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La gauche radicale toujours en quête d’unité

Numéro 05/6 Mai-Juin 2009 par Julien Dohet

mai 2009

La crise est sur toutes les lèvres. Elle touche de plus en plus dure­ment et concrè­te­ment une part crois­sante de la popu­la­tion, à tra­vers le chô­mage, l’insécurité sociale et les fins — voire les débuts — de mois dif­fi­ciles. Le Par­ti socia­liste et son homo­logue fla­mand, le SP.A, sont sor­tis affai­blis des der­niers scru­tins et res­tent en recul dans les […]

La crise est sur toutes les lèvres. Elle touche de plus en plus dure­ment et concrè­te­ment une part crois­sante de la popu­la­tion, à tra­vers le chô­mage, l’insécurité sociale et les fins — voire les débuts — de mois dif­fi­ciles. Le Par­ti socia­liste et son homo­logue fla­mand, le SP.A, sont sor­tis affai­blis des der­niers scru­tins et res­tent en recul dans les son­dages. En France, le Nou­veau Par­ti anti­ca­pi­ta­liste (NPA) et sa figure de proue, O. Besan­ce­not, cara­colent dans les inten­tions de vote et font l’objet d’une atten­tion média­tique sou­te­nue. Cette popu­la­ri­té a des réper­cus­sions sur les télé­spec­ta­teurs belges fran­co­phones. Enfin, après un temps de silence, les syn­di­cats ont entre­pris de réagir à la crise par une réaf­fir­ma­tion de leurs prin­cipes de base et, dans le cas de la FGTB wal­lonne, par une contre-offen­sive idéo­lo­gique dénon­çant le sys­tème capi­ta­liste lui-même.

Les par­tis appar­te­nant à ce qu’on peut appe­ler la gauche radi­cale, l’extrême-gauche, la gauche de gauche ou la gauche anti­ca­pi­ta­liste pou­vaient-ils rêver meilleur contexte pour affron­ter le scru­tin euro­péen, régio­nal et com­mu­nau­taire du 7 juin 2009 ? Pour­tant, ces for­ma­tions res­tent mar­gi­nales, peinent à se faire entendre et il n’est pas cer­tain du tout qu’elles par­vien­dront à pro­fi­ter des cir­cons­tances pour obte­nir l’élection de man­da­taires sus­cep­tibles de por­ter leurs idées dans les enceintes parlementaires.

Une des prin­ci­pales causes de cette mar­gi­na­li­sa­tion réside dans l’incapacité de ces par­tis à dépas­ser leurs divi­sions. Des ten­ta­tives d’unité ont bien été entre­prises et des pour­par­lers asso­ciant plu­sieurs par­tis ont été pous­sés assez loin. Les logiques dif­fé­rentes à l’œuvre, ain­si que des ini­mi­tiés per­son­nelles anciennes, ont cepen­dant conduit au dépôt de quatre listes fran­co­phones dis­tinctes1 pour le scru­tin euro­péen et d’une divi­sion plus ou moins impor­tante au niveau régio­nal en Wal­lo­nie, à Bruxelles et en Flandre.

Tentatives d’unité

En 2005, le gou­ver­ne­ment Verhof­stadt II a lan­cé, sous l’impulsion du ministre SP.A de l’Emploi, le « Pacte de soli­da­ri­té entre les géné­ra­tions », ayant pour effet notam­ment de réfor­mer les fins de car­rière, en par­ti­cu­lier en rédui­sant les pos­si­bi­li­tés de pré­pen­sion. Quoique sou­te­nue par le PS, au gou­ver­ne­ment, cette réforme a été com­bat­tue par les syn­di­cats, en par­ti­cu­lier par la FGTB qui a mené deux jour­nées de grève géné­rale inter­pro­fes­sion­nelle à l’automne.

Dans ce contexte, un appel a été lan­cé dans La Libre Bel­gique du 22 février 2006 par plu­sieurs per­sonnes, issues de par­tis de gauche radi­cale ou poli­ti­que­ment indé­pen­dantes, à fon­der une « autre gauche », en dehors du PS et d’Écolo, sur une base clai­re­ment anti­ca­pi­ta­liste. L’organisation Une autre Gauche (UAG) est née dans la fou­lée, ras­sem­blant des indé­pen­dants ain­si que des repré­sen­tants du Par­ti com­mu­niste Wal­lo­nie-Bruxelles (PC), du Par­ti ouvrier socia­liste (POS, trots­kyste, deve­nu ensuite la Ligue com­mu­niste révo­lu­tion­naire, LCR), du Mou­ve­ment pour une alter­na­tive socia­liste (MAS, trots­kyste éga­le­ment, deve­nu ensuite le Par­ti socia­liste de lutte, PSL) et du Par­ti huma­niste (PH). Le Par­ti du tra­vail de Bel­gique (PTB, d’origine maoïste) a assis­té à cer­taines réunions au début, avant de reve­nir à sa posi­tion clas­sique de solo. La créa­tion d’UAG a sus­ci­té enthou­siasme, mais éga­le­ment ques­tion­ne­ments dans les milieux de la gauche radi­cale ou proches de celle-ci. Les par­tis impli­qués allaient-ils accep­ter de col­la­bo­rer entre eux ? Ne venaient-ils pas là pour ten­ter de recru­ter de nou­veaux sym­pa­thi­sants ? Quelle place réelle allaient-ils lais­ser aux indé­pen­dants ? Des ten­sions sont rapi­de­ment appa­rues. L’attitude du MAS a en par­ti­cu­lier irri­té les autres par­ti­ci­pants à UAG, pro­vo­quant assez rapi­de­ment la rup­ture entre ces deux groupes et sus­ci­tant le départ de per­son­na­li­tés aca­dé­miques ou syn­di­cales pré­sentes au démar­rage. UAG a pris la déci­sion de ne pas par­ti­ci­per aux élec­tions com­mu­nales et pro­vin­ciales du 8 octobre 2006, puis a renon­cé à dépo­ser des listes sous son nom lors des fédé­rales du 10 juin 2007, lais­sant l’initiative à ses com­po­santes qui le sou­hai­taient. Le nombre de mili­tants par­ti­ci­pant aux réunions d’UAG s’est pro­gres­si­ve­ment réduit.

En Flandre, l’opposition au Pacte de soli­da­ri­té entre les géné­ra­tions, d’une part, et, d’autre part, la cam­pagne lan­cée pour deman­der au Par­le­ment fla­mand de mener des audi­tions contra­dic­toires avant de rati­fier le pro­jet de Trai­té consti­tu­tion­nel euro­péen ont conduit à la créa­tion, sous les aus­pices de G. Debunne, ancien secré­taire géné­ral de la FGTB, et de J. Slee­ckx et L. Van Outrive, anciens par­le­men­taires SP, du Comite voor en andere Poli­tiek (CAP), regrou­pant, outre des indé­pen­dants, le Kom­mu­nis­tische Par­tij (KP), ain­si que les mili­tants fla­mands du POS (soit le SAP) et du MAS (soit le LSP). Des contacts ont été noués entre ce groupe et UAG et, après une série de réunions pré­pa­ra­toires, un mee­ting com­mun a été orga­ni­sé en octobre 2006. Celui-ci a débou­ché sur une décla­ra­tion d’intention conjointe, annon­çant une démarche col­la­bo­ra­tive, fina­le­ment peu sui­vie d’effets. À la dif­fé­rence d’UAG, CAP a dépo­sé des listes lors du scru­tin fédé­ral de 2007. Ses résul­tats ont oscil­lé entre 0,2 % et 0,7 % à la Chambre.

En rup­ture avec UAG, mais inves­ti dans CAP en Flandre, le MAS a fon­dé un Comi­té pour une autre poli­tique (CAP éga­le­ment) du côté fran­co­phone, indui­sant ain­si la confu­sion entre les dif­fé­rentes ini­tia­tives, CAP étant en Flandre un regrou­pe­ment plu­ra­liste, CAP fran­co­phone se rédui­sant qua­si­ment aux mili­tants du MAS, mais ten­tant avec un cer­tain suc­cès de s’ouvrir à d’autres per­sonnes jusque-là indé­pen­dantes. Lors du scru­tin de 2007, des listes CAP ont été dépo­sées dans les cir­cons­crip­tions du Hai­naut et de Liège (0,2 % des voix dans chaque pro­vince). Lors de ce scru­tin, le PC a éga­le­ment dépo­sé des listes, sur les­quelles figu­raient des can­di­dats du PH et, dans cer­tains cas, de la LCR et d’UAG. Ces listes ont recueilli 0,3 % à 1,4 % des voix. Le PTB (PVDA en Flandre), qui n’a par­ti­ci­pé ni à UAG du côté fran­co­phone ni à CAP en Flandre, a recueilli entre 0,3 % et 1,0 % en Wal­lo­nie, entre 0,6 % et 1,3 % en Flandre et 0,4 % des votes dans la cir­cons­crip­tion de Bruxelles-Hal-Vilvorde.

À l’approche du scru­tin du 7 juin 2009, et vu le contexte poli­tique, social et éco­no­mique a prio­ri favo­rable, des pour­par­lers ont été entre­pris pour pré­sen­ter des listes uni­taires regrou­pant les dif­fé­rents par­tis énu­mé­rés ci-des­sus. Après quelques semaines, le PTB a fait savoir qu’il ne sou­hai­tait pas s’associer à une telle démarche. Les dis­cus­sions menées entre le PC, la LCR (nom adop­té par le POS en décembre 2006), le PSL (nom adop­té par le MAS en jan­vier 2009) et le PH ont échoué en ce qui concerne le niveau euro­péen. Une liste LCR-PSL a néan­moins été dépo­sée, tan­dis que des can­di­dats du PH figurent à nou­veau sur la liste du PC, éti­que­tée pour l’occasion PC-GE afin de mar­quer l’affiliation du PC fran­co­phone au Par­ti de la gauche euro­péenne (PGE), qui ras­semble dif­fé­rentes orga­ni­sa­tions telles que le PCF, Rifon­da­zione comu­nis­ta, ou Die Linke. Une liste CAP, sur laquelle nous revien­drons plus loin, est éga­le­ment pré­sen­tée au scru­tin européen.

Une liste com­mune PC-PSL-LCR-PH est en revanche dépo­sée en Région de Bruxelles-Capi­tale pour le scru­tin régio­nal. Les prin­ci­pales diver­gences entre les par­tis por­tant sur l’Union euro­péenne, une alliance régio­nale a été plus facile à mettre sur pied, d’autant plus qu’elle implique un nombre plus limi­té de per­sonnes, se connais­sant bien pour se côtoyer sur les dif­fé­rents ter­rains mili­tants. L’intervention de la sec­tion bruxel­loise d’UAG a contri­bué à ce rap­pro­che­ment. Pareil regrou­pe­ment ne pré­vaut en revanche ni en Wal­lo­nie ni en Flandre, PC, PSL et, en Flandre, LSP se pré­sen­tant seuls. À Bruxelles comme ailleurs, le PTB pré­sente ses propres listes régionales.

Logiques différentes

L’échec qua­si total des ten­ta­tives de dépo­ser des listes com­munes réside d’abord dans l’histoire de la gauche radi­cale belge. De pro­fondes, et par­fois viru­lentes, diver­gences idéo­lo­giques ont mar­qué les rela­tions entre les par­tis de cette famille. Les prio­ri­tés, les méthodes et l’investissement dans les ter­rains de lutte des uns et des autres ont éga­le­ment engen­dré riva­li­tés, divi­sions voire indif­fé­rence réci­proque. Ces dif­fé­rences et les ten­sions qu’elles sus­citent n’empêchent pas pour autant tout rap­pro­che­ment, fût-ce ponc­tuel­le­ment dans le cadre d’un car­tel élec­to­ral ou sur cer­tains ter­rains de lutte. L’attitude spé­ci­fique de chaque for­ma­tion est aus­si à examiner.

En mars 2008, le PTB-PVDA a tenu un impor­tant congrès consa­crant sa mue. Long­temps consi­dé­ré comme l’un des par­tis les plus dog­ma­tiques d’Europe, le PTB a choi­si d’afficher une réforme en pro­fon­deur de son image, ins­pi­ré par l’exemple du SP néer­lan­dais cou­ron­né de suc­cès lors du scru­tin légis­la­tif de 2006. Alors que ses membres étaient essen­tiel­le­ment des mili­tants endur­cis (et ces der­niers demeurent aux postes clés), cette for­ma­tion accueille aujourd’hui des adhé­rents moins inves­tis. Leur nombre a par consé­quent aug­men­té, dépas­sant les trois mille per­sonnes. Les cam­pagnes du par­ti, consi­dé­rées jusque-là comme trop abs­traites, se foca­lisent désor­mais sur des thé­ma­tiques très prag­ma­tiques, voire pou­ja­distes, jugées plus por­teuses et per­met­tant un tra­vail de ter­rain plus en phase avec les pré­oc­cu­pa­tions immé­diates de la popu­la­tion. Au point que dans les autres par­tis de la gauche radi­cale, on en vient par­fois à consi­dé­rer cette évo­lu­tion comme le pas­sage d’un dog­ma­tisme qua­si abso­lu à un réfor­misme assez pous­sé. L’implantation locale du PTB a per­mis l’élection, en octobre 2006, de douze conseillers com­mu­naux (dont quatre en Wal­lo­nie) et trois conseillers de dis­trict (à Anvers). Par­mi ces quinze élus, neuf sont méde­cins dans l’une des mai­sons médi­cales de Méde­cine pour le peuple, fon­dées par le parti.

Le PTB entend par­ti­ci­per davan­tage qu’auparavant aux mou­ve­ments sociaux aux côtés des autres com­po­santes de la gauche radi­cale. Sur le plan élec­to­ral par contre, ce par­ti a jusqu’ici pré­fé­ré dépo­ser des listes sous son nom, éven­tuel­le­ment ouvertes à des indé­pen­dants ou à des mili­tants d’autres par­tis. Le PTB estime en effet avoir davan­tage à gagner de se pré­sen­ter seul plu­tôt que de s’investir dans un car­tel, quitte à devoir affron­ter des listes rivales.

Le Par­ti com­mu­niste (fran­co­phone) a consi­dé­ra­ble­ment souf­fert de l’effondrement de l’URSS. Sa struc­ture a écla­té en dif­fé­rentes fédé­ra­tions régio­nales, rela­ti­ve­ment auto­nomes les unes par rap­port aux autres. Après avoir sur­tout pré­sen­té des can­di­dats sur des listes PS ou Éco­lo, le PC a enta­mé un pro­ces­sus de recons­truc­tion interne pri­vi­lé­giant le dépôt de listes propres. Lar­ge­ment affai­bli, il a cepen­dant conser­vé un noyau de mili­tants actifs, une cer­taine base élec­to­rale, un patri­moine immo­bi­lier et un capi­tal de sym­pa­thie auprès de cer­tains élec­teurs. Une ten­sion constante pèse sur ce par­ti, entre volon­té de dépo­ser des listes propres afin de rendre visi­bi­li­té au sigle, repo­sant sur l’impression que le par­ti obtient de meilleurs résul­tats élec­to­raux lorsqu’il se pré­sente seul, et par­ti­ci­pa­tion à des ini­tia­tives uni­taires de recom­po­si­tion de la gauche radicale.

Ces der­niers mois, le PC a consa­cré une cer­taine éner­gie à s’investir dans le PGE. Sa volon­té de s’inscrire dans le cadre de la plate-forme de ce grou­pe­ment euro­péen a com­pli­qué les trac­ta­tions avec la LCR et le PSL pour for­mer une liste com­mune aux euro­péennes. Les délais de réponse du PC aux appels du pied des autres for­ma­tions, liés aux réflexions menées en interne sur l’évolution de son propre posi­tion­ne­ment poli­tique et aux démarches effec­tuées afin que celui-ci trouve un reflet dans les posi­tions du PGE, ont été per­çus par la LCR et le PSL comme des manœuvres dilatoires.

La LCR a depuis long­temps répé­té sa volon­té de par­ti­ci­per au rap­pro­che­ment des par­tis radi­caux de gauche. Cette posi­tion est à la fois cause et consé­quence de l’absence de la scène élec­to­rale de listes exclu­si­ve­ment POS/LCR depuis la fin des années quatre-vingt, elle-même dic­tée en par­tie par la fai­blesse des forces mili­tantes. Cela explique l’investissement de ce par­ti dans Gauches unies au milieu des années nonante, dans UAG plus récem­ment et dans divers car­tels ponc­tuels. Dans le même temps, l’adoption d’un nou­veau nom en 2006 a été dic­tée par la volon­té de béné­fi­cier des retom­bées posi­tives de la popu­la­ri­té d’O. Besan­ce­not en France et de son par­ti, éga­le­ment membre de la Qua­trième inter­na­tio­nale. Iro­nie de l’histoire, la LCR fran­çaise vient de déci­der sa dis­so­lu­tion et la fon­da­tion du NPA, ouvert à d’autres mili­tants. Néan­moins, de nou­veaux mili­tants, en par­ti­cu­lier des jeunes, conti­nuent à rejoindre la LCR belge, séduits notam­ment par les dis­cours d’O. Besancenot.

La LCR est donc tra­ver­sée elle aus­si par une double inter­ro­ga­tion : jusqu’où mener les dis­cus­sions en vue d’établir des listes com­munes ? N’est-il pas pré­fé­rable de ten­ter l’expérience élec­to­rale en soli­taire, en axant sa cam­pagne sur la réfé­rence à l’organisation sœur française ?

La réfé­rence, au contexte fran­çais pour la LCR et au PGE pour le PC, inter­fère éga­le­ment sur les rela­tions de ces deux par­tis en Bel­gique. Au niveau inter­na­tio­nal en effet, le PGE, ras­sem­ble­ment de par­tis essen­tiel­le­ment issus de la tra­di­tion com­mu­niste, et la Qua­trième inter­na­tio­nale, trots­kyste, sont davan­tage en situa­tion de concur­rence que de conver­gence. En France, la stra­té­gie du PCF et celle du NPA ont conduit à l’échec du dépôt de listes com­munes pour les euro­péennes. Ces cir­cons­tances ont pro­ba­ble­ment pesé dans les négo­cia­tions belges, fina­le­ment avor­tées, en vue de dépo­ser une liste regrou­pant au moins le PC et la LCR lors des élec­tions euro­péennes. Esti­mant avoir trop atten­du la réponse du PC à ses avances, et esti­mant trop tièdes les posi­tions du PGE à l’égard de l’Union euro­péenne, la direc­tion de la LCR a repous­sé les der­nières ten­ta­tives d’unité, au moment même où, semble-t-il, le PC sem­blait se posi­tion­ner en faveur d’une alliance et d’un dur­cis­se­ment de l’analyse à l’égard de l’Union euro­péenne. Cet échec a déteint sur les négo­cia­tions pour les élec­tions régio­nales, empê­chant tout car­tel entre ces deux for­ma­tions, sauf à Bruxelles. En Flandre, la dyna­mique est dif­fé­rente. Aucune liste n’a été dépo­sée, ni sous le sigle SAP ni sous celui du KP, les mili­tants des deux orga­ni­sa­tions étant trop peu nom­breux pour se lan­cer dans la joute élec­to­rale et le PVDA ayant fina­le­ment rom­pu fin 2008 des négo­cia­tions pour­tant assez avancées.

Les négo­cia­tions en vue de for­mer une liste com­mune pour les euro­péennes ont éga­le­ment concer­né le PSL. Pri­vi­lé­giant d’ordinaire le dépôt de leurs propres listes, les mili­tants de ce par­ti ont pro­po­sé une alliance à la LCR. Cette démarche reflète le ral­lie­ment de leurs homo­logues mili­tants fran­çais au NPA. L’offre du PSL, préa­la­ble­ment adres­sée au PTB puis au PC, pou­vait par consé­quent conduire à une liste plus large, tout en com­pli­quant cepen­dant la négo­cia­tion, le nombre de pro­ta­go­nistes et de posi­tions dif­fé­rentes aug­men­tant. La LCR a accep­té cette pro­po­si­tion. Lorsque les négo­cia­tions ont fina­le­ment avor­té avec le PC pour la liste euro­péenne, le PSL et la LCR ont donc choi­si de col­lec­ter les cinq mille signa­tures requises pour pou­voir dépo­ser leur liste com­mune, liste pré­sen­tée dans leurs organes de presse comme étant un début d’unité. En Flandre en revanche, le LSP se pré­sente seul à tous les niveaux.

Une qua­trième liste fran­co­phone radi­cale de gauche pren­dra part au scru­tin euro­péen et, dans cer­taines cir­cons­crip­tions wal­lonnes, aux élec­tions régio­nales. Après l’échec de CAP en 2007, le MAS a délais­sé cette struc­ture dont il avait per­du le contrôle et a aban­don­né cette éti­quette avant de se trans­for­mer en PSL. Des indé­pen­dants qui avaient rejoint CAP ont néan­moins sou­hai­té main­te­nir cette struc­ture. Ils ont obte­nu le ral­lie­ment de R. D’Orazio, ancien délé­gué prin­ci­pal des Forges de Cla­becq, qui sou­tient la liste, conduite par son frère. En 1999, alors sous les feux de l’actualité, l’ancien délé­gué avait mené la liste Debout, car­tel asso­ciant des indé­pen­dants, le PTB, le POS et le MAS. Les 2% récol­tés avaient été consi­dé­rés comme un échec par la plu­part des protagonistes.

Enfin, d’autres listes de la gauche radi­cale devraient être dépo­sées au niveau régio­nal. Le par­ti Riposte est ain­si né de l’initiative d’un métal­lur­giste lié­geois en rup­ture avec la LCR. N’ayant pu récol­ter les signa­tures requises pour dépo­ser une liste aux euro­péennes, Riposte ne par­ti­ci­pe­ra que loca­le­ment au scru­tin régional.

Le 7 juin, de mul­tiples listes de la gauche radi­cale s’affronteront. Mal­gré un contexte a prio­ri favo­rable, cette divi­sion risque une fois de plus de peser lour­de­ment, y com­pris sur le moral des citoyens et des mili­tants syn­di­caux et asso­cia­tifs en recherche d’une alter­na­tive anti­ca­pi­ta­liste cré­dible et unie. Sans être impos­sible, l’élection d’un man­da­taire capable de por­ter les reven­di­ca­tions de cette famille poli­tique consti­tue­rait une sur­prise. Reste à voir si la liste PC-PSL-LCR-PH dépo­sée à Bruxelles au niveau régio­nal pour­ra consti­tuer un embryon de rap­pro­che­ment pour les échéances élec­to­rales ultérieures.

  1. Nous ne trai­te­rons pas ici des listes dépo­sées par le Mou­ve­ment socia­liste (MS), dis­si­dence du PS qui ne peut pas être qua­li­fiée d’anticapitaliste.

Julien Dohet


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