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Il y a un truc !

Numéro 3 Mars 2013 - cyclisme dopage football par Anathème

décembre 2014

Déci­dé­ment, le baron Pierre de Cou­ber­tin doit se retour­ner dans sa tombe. En effet, ces der­nières semaines (mois ? années ? décen­nies?), il ne fait pas bon avoir des idéaux en matière spor­tive. Cha­cun a enten­du par­ler des aveux télé­vi­sés de Lance Arm­strong : il s’est dopé tout au long de sa glo­rieuse car­rière et a ain­si fait la preuve, […]

Déci­dé­ment, le baron Pierre de Cou­ber­tin doit se retour­ner dans sa tombe. En effet, ces der­nières semaines (mois ? années ? décen­nies?), il ne fait pas bon avoir des idéaux en matière sportive.

Cha­cun a enten­du par­ler des aveux télé­vi­sés de Lance Arm­strong : il s’est dopé tout au long de sa glo­rieuse car­rière et a ain­si fait la preuve, non seule­ment de son talent cycliste, de son endu­rance, de son abné­ga­tion en tant que for­çat de la route, mais aus­si de sa sub­ti­li­té dans la tri­che­rie, dans le res­pect des poso­lo­gies et dans la déné­ga­tion. Fina­le­ment, cet homme a plus de qua­li­tés encore que nous ne le soup­çon­nions lorsqu’il mon­tait pour la sep­tième fois sur le podium du Tour de France. Mal­heu­reu­se­ment, il ne fait pas bon être trop talen­tueux : le voi­là effa­cé du pal­ma­rès. Sans rem­pla­çant, d’ailleurs, plus per­sonne ne pou­vant pen­ser que qui que ce soit qui a bou­clé la Grande Boucle (à l’époque) rou­lait à l’eau claire. Dont acte.

Mais voi­là que le foot­ball est à son tour écla­bous­sé par un scan­dale. Euro­pol soup­çonne une mafia inter­na­tio­nale d’avoir tru­qué 380 matches en cor­rom­pant 425 arbitres, diri­geants de clubs ou joueurs. L’objectif était bien enten­du de rem­por­ter des paris, ce qui fut fait, avec un béné­fice de 8 mil­lions d’euros pour 16 inves­tis. Un peu mieux qu’un car­net d’épargne.

Nous ne revien­drons pas sur le pon­cif consis­tant à poin­ter le fait que le sport pro­fes­sion­nel n’est plus du sport, mais du spec­tacle, qu’en tant qu’acteurs de l’industrie du diver­tis­se­ment, les par­ti­ci­pants tentent légi­ti­me­ment d’améliorer leur show, notam­ment en recou­rant à des tru­cages et effets spé­ciaux. De manière moins cynique, nous poin­te­rons plu­tôt un élé­ment posi­tif, à même de rendre espoir. Car si la lutte contre le dopage est, de leur aveu, une prio­ri­té des auto­ri­tés spor­tives depuis au moins vingt ans, les suc­cès engran­gés sont bien minces. Car, pen­dant ce temps, de jeunes spor­tifs se détruisent la san­té avec des pro­duits pro­hi­bés, des spor­tifs jeunes retrai­tés font des arrêts car­diaques ou déve­loppent des can­cers, bref, l’hécatombe conti­nue. Il faut donc trou­ver une issue.

Com­ment a‑t-il pu nous échap­per que les matches tru­qués étaient pré­ci­sé­ment la solu­tion ? Quoi de plus évident cepen­dant ? Mais oui, quand les dés sont pipés, le vain­queur est connu d’avance et il devient inutile de cher­cher à sur­clas­ser à tout prix son adver­saire, c’est le nez au milieu de la figure ! Il suf­fit de faire illu­sion, ce qui est net­te­ment moins dif­fi­cile. Que de sang, de sueur et de pro­duits dopants pour gagner les deux kilo­mètres par heure qui per­met­tront de fran­chir le col en vain­queur, mais n’apparaitront pas à l’écran. Alors qu’il suf­fit de pro­gram­mer une échap­pée, laquelle, dument scé­na­ri­sée, n’en sera que plus spec­ta­cu­laire, de même que la remon­tée des pour­sui­vants rejoi­gnant l’homme de tête pour un magni­fique sprint final. Le tout à l’eau claire.

On a essayé de contrô­ler l’urine, le sang, la sueur, que sais-je encore, sans suc­cès. On a rêvé d’extirper le fric du sport pro­fes­sion­nel, en pure perte. On a loué l’éthique et le fair­play, quelle rigo­lade. Et, pen­dant tout ce temps, la solu­tion était là, sous nos yeux, conçue en Asie, pour le salut du sport : le trucage.

Nul doute que le légis­la­teur, qu’une règle­men­ta­tion quel­conque démange tou­jours, se sai­si­ra séance tenante du dossier.

Anathème


Auteur

Autrefois roi des rats, puis citoyen ordinaire du Bosquet Joyeux, Anathème s'est vite lassé de la campagne. Revenu à la ville, il pose aujourd'hui le regard lucide d'un monarque sans royaume sur un Royaume sans… enfin, sur le monde des hommes. Son expérience du pouvoir l'incite à la sympathie pour les dirigeants et les puissants, lesquels ont bien de la peine à maintenir un semblant d'ordre dans ce monde qui va à vau-l'eau.