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La Palestine maintenant
« C’était un grand homme. Heureusement qu’il est mort ! » Le trait, certes, est forcé mais à peine. En dépit d’analyses parfois divergentes, les commentaires qui ont suivi la mort de Yasser Arafat semblent pouvoir être ramassés dans cette formule lapidaire. Arafat a permis au peuple palestinien d’acquérir visibilité et reconnaissance, mais il constituait une entrave à la paix. […]
« C’était un grand homme. Heureusement qu’il est mort ! » Le trait, certes, est forcé mais à peine. En dépit d’analyses parfois divergentes, les commentaires qui ont suivi la mort de Yasser Arafat semblent pouvoir être ramassés dans cette formule lapidaire. Arafat a permis au peuple palestinien d’acquérir visibilité et reconnaissance, mais il constituait une entrave à la paix. Un grand guerrier donc, mais un homme du passé, un héros devenu encombrant. Un révolutionnaire qui n’avait aucune qualité de chef d’État. C’est aller vite en besogne que de faire l’impasse sur plus d’un demi-siècle d’histoire, surtout quand les juges sont souvent ceux-là mêmes qui se sont sincèrement battus pour que cet État palestinien ne voit jamais le jour…
Pascal Fenaux retrace l’histoire inextricablement mêlée du mouvement national palestinien et de l’État d’Israël et surtout la complexité d’un conflit qui, de luttes armées en négociations politiques, aura durablement traumatisé les deux sociétés, palestinienne et israélienne.
L’enfermement des Palestiniens dans les territoires occupés est évoqué par Anne Rothschild, juive vivant à Paris, poète et graveur qui tisse des liens entre juifs et musulmans, entre le Musée d’art et du judaïsme et l’Institut du monde arabe. Anne Rothschild raconte une visite à des amis, qui pourrait être anodine. Mais sa destination, Ramallah, et son guide, une Palestinienne qui travaille à Jérusalem, le sont moins. Les quinze kilomètres qui séparent les deux villes transforment, l’espace d’un après-midi, la voyageuse en passager clandestin dans un monde interdit, la fait franchir une frontière âprement contrôlée, où l’arbitraire règne. Le long trajet de retour à Jérusalem est à l’image de la vie des Palestiniens de Ramallah, oppressante, erratique, incertaine.
Marianne Blume, coopérante belge en Palestine analyse les funérailles de Yasser Arafat. Les vraies funérailles, celles que le peuple palestinien s’est appropriées, qu’il a faites siennes faisaient peut-être un peu désordre aux yeux des Occidentaux, mais elles ont mis en évidence la sagesse et l’intelligence de la société palestinienne. Dans beaucoup d’autres États semblable « débordement » populaire eût été réprimé dans le sang. Cette société qui peut tout à la fois respecter le pouvoir et le critiquer est mure pour voir naitre le premier État démocratique arabe.
Cependant avant que cet État ne devienne réalité auront lieu les élections qui devront désigner le successeur d’Arafat à la présidence de l’Autorité palestinienne. Pascal Fenaux indique que, si les Occidentaux ne s’impliquent pas dans le processus électoral en obtenant, d’une part, qu’Israël permette la libre circulation en Cisjordanie et, d’autre part, que les groupes armés palestiniens respectent les procédures démocratiques de vote, Israéliens et Palestiniens pourront dénier toute légitimité aux futurs dirigeants et, partant, empêcher tout processus de paix.
« Intrépides / dans le champ du malheur / les grands apprentissages […] plantent toujours leur objection » (Henry Bauchau). Si le processus de paix ne pouvait être relancé, comme Ariel Sharon l’a promis au lendemain de la mort de l’« objection » Arafat, le gouvernement de la Mort (Nourit Peled-Elhana) aurait encore de beaux jours dans les deux camps, et ni la paix ni l’État palestinien ne seront pour maintenant.