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La Pologne sous la coupe des populistes revanchards
Depuis le 25 octobre 2015, une grande époque semble révolue pour la Pologne. Celle du progrès démocratique et matériel, associé à un solide ancrage du pays dans les structures européennes et internationales. Les élections législatives tenues ce jour ayant donné la majorité au parti de droite populiste Droit et Justice (PIS), le nouveau chapitre de l’histoire […]
Depuis le 25 octobre 2015, une grande époque semble révolue pour la Pologne. Celle du progrès démocratique et matériel, associé à un solide ancrage du pays dans les structures européennes et internationales. Les élections législatives tenues ce jour ayant donné la majorité1 au parti de droite populiste Droit et Justice (PIS), le nouveau chapitre de l’histoire du pays s’annonce fragile. En effet, le leadeur du PIS, Jarosław Kaczyński, déjà au pouvoir entre 2005 et 2007, est bien connu des Polonais. Comme Premier ministre du gouvernement de l’époque, il forma avec son frère jumeau Lech, élu plus tôt président de la République, un curieux couple fraternel au pouvoir.
Résolus à renverser le statuquo politique dominé à leurs yeux par les postcommunistes — et culturel au motif de son « nihilisme » — les deux frères se lancèrent dans une bataille acharnée contre l’establishment sortant qu’ils accusaient notamment de corruption. Ce fut une période traumatisante de chasse aux sorcières, d’humiliations et de perquisitions à l’aube, de dénigrements de la société civile. Le souvenir de ces années avait à ce point écœuré les Polonais que le successeur du PIS, la conservatrice-libérale Plateforme civique (PO), n’avait qu’à brandir la menace du retour du PIS pour s’assurer une gouvernance quasiment non perturbée pendant huit ans. Époque où, nonobstant le crash de l’avion présidentiel en 20102 qui tua le président Lech Kaczyński, sa femme et nonante-six passagers et membres d’équipage, et malgré tout les défauts et abandons de réformes criant urgence, constitua un grand pas en avant en termes de modernisation du pays.
Comment en est-on arrivé là ?
Et voici qu’avec une légère majorité parlementaire Kaczyński revient plus fort que jamais. Comment est-il possible que cet homme revanchard qui, avec ses suiveurs, ne cesse de souler tout un chacun de cette exécrable rhétorique nationaliste, a‑t-il pu reprendre les rênes du pays ? Et quels sont les gens qui ont voté pour ce parti xénophobe et eurosceptique dans un pays où près de 90%3 se disent satisfaits de leur appartenance à l’Europe ? Si jamais vous posez cette question à un Polonais, il vous répondra très probablement que primo : 50 % des Polonais ne se sont pas déplacés aux urnes. Secundo : la Pologne n’est pas une : entre Est à la traine et Ouest dynamique, entre cols blancs et caissières de supermarchés, entre intellectuels et accros de télé ou internet, entre jeunes et vieux et, enfin, entre campagne et ville, la grande transformation économique, sociale et culturelle du dernier quart de siècle n’est pas vécue de la même façon.
Et soyons francs : si nombre de Polonais sont scandalisés par les dérives autoritaires du PIS, la grande majorité y reste indifférente. Quand les grandes villes manifestent aujourd’hui leur indignation, la province se désintéresse des nuances de la vie politique au moins autant que des valeurs démocratiques. Au même titre d’ailleurs que les centres urbains tournent le dos à cette province culturellement plus conservatrice et économiquement plus fragile.
Et pourtant son adaptation au régime de l’économie de marché semble plus douloureuse qu’ailleurs. À la campagne par exemple traditionnellement pauvre, marginalisée et surpeuplée, le processus de morcèlement des terres vieux de plusieurs siècles rendait les petits paysans vulnérables, les contraignant à se trouver d’autres emplois que la seule agriculture4 ; ou au tout début de la transition, tant d’exploitants avaient fait faillite pour s’être endettés à l’époque communiste et avoir à rembourser sous la loi du marché5 ; dans les grandes régions industrielles, comme le bassin houiller de la Silésie où les mines commencèrent à fermer ; dans des petites villes où l’unique usine qui assurait le travail à la majorité des habitants, se mit à licencier…
Pour eux tous, la nouvelle réalité économique se révéla impitoyable. Ils servirent en effet de matière vive à ce processus de désindustrialisation accélérée, lorsque des restructurations, fusions-acquisitions et autres procédés d’optimisation, entrainaient licenciements collectifs sinon fermetures pures et simples. Aussi n’est-il pas surprenant que pour ces victimes de la grande transformation, les « valeurs » tant exaltées et défendues par les villes sont restées sans intérêt. Et que les discours idéologiques se gargarisant de la démocratie ou du progrès ne prenaient pas avec la même dynamique. Tout au contraire : ceux que la transition a rendus vulnérables étaient plus tentés par un contre-discours, pourvu qu’il soit bien ciblé. C’est là qu’entre en scène Kaczyński : s’adressant à ceux que les grands courants de l’histoire ont évités, ignorés ou écartés, à ceux mal éduqués, encore abrutis par la bouillie médiatique, il n’a aucun mal à pointer du doigt les coupables de leurs malheurs et insuccès. Et de lancer sans gêne aucun à tous ces ardents défenseurs de grandes valeurs : l’honnête Pologne vous raille, communistes et canailles !
Rêve de grandeur
Pour rassembler ses fidèles et partisans autour de lui, Kaczyński ne joue pas que sur les frustrations économiques. Le social ne lui est d’ailleurs utile que comme instrument de jeu politique menant au pouvoir, et à titre accessoire. Préférant céder cette ennuyeuse tâche à son exécutif, il se concentre sur ce qui est le plus proche de son cœur. La vision traditionaliste de l’histoire, qu’il partage avec un grand nombre de Polonais, lui permet de se servir à volonté dans le grand puits du passé, des traditions historiques et de la ferveur religieuse.
En effet, l’éducation nationale aidant, la version de l’histoire du monde centrée sur la Pologne trône sans partage au moins depuis le recouvrement de l’indépendance, en 19186. S’appuyant sur une mythologie du messianisme polonais — qui trouve sa source dans la tradition romantique et, en version plus accessible, dans la trilogie romanesque de Henryk Sienkiewicz (prix Nobel de littérature en 1905), transmise de génération en génération — elle ne cesse d’inspirer par le passé chevaleresque et héroïque de cette grande puissance centre-européenne que fut la Pologne d’autrefois. Peu importe que pour d’aucuns, comme Miłosz ou Gombrowicz, figures de proue de la littérature du XXe siècle, cette mythologie soit insupportable, bête et nuisible. Nul ou presque ne se préoccupera de semblables mises à la raison formulées par ces penseurs fins, mais difficiles et surtout trop équivoques. Et qui, de plus, osent mettre en doute, voire moquent le messianisme, l’héroïsme ou encore l’exception polonaise. C’est ainsi que Sienkiewicz, ce véritable barde de la cause nationale, demeure imprenable sur ce champ de bataille entre progressistes nihilistes, trop cosmopolites, et patriotes traditionalistes en quête de dignité individuelle qu’ils croient trouver dans la nostalgie historique.
Entre l’État de droit et le droit du plus fort
Si cette mythologie a malgré tout du mal à passer aujourd’hui — alors qu’elle fut bien porteuse encore à l’époque communiste et ce, même dans les milieux plus instruits —, c’est parce que depuis 1989 le monde a changé. Et diamétralement : avec la chute du mur de Berlin, les frontières s’ouvrirent brusquement et les Polonais, jusqu’alors baignant de la tête aux pieds dans leur propre sauce nationale, se retrouvèrent devant la porte béante du monde. Et, ayant secoué le joug si abhorré de la domination soviétique et communiste, enfin libres, ils commencèrent à regarder l’avenir avec espoir. L’euphorie de ces premières années fut grande : les étrangers commencèrent à affluer avec leurs industries, technologies, capitaux, culture du travail. Ils étaient bienvenus et l’économie de marché accueillie telle quelle et sans aucune réserve. Les Polonais, ceux qui pouvaient — jeunes diplômés, professions libérales ou simplement ceux qui maitrisaient quelque langue étrangère — s’engageaient dans des sociétés étrangères. Car, pour cette classe moyenne émergente, travailler pour une entreprise polonaise sonnait ringard — et puis les étrangers payaient mieux. Ainsi, toute la Pologne commença à affluer massivement dans la capitale et quelques autres grandes villes pour travailler dur, gagner mieux et apprendre des Occidentaux la vraie vie. Se civiliser. Devenir comme eux.
Mais quand les grandes villes s’alignaient, l’arrière-pays rechignait. Les centres urbains s’enrichissaient, la campagne stagnait. Juristes, économistes, financiers ou commerciaux s’imposaient, alors qu’intellectuels, enseignants, fonctionnaires reculaient. Les nouveaux riches partaient à la plage en Espagne, en Grèce ou en Turquie, et les ouvriers, paysans ou villageois, au chômage. Parallèlement, de toutes parts se faisait entendre le même encouragement lancé par les politiques, les économistes ou les entrepreneurs : travaillez plus dur, enrichissez-vous ! Et les cris d’indignation contre tous ceux qui osaient obstruer l’avancée du progrès économique. Il est absolument immoral, disait par exemple Jan Kulczyk, le plus riche Polonais, de pénaliser par des impôts plus lourds ceux qui se lèvent plus tôt, apprennent plus, risquent plus et gagnent plus7. Et Leszek Balcerowicz, le cerveau de la transformation économique n’avait de cesse de répéter : moins d’État, moins d’impôts, moins de régulations et plus de liberté économique ! Cela stimulera la créativité des Polonais !
Que les Polonais sont débrouillards ne fait pas de doute. Les décennies de misères, de guerres et de pénuries leur ont appris des sacrifices absolument extraordinaires. Mais les privations, les efforts, les humiliations de cette douloureuse transformation économique, sociale et culturelle des vingt-cinq années passées, ne pouvaient se justifier que dans la mesure où ils conduiraient à l’émancipation. Or, si la transformation a manifestement profité à certaines catégories sociales, elle en a impitoyablement marginalisé, paupérisée voire vassalisé d’autres. Et elle en a fait des ennemis acharnés du système. Car qu’importe le taux de croissance le plus haut de d’Europe, si, souvent sans travail, on a du mal à joindre les deux bouts ? Quel intérêt de voir déclarer la Pologne l’«ile verte en temps de crise », si avec les quelques diplômes, on ne trouve au mieux que du travail dans un centre d’appel ? Et que veut dire démocratie et liberté lorsque ceux qui ont plus de puissance — banquiers, financiers, avocats ou autres patrons — peuvent impunément mener tous les autres par le bout du nez ou décider arbitrairement de leur sort ? Est-ce cela l’État de droit et de justice ?
Nomades, sédentaires et casseurs
Alors depuis 2004, beaucoup ont choisi de partir. Ils sont près de deux millions aujourd’hui à avoir quitté le pays, écœurés par la précarité de l’emploi, les salaires de famine, les éternelles querelles politiques, les leçons de morale d’une Église elle-même démoralisée et vide, les cours d’économie des technocrates érigés en sages omniscients. Depuis, le pays a commencé à se vider de médecins, d’informaticiens, d’ingénieurs et de tant d’autres spécialistes partis en quête d’une vie plus digne et stable. Ceux qui sont restés, à moins de faire partie des privilégiés, se saignent aux quatre veines pour survivre. En grande majorité plutôt apathiques que révolutionnaires, ils se taisent se contentant de maugréer. Mais, il y a ceux qui se refusent à accepter leurs défaites et misères et se lancent à la traque des coupables. Là, Kaczyński et son PIS tombent du ciel.
En effet, Kaczyński est passé maitre en structuration des haines et des mécontentements. Il dispose à cette fin de quelques efficaces instruments : un langage ordurier et pour autant communément usité, pour illustrer la mesquinerie et la bassesse des « autres » (communistes, traitres voire Juifs); et un message censé positif qu’est l’invocation des traditions, du patriotisme, du messianisme, de l’exception polonaise…
Et, après tout, pourquoi pas, cette vision manichéenne du monde ? N’est-ce pas précisément ce qu’on enseignait aux cours d’histoire ou de polonais ? L’éternel bras de fer entre patriotes et ces traitres, responsables de grandes catastrophes nationales, des désertions internationales ? Des partages de la Pologne au XVIIIe siècle et en septembre 1939 quand, assaillie par l’armée d’Hitler, la Pologne attendait en vain la contrattaque de ses alliés ; du traité de Yalta, en 1945, qui retraça les frontières polonaises et, pire, laissa le pays entre les mains de Staline ? Faits après tout incontestables que depuis vingt-cinq ans ces « communistes », ces « canailles », écrivains, journalistes, intellectuels, ne cessent de relativiser.
Il importe peu que, comme chez Sienkiewicz, le discours patriotard du PIS soit truqué. Certes, il y en aura toujours qui y croiront innocemment et sans réserves. Mais si la méthode s’est révélée si efficace, c’est aussi parce que les prédécesseurs du PIS, la PO (Plateforme civique) souffrait d’un vide idéologique total : le néolibéralisme fut sérieusement affecté par la dépression de 2008, le social était trop associé à la gauche étiquetée postcommuniste, les évocations nationales sonnaient trop nationalistes… La PO se borna ainsi à ce qu’elle savait faire le mieux : les chiffres comptables au détriment de la vie réelle. Voici qu’après calcul, elle résolut de rehausser l’âge du départ à la retraite à soixante-sept ans, dans un monde où trouver un emploi après cinquante ans frôle le miracle ; la voilà occupée à soigner son image à l’étranger au lieu d’entreprendre un véritable dialogue avec son propre peuple ; ou encore à favoriser les grands patrons au préjudice des simples mortels…
À la longue, cet arrogant langage technocrate, vide et par-dessus tout ne débouchant sur rien de tangible, irritait et avivait la grogne. Entretemps vint la dépression de 2008 et les licenciements massifs, et les retraites de famine, et la toute-puissance des banquiers conduisant aux faillites personnelles et tragédies humaines, et l’impossibilité matérielle pour les jeunes de fonder une famille, et pour comble de tout… la crise des migrants éclatée tout juste avant les élections d’octobre 2015. « Je veux vous rappeler aujourd’hui pourquoi le PIS a gagné aux élections, martèle la Première ministre Beata Szydło de la tribune de la Diète. C’est parce que pendant huit ans, vous [PO] vous moquiez des gens et de leurs problèmes. Vous étiez arrogants, orgueilleux et, tournant le dos aux citoyens, preniez des décisions qui ne profitaient qu’à vous-mêmes8. […]»
Victime cherche victime
Ainsi, Jarosław Kaczyński a saisi au vol ces frustrations sans doute parce qu’il reste lui-même profondément ébranlé. Non seulement par la perte de son frère jumeau dans la catastrophe aérienne (2010), mais dans une égale mesure par ses maintes et cuisantes défaites politiques. Au tout début des années 1990, il avait commencé avec son frère Lech comme conseillers de Lech Wałęsa, et ils furent renvoyés. Puis, toujours avec son frère jumeau, il créa son propre parti9, disparu avec l’arrivée au pouvoir des sociaux-démocrates (1993). Comme leadeur du PIS, il parvint enfin au pouvoir en 2005, mais ne cessa de guerroyer envers et contre tout, de dénigrer et insulter et il ne put tenir plus de deux ans. Or, jamais deux sans trois. Aujourd’hui, le voilà de retour, prêt à tout casser : la souveraineté de la Cour constitutionnelle ; la fonction publique professionnelle et non politisée ; l’indépendance des médias publics et le statut apolitique des services de sécurité… Une fois cette mission accomplie, avec un président de la République, une Première ministre et bientôt un procureur général, tous à ses ordres, il aura toutes les rênes de l’État entre ses mains. « Le PIS a commencé son mandat en appliquant la stratégie de “mille Vietnam”, explique Wojciech Mucha dans le quotidien conservateur Gazeta Polska. Elle consiste à lancer au plus vite la bataille sur tous les fronts possibles. De façon à ne pas laisser à l’adversaire surpris la chance de répliquer. Il en fut ainsi. En réponse, il y n’eut que hurlements désordonnés et bouches bées10. »
No pasarán
Pourtant selon nombre de commentateurs, le PIS, lui aussi, est à court d’idées « à part le discours patriotard, une culture bonne pour les enfants jouant avec des soldats de plomb, ou des dogmes religieux11 ». Il n’a surtout aucun programme social pour les plus démunis. Sans doute, pour combler ce vide et diriger l’attention sur d’autres sujets que son projet social incohérent et ponctuel (allocation de naissance de 120 euros par enfant et par mois, suppression de collèges, rehaussement de l’âge de scolarité de 6 à 7 ans…), sans évoquer la criante incompétence de la plupart de ses collaborateurs, son leadeur préfère multiplier injures et insultes de gros calibre : hier ses opposants étaient des canailles et communistes, aujourd’hui agents de la Gestapo. Chaque jour ou presque apporte de nouvelles insultes, sans parler des mensonges effrontés, outrages permanents à la raison et au bon sens. Mais l’efficacité de cette tactique est plus que douteuse : conjuguée à l’assaut en cours contre les institutions démocratiques (cour constitutionnelle, médias publics, police nationale), elle aboutit à une mobilisation inédite de la société civile.
Les manifestations massives de ces dernières semaines (trois grands rassemblements dans les plus grandes villes de Pologne entre décembre et mi-janvier chacune regroupant au total environ 100000 manifestants dans tout le pays) montrent que nombre de Polonais ne restent pas indifférents aux acquis de leur État de droit et à la solidité des institutions. Le président de la Cour constitutionnelle a déjà annoncé qu’il ne laisserait pas vassaliser cette dernière qui n’est responsable que devant la Constitution. En même temps, les intentions de vote pour le PIS sont en chute libre12. Et Gazeta Wyborcza, le plus grand quotidien polonais, de lancer : « La Pologne n’est pas la Hongrie et la démocratie y a pris racine assez solidement. Le PIS ne détournera pas le cours de la Vistule avec un bâton13. » La personnalité même de Kaczyński homme politique des plus exécrés par les Polonais, pourrait contribuer à l’échec de sa gouvernance.
Mais alors, en espérant que la raison l’emporte un jour sur cette démence politique, force sera de revoir d’un œil plus critique les vingt-cinq années de la transformation économique. Et réviser aussi, outre l’économique et le social, les méthodologies de cette propagande de succès chiffrée et sans intérêt. Car ce n’est pas aujourd’hui qu’on apprend que plus les chiffres économiques du pays allaient croissant, moins cela profitait à une large partie de la population. À défaut, des Kaczyński, Orban ou autre le Pen pourront encore longuement s’engraisser des malheurs des largués et défavorisés. Et une fois leurs recettes miracle échouées, de plus radicaux pourront les relayer. Car comme nous avertit Adrian Zandberg, leadeur de la gauche nouvelle14 : « Soit on éradiquera les causes de la frustration, soit viendra l’heure des chemises noires et alors, on pleurera le bon vieux temps du PIS15. »
- 37,58%, soit 235 sièges sur un total de 460 députés de la Diète et 61 sièges sur 100 au Sénat.
- Le 10 avril 2010, le Tupolev 154 présidentiel transportait la délégation officielle en route vers Katyń pour commémorer le septantième anniversaire du massacre perpétré par le NKVD stalinien en 1940 sur plus de 21.000 officiers et soldats de l’armée polonaise. Atterrissant dans un épais brouillard, l’appareil s’écrasa avant d’atteindre l’aéroport de Smolensk. L’enquête avait attribué la cause du crash aux mauvaises conditions atmosphériques et à l’erreur des pilotes. Toutefois, des spéculations sur l’éventuel attentat sont à ce jour avancées notamment par des milieux conservateurs et nationalistes. Elles nourrissent un discours patriotard allant jusqu’à accuser le gouvernement de Donald Tusk de son implication dans le crash. En tout état de cause, l’accident survenu dans ce lieu et à une pareille date demeure symbolique.
- Sondage CBOS réalisé entre le 6 et le 12 février 2014, selon lequel 89 % soutiennent l’adhésion à l’UE.
- Le processus de morcèlement des terres agricoles, vieux de plusieurs siècles, fut accéléré à l’issue de la Seconde Guerre mondiale pour des motifs idéologiques et visait notamment le démantèlement de la classe de propriétaires agricoles : les grandes propriétés (entre 50 et 100 hectares) furent ainsi collectivisées, soit pour être incorporées dans les « coopératives agricoles », soit pour être redistribuées entre paysans déportés de territoires orientaux incorporés dans l’URSS, vers les territoires occidentaux repris à l’Allemagne. Si les petites propriétés étaient également visées dans les premières dix années de l’après-guerre, ces tentatives cessèrent face à une opposition paysanne virulente et par suite du dégel qui suivit la mort de Staline.
- En septembre 1989, alors que la crise économique, suivie d’une hyperinflation, faisait des ravages, fut nommé le premier gouvernement non communiste. Celui-ci fit voter, avant la fin de l’année, une série de lois visant la transition de l’économie dirigiste à celle de marché. Dans ce cadre, pour stopper l’hyperinflation, les taux d’intérêt des banques furent fixés proportionnellement au taux de l’inflation galopante, ce qui aura conduit à la faillite de nombre d’agriculteurs (et d’entrepreneurs) qui avaient emprunté sous le régime dirigiste. La situation de la campagne polonaise n’a commencé à s’améliorer qu’avec l’adhésion à l’Union européenne, grâce à la politique agricole commune.
- En effet, dès la fin du XVIIIe siècle, le royaume de Pologne disparut de la carte de l’Europe, partagé entre la Russie, la Prusse et l’Autriche. Ceci jusqu’en 1918, lorsque la nouvelle République entreprit la tâche de recoudre le territoire national, qui de plus fut à l’époque habité par plusieurs nationalités : Polonais, Lithuaniens, Biélorusses, Ukrainiens, Juifs, Allemands…
- Récapitulatif des sentences de Jan Kulczyk, Gazeta Wyborcza, 29 juillet 2015.
- Michał Wachnicki, « Michał Wilgocki, Premier Szydło ostro atakuje w Sejmie i zapowiada opublikowanie wyroku TK » (La Première ministre Szydło attaque violemment l’opposition à la Diète et annonce la publication de l’arrêt de la Cour constitutionnelle), Gazeta Wyborcza, 15 décembre 2015.
- Porozumienie Centrum (PC), Convention du centre, enregistré dans le registre des partis politiques en 1990, radié en 2002.
- Wojciech Mucha, « Komitet Obrony Dekoracji » (Comité pour la défense de la décoration, un jeu de mots faisant référence au Comité pour la défense de la démocratie, organisateur de récentes manifestations massives), Gazeta Polska, 9 décembre 2015.
- Sierakowski, idem.
- Le sondage TNS pour Gazeta Wyborcza du 15 décembre 2015, montre une chute de 15 % des intentions de vote pour le PIS par rapport au début de décembre (de 42 % à 27 %).
- Mirosław Czech, « Trzecia próba Kaczyńskiego nie może się udać » (la troisième tentative de Kaczynski ne pourra pas réussir), Gazeta Wyborcza, 14 décembre 2015.
- Razem : (Ensemble) est un parti de nouvelle gauche créé seulement en mai 2015, pour faire face entre autres à l’«ancienne », notamment de l’Union de la gauche démocratique (SLD, au pouvoir entre 1993 et 1997 puis 2001 – 2005) dont certains leadeurs, comme l’ex-Premier ministre Leszek Miller, sont encore issus de l’ancien système communiste et dont les politiques économiques et sociales furent purement libérales, alors que leur longue gouvernance pullulait de scandales de corruption. Ni le SLD ni Razem n’ont dépassé le seuil électoral et ainsi aucun parti de gauche n’est représenté au parlement actuellement.
- Maciej Stasiński, « Polska. Macocha nie matka. Rozmowa z Adrianem Zanbergiem » (La Pologne : une marâtre, pas une mère, entretien avec Andrian Zandberg) Gazeta Wyborcza, 5 décembre 2015.