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La gestion durable de la forêt

Numéro 05/6 Mai-Juin 2012 par Eric Dufranne

juin 2012

La Botte verte de l’Entre-Sambre-et-Meuse regroupe six com­munes : Beau­mont, Chi­may, Froid­cha­pelle, Momi­gnies, Sivry-Rance et Cou­vin. Les res­sources fores­tières publiques et pri­vées de cette région sont variées : la forêt occupe une place impor­tante allant jus­qu’à 50% de la super­fi­cie. Cette région rurale a conser­vé une valeur esthé­tique incon­tes­table : on peut par­ler de ter­roir « vert ». L’a­mé­na­ge­ment de ces forêts majo­ri­tai­re­ment feuillues doit pro­mou­voir des filières de proxi­mi­té dans la trans­for­ma­tion du bois et le tou­risme vert. Outre sa fonc­tion natu­relle de pro­duc­tion du bois, la syl­vi­cul­ture doit, par des mesures appro­priées, main­te­nir, voire res­tau­rer la bio­di­ver­si­té poten­tielle : celle-ci garan­tit une via­bi­li­té et une meilleure rési­lience de la forêt, notam­ment face aux chan­ge­ments cli­ma­tiques en cours.

La Botte du Hai­naut dis­pose de nom­breux atouts en res­sources natu­relles : l’eau via le com­plexe des bar­rages de l’Eau d’Heure qui consti­tue un site de grand inté­rêt bio­lo­gique, l’agriculture tant her­ba­gère que céréa­lière et la forêt, feuillue ou rési­neuse, pro­duc­trice de nom­breux pro­fits socioéconomiques.

La Botte verte au sud-ouest de l’Entre-Sambre-et-Meuse

Près de la moi­tié de l’étendue du sud-ouest de l’Entre-Sambre-et-Meuse est occu­pée par la forêt, pour 32% en Région wal­lonne : ce patri­moine s’étend sur une super­fi­cie de plus de 27.000 hec­tares. La forêt est donc étroi­te­ment impli­quée dans la vie du ter­ri­toire rural au ser­vice de la popu­la­tion locale et de tou­ristes de plus en plus pré­sents. Tan­tôt pro­duc­trice de matière pre­mière pour l’industrie ou de bois-éner­gie, tan­tôt refuge pour des espèces ani­males et végé­tales, tan­tôt espace de jeux ou de détente pour la popu­la­tion, elle est de plus en plus sol­li­ci­tée. La forêt de la Botte verte appar­tient à rai­son de 55,8% aux pro­prié­taires publics (Région wal­lonne, pro­vinces, cpas, fabriques d’Église); les domaines fores­tiers des pro­prié­taires par­ti­cu­liers s’étendent sur 12.000 ha, soit 44%. La com­po­si­tion des mas­sifs fores­tiers est sen­si­ble­ment dif­fé­rente selon la nature des pro­prié­taires. Dans les pro­prié­tés des par­ti­cu­liers, les peu­ple­ments rési­neux sont plus repré­sen­tés : pes­sières (épi­céas), dou­gla­sières, mélè­zières et pine­raies. Par contre, les feuillus sont net­te­ment majo­ri­taires dans les mas­sifs fores­tiers publics. Cette forêt feuillue est sur­tout repré­sen­tée par la chê­naie, prin­ci­pa­le­ment ins­tal­lée sur les sols peu pro­pices à l’agriculture.

La chênaie et sa civilisation

Les rap­ports entre l’homme et la chê­naie n’ont ces­sé d’évoluer au cours des siècles. L’homme a tou­jours été tri­bu­taire du bois pour lui four­nir nour­ri­ture, maté­riaux, éner­gie, et le chêne fut l’essence qui y a le plus contri­bué. Durant le Moyen-Âge, la forêt était une res­source indis­pen­sable pour les com­mu­nau­tés locales. Non seule­ment elles y pré­le­vaient le bois d’œuvre et de feu pour ali­men­ter les besoins consi­dé­rables des forges et four­neaux, mais elles exploi­taient éga­le­ment de nom­breux can­tons à des fins agri­coles. La demande énorme en com­bus­tible pour l’industrie du fer et tous les autres usages ont for­te­ment amoin­dri la sur­face et la qua­li­té de nos forêts.

Le XIXe siècle voit l’avènement du char­bon fos­sile et l’abandon pro­gres­sif de la métal­lur­gie au bois. L’extension en paral­lèle du réseau fer­ro­viaire entraine une demande accrue en tra­verses. La demande, si impé­rieuse jadis en bois de feu et de taillis, s’estompe pro­gres­si­ve­ment au pro­fit de valo­ri­sa­tions exi­geant des grumes de plus fortes dimen­sions : ébé­nis­te­rie, dérou­lage, pape­te­rie… Vers 1900, la forêt belge est au creux de la vague : elle est entre­cou­pée de nom­breux vides et clai­rières pro­ve­nant de cultures « tem­po­raires », abi­mée par trop de pâtu­rages, en proie à de fré­quents incendies.

Au XXe siècle, les ges­tion­naires pri­vés et publics s’engagent à reca­pi­ta­li­ser les forêts en bois d’œuvre. Si la forêt belge est en aug­men­ta­tion depuis le siècle pas­sé, l’aire de la chê­naie est, par contre, en net recul en Région wal­lonne : 40 à 50% des chê­naies ont dis­pa­ru ces sep­tante der­nières années. Les fores­tiers du XXe siècle ont aug­men­té la pro­duc­tion de bois d’œuvre de nos chê­naies. Cette conver­sion n’est pas sans consé­quence puisqu’elle a pro­vo­qué l’actuelle pénu­rie de jeunes chênes.

Des tech­niques syl­vi­coles inno­vantes en matière de régé­né­ra­tion et d’aménagement sont à déve­lop­per afin de com­bler le défi­cit ; néan­moins, le chêne reste le feuillu majo­ri­taire dans la Botte verte, ain­si qu’en Wal­lo­nie, tout comme en Bel­gique et en Europe. Ses poten­tia­li­tés en matière de bio­di­ver­si­té sont exceptionnelles.

Les atouts d’une gestion forestière durable

Actuel­le­ment, les pro­prié­taires et les ges­tion­naires fores­tiers pré­co­nisent des forêts mélan­gées et éta­gées, com­po­sées de plu­sieurs essences d’âges dif­fé­rents, afin de béné­fi­cier de dif­fé­rents pro­duits, de favo­ri­ser des habi­tats variés et d’adopter une ges­tion fores­tière plus durable ; ces forêts plus résis­tantes et en bonne san­té offrent de mul­tiples pro­duc­tions (gros bois, bois de feu, fruits…) et fonc­tions (conser­va­tion des plantes et des ani­maux, pro­tec­tion de l’eau et du sol, détente, sports…).

À côté des fonc­tions de pro­duc­tions agri­coles et fores­tières assi­gnées aux espaces des dif­fé­rentes com­munes de la Botte verte, une part non négli­geable est éga­le­ment dévo­lue à des fonc­tions de pro­tec­tion aux termes de la loi sur la conser­va­tion de la nature : réserves natu­relles (doma­niales ou agréées), zones humides d’intérêt bio­lo­gique, zones de pro­tec­tion spé­ciale et zones spé­ciales de conser­va­tion, ces deux groupes for­mant le réseau Natu­ra 2000.

Cette fonc­tion de conser­va­tion est de plus en plus recon­nue comme allant de pair avec la néces­saire fonc­tion de pro­duc­tion. Le nou­veau code fores­tier pro­mul­gué en juillet 2008 l’atteste : « Les bois et forêts repré­sentent un patri­moine natu­rel, éco­no­mique, social, cultu­rel et pay­sa­ger. Il convient de garan­tir leur déve­lop­pe­ment durable en assu­rant la coexis­tence har­mo­nieuse de leurs fonc­tions éco­no­miques, éco­lo­giques et sociales. »

Depuis vingt-cinq ans, le Centre de déve­lop­pe­ment agro­fo­res­tier de Chi­may se veut le pro­mo­teur de cette pro­duc­tion fores­tière emblé­ma­tique de qua­li­té. Pour pro­mou­voir une ges­tion encore plus « durable » de la res­source fores­tière dans le cadre des chan­ge­ments cli­ma­tiques venant affec­ter direc­te­ment ou indi­rec­te­ment nos forêts, le centre s’est atta­ché à rele­ver dix « bonnes pra­tiques » propres à rendre cette ges­tion fores­tière encore plus performante.

Nombre de ces « bonnes pra­tiques » sont frap­pées du sceau du bon sens ; néces­si­tant peu de moyens à mettre en œuvre, elles per­mettent des résul­tats sub­stan­tiels en termes de ren­ta­bi­li­té : pro­duire plus à moindre cout, de façon « éthique » et éco­lo­gique. Sans nul doute, des tech­niques syl­vi­coles plus dyna­miques et effi­caces doivent être encou­ra­gées : pro­mo­tion des essences indi­gènes, à cou­vert léger et en mélange, conco­mi­tance de plu­sieurs trai­te­ments (taillis, taillis sous futaie, futaie, peu­ple­ments irré­gu­liers d’âges divers), frac­tion­ne­ment des peu­ple­ments dans l’espace et le temps, créa­tion de par­celles d’intérêt fau­nis­tique, des­serte opti­male, tra­vaux ciblés et par­tiels aux périodes oppor­tunes, coupes sélec­tives en faveur des arbres d’avenir…

Renouvèlement naturel de la forêt

Par mécon­nais­sance des dyna­miques éco­lo­giques, excès de pru­dence et capi­ta­li­sa­tion exces­sive, il a sou­vent été « oublié » d’assurer une régé­né­ra­tion conti­nue confor­mé­ment à la ges­tion « en bon père de famille ». Les condi­tions de réus­site de la régé­né­ra­tion natu­relle sont des essences bien adap­tées aux contraintes sta­tion­nelles, des semen­ciers sains, bien répar­tis et sans défauts génétiques.

Forêts résistantes

Les pers­pec­tives de chan­ge­ment cli­ma­tique liées à l’accroissement des gaz à effet de serre devraient aug­men­ter la pro­ba­bi­li­té et l’intensité de risques natu­rels pour nos forêts : stress hydriques prin­ta­niers, cani­cules esti­vales, incen­dies, inon­da­tions… Pour limi­ter la sen­si­bi­li­té des peu­ple­ments à ces risques, des prin­cipes de pré­cau­tion s’imposent : pri­vi­lé­gier les essences indi­gènes, garan­tir une diver­si­té géné­tique suf­fi­sante, pré­fé­rer des mélanges à struc­ture irré­gu­lière. En effet, ces essences sont moins vul­né­rables aux attaques d’insectes (ipides, coche­nilles…), de ron­geurs (lépo­ri­dés, cam­pa­gnols) et de cham­pi­gnons (rouilles, pour­ri­tures). À ces peu­ple­ments, il convien­dra de pro­di­guer des tech­niques syl­vi­coles dyna­miques (éclair­cies, détou­rages…) ren­for­cées par une veille sani­taire proac­tive et réac­tive, aidées en cela par la créa­tion récente de l’Observatoire wal­lon de la san­té des forêts (SPW-DEMNA).

Forêts résilientes

La rési­lience d’un peu­ple­ment fores­tier désigne sa capa­ci­té à se recons­ti­tuer après tem­pête, dépé­ris­se­ment ou incen­die. Toute ges­tion fores­tière durable doit s’appuyer dans une large mesure sur le fonc­tion­ne­ment natu­rel des éco­sys­tèmes en limi­tant les per­tur­ba­tions sur le milieu. Ain­si, les peu­ple­ments mélan­gés ou mixtes, com­po­sés de rési­neux et de feuillus, sont les plus rési­lients aux contraintes natu­relles (vent, sèche­resse, patho­gènes…) grâce aux feuillus qui repoussent de souche et à des stocks de graines capables de ger­mer et de déve­lop­per des semis. En outre, ces peu­ple­ments mélan­gés sont plus à même de répondre aux besoins de diver­si­fi­ca­tions éco­no­mique, éco­lo­gique et sociale recher­chés par les ges­tion­naires et les usa­gers de la forêt.

Promotion des milieux associés en forêt

La forêt n’est pas uni­que­ment un ensemble d’arbres car elle ras­semble une grande varié­té d’espèces ani­males et végé­tales : insectes, oiseaux, mam­mi­fères, cham­pi­gnons, lichens, fou­gères, plantes à fleurs… En fait, dif­fé­rents milieux asso­ciés sont inté­grés à la forêt et contri­buent à sa bio­di­ver­si­té : mares et ruis­seaux, pelouses cal­caires, landes, tour­bières, milieux ouverts (clai­rières, layons, coupe-feu), lisières, bois morts sur pied ou au sol de grosses dimen­sions, gros bois vivants matures, micro-habi­tats liés aux arbres (cavi­tés, décol­le­ment d’écorce, branches mortes…) abritent une faune et une flore spé­ci­fiques. D’origine tota­le­ment natu­relle ou autre­fois créés puis entre­te­nus par l’homme, ces milieux par­ti­cipent à l’équilibre bio­lo­gique des peuplements.

L’équilibre forêt-gibier

L’équilibre forêt-gibier est actuel­le­ment une pré­oc­cu­pa­tion majeure dans la ges­tion durable de la forêt. En par­ti­cu­lier, les effec­tifs de grand gibier se sont consi­dé­ra­ble­ment accrus, pou­vant entrer en concur­rence avec les objec­tifs de la syl­vi­cul­ture : les dégâts dus aux cer­vi­dés et aux san­gliers sont les plus signi­fi­ca­tifs. La ren­ta­bi­li­té finan­cière des peu­ple­ments est atteinte : retards de crois­sance, défor­ma­tions pour les jeunes plants, déclas­se­ment de grumes, bois d’œuvre dégra­dés. Au-delà, les régé­né­ra­tions natu­relles sont affec­tées, mais éga­le­ment la bio­di­ver­si­té des strates arbus­tives et her­ba­cées. D’urgence, les diverses par­ties concer­nées, syl­vi­cul­teurs, chas­seurs, pro­prié­taires, scien­ti­fiques, natu­ra­listes et… pou­voirs publics, doivent trou­ver des solu­tions pour rame­ner à de saines pro­por­tions les popu­la­tions de faune sau­vage qui ont notam­ment tiré par­ti de l’attitude peu res­pon­sable de cer­tains chas­seurs (nour­ris­sage arti­fi­ciel trop intense, plan de tir insuf­fi­sam­ment respecté).

Production forestière de qualité

À par­tir de ce retour à l’équilibre qui ne pour­ra que pro­fi­ter à la qua­li­té de la pro­duc­tion ligneuse, des iti­né­raires tech­ni­co-éco­no­miques plus adap­tés, moins cou­teux devront être appli­qués afin de maxi­mi­ser des ren­de­ments en quan­ti­té et qua­li­té aptes à satis­faire les demandes d’une filière de trans­for­ma­tion dési­reuse de com­bler les attentes d’un public de plus en plus exi­geant ; cela n’excluant pas la pos­si­bi­li­té de nour­rir un mar­ché diver­si­fié en bois de ser­vice, en bois d’industrie, en bois éner­gie, en pro­duc­tions asso­ciées (chi­mie verte…).

Des labels valo­risent le bois wal­lon : cer­ti­fi­ca­tion fores­tière PEFC (Pro­gramme de recon­nais­sance des cer­ti­fi­ca­tions fores­tières) ou FSC (Forest Ste­ward­ship Coun­cil), ges­tion Pro silva.

Biodiversité

Face à l’accroissement des sources de pres­sions et de stress, la bio­di­ver­si­té fores­tière a connu une éro­sion impor­tante au cours des der­nières décen­nies : bon nombre d’habitats ont été for­te­ment dégra­dés et de nom­breuses espèces ont vu leurs effec­tifs décroitre de façon spec­ta­cu­laire. Habi­tats, flore et faune rares et remar­quables sont des élé­ments majeurs de la bio­di­ver­si­té et peuvent abri­ter des espèces pro­té­gées : loutre, moule per­lière, cigogne noire.

Protection des sols

Com­ment pro­duire un maté­riau natu­rel, renou­ve­lable, à haute valeur ajou­tée et en quan­ti­té si l’on ne dis­pose pas d’un sub­strat apte à cette pro­duc­tion ? La pro­tec­tion des sols fores­tiers est un préa­lable à toute pro­duc­tion ligneuse. Or, le sol est une matière extrê­me­ment fra­gile, faci­le­ment per­tur­bée et très dif­fi­ci­le­ment « récu­pé­rable ». Plu­tôt que de devoir inter­ve­nir cura­ti­ve­ment à grands frais et sans assu­rance de réus­site, plu­sieurs prin­cipes et règles sont recom­man­dés : cloi­son­ne­ments, res­tric­tions de cir­cu­la­tions (attendre le res­suyage du sol après une période plu­vieuse, une période de gel…) sont autant de moyens pour limi­ter l’impact du char­roi sur le sol. On pour­rait y ajou­ter l’utilisation de consom­mables bio (huiles et car­bu­rants) pour en évi­ter éga­le­ment la pol­lu­tion. La for­ma­tion des entre­pre­neurs et tech­ni­ciens et la prise de conscience de leur res­pon­sa­bi­li­té en la matière sont essen­tielles pour atteindre cet impé­ra­tif de pro­tec­tion. Les forêts ont un rôle de pro­tec­tion : régu­la­tion des régimes hydriques (infil­tra­tion de l’eau, ali­men­ta­tion des nappes sou­ter­raines, débit régu­lier des sources, atté­nua­tion des crues, sta­bi­li­té des berges), épu­ra­tion des eaux (absorp­tion des nitrates, phosphates)…

Protection de l’eau

Une autre pro­prié­té du sol influence direc­te­ment la crois­sance des arbres : sa capa­ci­té d’alimentation en eau ou le niveau hydrique qui le carac­té­rise. La pro­tec­tion de l’eau en forêt, de sa qua­li­té et de sa quan­ti­té semble de plus en plus pré­oc­cu­pante en rai­son des chan­ge­ments cli­ma­tiques où se suc­cèdent les épi­sodes de sèche­resse. Les eaux de ruis­sè­le­ment doivent être pro­té­gées, autant que les eaux plu­viales et les nappes phréa­tiques. Le res­pect total des sources et des cap­tages est prio­ri­taire, celui des cours d’eau aus­si : fran­chis­se­ment uni­que­ment sur des ouvrages en pré­ser­vant le lit et les berges. Les zones humides consti­tuent des milieux riches et des habi­tats diver­si­fiés, per­mettent la réten­tion de l’eau lors des crues, la fil­tra­tion des eaux pour les cap­tages et la pro­tec­tion des péri­mètres de cap­tage. En zone agri­cole, la plan­ta­tion de bandes boi­sées rivu­laires joue un rôle de pompe à nitrates et sta­bi­lise les berges.

Amélioration des bénéfices socioéconomiques

La filière forêt/bois doit moti­ver des mar­chés por­teurs si pos­sible de proxi­mi­té, mais pou­vant éga­le­ment s’intégrer dans la mon­dia­li­sa­tion du com­merce du bois, pour garan­tir un appro­vi­sion­ne­ment opti­mal des cir­cuits de pre­mière et seconde trans­for­ma­tions : du plus noble (ameu­ble­ment, ébé­nis­te­rie, construc­tion…) jusqu’au plus indus­triel (pape­te­rie, tri­tu­ra­tion, cais­se­rie…) et « éner­gé­tiques » en pleine expan­sion (pel­lets, bois de feu, bois raméal frag­men­té…). Connais­sances, appren­tis­sages et com­pé­tences sont de mise : s’informer et se for­mer ; connaitre, pré­voir, agir, obser­ver, choi­sir et appli­quer les tra­vaux fores­tiers appro­priés (tech­niques, maté­riel et époques). Le mode de vie de plus en plus urbain de nos socié­tés a pour consé­quence d’attirer le public vers la nature. Ce besoin, accom­pa­gné d’une forte prise de conscience sur la néces­si­té de pro­té­ger les éco­sys­tèmes, est à l’origine de la demande gran­dis­sante de dis­po­ser d’espaces ruraux accueillants. La forêt est très sol­li­ci­tée de ce point de vue : iti­né­raires de ran­don­née pédestre, cycliste ou équestre, par­cours spor­tifs, sen­tiers péda­go­giques et de décou­verte de la nature, chasse…

Bilan et perspectives

La pro­mo­tion de la ges­tion fores­tière durable est for­te­ment encou­ra­gée dans la Botte verte : des bonnes pra­tiques syl­vi­coles sont vali­dées et vul­ga­ri­sées. L’aboutissement est d’instaurer des tech­niques cultu­rales plus effi­caces, moins oné­reuses et plus proches de la nature de manière à garan­tir une pro­duc­tion de bois de qua­li­té tout en res­pec­tant et amé­lio­rant les poten­tia­li­tés du milieu pour la flore et la faune. Bien enten­du, le déve­lop­pe­ment éco­no­mique de la filière forêt-bois en sera le pre­mier béné­fi­ciaire. Les retom­bées envi­ron­ne­men­tales et pay­sa­gères indi­rectes favo­ri­se­ront aus­si l’attractivité de la zone ; la pre­mière res­source de la Botte, son « or vert » sera ain­si direc­te­ment favorisé.

La réin­tro­duc­tion d’arbre dans le pay­sage agri­cole est une néces­si­té éco­lo­gique et agro­no­mique, en par­tie sub­ven­tion­née par la Région wal­lonne dans le cas des haies, des ali­gne­ments d’arbres et des ver­gers à pro­mou­voir auprès des popu­la­tions rurales. L’agroforesterie est appe­lée à déve­lop­per une asso­cia­tion sur une même par­celle d’activités ten­dant à pro­duire des reve­nus régu­liers agri­coles et à terme des reve­nus fores­tiers ; les modèles envi­sa­geables sont mul­tiples : asso­cia­tion arbre-herbe, asso­cia­tion arbre-herbe-ani­mal, asso­cia­tion arbre-culture…; outre la pro­duc­tion de bois d’œuvre et de bois éner­gie, la chi­mie verte semble pro­met­teuse avec des pro­duits phar­ma­ceu­tiques ou cos­mé­tiques extraits des bour­geons et jeunes rameaux.

En toutes cir­cons­tances, la bonne ges­tion fores­tière doit pour­suivre plu­sieurs objec­tifs prio­ri­taires : garan­tir une forêt saine et pleine de vita­li­té, pré­ser­ver sa diver­si­té bio­lo­gique, valo­ri­ser ses res­sources natu­relles et ses fonc­tions de pro­duc­tion, de conser­va­tion et de protection.

Eric Dufranne


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