grande hauteur

Les immeubles-tours figurent par­mi les fac­teurs les plus per­tur­bants des pay­sages urbains euro­péens. Deux concep­tions dif­fé­rentes de l’urbanisme et de l’architecture dans le trai­te­ment du centre des grandes villes d’Occident, deux formes de culture s’opposent : l’anglo-saxonne et celle de l’Europe conti­nen­tale. Le voya­geur le plus dis­trait ne peut man­quer d’être frap­pé par le contraste qui existe entre le pano­ra­ma du centre de villes telles que Mont­réal, Otta­wa ou Londres et celui de capi­tales telles que Paris, Rome, Vienne, Buda­pest ou Madrid. Bruxelles se situe à la ren­contre de ces deux cou­rants, pour son grand mal­heur, au cours des années soixante et quatre-vingt.

Dès les années cin­quante, les entre­prises du sec­teur ter­tiaire des pays anglo-saxons ont éta­bli leur siège de pres­tige dans les centres des grandes métro­poles. Cette demande durable en sur­faces de bureaux a sus­ci­té l’apparition de pro­mo­teurs immo­bi­liers par­ti­cu­liè­re­ment dyna­miques. Les muni­ci­pa­li­tés laissent construire des immeubles-tours dans leur centre ancien, option encore accen­tuée par la construc­tion de Cen­tral Busi­ness Dis­trict. Com­po­sés de gratte-ciels aux formes géo­mé­triques dépouillées, ils s’inscrivent en contraste avec la mor­pho­lo­gie de la ville tra­di­tion­nelle carac­té­ri­sée par un corps de bâti­ments de hau­teur rela­ti­ve­ment homo­gène (cinq à sept niveaux dans le modèle hauss­man­nien), à toi­tures le plus sou­vent à ver­sants, dont seuls émergent dans le pay­sage urbain les édi­fices sym­bo­liques des valeurs aux­quelles étaient atta­chées les socié­tés aris­to­cra­tique et bour­geoise : palais natio­naux, cathé­drales, hôtels de ville, hôtels des armées, palais de jus­tice, théâtres, uni­ver­si­tés, gares, grands magasins…

Les métro­poles anglo-saxonnes n’ont pas pris en compte ces contraintes. Les centres his­to­riques de Mont­réal, et sur­tout d’Ottawa, qui pré­sen­taient une remar­quable uni­té par l’architecture vic­to­rienne qui s’y était déployée à la fin du XIXe siècle, donnent aujourd’hui au visi­teur euro­péen le spec­tacle du chaos. À Londres, cette coexis­tence d’immeubles-tours avec le contexte for­mé de quar­tiers anciens attrayants, de beaux monu­ments et de parcs har­mo­nieux tra­duit peut-être le génie bri­tan­nique fait de fidé­li­té à la tra­di­tion et de prag­ma­tisme affai­riste. Elle ne s’accorde pas avec le génie fran­çais ins­crit dans l’intra-muros de Paris où, depuis des siècles, un urba­nisme clas­sique repo­sant sur les grands tra­cés ordon­nés et l’homogénéité des formes et des typo­lo­gies a mar­qué un pay­sage urbain aujourd’hui de grande valeur culturelle.

Si l’on veut sau­ve­gar­der la per­son­na­li­té ori­gi­nale des pay­sages euro­péens, les pla­fonds de vingt-cinq mètres dans la ville his­to­rique et de trente-sept mètres dans cer­tains sec­teurs péri­phé­riques, tels que fixés par le règle­ment d’urbanisme de la ville de Paris pour l’intra-muros sont des limites maxi­males de hau­teur qui devraient être adop­tées pour la construc­tion dans toutes les zones d’urbanisation tra­di­tion­nelle des villes européennes.

Les grands équipements

L’installation d’équipements impor­tants ou à conno­ta­tion sym­bo­lique dans le tis­su urbain aux mailles ser­rées consti­tue pour les pou­voirs publics un pro­blème dif­fi­cile à résoudre.

Les contraintes qui condi­tionnent le choix de l’emplacement adé­quat et la forme appro­priée pour le bâti­ment sont nom­breuses : notam­ment celles atta­chées aux fonc­tions que l’immeuble va rem­plir. Le pro­gramme de construc­tion du bâti­ment (centre de san­té, éta­blis­se­ment d’enseignement, cour de jus­tice, musée, centre cultu­rel…) doit obser­ver des normes d’accessibilité, de sécu­ri­té, de confort pré­vues par les légis­la­tions et satis­faire la demande des usa­gers ; d’autre part, les contraintes inhé­rentes au contexte. L’espace de la ville tra­di­tion­nelle, et plus encore celui de la ville his­to­rique, est l’objet d’une âpre concur­rence entre les dif­fé­rents acteurs qui s’efforcent de se l’approprier et de le mode­ler à leur conve­nance alors que le patri­moine cultu­rel immo­bi­lier peut y être considérable.

Bien qu’il ait pu faire l’objet de cri­tiques de la part des défen­seurs de la mixi­té dans la ville, le zonage, l’une des rares options dignes d’intérêt du Mou­ve­ment moderne — quoique ce mou­ve­ment n’en fût pas l’initiateur — garde lar­ge­ment sa légi­ti­mi­té. Dans cette optique, la réa­li­sa­tion de l’ensemble d’immeubles de la Défense témoigne du carac­tère vision­naire de ses pro­mo­teurs, essen­tiel­le­ment publics. Ce Cen­tral Busi­ness Dis­trict « décen­tré » a consi­dé­ra­ble­ment dimi­nué la pres­sion de la demande en super­fi­cies de bureaux qui pesait sur l’intra-muros, pré­ser­vant ain­si son patri­moine bâti (his­to­rique ou cou­rant), la diver­si­té de ses fonc­tions (habi­tat, com­merce, ser­vices, loi­sirs) et le met­tant à l’abri des des­truc­tions de tis­su urbain induites par la construc­tion de voies rou­tières sur­di­men­sion­nées (pro­jets de radiale Ver­cin­gé­to­rix, de voies sur berges de Seine…) des­ti­nées à accroitre l’accessibilité des grands immeubles.

Les réalisations architecturales ignorantes du contexte

Une cer­taine négli­gence ne sévit pas seule­ment lors de la construc­tion d’édifices iso­lés, que leurs auteurs ont l’espoir et la convic­tion de voir recon­nus comme des monu­ments contem­po­rains (pour le meilleur et pour le pire, mais nos des­cen­dants feront le tri), elle règne aus­si lorsque de grandes admi­nis­tra­tions publiques ou des socié­tés pri­vées dési­rent mon­trer leur puis­sance ou leur richesse par la construc­tion d’immeubles pres­ti­gieux dans le tis­su urbain dense for­mé de rues, d’avenues ou de places. À cet égard, le musée des Arts et Civi­li­sa­tions d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et des Amé­riques, éri­gé au quai Bran­ly (archi­tecte Jean Nou­vel), est exem­plaire, jusqu’à la cari­ca­ture, du pro­jet éta­bli sans la moindre atten­tion por­tée au contexte urba­nis­tique, patri­mo­nial et pay­sa­ger : implan­ta­tion en milieu de ter­rain sans réfé­rence aux ali­gne­ments, atteinte au patri­moine cultu­rel immo­bi­lier par dégra­da­tion des cour et jar­din d’un immeuble hauss­man­nien d’excellente qua­li­té sis à l’avenue de la Bour­don­nais, gigan­tesque toi­ture pla­te­forme qui heurte les yeux de mil­lions de tou­ristes arri­vés aux étages de la tour Eif­fel toute proche, caco­pho­nie des maté­riaux aux cou­leurs agres­sives sans rap­port avec les tona­li­tés douces des immeubles pari­siens… Cette liste n’est pas exhaus­tive des tares qui marquent ce pauvre musée qua­li­fié par Fran­çoise Choay de « gâchis éco­no­mique, urba­nis­tique et cultu­rel4 ».

Est-ce à dire que la créa­tion archi­tec­tu­rale contem­po­raine n’a pas sa place dans le centre his­to­rique et de manière plus large dans la ville d’architecture tra­di­tion­nelle ? Évi­dem­ment si, mais la démarche urba­nis­tique devrait tou­jours pré­cé­der la réa­li­sa­tion architecturale.

Les interventions sur le patrimoine culturel immobilier**

On peut dis­tin­guer au moins trois types d’intervention sur ce patri­moine : la res­tau­ra­tion, le faça­disme et la transgression.

Pre­miè­re­ment, on ne dis­ser­te­ra pas sur l’activité de res­tau­ra­tion qui a fait l’objet d’innombrables théo­ries, ouvrages de réflexion, recom­man­da­tions d’organismes inter­na­tio­naux et dis­putes. Aujourd’hui, les tech­niques et les tra­vaux de res­tau­ra­tion ont atteint une per­fec­tion remar­quable, tout à l’honneur de ce peuple d’architectes, maçons, menui­siers, ébé­nistes, fer­ron­niers, stu­ca­teurs, sculp­teurs… qui ont la tête bien faite et de l’or dans les doigts.

Deuxiè­me­ment, le faça­disme est un mode d’adaptation cri­ti­quable des bâti­ments anciens à l’évolution de la socié­té. La condam­na­tion de cette pra­tique vient des défen­seurs de la conser­va­tion cohé­rente du patri­moine qui sou­tiennent que les élé­ments carac­té­ris­tiques inté­rieurs (agen­ce­ment des volumes, déco­ra­tion, maté­riaux, mobi­lier incor­po­ré, etc.) d’un bâti­ment d’intérêt archi­tec­tu­ral ou urba­nis­tique doivent être sau­ve­gar­dés au même titre que son appa­rence exté­rieure per­çue par tous.

Troi­siè­me­ment, la trans­gres­sion affecte aujourd’hui la plu­part des domaines de l’expression artis­tique : archi­tec­ture, pein­ture, sculp­ture, théâtre. Com­men­tant le fes­ti­val d’Avignon de 2005, R. Abi­ra­ched, ancien direc­teur du théâtre et des spec­tacles au minis­tère fran­çais de la Culture, disait ceci lors d’une inter­view : « C’est une ten­dance géné­rale de notre époque, qui veut aus­si que la trans­gres­sion devienne à son tour une norme » (Le Monde, 6 sep­tembre 2005). Elle n’est pas étran­gère à l’architecture. Quand, au nom de la liber­té d’expression, le créa­teur en vient à consi­dé­rer le patri­moine immo­bi­lier comme un sup­port pour l’élucubration, un objet dépour­vu de signi­fi­ca­tion avec lequel on joue, la trans­gres­sion n’est plus admis­sible. Il se trouve que ce sont sou­vent les pou­voirs publics eux-mêmes qui la cau­tionnent et la financent dans des entre­prises faites au nom de la culture.

Le patrimoine culturel immobilier, ressource de l’économie

Ce patri­moine est au fon­de­ment d’activités créa­trices de valeurs maté­rielles et imma­té­rielles. On rap­pel­le­ra celles rela­tives à la réno­va­tion du patri­moine bâti et au tourisme.

Les acti­vi­tés de res­tau­ra­tion et de réha­bi­li­ta­tion du patri­moine immo­bi­lier sont géné­ra­trices de reve­nus pour nombre de per­sonnes. Elles forment l’un des sec­teurs de l’économie dans lequel, par le méca­nisme du mul­ti­pli­ca­teur d’investissement, une somme dépen­sée génère une valeur double en four­ni­tures de biens et de ser­vices. Ces acti­vi­tés font appel à une main‑d’œuvre impor­tante et de grande qua­li­fi­ca­tion pro­fes­sion­nelle car elles ne peuvent être méca­ni­sées que dans une mesure limi­tée. La res­tau­ra­tion du patri­moine immo­bi­lier main­tient vivant le savoir-faire de nom­breux corps de métier (ébé­nistes, sculp­teurs, stu­ca­teurs, fer­ron­niers, fres­quistes, orne­ma­nistes…) qui, faute de com­mandes, dis­pa­rai­traient iné­luc­ta­ble­ment, occur­rence qui équi­vau­drait à une dila­pi­da­tion du patri­moine cultu­rel de la col­lec­ti­vi­té. Ces acti­vi­tés ne sont ni pol­luantes ni gênantes et ne consomment pas de grandes quan­ti­tés d’énergie, leur cout social est donc limi­té. Elles ne sont pas délo­ca­li­sables en d’autres endroits du monde car les biens aux­quels elles s’appliquent sont immo­bi­liers, par oppo­si­tion aux acti­vi­tés de l’industrie dont cer­taines sont deve­nues très mobiles par le fait de la mon­dia­li­sa­tion de l’économie. Elles accroissent la valeur du capi­tal immo­bi­lier, qu’il soit pri­vé ou public, ce qui équi­vaut en éco­no­mie glo­bale à un enri­chis­se­ment de l’ensemble de la col­lec­ti­vi­té régionale.

Les satis­fac­tions d’ordre esthé­tique et cultu­rel appor­tées par un cadre de vie sédui­sant, dont l’attrait pro­vient dans une large mesure de la pré­sence d’un patri­moine natu­rel, cultu­rel et pay­sa­ger pré­ser­vé et mis en valeur, sont dif­fi­ci­le­ment quan­ti­fiables ; on peut cepen­dant rele­ver que nombre d’habitants ou d’investisseurs prennent la déci­sion de s’établir dans une région ou une ville plu­tôt que dans une autre en pre­nant en compte ces élé­ments répu­tés sub­jec­tifs par les éco­no­mistes quan­ti­ta­ti­vistes, mais d’une impor­tance croissante.

Le patri­moine cultu­rel immo­bi­lier est l’une des res­sources prin­ci­pales sur les­quelles repose l’industrie du tou­risme aujourd’hui en expan­sion. L’Organisation mon­diale du tou­risme (OMT) indique que depuis la Seconde Guerre mon­diale, le nombre de tou­ristes voya­geant dans le monde n’a ces­sé d’augmenter, ce mou­ve­ment s’accélérant au cours des quinze der­nières années. De quelque 456,8 mil­lions en 1990, il s’est éle­vé à plus ou moins 715 mil­lions en 2002, il attein­drait à peu près un mil­liard en 2010 et aux envi­rons de 1,5 mil­liard en 2020, soit un dou­ble­ment en une ving­taine d’années. L’augmentation glo­bale du temps libre et celle, déter­mi­nante, de la part du bud­get des ménages consa­crée aux acti­vi­tés de tou­risme et de loi­sirs sont deux fac­teurs qui condi­tionnent l’évolution de ces activités.

Selon une étude sur le tou­risme des années 2010 (Ori­get du Clu­zeau, Vice­riat, 2000), les fac­teurs de la crois­sance tou­ris­tique pré­sen­te­raient les carac­tères sui­vants : une pré­fé­rence gran­dis­sante pour les pro­duits tou­ris­tiques pré­sen­tant une sin­gu­la­ri­té ou une ori­gi­na­li­té, ceux qui accroissent le bagage intel­lec­tuel ou la culture du tou­riste ; une impor­tance crois­sante des villes, en par­ti­cu­lier celles qui sont riches d’un patri­moine cultu­rel, his­to­rique, archi­tec­tu­ral ou esthé­tique ; un ren­for­ce­ment du rôle joué par les sports liés à l’eau ; une prise en compte plus atten­tive des contraintes d’ordre éco­lo­gique ou éthique ; un rôle impor­tant joué par les ani­ma­tions, fêtes popu­laires, car­na­vals et évènements.

Les villes his­to­riques nous semblent bien être les élé­ments les plus solides à long terme sur les­quels il soit pos­sible d’assoir le déve­lop­pe­ment d’un tou­risme de qua­li­té supérieure.

Dans la com­pé­ti­tion à laquelle les villes se livrent aujourd’hui, l’image qu’elles en donnent doit être sédui­sante si elles veulent atti­rer de nou­veaux rési­dents ou des inves­tis­seurs qui les ont décou­vertes en tant que tou­ristes. Cette image est sou­vent asso­ciée à la qua­li­té du patri­moine his­to­rique ou sim­ple­ment ancien qu’elles recèlent. Ce n’est pas uni­que­ment la métro­pole qui peut être attrac­tive, par son échelle une ville moyenne per­met au visi­teur de sai­sir son patri­moine bâti et pay­sa­ger de manière plus glo­bale que celui d’une grande ville dont les res­sources patri­mo­niales sont plus dis­per­sées. Pour les villes moyennes, il consti­tue l’un des fon­de­ments sur lequel elles peuvent mettre en œuvre un pro­jet de déve­lop­pe­ment urbain, sans négli­ger, il va de soi, ces qua­li­tés que sont un envi­ron­ne­ment salubre, un accueil cha­leu­reux, des ser­vices bien orga­ni­sés, une infor­ma­tion cor­rec­te­ment dif­fu­sée. « Par­tant du prin­cipe que la pre­mière res­source tou­ris­tique locale est la ville elle-même, telle qu’elle s’offre au regard et à la flâ­ne­rie, et pas seule­ment aux pra­tiques de loi­sir et de consom­ma­tion, on ne peut que consta­ter le besoin d’une approche inté­grale du patri­moine, qui res­pecte la com­plexi­té et la vita­li­té de l’espace urbain et qui ne le traite pas de manière frag­men­tée… La dis­tinc­tion entre monu­ment mineur et monu­ment majeur n’a, pour la per­cep­tion de l’espace urbain, que peu de sens, si on consi­dère que, dans une ville, rien n’est inin­té­res­sant…» (Gra­va­ri-Bar­bas, 1997).

Quelques exemples par­mi d’autres reflètent cette sen­si­bi­li­té col­lec­tive : publi­ca­tions des offices de tou­risme, livres d’art, émis­sions de télé­vi­sion van­tant ou décri­vant les villes euro­péennes en donnent essen­tiel­le­ment des vues mon­trant les centres his­to­riques et, plus lar­ge­ment, les quar­tiers d’architecture traditionnelle.

Conclusion provisoire

Les notions de monu­ment, d’ensemble et de site sont aujourd’hui fixées et ins­crites dans la plu­part des codes de l’urbanisme des pays d’Europe. Celle de « ville his­to­rique » est uti­li­sée, mais non encore défi­nie de manière pré­cise. La ville tra­di­tion­nelle pré­sente des carac­té­ris­tiques la dis­tin­guant net­te­ment de celles des zones péri­ur­baines qui se sont déve­lop­pées de manière consi­dé­rable au cours de la seconde moi­tié du XXe siècle pour for­mer de gigan­tesques agglo­mé­ra­tions. On a pro­po­sé que le péri­mètre de la ville tra­di­tion­nelle suive la limite des construc­tions éri­gées en ordre conti­nu jusqu’au milieu du XXe siècle le long des voies publiques.

La vaste entre­prise de sau­ve­garde et de mise en valeur du patri­moine cultu­rel immo­bi­lier de la ville tra­di­tion­nelle euro­péenne a mobi­li­sé de nom­breux acteurs ; les orga­nismes inter­na­tio­naux, les par­le­ments, les gou­ver­ne­ments, les asso­cia­tions de citoyens contri­buent à mettre en œuvre une poli­tique d’urbanisme mieux adap­tée à ce corps urbain. Celle-ci repose sur quelques prin­cipes d’aménagement deve­nus élé­men­taires, que l’on rap­pelle brièvement.

Une pre­mière recom­man­da­tion s’impose : tout pro­jet devrait être appré­cié selon une triple démarche faite dans un ordre défi­ni qui ne souffre pra­ti­que­ment aucune excep­tion : d’abord au regard de la pla­ni­fi­ca­tion spa­tiale, ensuite sous l’angle de l’urbanisme, et enfin en tant qu’œuvre d’architecture. Par­tant d’une vision large, celle de l’espace régio­nal ou d’agglomération, et se pour­sui­vant par l’étude du contexte (en fait le patri­moine immo­bi­lier et pay­sa­ger), cette démarche donne la pos­si­bi­li­té d’apprécier de manière sereine le pro­gramme du maitre d’ouvrage et le plan de l’auteur de pro­jet. La plu­part des réa­li­sa­tions qui sou­lèvent la cri­tique ou le rejet n’ont pas subi ce triple exa­men. Ces trois dis­ci­plines apportent leur contri­bu­tion de manière sys­té­mique à la réa­li­sa­tion du pro­jet, dans une mesure qui dépend de la nature et de l’ampleur du pro­gramme (nou­veau quar­tier, grand équi­pe­ment, bâti­ment isolé).

On peut ensuite don­ner les orien­ta­tions sui­vantes en ce qui concerne la pro­tec­tion du patri­moine natu­rel, cultu­rel et pay­sa­ger des villes euro­péennes : conser­ver la struc­ture com­po­sée de rues, d’ilots et de places carac­té­ris­tiques de la ville tra­di­tion­nelle ; sau­ve­gar­der le patri­moine cultu­rel immo­bi­lier dans l’acception large qui lui est main­te­nant donnée.

Il convient éga­le­ment d’accorder une vigi­lance accrue à la pro­tec­tion des ensembles his­to­riques ou tra­di­tion­nels qui per­son­na­lisent les villes et les quar­tiers ; ils consti­tuent des cadres de réfé­rence pour les construc­tions nou­velles, de ren­for­cer les dis­po­si­tions des plans locaux d’urbanisme et des règle­ments d’urbanisme en vue de main­te­nir les carac­té­ris­tiques mor­pho­lo­giques et typo­lo­giques propres à la ville euro­péenne : ali­gne­ment, gaba­rit, mode de cou­ver­ture, rap­port pleins-vides en façade, maté­riaux…; de sau­ve­gar­der les inté­rieurs d’ilots urbains en inter­di­sant la construc­tion au-delà du front de bâtisse arrière des immeubles exis­tants, et en par­ti­cu­lier la construc­tion de garages sou­ter­rains ; de manière géné­rale, il faut com­battre leur miné­ra­li­sa­tion et y déve­lop­per la végétation.

Il faut aus­si refu­ser en prin­cipe la construc­tion d’immeubles-tours dans la par­tie his­to­rique de la ville tra­di­tion­nelle et à prio­ri dans cette der­nière, sauf en cer­tains sites en nombre limi­té, soi­gneu­se­ment choi­sis en sorte d’assurer la sau­ve­garde des pay­sages urbains et, sous réserve du res­pect de normes urba­nis­tiques et archi­tec­tu­rales rigou­reuses, ne pas auto­ri­ser la construc­tion de grands équi­pe­ments incom­pa­tibles avec le tis­su urbain de la ville ancienne et les orien­ter vers la par­tie de la ville tra­di­tion­nelle com­prise entre celle-ci et la zone de péri­ur­ba­ni­sa­tion discontinue.

Il importe de soi­gner l’aménagement des espaces publics ; ceux-ci doivent se dis­tin­guer par la sim­pli­ci­té, la pra­ti­ca­bi­li­té et l’aménité, de prendre les mesures propres à accroitre la bio­di­ver­si­té en ville, notam­ment par la pro­tec­tion vigi­lante des parcs, qu’ils soient publics ou pri­vés, des intérieur­s d’ilot­s, des lignes de che­min de fer désaf­fec­tés, des rives de voies d’eau…

Il importe d’abandonner les pra­tiques s’apparentant au van­da­lisme telles que le faça­disme, en main­te­nant dans la mesure la plus large pos­sible l’intérieur des immeubles d’intérêt patri­mo­nial et en com­bat­tant la des­truc­tion des bâti­ments anciens phy­si­que­ment sains ; ou la trans­gres­sion, en inter­di­sant toute trans­for­ma­tion inutile, ajout d’éléments incon­grus ou maquillage de ces bâtiments.

Enfin, il faut pro­mou­voir des opé­ra­tions de réha­bi­li­ta­tion d’immeubles et de revi­ta­li­sa­tion urbaine ; réno­ver les friches indus­trielles, arti­sa­nales, com­mer­ciales et de loi­sirs ; recou­rir à la poli­tique fon­cière pour mettre en œuvre les opé­ra­tions d’amélioration géné­rale du cadre de vie.

Le patri­moine cultu­rel immo­bi­lier euro­péen ne se com­pose pas seule­ment de monu­ments ou d’immeubles pré­sen­tant un inté­rêt his­to­rique, mémo­rial, archi­tec­tu­ral ou esthé­tique, lors même que ceux-ci déter­minent, par leur pré­sence, la per­son­na­li­té des villes et des quar­tiers. Ce patri­moine est for­mé d’un ensemble d’éléments : rues, places, ilots, par­cel­laire, ali­gne­ments, gaba­rits, volumes, modes de cou­ver­ture, rap­ports pleins-vides, maté­riaux… que les peuples d’Europe ont, grâce à leur « com­pé­tence d’édifier5 », agen­cés et façon­nés au cours des siècles pour pro­duire cette « œuvre d’art col­lec­tive6 » qu’est la ville tra­di­tion­nelle européenne.

Ce texte est issu du col­loque « La ville et le monde XVe-XXe siècles » orga­ni­sé par l’université de Nantes-La Rochelle du 12 au 15 juin 2007.

  1. On retient la seconde des deux accep­tions que le nou­veau Petit Robert donne au mot « urba­ni­té » : poli­tesse où entre beau­coup d’affabilité natu­relle et d’usage du monde ; carac­tère de ce qui a rap­port à la ville.
  2. Pour mémoire, l’alignement est la limite sépa­ra­tive du domaine public de la voi­rie et des pro­prié­tés rive­raines (Hau­mont, 1996).
  3. « Libé­rer l’ilot ou l’architecture », revue Ville-archi­tec­ture, jan­vier 1997.
  4. Urba­nisme, sep­tembre-octobre 2006.
  5. Expres­sion uti­li­sée par Fr. Choay dans son ouvrage L’allégorie du patri­moine et défi­nie ain­si : «… j’appellerai com­pé­tence d’édifier la capa­ci­té d’articuler entre eux et avec leur contexte, par le tru­che­ment du corps humain, des élé­ments pleins ou vides, soli­daires et jamais auto­nomes dont le déploie­ment à la sur­face de la terre et dans la durée fait sens, simul­ta­né­ment pour celui qui édi­fie et pour celui qui habite (p. 191)… La com­pé­tence d’édifier dépé­rit sous nos yeux à mesure que s’affirme l’hégémonie mon­diale des réseaux tech­niques…», p. 192.
  6. Expres­sion employée par G. Bar­det dans Le nou­vel urba­nisme, p. 92.

Pierre Gosselain


Auteur