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L’Europe face à la montée en puissance de la Chine. Miracle ou péril jaune ?

Numéro 4 Avril 2013 par Sophie Wintgens

avril 2013

Par-delà le volon­ta­risme des dis­cours offi­ciels, la mon­tée en puis­sance de la Chine n’est pas sans impact sur l’UE, ni sur l’évolution de leurs rela­tions. Consi­dé­rant la place de l’économie dans leurs stra­té­gies res­pec­tives pour s’établir comme « puis­sance » mon­diale, il importe de com­prendre les enjeux clés de la « stra­té­gie » éco­no­mique chi­noise et d’identifier les inci­tants et contraintes pour l’Europe d’un accrois­se­ment de ses échanges avec Pékin. Dans un contexte de crise où la réa­li­té macroé­co­no­mique les enjoint à repen­ser leur « modèle » de déve­lop­pe­ment, faut-il craindre la Chine ?

À l’aube du XXIe siècle, le rap­port au monde de l’Union euro­péenne et de la Répu­blique popu­laire de Chine pose la ques­tion de leur iden­ti­té en tant qu’acteur inter­na­tio­nal et de la stra­té­gie de puis­sance qu’elles déploient sur la scène mon­diale. En tant que puis­sances en construc­tion enga­gées cha­cune dans une quête de recon­nais­sance, ces acteurs hété­ro­gènes, mus par des pro­jets poli­tiques for­te­ment dif­fé­ren­ciés, ont choi­si de coopé­rer à des fins stra­té­giques. Pro­mou­vant le mul­ti­la­té­ra­lisme et l’édification d’un monde plus équi­li­bré, voire mul­ti­po­laire, l’UE et la Chine misent ain­si sur leur poids éco­no­mique et régio­nal à des fins d’influence inter­na­tio­nale, pour contrer ce qu’elles per­çoivent com­mu­né­ment comme une forme d’hégémonie amé­ri­caine. Dans la conjonc­ture actuelle minée par la réces­sion éco­no­mique mon­diale et la crise des dettes sou­ve­raines en Europe, ces par­te­naires dits « stra­té­giques » réaf­firment tous deux leur déter­mi­na­tion en faveur du ren­for­ce­ment de leur coopération.

Par-delà le volon­ta­risme des dis­cours offi­ciels, la mon­tée en puis­sance éco­no­mique de la Chine n’est pas sans impact sur l’UE, ni sur l’évolution de leurs rela­tions, tant bila­té­rales que mul­ti­la­té­rales. L’opportunité fon­ciè­re­ment pros­pec­tive du par­te­na­riat stra­té­gique sino-euro­péen, appe­lant notam­ment la Chine à jouer un rôle crois­sant dans la gou­ver­nance éco­no­mique mon­diale, repose his­to­ri­que­ment sur un objec­tif prio­ri­taire d’équilibre et de crois­sance des échanges com­mer­ciaux ayant atteint 428 mil­liards d’euros en 2011, soit quatre fois plus qu’au début des années 2000. En fai­sant de la Chine son deuxième par­te­naire com­mer­cial repré­sen­tant aujourd’hui 13,3% de ses échanges mon­diaux juste der­rière les États-Unis, l’UE a éga­le­ment fait face à l’augmentation de son défi­cit com­mer­cial chi­nois s’élevant désor­mais à 155,9 mil­liards, contre 49 mil­liards en 2000. Le dés­équi­libre bila­té­ral étant éga­le­ment pré­gnant en matière d’investissements directs étran­gers (IDE) repré­sen­tant 17,8milliards en 2011 pour les IDE euro­péens en Chine et seule­ment 3,1milliards pour les IDE chi­nois dans l’UE, la réci­pro­ci­té reven­di­quée de longue date conti­nue de se heur­ter à la réa­li­té des faits. Le rôle de prê­teur en der­nier res­sort vis-à-vis de cer­tains pays de la zone euro joué par la Chine, paral­lè­le­ment enga­gée dans une poli­tique de diver­si­fi­ca­tion de ses réserves en devises au pro­fit de l’euro, tend tou­te­fois à revi­vi­fier les enjeux inhé­rents à leur inter­dé­pen­dance éco­no­mique crois­sante. Dans le contexte de crise finan­cière pré­va­lant depuis 2008, la réa­li­té macroé­co­no­mique enjoint par consé­quent ces deux acteurs inter­na­tio­naux à repen­ser leur « modèle » de déve­lop­pe­ment ain­si que leur rôle dans la gou­ver­nance mon­diale, et ce, dans le cadre d’un néces­saire appro­fon­dis­se­ment de leurs relations.

L’Europe face au développement chinois : entre concurrence et coopération

Forte de son poids éco­no­mique, de sa mon­naie com­mune et de l’attracti­vité de son mar­ché inté­rieur, l’UE jouit d’une puis­sance com­mer­ciale mon­diale recon­nue qu’elle n’hésite pas à mobi­li­ser dans ses rela­tions bila­té­rales, inter­ré­gio­nales et mul­ti­la­té­rales. Mal­gré ses fai­blesses poli­tiques (en termes d’unité, d’autonomie, voire d’autorité), elle par­vient ain­si à impo­ser un agen­da ambi­tieux via ses nom­breux accords com­mer­ciaux mul­ti­di­men­sion­nels conclus avec le reste du monde. C’est en sui­vant cette logique de pro­mo­tion des poli­tiques éco­no­miques libé­rales régis­sant son mar­ché interne qu’elle a notam­ment encou­ra­gé l’adhésion de la Chine à l’OMC en 2001 et offi­ciel­le­ment conclu en 2003 avec Pékin un par­te­na­riat stra­té­gique. La nature hybride du socia­lisme de mar­ché, l’incertitude quant à la via­bi­li­té poli­tique et la diplo­ma­tie hyper­réa­liste qui découle de la rela­ti­vi­té de la puis­sance chi­noise ne sont tou­te­fois pas sans inci­dence sur l’Europe : de l’aveu même de l’ex-commissaire euro­péen au Com­merce, Peter Man­del­son, lors de sa visite à Pékin en novembre 2006, l’UE est vic­time d’une perte de com­pé­ti­ti­vi­té éco­no­mique et d’influence poli­tique mondiales.

Le « modèle » de développement chinois, un équilibre d’intérêts et de pressions

Asso­ciant réformes internes et inté­gra­tion mon­diale, le « modèle » de déve­lop­pe­ment de la Chine répond prin­ci­pa­le­ment à deux objec­tifs stra­té­giques : sta­bi­li­té sociale et rat­tra­page tech­no­lo­gique. Le pro­ces­sus d’ouverture éco­no­mique est ain­si étroi­te­ment lié aux chan­ge­ments gra­duels intro­duits dans l’économie chi­noise afin de la sou­la­ger du far­deau de la Révo­lu­tion cultu­relle et de l’absence de pro­grès social des années 1970. En ins­tru­men­ta­li­sant pro­gres­si­ve­ment les méca­nismes du mar­ché dans cer­tains sec­teurs de l’économie pla­ni­fiée, la dyna­mique chi­noise a pro­cé­dé dès 1978 d’une poli­tique volon­ta­riste com­bi­nant ouver­ture aux IDE et abais­se­ment pro­gres­sif des droits de douane, ce qui a entrai­né une indus­tria­li­sa­tion et une urba­ni­sa­tion rapides (en par­ti­cu­lier des zones côtières) liées à l’accélération des échanges exté­rieurs, à une crois­sance et à un enri­chis­se­ment géné­ral impor­tants. Tout en appli­quant le prin­cipe de sub­sti­tu­tion des impor­ta­tions, la Chine a dû prendre en compte la taille de son mar­ché domes­tique et ses impé­ra­tifs géos­tra­té­giques. Néces­si­tant des besoins éner­gé­tiques et en matières pre­mières dépas­sant l’intégration dans le pro­ces­sus de divi­sion inter­na­tio­nale du tra­vail, ces réa­li­tés ont jus­ti­fié la construc­tion d’une indus­trie dite de « sou­ve­rai­ne­té », en par­ti­cu­lier en matière d’énergie, d’aéronautique et de défense. Celle-ci fut assor­tie d’une poli­tique d’ouverture aux IDE limi­tée1 et contrainte par les auto­ri­tés, notam­ment via l’imposition de consti­tu­tion de joint-ven­tures pour péné­trer le mar­ché chi­nois, qui repose encore sur des zones éco­no­miques spé­ciales uni­que­ment sous contrôle étran­ger et à des­ti­na­tion de la réexportation.

Défi­ci­taires à la fin des années 1980, les échanges de mar­chan­dises ont ain­si contri­bué à faire de la Chine le pre­mier expor­ta­teur au monde, dont la part dans le com­merce mon­dial de pro­duits manu­fac­tu­rés atteint 16% en 2010. Cou­plées aux inves­tis­se­ments mul­ti­pliés par dix-neuf depuis la reprise des réformes en 1992, les expor­ta­tions chi­noises ont ain­si contri­bué en moyenne à plus de 50% de la crois­sance du pays durant la pré­cé­dente décen­nie. Au vu de ses impor­tantes res­sources en main‑d’œuvre peu cou­teuse, son adhé­sion à l’OMC obte­nue sans obli­ga­tion d’abandonner son taux de change fixe a décu­plé sa com­pé­ti­ti­vi­té à l’exportation et accru l’attractivité de son mar­ché pour les entre­prises étran­gères (out­sour­cing). Pour l’État chi­nois, recon­nu pour sa capa­ci­té à jouer un rôle de loco­mo­tive en période de crise éco­no­mi­co-finan­cière, la consé­cra­tion de son modèle de déve­lop­pe­ment inter­vient sym­bo­li­que­ment en 2010 lorsque le pays accède au rang de deuxième éco­no­mie mon­diale : il se situe der­rière les États-Unis (23,3%), avec un PIB repré­sen­tant un peu moins de 10% de la crois­sance mon­diale. L’UE, dont la Chine est le deuxième par­te­naire com­mer­cial et qui repré­sente sa pre­mière des­ti­na­tion à l’exportation, tota­lise par com­pa­rai­son envi­ron un quart du PIB mondial.

Mal­gré ces per­for­mances macroé­co­no­miques, le niveau de déve­lop­pe­ment chi­nois demeure bien en deçà de celui des pays de l’Organisation de coopé­ra­tion et de déve­lop­pe­ment éco­no­miques (OCDE), occu­pant la dixième posi­tion sur 176 (entre les Fiji et le Turk­mé­nis­tan) dans le clas­se­ment du Pro­gramme des Nations unies pour le déve­lop­pe­ment (PNUD). Si les expor­ta­tions jouent un rôle pré­pon­dé­rant dans la réus­site éco­no­mique de la Chine, elles par­ti­cipent éga­le­ment au main­tien du pays dans un rôle d’usine d’assemblage du monde ain­si que de sa vul­né­ra­bi­li­té à la conjonc­ture inter­na­tio­nale. D’une part, la per­sis­tance d’un régime de sous-trai­tance pour le compte des firmes étran­gères tend à limi­ter la mon­tée en gamme de la Chine, dont la part dans la valeur ajou­tée manu­fac­tu­rière mon­diale ne s’élève qu’10% en 2010, soit la moi­tié de celle du Japon. D’autre part, la crise mon­diale n’a pas été sans impact sur son com­merce exté­rieur, dans la mesure où la part des expor­ta­tions dans le PIB a chu­té de 38 à 31% entre 2007 et 2011 (la part des impor­ta­tions a, quant à elle, dimi­nué de 30 à 27%) et où l’excédent com­mer­cial est reve­nu en 2011 à son niveau de 2004, soit 2% du PIB, selon les chiffres de la Banque mon­diale et du Fonds moné­taire inter­na­tio­nal (FMI). Pré­ser­ver des niveaux de crois­sance éle­vés demeure, en Chine plus qu’ailleurs, une néces­si­té autant poli­tique qu’économique : seuls garants de la sta­bi­li­té du pays, ils confèrent au pou­voir en place son unique légi­ti­mi­té, sans laquelle l’artificielle « paix sociale » s’évanouirait. Frei­nant la crois­sance chi­noise affi­chant en 2008 et 2009 des taux res­pec­ti­ve­ment de 9,6 et 9,2% contre 14,2% en 2007 selon les chiffres du FMI, la crise mon­diale force Pékin à accé­lé­rer la recon­ver­sion de son modèle de déve­lop­pe­ment par les expor­ta­tions vers l’expansion de la demande inté­rieure. Véri­table enjeu de la relève du lea­deur­ship enté­ri­née en novembre 2012 par le XVIIIe congrès du Par­ti com­mu­niste chi­nois (PCC), cette évo­lu­tion struc­tu­relle passe par de pro­fondes réformes éco­no­miques impo­sant un habile exer­cice de cohé­rence entre éco­no­mie, socié­té et cen­tra­lisme politique.

L’impact de la crise mondiale sur la réorientation du modèle de croissance chinois

Amor­cée en 2004, la réorien­ta­tion du modèle chi­nois demeure un pro­ces­sus tech­nique et poli­tique rela­ti­ve­ment opaque visant à rééqui­li­brer la crois­sance éco­no­mique en matière de demande inté­rieure, d’innovation et d’environnement, en par­ti­cu­lier. À par­tir de 2008, l’affaiblissement de l’économie mon­diale sous l’effet de la crise ren­dant plus incer­taines les pers­pec­tives de crois­sance des débou­chés externes vient confor­ter cette stra­té­gie de rééqui­li­brage prô­née par le pré­sident Hu Jin­tao et le Pre­mier ministre Wen Jia­bao, et légi­ti­mer les mesures de relance prises par le gou­ver­ne­ment chi­nois. Asso­ciée au retour à une poli­tique de sta­bi­li­té moné­taire stricte face au dol­lar (après une période d’appréciation pro­gres­sive du yuan entre 2004 et 2010), l’efficacité du plan bud­gé­taire chi­nois s’élevant à 465 mil­liards d’euros (13,5% du PIB) et majo­ri­tai­re­ment tour­né vers l’investissement finan­cé par une forte expan­sion du cré­dit ban­caire sou­lignent ipso fac­to les mérites d’une éco­no­mie de com­mande et de la concen­tra­tion du pou­voir pour faire face à un envi­ron­ne­ment inter­na­tio­nal dura­ble­ment plus risqué.

Tout en per­met­tant effec­ti­ve­ment le main­tien de taux de crois­sance rela­ti­ve­ment éle­vés, cette finan­cia­ri­sa­tion de l’économie chi­noise induit une hausse signi­fi­ca­tive du niveau d’endettement. En dépit des dis­cours d’autosatisfaction et d’un sen­ti­ment de fier­té quant à leur ges­tion fruc­tueuse de la poli­tique éco­no­mique anti­crise, les auto­ri­tés cen­trales du PCC ont éga­le­ment conscience d’aborder un envi­ron­ne­ment inter­na­tio­nal plus com­plexe et incer­tain avec des marges de manœuvre désor­mais réduites. Leur volon­té d’adapter le modèle de crois­sance à la conjonc­ture se heurte de sur­croit à des divi­sions poli­tiques internes. L’opposition des pou­voirs pro­vin­ciaux et locaux — qui ont for­te­ment béné­fi­cié de l’essor éco­no­mique du pays et qui pri­vi­lé­gient les inté­rêts à court terme — aux poli­tiques publiques mises en place par le pou­voir cen­tral risque d’affaiblir l’autorité du duo Xi Jin­ping-Li Keqiang à la tête de l’État et d’entraver ses vel­léi­tés de rééqui­li­brage éco­no­mique : les dépenses de consom­ma­tion finale des ménages ne repré­sentent ain­si que 34% du PIB en 2011, soit un taux bien en deçà des pays de l’OCDE s’élevant en moyenne 63,5%. L’enjeu pour la Chine consiste dès lors à trou­ver de nou­veaux moteurs de crois­sance au sein d’une stra­té­gie inchan­gée, celle-ci ayant jusqu’alors fait ses preuves.

Depuis quelques années, plu­sieurs poli­tiques éco­no­miques sont ain­si ins­til­lées pour pal­lier le poids extrê­me­ment éle­vé de l’industrie manu­fac­tu­rière chi­noise et limi­ter ses consé­quences défa­vo­rables en agis­sant sur les biais qui l’ont induit : à savoir, la fai­blesse du cout du tra­vail et des salaires, le sub­ven­tion­ne­ment des prix de l’énergie, l’allocation du cré­dit vers les grandes entre­prises d’État, l’absence de péna­li­sa­tion des couts envi­ron­ne­men­taux ou encore la fai­blesse du taux d’impôt sub­ven­tion­nant les sec­teurs capi­ta­lis­tiques. Adop­té en octobre 2010, le dou­zième plan quin­quen­nal (2011 – 2015) confirme les nou­velles prio­ri­tés que la Chine s’assigne en met­tant en avant une meilleure répar­ti­tion des fruits de la crois­sance pour les Chi­nois et la réduc­tion des nui­sances liées à l’industrialisation exces­sive par une mon­tée en gamme sur le plan tech­no­lo­gique. Il laisse tou­te­fois de côté la ques­tion de l’ouverture du mar­ché des changes et du rééqui­li­brage de la balance cou­rante, celle de l’ouverture du mar­ché inté­rieur aux entre­prises étran­gères et de la concur­rence accrue de l’industrie chi­noise face aux entre­prises euro­péennes (notam­ment dans les domaines tech­no­lo­giques avan­cés), ou encore celle de l’ouverture poli­tique. Si les consé­quences de cette quête d’indépendance tech­no­lo­gique de la Chine dans des sec­teurs tels que l’électronique, l’espace, l’aéronautique, les télé­coms ou encore l’énergie sont déjà dis­cu­tées aux États-Unis, la prise de conscience euro­péenne est plus récente.

les circonvolutions stratégiques de deux puissances en construction

Entre interdépendance économique, asymétrie commerciale et concurrence sur les marchés tiers

Visant prio­ri­tai­re­ment le main­tien de sa crois­sance éco­no­mique et la réduc­tion cor­ré­la­tive de sa vul­né­ra­bi­li­té externe à des fins de sta­bi­li­té interne, le mode de déve­lop­pe­ment de la Chine a, sur l’Europe, un impact à géo­mé­trie variable. Les espoirs de béné­fices com­mer­ciaux jouent un rôle moteur dans la coopé­ra­tion sino-euro­péenne. Depuis 2004 et le dis­cours pros­pec­tif à Bruxelles du Pre­mier ministre chi­nois Wen Jia­bao prô­nant le déve­lop­pe­ment d’une divi­sion du tra­vail mutuel­le­ment béné­fique, la Chine est deve­nue le deuxième par­te­naire com­mer­cial de l’UE (après les États-Unis) qui est quant à elle son pre­mier par­te­naire com­mer­cial ; elle repré­sente le pre­mier mar­ché à l’exportation et le deuxième four­nis­seur de la Chine (après le Japon). En cinq ans (2007 – 2011), le com­merce de l’UE avec la Chine a annuel­le­ment pro­gres­sé de 8,9% en moyenne (contre 4,7% avec le reste du monde), avec une aug­men­ta­tion notable de 30 mil­liards d’euros pour la seule année 2010. L’industrialisation mas­sive de la Chine tirée par les expor­ta­tions per­met ain­si au com­merce bila­té­ral d’atteindre 428 mil­liards d’euros en 2011, alors qu’il ne repré­sen­tait selon les chiffres euro­péens que 4 mil­liards en 1978.

En fai­sant de la Chine la pre­mière source d’importation de pro­duits manu­fac­tu­rés de l’Union, le modèle chi­nois de crois­sance extra­ver­tie mue par le sec­teur manu­fac­tu­rier dans un contexte éco­no­mique mon­dial d’internationalisation du pro­ces­sus de pro­duc­tion des firmes mul­ti­na­tio­nales (out­sour­cing) a paral­lè­le­ment contri­bué au déve­lop­pe­ment d’un dés­équi­libre crois­sant en faveur de Pékin. Le creu­se­ment du défi­cit com­mer­cial euro­péen, s’élevant en 2011 à 155,9 mil­liards d’euros contre 89,6 mil­liards en 2002, en est l’une des mani­fes­ta­tions les plus visibles. L’asymétrie est éga­le­ment patente en matière d’investissements, où l’Europe figure par­mi les cinq pre­mières sources d’IDE en Chine avec 17,8 mil­liards d’euros en 2011. Tan­dis que l’IDE chi­nois en Europe ne repré­sente que 3,1 mil­liards, mal­gré une aug­men­ta­tion notable depuis l’entame de la crise mon­diale en 2008.

Les diver­gences de vues sur les ques­tions moné­taires rela­tives à la non-conver­ti­bi­li­té du yuan ados­sée à un contrôle des changes poli­cier du gou­ver­ne­ment chi­nois (qui le main­tient sous-éva­lué de 30 à 40% face au dol­lar sans risque de rétor­sion doua­nière), et à ses pro­po­si­tions de réforme du sys­tème moné­taire inter­na­tio­nal (créa­tion d’une mon­naie mon­diale et ren­for­ce­ment des droits de tirage spé­ciaux visant à réduire l’exposition de la Chine à l’égard du dol­lar) repré­sentent une pre­mière source de ten­sions bila­té­rales. Pour l’UE, l’accumulation par l’État chi­nois d’une manne de devises étran­gères et ses mesures de contrôle des mou­ve­ments de capi­taux frei­nant l’appréciation du yuan par­ti­cipent de son défi­cit com­mer­cial crois­sant vis-à-vis de la Chine dont la com­pé­ti­ti­vi­té des pro­duits demeure ain­si pérenne. Sou­cieuses de pré­ser­ver leur sou­ve­rai­ne­té en matière de poli­tique éco­no­mique et d’éviter l’explosion d’une bulle immo­bi­lière en latence, les auto­ri­tés chi­noises se dépar­tissent de toute res­pon­sa­bi­li­té. Elles pointent à rebours leur euro-opti­misme (par oppo­si­tion à l’euroscepticisme des banques anglo-amé­ri­caines) et mettent en avant leur rôle dans le « sau­ve­tage » de la zone euro grâce à une poli­tique de diver­si­fi­ca­tion moné­taire en faveur de la mon­naie euro­péenne repré­sen­tant aujourd’hui envi­ron un tiers de leurs réserves de changes. Les risques de dépré­cia­tion de la mon­naie amé­ri­caine incitent par ailleurs la Chine à œuvrer à la pro­tec­tion de ses inté­rêts natio­naux sur le plan mul­ti­la­té­ral. Au FMI, la posi­tion euro­péenne peu claire face à la demande chi­noise de rééqui­li­brer le poids des éco­no­mies émer­gentes dans le pro­ces­sus de déci­sion reflète les inté­rêts par­fois diver­gents de ses grandes éco­no­mies (Alle­magne, Royaume-Uni et France) ain­si que la fai­blesse des ins­ti­tu­tions supra­na­tio­nales qui n’y sont pas repré­sen­tées par un siège unique. Les voix de l’UE et de l’Eurogroupe s’élevant res­pec­ti­ve­ment à envi­ron 32% et 23%, leur regrou­pe­ment contri­bue­rait pour­tant au ren­for­ce­ment du poids éco­no­mique de l’Europe dans la gou­ver­nance mon­diale et de sa capa­ci­té à peser comme une seule enti­té poli­tique face à la Chine.

Les dif­fi­cul­tés d’accès aux mar­chés consti­tuent une autre impor­tante source de ten­sions bila­té­rales. À ce titre, l’UE (Par­le­ment et Com­mis­sion) appelle depuis long­temps Pékin à rem­plir davan­tage les cri­tères de l’économie de mar­ché telle que défi­nie par l’OMC et regrette l’existence de nom­breuses bar­rières tari­faires et non tari­faires au mar­ché chi­nois. Le poids éco­no­mique de la Chine lui confère tou­te­fois un pou­voir de négo­cia­tion rela­tif (plus impor­tant que celui des autres pays en déve­lop­pe­ment) qui lui a notam­ment per­mis de résis­ter aux demandes en matière de droit de pro­prié­té intel­lec­tuelle et de libé­ra­li­sa­tion éma­nant plus lar­ge­ment des États-Unis, de l’Europe et du Japon (Sin­ga­pore Issues)2. Aidée par sa capa­ci­té de rési­lience face à la crise, la Chine est en outre par­ve­nue à faire ins­crire à l’agenda euro­péen ses propres doléances à l’égard de l’existence d’obstacles au com­merce sur le mar­ché euro­péen, tels que les sub­ven­tions agri­coles octroyées par l’Union aux agri­cul­teurs euro­péens, les droits de douane (en rai­son de leur asy­mé­trie, soit envi­ron 5% sur les pro­duits chi­nois impor­tés par l’Europe contre 30% en moyenne sur les pro­duits euro­péens impor­tés par la Chine), les obs­tacles tech­niques au com­merce ou encore les bar­rières à l’investissement issus de pays tiers dans cer­tains États membres.

En dépit de ces vaines attentes mutuelles, les réac­tions pro­tec­tion­nistes demeurent rela­ti­ve­ment pon­dé­rées de part et d’autre. À titre d’exemple, sur les quatre-vingt-sept conflits com­mer­ciaux enga­gés par l’UE en tant que plai­gnant auprès de l’Organe de règle­ment des dif­fé­rends (ORD) de l’OMC, seuls six l’opposent à la Chine, contre trente-deux envers les États-Unis. L’essentiel de ces dif­fé­rends porte sur la léga­li­té des mesures de pro­tec­tion (droits anti­dum­ping, sub­ven­tions et mesures com­pen­sa­toires) dans des sec­teurs sen­sibles (matières pre­mières et pro­prié­té intel­lec­tuelle) et a pour la plu­part fait l’objet de consul­ta­tions paral­lèles par les États-Unis. Force est de consta­ter que l’UE pré­fère ne pas trop frois­ser son par­te­naire chi­nois, pro­ba­ble­ment de peur de le perdre. Elle recon­nait d’ailleurs mener une poli­tique d’«engagement incon­di­tion­nel » avec la Chine, bien que cette situa­tion mette en cause le prin­cipe même de réci­pro­ci­té qu’induit toute logique par­te­na­riale. Côté chi­nois, seuls trois des treize conflits com­mer­ciaux enga­gés comme plai­gnant à l’ORD concernent l’UE — contre huit envers les États-Unis — et portent éga­le­ment sur des mesures de pro­tec­tion (droits anti­dum­ping, sub­ven­tions et mesures com­pen­sa­toires). L’UE et la Chine éprouvent-elles de réelles dif­fi­cul­tés à expor­ter leur « modèle » de gou­ver­nance ou ne s’en donnent-elles pas les moyens ?

Outre ces deux sources majeures de ten­sions s’ajoute une com­pé­ti­tion accrue sur les mar­chés tiers, en par­ti­cu­lier en Afrique, pour l’accès aux matières pre­mières. L’active diplo­ma­tie com­mer­ciale de Pékin, dont les plans d’aide au déve­lop­pe­ment et les sys­tèmes de prêts pré­fé­ren­tiels sans condi­tions poli­tiques, mais liés à l’exploitation de res­sources natu­relles par des firmes chi­noises repré­sentent une alter­na­tive aux fonds euro­péens et mul­ti­la­té­raux (FMI, BM), affecte l’Europe tant sur le plan macroé­co­no­mique par le ren­ché­ris­se­ment des matières pre­mières que poli­tique en rai­son de l’autonomie qu’elle peut confé­rer aux élites africaines.

La crise mondiale, un effet d’aubaine pour les relations UE-Chine ?

Miracle ou péril jaune ? Per­çue comme le plus impor­tant mar­ché stra­té­gique, la Chine figure plus que jamais au cœur des débats éco­no­miques de l’Europe en ce début de XXIe siècle, de sur­croit dans un contexte de crise. Les réa­li­tés macroé­co­no­miques mesu­rables à l’échelle euro­péenne ont par­tie liée, dans cer­tains États membres comme le Por­tu­gal, l’Espagne, mais éga­le­ment l’Allemagne, la France et la Suède, à la mon­tée de sen­ti­ments popu­laires néga­tifs à l’égard de la Chine com­pa­rables à ceux pré­va­lant aux États-Unis. Met­tant l’accent sur le défi éco­no­mique que repré­sente l’afflux de pro­duits chi­nois bon mar­ché et les consé­quences sociales de la nou­velle poli­tique indus­trielle de Pékin (visant à trans­for­mer le pays en concur­rent hau­te­ment qua­li­fié à bas prix) en termes de pertes d’emplois dans les sec­teurs indus­triels, nombre d’acteurs ins­ti­tu­tion­nels, éco­no­miques et opi­nions publiques euro­péens placent l’Europe face à ses res­pon­sa­bi­li­tés et ses États membres dans l’expectative. Le récent dis­cours sur l’Europe du Pre­mier ministre bri­tan­nique, David Came­ron, fait à ce titre figure d’épiphénomène.

Face aux craintes sus­ci­tées par la spec­ta­cu­laire ascen­sion éco­no­mique de la Chine, les diri­geants chi­nois pra­tiquent régu­liè­re­ment le soft power afin de rap­pe­ler la com­plexi­té des défis aux­quels le pays fait encore face. Les objec­tifs du dou­zième plan quin­quen­nal ont ain­si rap­pe­lé la néces­si­té chi­noise d’une poli­tique volon­taire de crois­sance des salaires à un rythme com­pa­tible avec la crois­sance de la pro­duc­ti­vi­té, d’un redé­ploie­ment de l’activité vers les ser­vices et d’une mise en avant d’un déve­lop­pe­ment éco­no­mique plus « propre » et moins éner­gi­vore. En période de réces­sion mon­diale, les trans­for­ma­tions chi­noises en vue d’une nou­velle équa­tion de crois­sance basée sur la consom­ma­tion de masse (requé­rant le déve­lop­pe­ment d’un sys­tème de sécu­ri­té sociale de type uni­ver­sel, des poli­tiques d’accroissement des salaires et d’amélioration des condi­tions de tra­vail), l’innovation (néces­si­tant le déve­lop­pe­ment de l’infrastructure, de l’éducation ou encore des droits de pro­prié­té intel­lec­tuelle) et la pro­duc­tion tech­no­lo­gique inten­sive (impli­quant d’importants inves­tis­se­ments pri­vés ne pou­vant avoir lieu que dans un envi­ron­ne­ment règle­men­taire plus fiable3) rejoignent sur le plan com­mer­cial les dis­cours euro­péens : « Bet­ween us is a vast sea of com­merce. And it means, if I may, that Europe and Chi­na are now in the same boat. We will both be affec­ted by how well the other one manages to over­come its chal­lenges. And we do each face real challenges. »

Comme ain­si rap­pe­lé par le com­mis­saire euro­péen au Com­merce Karel De Gucht lors du som­met de Ham­bourg fin novembre 2012, l’UE et la Chine ont l’opportunité d’être des « par­te­naires de crois­sance », et ce, à quatre titres fai­sant écho aux objec­tifs de crois­sance intel­li­gente (déve­lop­per une éco­no­mie fon­dée sur la connais­sance et l’innovation), durable (pro­mou­voir une éco­no­mie plus effi­cace dans l’utilisation des res­sources, plus verte et plus com­pé­ti­tive) et inclu­sive (encou­ra­ger une éco­no­mie à fort taux d’emploi favo­ri­sant la cohé­sion sociale et ter­ri­to­riale) défi­nis en 2010 par l’UE dans sa stra­té­gie Europe 2020 pour sor­tir de la crise éco­no­mique. Dans ce contexte de pro­mo­tion de la libé­ra­li­sa­tion du com­merce inter­na­tio­nal, les prio­ri­tés immé­diates en matière de sta­bi­li­té interne de l’UE (sta­bi­li­sa­tion des mar­chés finan­ciers) et de la Chine (sta­bi­li­té poli­ti­co-sociale) donnent à réac­ti­ver — du moins à court terme — la conver­gence des inté­rêts et les poli­tiques de coopé­ra­tion sino-euro­péens. D’autant que les prin­ci­pales attentes chi­noises vis-à-vis de l’Europe, à savoir l’octroi du sta­tut d’économie de mar­ché et la levée de l’embargo sur les armes, sont pour l’heure res­tées vaines. À plus long terme, les objec­tifs euro­péens (ré-indus­tria­li­sa­tion) et chi­nois (mon­tée en gamme indus­trielle) risquent tou­te­fois d’engendrer de nou­velles formes de concur­rence et des réac­tions davan­tage protectionnistes.

Conclusion

Entre concur­rence et coopé­ra­tion, le rap­pro­che­ment sino-euro­péen repose sur le plus petit déno­mi­na­teur com­mun pour coopé­rer dans une éco­no­mie mon­diale en muta­tion. Fortes de leur puis­sance com­mer­ciale mon­dia­le­ment recon­nue et d’un volon­ta­risme mani­feste, l’UE et la Chine mettent toutes deux leur com­pé­ti­ti­vi­té éco­no­mique au ser­vice de leurs rela­tions diplo­ma­tiques. En tant que « plus grand pays en déve­lop­pe­ment » dont la puis­sance éco­no­mique repose tou­jours sur le com­merce exté­rieur (expor­ta­tions) davan­tage que sur la demande interne (consom­ma­tion), la Chine se refuse encore au lea­deur­ship mon­dial au pro­fit d’une inser­tion inté­res­sée et prag­ma­tique dans les pro­ces­sus de gou­ver­nance exis­tants. For­te­ment dépen­dante des évo­lu­tions internes et du contexte inter­na­tio­nal, sa réémer­gence s’apparente à la dyna­mique gra­duelle et pru­dente d’une mon­tée en puis­sance rela­tive sur la scène mon­diale. Ce phé­no­mène et les chan­ge­ments glo­baux qu’il entraine en termes d’équilibre des puis­sances n’en sont pas moins sans impact sur l’UE. Sur les ter­rains éco­no­miques et indus­triels, la « stra­té­gie » de crois­sance chi­noise visant à pas­ser d’un modèle repo­sant sur l’essor des expor­ta­tions à un modèle fon­dé sur la soli­di­té de la demande inté­rieure ne ren­voie pour l’heure à aucun équi­valent euro­péen, ce qui consti­tue pour la Chine un avan­tage com­pa­ra­tif dans la rela­tion d’interdépendance qu’elle entre­tient avec l’UE. À cette réa­li­té s’ajoute la dif­fi­cul­té pour l’Europe de for­ma­li­ser avec Pékin un accord glo­bal de par­te­na­riat et de coopé­ra­tion sem­blable à ceux conclus avec la Rus­sie et les nou­veaux pays indé­pen­dants d’Europe orien­tale, du Cau­case méri­dio­nal et d’Asie cen­trale, ain­si qu’à l’accord de crois­sance éco­no­mique trans­at­lan­tique auquel elle aspire avec les États-Unis. Un cer­tain stra­bisme envers les États-Unis tend en effet à struc­tu­rer les rela­tions entre l’UE et la Chine.

Par ailleurs, l’analyse des dis­cours euro­péens et chi­nois met éga­le­ment en exergue l’influence réci­proque entre ces deux acteurs mon­diaux. Ain­si, l’inégalité des échanges sino-euro­péens pousse l’Union à repen­ser son modèle éco­no­mique. Face aux défis que la crois­sance chi­noise pose aux entre­prises euro­péennes, le Par­le­ment euro­péen appelle désor­mais à don­ner la prio­ri­té à une rééva­lua­tion du rôle de l’État dans les poli­tiques éco­no­miques et indus­trielles afin de l’ériger en acteur clé d’un nou­veau par­te­na­riat stra­té­gique avec la Chine. En accu­lant l’Europe à réagir, cette dyna­mique par­ti­cipe a mini­ma d’une réflexion quant à la pour­suite de sa construc­tion de puis­sance : la conjonc­ture actuelle serait-elle le ferment d’un appro­fon­dis­se­ment de l’intégration euro­péenne, de la mise en place d’une poli­tique fis­cale com­mune ou encore de l’établissement d’une union ban­caire dont les rachats de titres d’États et les inves­tis­se­ments d’entreprises chi­nois concé­dés en Europe ont pu consti­tuer des fac­teurs favo­ri­sant ? L’intérêt com­mun pour la « sur­vie » de la zone euro a par ailleurs induit l’émergence — certes embryon­naire — d’une « diplo­ma­tie moné­taire » euro­péenne, se tra­dui­sant par la créa­tion d’un Fonds euro­péen de sta­bi­li­té finan­cière en 2010 et l’activisme de cer­tains gou­ver­ne­ments de l’Eurogroupe afin de mettre à l’agenda des réunions du G20 la pers­pec­tive d’un enga­ge­ment finan­cier mul­ti­la­té­ral des pays émer­gents, dont la Chine. Vaine en novembre 2011 à Cannes, la ten­ta­tive abou­tit en juin 2012 à Los Cabos à une pro­messe de ver­se­ment chi­noise au FMI. Si le besoin pour Pékin de pour­suivre sa coopé­ra­tion éco­no­mique avec l’Europe s’accompagne d’un dis­cours ras­sé­ré­nant de « res­pon­sa­bi­li­sa­tion » accrue à l’égard de la zone euro, la néces­si­té à court terme pour l’UE de sor­tir de la crise et du dilemme entre aus­té­ri­té et relance ain­si qu’à plus long terme de rééqui­li­brer ses échanges avec Pékin l’enjoint iné­luc­ta­ble­ment à (re)penser l’exercice de sa puis­sance. Plus qu’industriel et com­mer­cial, le défi de l’Europe face à la Chine est réso­lu­ment poli­tique : com­ment se posi­tion­ner dans un monde davan­tage multipolaire ?

  1. Une qua­ran­taine de sec­teurs demeurent inter­dits aux IDE en Chine, alors qu’elle repré­sente la neu­vième source mon­diale d’IDE sor­tants. CNDRC and MOFCOM, 2012 Forei­gn Invest­ment Indus­trial Gui­dance Cata­log Pro­mul­ga­ted, 24 décembre 2011 ; UNCTD, Glo­bal Invest­ment Trade Moni­tor. Towards a New Gene­ra­tion of Invest­ment Poli­cies, 12 avril 2012.
  2. Depuis 1996, ils tentent d’imposer des mesures en matière de faci­li­ta­tion du com­merce, d’instauration de prin­cipes de droit de la concur­rence et de trans­pa­rence des mar­chés publics à l’OMC et des mesures de ren­for­ce­ment de la libé­ra­li­sa­tion mul­ti­la­té­rale des IDE.
  3. ’Inter­na­tio­nal Finance Cor­po­ra­tion classe la Chine à la 91e place mon­diale en ce qui concerne la faci­li­té à y faire des affaires (les États-Unis sont 4e). IFC, Doing Busi­ness 2013, Washing­ton, IBRD/WB, 2013, p. 3.

Sophie Wintgens


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