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L’avenir de l’énergie, selon le P‑DG de Total
Le vendredi 10 septembre 2010, Monsieur de Margerie, président-directeur général de Total, a donné une conférence sur l’avenir de l’énergie au Cercle de Lorraine dans ses nouveaux locaux, l’ancien hôtel de Merode, encore en rénovation et qui sera inauguré fin du mois. Je ne suis pas membre du Cercle, mais les conférences sont publiques et j’ai […]
Le vendredi 10 septembre 2010, Monsieur de Margerie, président-directeur général de Total, a donné une conférence sur l’avenir de l’énergie au Cercle de Lorraine dans ses nouveaux locaux, l’ancien hôtel de Merode, encore en rénovation et qui sera inauguré fin du mois. Je ne suis pas membre du Cercle, mais les conférences sont publiques et j’ai donc (chèrement) payé ma place.
Très bel aménagement, dans un gout parfait. Public très sélect : hommes d’affaires, aristocrates, responsables politiques.
Le conférencier est introduit par Albert Frère, qui fait l’éloge de ses qualités de diplomate et dit son admiration face à sa carrière fulgurante, malgré le fait qu’il ne soit pas sorti d’une Grande École. Il souligne aussi sa grande compétence en matière de whisky grâce à une bibliothèque unique sur le sujet, et sa légendaire réputation de fréquents retards. Visiblement l’orateur n’a apprécié que modérément la présentation de son collègue, à qui il répond en disant que l’École supérieure de commerce de Paris dont il est issu est l’une des meilleures, met ses retards sur le compte de son respect des autres et lui donne du « Baron » toutes les vingt secondes.
La thèse de Margerie est qu’il ne faut pas s’alarmer : on a encore pour deux-cents, si pas trois-cents ans de pétrole devant nous. Les autres sources d’énergie sont les bienvenues, pas concurrentes, mais complémentaires et sont et resteront marginales : 8% aujourd’hui et tout au plus 25% en 2030. Une bonne partie d’entre elles sont d’ailleurs économiquement inintéressantes, car non viables sans subsides des États. Et il s’en prend particulièrement aux éoliennes.
Quant au projet allemand de faire venir de l’énergie produite par des panneaux solaires en Algérie, il est de l’ordre de l’utopie. Il existe du pétrole et du gaz dans le monde et il existe des gens qui en ont besoin. La tâche d’une entreprise comme Total est de faire le lien entre les deux, peu importe le lieu où se trouve le pétrole ou le régime politique qui préside aux destinées du territoire où se trouve l’énergie. Du temps de la guerre froide, il fallait établir des contacts commerciaux avec l’URSS, car elle était importante pour l’approvisionnement. Il en est de même avec l’Iran. Pour l’Europe, les vrais compétiteurs sont la Chine et les États-Unis.
En conclusion, le monde n’a pas besoin de Total, mais il a besoin de pétrole et dans la mesure où Total peut être utile, il sera toujours à disposition.
Applaudissements nourris de l’assistance.
Période de questions : on manque de temps et seules trois personnes pourront en poser. J’ai la chance d’être le premier et je pose deux questions :
1) Pourquoi l’orateur n’a‑t-il pas parlé des agrocarburants, alors que les plans actuels prévoient l’utilisation de dizaines de millions d’hectares dans les pays du Sud, avec les conséquences écologiques que l’on sait et l’expulsion de dizaines de millions de paysans de leurs terres ?
2) Y a‑t-il un lien entre la militarisation du monde et le pétrole ?
Murmures réprobateurs de l’assemblée.
Réponses de l’orateur :
1) À part l’éthanol en provenance de la canne à sucre, les autres solutions ne sont pas valables et il est scandaleux de les promouvoir. Il faut de la transparence dans ce domaine.
2) En effet, nous avons été pris, malgré nous, dans des problèmes politiques et militaires.
En sortant, je croise M. de Margerie, qui me dit : « Vous m’avez mis face à des questions très compliquées. »
Conclusions : comment des dirigeants avec de telles responsabilités peuvent-ils tenir un pareil discours : y croient-ils vraiment ? Et si c’est le cas, quel est le niveau d’analyse où ils se situent ? Si le pétrole se trouvait sur la planète Mars ou sur la Lune, leur position ne serait pas différente. Le contexte et les externalités n’existent pas. Y a‑t-il vraiment une planète ? Y a‑t-il des êtres humains ? Comment un public aussi sélect peut-il sans réagir accepter tout cela ? Probablement parce qu’il appartient à la même culture, ou inculture.