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“Histoire vivante” entre science et loisir
La reconstitution historique trouve sa source voici cinquante ans aux États-Unis, et a été exportée en Europe une vingtaine d’années plus tard. Contrairement aux manifestations commémoratives précédentes, elle fait appel à des associations de bénévoles qui ont vocation à devenir permanentes et qui ne s’attachent plus désormais à un site particulier. Largement exploité à des fins commerciales, ce phénomène sociétal récent a fait progresser l’étude de l’objet, son usage et sa mise en contexte, en ouvrant des perspectives intéressantes pour les organismes chargés de promouvoir le patrimoine touristique mobilier ou immobilier. Mais peu ou pas sponsorisés, les groupes de reconstitution doivent de plus en plus souvent veiller, du fait de l’engouement qu’ils provoquent, à ne pas amoindrir la qualité de leurs prestations devant l’afflux de nouvelles recrues, parfois issues du monde du folklore, et à ne pas sortir du cadre purement interprétatif de l’histoire qu’ils se sont imposé, en étant tentés de s’éloigner des sources dans le seul but d’étayer une thèse, ou en devenant instruments de ceux qui seraient tentés d’utiliser ces cycles commémoratifs à des fins politiques.
L’évocation du passé auprès du plus large public a souvent été réalisée par le biais d’exposition d’objets ou de documents inanimés, qui ne peuvent prendre vie que dans l’imagination des observateurs. Pour des périodes aussi anciennes que celle qui concerne le site de la bataille de Waterloo, ces reliques sont si rares qu’elles ne constituent plus d’ensembles suffisamment cohérents pour construire l’environnement nécessaire à un public de moins en moins en contact avec une réalité historique aussi éloignée de notre mode de vie. L’industrie cinématographique s’est emparée du sujet depuis longtemps, mais malgré tous les effets spéciaux qu’elle y injecte, elle ne parvient pas toujours à en reproduire la densité.
Les origines
Phénomène sociétal récent, la reconstitution historique trouve sa source outre-Atlantique. Le centenaire de la guerre de Sécession, en 1965, et le bicentenaire de l’indépendance des États-Unis d’Amérique, en 1976 – 1983, ont poussé de nombreuses associations de bénévoles à combler le manque de traces matérielles laissées par ces conflits en tentant de reproduire tout ou partie des combats à l’aide d’hommes non seulement habillés, mais entrainés selon les règlements en usage à ces époques1. Si l’idée de reconstitution de tournois ou de faits de guerre existait déjà auparavant dans l’histoire, la manifestation en était toujours ponctuelle et ses acteurs peu au fait du contexte historique2. La fin des commémorations américaines après le bicentenaire du traité de paix de 1783 a limité le nombre de groupes, mais certaines associations devinrent permanentes. Ce principe fut bientôt repris dans l’ensemble des pays anglo-saxons, qui étendirent le champ d’intérêt à des périodes de plus en plus variées, partant de la légion romaine jusqu’aux armées de la guerre du Vietnam. Ce type de spectacle s’est retrouvé, quinze ans plus tard, sur le continent européen, favorisé ici encore par la présence d’une incroyable multitude de sites de grandes batailles3.
Il reste difficile, tant ce monde est en perpétuel mouvement, de parvenir à définir une exacte répartition des groupes de reconstitution et de leur importance numérique, en fonction de leur localisation géographique et de leurs thèmes de prédilection. L’Antiquité, le Moyen Âge et l’Ancien Régime sont des choix privilégiés par des groupes restreints, et ce pour diverses raisons (cout de l’équipement, ancrage souvent lié à des bâtiments existants ou remontés…)4. Exception notable, la guerre civile anglaise du XVIIe siècle a rapidement connu un pic d’intérêt, mais resta confinée aux iles britanniques, l’imaginaire collectif des Néerlandais et des Allemands percevant de manière assez négative les guerres de religion.
Les campagnes militaires de la république et de l’Empire français ont a contrario certainement attiré le plus de bénévoles à travers l’Europe, la Russie, les États-Unis, un succès dû à une « chorégraphie » haute en couleur, réalisable sur tous les terrains. La guerre dite de Sécession et les guerres indiennes ont néanmoins réuni les plus grandes masses, mais ces grandes concentrations sont pratiquement toutes situées sur la côte orientale des États-Unis.
Les commémorations, qui souvent ravivent l’exaltation des traditions identitaires, nourrissent évidemment par intermittence la reconstitution par l’apport, temporaire ou non, de nouveaux membres, comme ce fut le cas en Belgique lors du centenaire du déclenchement de la Grande Guerre, pour laquelle le noyau initial de reconstituteurs — à peine une vingtaine d’hommes — a vu ses effectifs tripler grâce à l’apport de plusieurs véhicules mis à disposition par quelques collectionneurs ou par le ministère de la Défense nationale. Doté d’un impressionnant charroi, un cortège a été rapidement mis sur pied, officialisé par l’introduction de volontaires issus de l’armée, et présenté lors de la fête nationale du 21 juillet. Mais peut-on, sur la base de ces faits, estimer qu’il s’agit là encore de groupes de reconstitution et n’a‑t-on pas privilégié le spectacle plutôt que la transmission du savoir ?
Ce monde, autrefois réduit à quelques centaines d’individus, a ainsi gagné de larges franges de la population et compte désormais plusieurs dizaines de milliers d’adhérents disposant de leurs propres réseaux de production, de leurs revues spécialisées : conséquence immédiate du succès de la reconstitution historique dans une société axée sur le consumérisme, il s’agit bien d’un marché en expansion, qui intéresse donc la sphère marchande. Des fédérations nationales se sont créées par la force des choses, de manière à faciliter l’organisation logistique d’évènements de grande ampleur, mais faute d’un cadre juridique, leur légitimité est fréquemment mise en cause par des groupes dont les cadres ne sont ni ne souhaitent y être représentés.
Les prétentions de l’«histoire vivante »
La reconstitution historique prétend se fonder sur trois critères : la reconstitution du matériel, selon les techniques et des matières premières utilisées à l’origine, la reconstitution des gestes quotidiens, règlementés ou non par les ordonnances militaires et enfin l’esprit critique de la reconstitution, qui réclame modestie dans la compétence et volonté permanente d’affiner ses connaissances. Cette idée d’«histoire vivante » (Living History) a pris pied dans le fait militaire, mais elle s’étend aujourd’hui à toutes les sphères de l’activité humaine (histoire industrielle, histoire de l’architecture…).
Le caractère divertissant, spectaculaire, la mise en scène de grand spectacle n’y suffisent donc pas : la reconstitution réclame une approche critique du fait reconstitué, qui se fonde dans une heuristique.
La reconstitution historique présente des avantages indéniables si on se place dans une perspective pédagogique : jusqu’il y a peu encore, la plupart de ces associations fabriquaient et distribuaient leurs propres effets à leurs membres, entrainant un excellent esprit d’émulation quant à la recherche du détail et à la qualité des prestations. Hormis la réplique d’armes à feu, dument éprouvées par des firmes agréées, tout, jusqu’au plus petit tournevis, cuillère ou bouton, est étudié avec application, remis rapidement en question en fonction de nouvelles découvertes archéologiques ou archivistiques. Le « British Heritage » a rapidement compris l’intérêt de cette philosophie du savoir, proche de l’objet, afin d’animer les collections du patrimoine national. Si les grosses prestations sont avant tout des évènements, quelques reconstituteurs en ont fait leur métier, comme indépendants créateurs de spectacles5 ou salariés d’institutions muséales. Diverses activités ont également permis d’aboutir à des conclusions utiles pour les historiens ou historiens de l’art, non seulement quant à la manufacture d’objets, mais également quant à l’impact réel de leur usage. La techno-histoire de l’armement, la science balistique ont ainsi été mises à contribution pour mettre en lumière l’efficacité réelle ou présumée d’une innovation en apparence simple. Nous ne prendrons pour exemples que les très médiatiques emplois de la baliste ou de l’onagre dans la légion romaine, la question de la résistance des armures, des cuirasses et des casques à des projectiles divers, ou celle des cadences effectives de tir des archers, arbalétriers, arquebusiers, fusiliers d’infanterie ou fantassins dotés d’armes à âme carabinée. Le travail de reconstitution des chars de combat égyptiens, d’armures gothiques ou romaines, d’armes de jet ou d’une auto-canon de 1916 procède de la même idée : grâce à un patient travail de comparaison archivistique, épigraphique, on en arrive à comprendre et reproduire des techniques de fabrication perdues. Dans un autre registre, la pratique effective du maniement d’armes, l’émission des ordres dans le vacarme des tirs permettent de saisir par d’infimes détails les raisons d’une victoire ou d’une défaite et autorisent une nouvelle lecture des mémoires et chroniques anciennes par ces yeux novices, mais aiguisés, grâce à une étude du quotidien. Tout cela peut redonner vie à la sémantique. Les exemples ne manquent pas. Ainsi, des expressions trouvent une légitimité dans l’application du maniement d’arme du fusil 1777 de l’armée française, dont les temps et mouvements (« faire les choses en deux temps trois mouvements »), entendus et répétés par un nombre croissant de conscrits sous l’Empire, ont essaimé dans la population civile bien après le retour de ces hommes dans leur patrie : « passer l’arme à gauche » se réfère ainsi au délicat moment où, face à l’ennemi, le soldat montre qu’il n’a pas encore chargé son arme, ce qui le place dans une situation de grande vulnérabilité. « Casser sa pipe » rappelle que la pipe en terre se portait souvent sous le shako ou le chapeau, et que le fait de tomber au combat la réduisait presque systématiquement en morceaux. Comment comprendre encore ces estampes de la commune de Paris de 1871, où l’on voit les officiers « versaillais » inspecter les mains des ouvriers pour fusiller séance tenante ceux qui gardaient sur leurs paumes des traces de poudre noire, si on n’expérimente pas combien la combustion de cette poudre est impossible à nettoyer au bout d’une journée ?
Cet engouement, fruit d’une motivation qu’il ne faut donc pas sous-estimer, apparait alors qu’émerge chez les historiens professionnels une nouvelle approche de l’histoire évènementielle, qui n’évacue pas l’évènement, mais le remet à sa juste place, en fonction des structures et conjonctures, sur lesquelles il peut influer de manière déterminante.
Les écueils restent pourtant nombreux, car la reconstitution possède ses propres limites.
Il existe d’abord et avant tout un problème d’échelle. Le recrutement des membres étant réalisé sur une base bénévole et les perspectives de sponsoring restant relativement réduites, les associations de reconstituteurs sont généralement de dimensions modestes. Bien peu passent le seuil critique de la trentaine de membres, qui rend un autofinancement par cotisation et paiement des prestations suffisants pour satisfaire l’achat de matériel complémentaire (l’armement étant généralement l’investissement le plus couteux). Ce problème financier cause à son tour un problème de qualité des représentations, car au-delà d’une approche à l’échelle de l’individu ou du peloton6, se pose la question de vouloir reproduire des effets de masse, qui sont l’essence même des tactiques de combat depuis l’Antiquité jusqu’à la fin du XIXe siècle. C’est en effet le « coup d’œil » — l’expression date de l’Ancien Régime — qui exerce une forme de fascination pour les témoins de ce spectacle, fascination pour un tableau coloré, ordonné et bruyant.
Si les reconstitutions de batailles de la guerre civile américaine parviennent exceptionnellement à rassembler une masse de six à sept-mille bénévoles, cela ne représente au mieux que la confrontation entre deux groupes comprenant l’effectif d’un régiment d’infanterie, d’un régiment de cavalerie et d’une batterie d’artillerie : trois jours de bataille à Gettysburg (1er au 3 juillet 1863) provoquent la mort de 52000 hommes. Et encore cette exception est-elle facilitée par le fait que l’habillement des soldats était relativement homogène à cette époque à l’échelle d’une armée, et aisé à confectionner. L’éclatement en petits groupes ne permet pas un tel amalgame pour d’autres périodes : les guerres de la République et de l’Empire, pourtant les plus populaires, attirent environ quinze-mille reconstituteurs dans le monde, mais aucun groupe, quand bien même disposerait-il de « dépôts » dans plusieurs pays, ne parvient à dépasser l’effectif d’une compagnie (cent-et-deux hommes), chiffre avec lequel il faut compter pour espérer réaliser les manœuvres en échelon et les mises en place en ligne ou en carré, prévues par les règlements pour effectuer des feux de file, ou pour résister à des charges de cavalerie7. Les rassemblements plus ou moins hétéroclites de combattants pèchent souvent par anachronisme, car il est rare que la commémoration d’une bataille regroupe des associations représentant des unités effectivement présentes sur ce terrain précis, ou, quand bien même la rencontre serait-elle hypothétique, des groupes dont les uniformes coïncident avec les règlements en usage à un même moment. La mode vestimentaire militaire a en effet connu un tel rythme d’évolution qu’il est extrêmement malaisé de parvenir à faire parfaitement respecter ce que nous savons des évènements et des armées en présence à un endroit et une date donnés. Un cas particulièrement fréquent consiste à présenter lors des reconstitutions de la bataille de Waterloo des fantassins français habillés dans les tenues antérieures au modèle règlementé en 1812 : habit court et shako. Le contraste est visuellement si frappant, et pourtant ces bicornes et ces habits à pans longs semblent avoir été acceptés jusqu’à faire partie du film Waterloo, l’ultime bataille (2014), où le réalisateur, Hugues Lanneau, aurait pourtant facilement pu éviter leur présence.
Les organisateurs de ces évènements butent également sur des aspects logistiques pour arriver à concentrer une masse de cavalerie conséquente, car les chevaux sont rarement la propriété des cavaliers et ne peuvent pas se déplacer sur de longues distances. La location de haras et la familiarisation de l’homme et du cheval, l’entrainement de ce dernier aux manœuvres et sa résistance au bruit et à l’agitation vont déterminer les moyens de constituer des groupes de cavaliers. Sachant que les tenues des cavaliers se distinguent particulièrement en fonction de chaque arme et régiment (dragons, chasseurs à cheval, lanciers, hussards, gendarmes, cuirassiers…), il n’est pas étonnant qu’on ne soit jamais parvenu à avoir un groupe homogène de vingt-cinq cavaliers sur un site de reconstitution.
Autant dire donc que les reconstitutions réalisées jusqu’ici à Waterloo, avec deux-mille reconstituteurs, ne sont toutes proportions gardées que des engagements mineurs, combats d’avant ou d’arrière-garde : les prévisions de cent canons, trois-cents chevaux (et non pas cavaliers) et cinq-mille reconstituteurs pour évoquer le bicentenaire de la bataille de Waterloo en 2015 paraissent être bien ambitieuses, et très certainement irréalistes en regard du travail de transformation nécessaire à certains groupes invités pour parvenir à ressembler à ceux qu’ils prétendent représenter en 1815. Mais ces chiffres ne cachent-ils pas non plus l’incroyable concurrence que semblent vouloir se faire des communes, parfois géographiquement proches, comme Waterloo, Lasne, Plancenoit, Wavre, Ligny, voire Braine‑l’Alleud, dont le nom n’est jamais cité et qui pourtant possède l’essentiel des terres du champ de bataille le plus célèbre du monde ?
L’amalgame est également rendu particulièrement malaisé par la présence d’un nombre important de nationalités sur le terrain. Tout en faisant preuve de bonne volonté, ces hommes n’entendent pas tous la même langue, quand bien même ils doivent obéir aux ordres donnés dans un seul idiome, en fonction des règlements qui l’imposent : une réelle discipline est donc indispensable. Prétendre au réalisme passe par là. À contrario, jusqu’où peut-on aller dans un jeu de rôle pour simuler un combat ? Si aucun projectile n’est employé, le sabre des cavaliers ou les bousculades incontrôlées peuvent créer des accidents. Des réticences se font jour à propos de la présence de la baïonnette dans le monde anglo-saxon : elle est placée au bout du fusil au cours du combat selon le règlement8. Très spectaculaire, elle fixe les regards, mais se heurte régulièrement à des directives prises par des groupes soucieux de prévention. Il est curieux de constater cette prudence, quand on sait qu’il n’existe aucun cas de blessure avéré avec la baïonnette, qui au contraire assure le respect des distances de sécurité avec les chevaux, et que ces mêmes hommes, particulièrement aux États-Unis, manipulent des quantités impressionnantes de poudre noire, explosif particulièrement puissant et instable9.
Veiller donc à une sélection individuelle lors du recrutement doit éviter qu’une augmentation inconsidérée des effectifs n’entraine une baisse de la vigilance dans le maniement des armes, dans la qualité de la recherche et dans le rôle des groupes de reconstitution dans la transmission de celle-ci. Nous avons déjà cité le cas de l’arrivée de gros renforts la veille de commémorations importantes : le fait d’être habillé et équipé peut suffire à certains pour estimer pouvoir effectuer une prestation pour laquelle ils n’ont en aucun cas participé à l’élaboration du scénario. Ce risque est majoré en Belgique par l’existence d’un nombre considérable de groupes costumés, folkloriques, dont les origines sont parfois séculaires et dont la pérennité tient aux activités qui gravitent autour de grandes manifestations religieuses10. Les sociétés de gildes et celles de « marcheurs » avaient connu un fort développement dans la deuxième moitié du XIXe siècle dès lors que, rompant avec l’esprit du Concordat, l’armée n’avait plus été autorisée à escorter les cortèges processionnaires11. L’histoire de leur habillement et l’évolution de leur armement, très spécifiques, et la mise en scène que s’imposent ces groupes, ne s’attachent pas stricto sensu aux critères de la reconstitution historique. Néanmoins, devant l’ampleur du phénomène, certains ont pu confondre les deux démarches. Cette confusion peut nuire au respect des spécificités de ces deux univers, dont le seul point commun serait finalement d’être courtisés par le monde politique, devenu conscient du poids électoral de leur présence lors de ces grandes manifestations. Des sollicitations en tous genres amènent aussi des hommes déguisés à présenter les armes lors de dépôts de gerbes de fleurs au pied de monuments, devant des édifices publics ou dans des cimetières : n’ayant reçu aucun mandat public, la démarche pourrait prêter à sourire si elle ne se faisait en présence ou à la demande d’édiles. Il est en effet tentant de mettre à la disposition d’un évènement commémoratif un instrument didactique qui a reçu l’assentiment d’experts et d’historiens dans un tout autre cadre.
Le défi est grand pour ce monde de la reconstitution, toujours tendu vers un inaccessible objectif, nécessitant un savant mélange où l’individu et le groupe doivent parvenir à ce qui est impossible à réaliser sans oublier la dimension présente de l’action : la répétition de l’Histoire12.
- Sur les origines de la reconstitution historique et archéologique, voir Renaudeau O., « La Reconstitution du Moyen-Âge en Europe », Le Moyen Âge en jeu, actes du colloque de 2008, Bordeaux, 2009.
- À citer : les reproductions de tournois sous l’Ancien Régime, le « Grand Carroussel des Tuileries » sous Louis XIV (5 au 7 juin 1662), ou Corbould E., The Eglinton Tournament : Dedicated to the Earl of Eglinton, Pall Mall, Hodgson & Graves, 1840.
- Voir à ce sujet The history of the Ermine Street Guard, fondée en 1972 ; Mirouze L., « Washington débarque à Douvres », Tradition, n° 10, novembre 1987, p. 22 – 26.
- Tuaillon Demesy A., « Mémoire, histoire et patrimoine. Une illustration : la pratique de l’histoire vivante médiévale », Émulations : Mémoire collective, subjectivités et engagement, n° 11, 2012.
- Voir par exemple les « Ecuyers de l’Histoire », en France, ou « Médiévie », installé au château de Havré. De grands spectacles nocturnes à évocation historique, situés devant ou dans des monuments historiques, font appel à des groupes de reconstitution en appui à des scénographies (guerres de Vendée, spectacles près du Puy de Dôme, spectacle dans les arènes d’Arles, histoire du château de Versaille…).
- Ce que l’on dénomme l’«École du soldat » et qui a toujours constitué la base de l’entrainement du combattant : Règlement concernant l’exercice et les manœuvres de l’infanterie du premier aout 1791, tome I : École du soldat et de peloton, 1791.
- Règlement concernant l’exercice et les manœuvres de l’infanterie…, tomes II et III, 1791 (nombreuses rééditions).
- École du soldat, Paris-Lyon, 1791.
- Les accidents sur terrain de reconstitution sont heureusement peu fréquents, contrairement aux marches folkloriques.
- En Belgique, le cortège de l’Ommegang, organisé dans le cadre du centenaire de l’indépendance, souvenir du dernier passage de l’empereur Charles Quint, s’attache en réalité à une évocation dont le caractère spectaculaire a dès l’origine évincé toute prétention de reconstitution historique : Frankignioul D. (dir.), Twyffels B., Staes M., Flagel Cl., Willis, Pleins Feux sur l’Ommegang, La reconstitution du Cortège en 1930 par Albert Marinus, Woluwe-Saint-Lambert, 1997.
- Bouchat C., « En être ». Les dessous identitaires d’un folklore. Approche ethnographique des Marches folkloriques de l’Entre-Sambre-et-Meuse, 2006 ; Thibaut B., En Marches. Les escortes militaires en Entre-Sambre-et-Meuse. Leur évolution, leurs traditions, leurs acteurs, 2010.
- Sur cette réflexion : Jones A., « Le leurre de la reconstitution et l’inauthenticité de l’évènement », Scopalto-Esse, revue d’art contemporain, n° 79, 2013 ; Caillet A., « Le Re-enactment : refaire, rejouer ou répéter l’histoire », Marges, n° 17, 2013.