L’entreprise, nouvel acteur du champ de la santé mentale

Long­temps, nous avons vécu sur l’i­dée que les idéaux du sujet se
for­maient en dehors de l’en­tre­prise et que l’é­co­no­mie était un secteur
radi­ca­le­ment dis­tinct de la culture. Aujourd’­hui, il faut reconnaitre
que cette repré­sen­ta­tion est fausse. L’en­tre­prise est elle
aus­si deve­nue un des lieux où se tissent les figures nou­velles de la
sub­jec­ti­vi­té et, à ce titre, est désor­mais incluse dans le champ de la
san­té men­tale. Pour com­prendre cette trans­for­ma­tion, il faut
remon­ter aux années cin­quante et soixante, au moment où des
socio­logues pion­niers ont com­men­cé à abor­der l’en­tre­prise sous
l’angle cultu­rel. Deux étapes his­to­riques ont, à par­tir de ces années pivot,
modi­fié l’en­tre­prise : la décou­verte de l’ac­teur stra­tège ; la
pro­mo­tion de I’ac­teur flexible, C’est sur fond de cette double transformation
que doit être aujourd’­hui repo­sée la ques­tion du rapport
entre contrôle et auto­no­mie. Com­ment envi­sa­ger une réappropriation
de la pro­duc­tion nor­ma­tive et cultu­relle dans la sphère
éco­no­mique ? Et com­ment repen­ser, fina­le­ment, la place du travail
dans nos sociétés ?