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Haïti : deux ans après le séisme. Écueils et contradictions de l’aide internationale

Numéro 05/6 Mai-Juin 2012 par Frédéric Thomas

juin 2012

Le 12 jan­vier 2010, peu avant 17 heures, un trem­ble­ment de terre de magni­tude 7 frap­pait Haï­ti, tuant plus de 200.000 per­sonnes et lais­sant 1,5 mil­lion de Haï­tiens sans abri. Très vite, paral­lè­le­ment à l’emballement média­tique, la soli­da­ri­té inter­na­tio­nale s’é­tait mas­si­ve­ment mobi­li­sée et les dons affluèrent. Le deuxième anni­ver­saire du séisme a été l’oc­ca­sion de reve­nir sur la catas­trophe, mais aus­si d’é­va­luer la recons­truc­tion en cours. À par­tir du « cas » haï­tien, il est pos­sible de mettre en évi­dence une série d’é­cueils et de contra­dic­tions de l’aide internationale.

« Recons­truire en mieux », selon l’expression du secré­taire géné­ral des Nations unies, M. Ban Ki-moon, était deve­nu l’objectif pro­cla­mé des acteurs inter­na­tio­naux au len­de­main du séisme. Pour­tant, deux ans après, le bilan est pour le moins contras­té, voire contra­dic­toire selon celui qui le dresse. Si le Consor­tium belge pour les situa­tions d’urgence1, qui avait recueilli près de 26 mil­lions d’euros, évoque un bilan « miti­gé », alors que le coor­di­na­teur pour l’action huma­ni­taire de l’ONU à Haï­ti affirme qu’il y a eu des « pro­grès bien réels et sou­vent signi­fi­ca­tifs2 », du côté haï­tien, le ton est plus néga­tif et tran­chant. Nom­breux sont ceux, à l’instar de la Pla­te­forme des orga­ni­sa­tions haï­tiennes pour les droits humains (POHDH), qui parlent pure­ment et sim­ple­ment d’échec3. Com­ment expli­quer une telle dis­sen­sion ? Serait-ce dû à la plus ou moins grande impa­tience des uns et des autres ou, comme le sug­gère le rap­port des Nations unies, au regard por­té sur le verre par­tiel­le­ment vide ou rempli ?

La ver­sion opti­miste de la que­relle vou­drait ain­si qu’il y ait consen­sus, lar­ge­ment par­ta­gé par les pays dona­teurs et les ONG inter­na­tio­nales, mais que celui-ci ne serait affec­té qu’en ses bords ; à savoir la rapi­di­té et l’étendue de la recons­truc­tion. De même, y aurait-il accord pour expli­quer les obs­tacles et les freins à la recons­truc­tion : la pau­vre­té chro­nique et le sous-déve­lop­pe­ment struc­tu­rel, encore aggra­vé par l’épidémie de cho­lé­ra. Les plus (auto)critiques iront jusqu’à poin­ter du doigt le manque de coor­di­na­tion entre ONG et la fai­blesse de l’État haï­tien. Et tous d’en appe­ler encore et tou­jours à une plus grande concer­ta­tion, à une res­pon­sa­bi­li­sa­tion majeure des auto­ri­tés locales et à la par­ti­ci­pa­tion de la popu­la­tion au pro­ces­sus de recons­truc­tion. Mais, en réa­li­té, ce consen­sus se base sur une série de pré­sup­po­sés, occul­tant les pro­blèmes et court-cir­cui­tant un ques­tion­ne­ment autre­ment plus critique.

« Invariants » de l’aide internationale

Par­mi les contraintes propres aux agences inter­na­tio­nales elles-mêmes, un rap­port met­tait en avant la « faible et pauvre coor­di­na­tion », une « approche frag­men­taire due en par­tie à la pro­li­fé­ra­tion d’agences inter­na­tio­nales et à leur atta­che­ment à des pro­grammes dis­tincts », la « pré­do­mi­nance de l’anglais comme langue de tra­vail », « l’insuffisante prise en compte des capa­ci­tés locales », « la par­ti­ci­pa­tion limi­tée des popu­la­tions affec­tées»… Mal­heu­reu­se­ment, ces cri­tiques, qui semblent si bien « col­ler » à la réa­li­té haï­tienne aujourd’hui, pro­viennent de l’évaluation de l’aide appor­tée en Asie à la suite du tsu­na­mi en 2006. La mise en relief des pro­blèmes actuels à Haï­ti au miroir des conclu­sions d’une éva­lua­tion de l’aide inter­na­tio­nale vieille de six ans per­met de poser la ques­tion, au-delà des contextes spé­ci­fiques et d’un simple pro­blème de bonne conscience ou de bonne volonté.

L’angle choi­si ici est d’interroger le fos­sé entre la réa­li­té et les dis­cours à par­tir de la dyna­mique huma­ni­taire même. Pour autant, il ne s’agit pas de céder à une lec­ture trop uni­la­té­ra­le­ment anti-impé­ria­liste ou « machia­vé­lique » du rôle des ONG et ins­ti­tu­tions inter­na­tio­nales. S’il ne fait aucun doute que la proxi­mi­té avec les États-Unis pèse de tout son poids et que les acti­vi­tés de cer­taines ONG — dont l’Agence des États-Unis pour le déve­lop­pe­ment inter­na­tio­nal, USAID — peuvent s’apparenter à un pro­ces­sus de contrôle, voire de reco­lo­ni­sa­tion, nous aime­rions mettre en évi­dence une dimen­sion plus orga­nique, un mode de fonc­tion­ne­ment. Il s’agit moins d’un plan que de pra­tiques, non d’un com­plot, mais plu­tôt de la conjonc­tion de rap­ports de force invi­sibles ou impli­cites. Mal­gré la diver­si­té des ONG à l’œuvre à Haï­ti, leurs dyna­miques entrainent une série d’effets, de résul­tats conver­geant autour de cer­tains « inva­riants » de l’humanitaire, tels qu’ils étaient déjà mis en évi­dence quelques semaines seule­ment après le séisme par Ber­nard Duterme4. Par­mi ceux-ci, nous insis­te­rons tout par­ti­cu­liè­re­ment sur celui qui semble à la fois le symp­tôme et le moteur le plus puis­sant de l’humanitaire — la dépo­li­ti­sa­tion —, à par­tir d’une triple pro­blé­ma­tique : la par­ti­ci­pa­tion, la res­pon­sa­bi­li­sa­tion et l’autonomie.

Miroirs faussés de la participation

« La poli­tique divise, l’humanitaire ras­semble », semble être le leit­mo­tiv impli­cite ou expli­cite qui pré­vaut dans les ana­lyses faites par les acteurs inter­na­tio­naux à Haï­ti. Mais il ne ras­semble pas n’importe qui, ni n’importe com­ment. L’architecture média­tique géné­rale des points de vue le démontre. Dans les articles autour du 12 jan­vier 2012, le plus sou­vent, les témoi­gnages des Haï­tiens sont ponc­tuels, indi­vi­duels, « humains ». Ils peuvent s’avérer cri­tiques ou élo­gieux, déses­pé­rés ou opti­mistes. Mais leur rôle, leur fonc­tion est d’illustrer, de « don­ner chair » à une ana­lyse qui, elle, est glo­bale, com­plexe, syn­thé­tique et qui revient en der­nière ins­tance aux ONG et ins­ti­tu­tions inter­na­tio­nales, porte-paroles auto­dé­si­gnés. La cri­tique de la recons­truc­tion des pre­miers est donc tem­pé­rée, nuan­cée et remise dans son contexte par les seconds. Elle est recou­verte et retra­duite sous forme d’autocritique — « déjà qu’on les aide, on ne va pas en plus deman­der aux Haï­tiens leur avis » —, niant les déca­lages, dis­tor­sions entre les deux. Ain­si, d’un côté, des orga­ni­sa­tions inter­na­tio­nales qui sont juges et par­ties et, de l’autre, des Haï­tiens, inca­pables de juger (serei­ne­ment et rai­son­na­ble­ment), engon­cés dans une par­tie dont ils ne mai­trisent pas les règles, impuis­sants et immo­bi­li­sés sur la case « vic­times » ou « pauvres ».

Certes, le désir des ONG de faire par­ti­ci­per les popu­la­tions locales est quel­que­fois réel et sin­cère. Encore convient-il d’adopter des méca­nismes, des moyens qui per­mettent que cette par­ti­ci­pa­tion soit effec­tive et de pou­voir, ensuite, l’évaluer. C’est là que le bât blesse. À force de s’en tenir aux dis­cours et inten­tions, d’évacuer la dimen­sion poli­tique, on s’interdit de voir les condi­tions et les contours de toute par­ti­ci­pa­tion, l’effet excluant des méca­nismes mis en place. Infor­mer les « béné­fi­ciaires » des objec­tifs du pro­jet est une manière de les faire « par­ti­ci­per» ; les consul­ter sur l’architecture des mai­sons que l’on va recons­truire pour eux, en est une autre. Appuyer, ren­for­cer les propres reven­di­ca­tions des pla­te­formes haï­tiennes quant à la recons­truc­tion en est encore une autre. Il s’agit moins de dif­fé­rences de palier que de dif­fé­rences de nature. Deux exemples concrets suf­fisent pour l’illustrer.

Que valent tous les dis­cours sur la par­ti­ci­pa­tion quand les réunions des « clus­ters » — mode de fonc­tion­ne­ment de l’ONG après une catas­trophe, réunis­sant tous les acteurs impli­qués, ins­tances inter­na­tio­nales, ONG, auto­ri­tés éta­tiques…, par thèmes (san­té, eau, etc.) afin d’assurer la coor­di­na­tion — se font non pas en créole, même pas en fran­çais, mais en anglais, excluant de fait la qua­si-tota­li­té de la popu­la­tion ? Autre exemple. Avant le séisme, sous la pres­sion des mou­ve­ments haï­tiens, s’était mise en place une Table de concer­ta­tion des femmes, qui regrou­pait le minis­tère de la Condi­tion fémi­nine, les ONG et mou­ve­ments de femmes, les ins­ti­tu­tions inter­na­tio­nales. Cet espace, certes fra­gile mais qui avait au moins le mérite d’exister et d’être le fruit d’une lutte, a été igno­ré et dou­blé, après le séisme, par la mise en place du « clus­ter Femmes ».

Ces exemples mettent en lumière les contours de l’«efficacité » de l’aide inter­na­tio­nale. Sa rapi­di­té, sa puis­sance, son orga­ni­sa­tion même sup­posent d’intervenir dans un lieu qui mêle les carac­té­ris­tiques du ter­rain vierge et de la jungle, et par rap­port auquel il convient de mettre de l’ordre, alors que la jungle est plus sou­vent du côté de la myriade d’ONG, et la coor­di­na­tion du côté des mou­ve­ments sociaux, ins­ti­tu­tions et auto­ri­tés locales. Plus exac­te­ment, à tra­vers un flot d’images et de dis­cours, dif­fi­cile à contrer, les médias et ONG huma­ni­taires construisent le spec­tacle d’un chaos et d’une impuis­sance, auquel elles seules peuvent — doivent — appor­ter une réponse. Et plus chao­tique sera la situa­tion, plus impuis­santes les vic­times, plus légi­time sera l’aide huma­ni­taire, moins visible aus­si le pro­ces­sus de sub­sti­tu­tion et de dou­blage des auto­ri­tés locales. Les huma­ni­taires des­sinent un monde à leur image. C’est-à-dire à l’image de catas­trophes natu­relles, de vic­times à secou­rir et d’interventions d’urgence, qui divisent abs­trai­te­ment le temps en phases numé­ro­tées, pour ne jamais avoir à rendre compte des len­de­mains désen­chan­tés, quand l’attention des médias est ailleurs et que les ONG quittent le pays (prêtes à y reve­nir à la pro­chaine catas­trophe). À l’image donc aus­si d’un cer­tain type de solu­tions, qui cor­res­pondent pré­ci­sé­ment aux res­sorts de l’analyse et de l’action humanitaires.

La dépo­li­ti­sa­tion sup­pose un cer­tain type de par­ti­ci­pa­tion et d’orientation. La catas­trophe sociale qui pré­cé­dait et pré­pa­rait en quelque sorte l’ampleur de la catas­trophe natu­relle dis­pa­rait pour ne plus lais­ser place qu’à un trai­te­ment tech­nique du désastre, à une ges­tion com­pas­sion­nelle des vic­times. Il suf­fit de voir les thé­ma­tiques mises en avant lors de ce deuxième anni­ver­saire. La radio belge, La Pre­mière, dif­fuse un repor­tage sur l’adoption d’enfants haï­tiens par des familles belges tan­dis qu’on dis­cute pour savoir si la moi­tié des gra­vats enle­vés et les 500.000 Haï­tiens vivant encore dans des camps consti­tuent une réus­site, un échec ou une semi-victoire.

On s’arrête à mi-che­min, pas­sant sous silence les véri­tables enjeux. Ain­si, enle­ver les décombres, mais pour recons­truire com­ment et quoi à la place ? Un hôtel quatre étoiles, un hôpi­tal (pri­vé ou public?), des abris pro­vi­soires (et pro­vi­soires jusqu’à quand?), des loge­ments sociaux ? Les anciens réfu­giés des camps qui, pour la plu­part, faute d’infrastructure, de tra­vail dans les cam­pagnes, vivaient aupa­ra­vant dans les bidon­villes d’une capi­tale sur­peu­plée, où sont-ils actuel­le­ment ? Com­ment payent-ils leur loyer ? Com­ment vivent-ils ? Ont-ils accès à l’eau, à des latrines ? Les enfants vont-ils à l’école ? Nous ne le sau­rons pas. Ces ques­tions ne sont pas posées car elles ren­voient à une chaine de causes à effets — absence de poli­tiques publiques, d’accès aux ser­vices sociaux de base, de décen­tra­li­sa­tion, etc. — qui com­pli­que­rait abu­si­ve­ment la com­pré­hen­sion des pro­blèmes et ren­ver­se­rait la fron­tière abs­trai­te­ment, mais effi­ca­ce­ment mise en place entre l’urgence et la recons­truc­tion, l’humanitaire et le politique.

Une responsabilité à géométrie variable

À qui et de quoi rendre compte ? Ces ques­tions, fon­da­men­tales, sont sur­dé­ter­mi­nées par le mode de fonc­tion­ne­ment des ONG. Il y a d’abord contra­dic­tion entre le mes­sage don­né à satié­té au départ, pour sol­li­ci­ter les dona­teurs, pres­ser l’intervention, d’une part, et le par­ti pris (quand il existe) de la par­ti­ci­pa­tion, d’autre part. Quand on a vu sans fin ces images de des­truc­tion, de ruines, d’enfants dans les gra­vats, de femmes écra­sées par la misère, on se demande bien encore com­ment et à quoi ils pour­raient par­ti­ci­per ? Ensuite, mis sous pres­sion, obli­gés de mon­trer rapi­de­ment des résul­tats, de prou­ver leur effi­ca­ci­té, les ONG opèrent, sur fond de chiffres et d’argent dépen­sé, une confu­sion entre visi­bi­li­té et effi­ca­ci­té. D’où la concur­rence et la sur­en­chère des ONG en termes de logos et d’images. Et tant pis si cette visi­bi­li­té rend les Haï­tiens invi­sibles ou, au contraire, les sur­ex­pose comme vic­times dévouées. Tant pis si ces images les heurtent et les enferment dans un com­plot d’impuissance, puisque cette impuis­sance même est cen­sée nour­rir l’efficacité de l’aide inter­na­tio­nale, à tra­vers finan­ce­ment mas­sif, cou­ver­ture média­tique et appui de la popu­la­tion au sein des pays donateurs.

Enfin, il y a l’orientation des comptes à rendre, car la manière de rendre compte (et dont on rend compte) est aus­si étroi­te­ment liée à qui on rend compte. C’est le « géné­reux dona­teur » plu­tôt que le « pauvre Haï­tien » — le pre­mier pesant bien plus lourd que le second (à qui l’on « donne » sans rendre compte de rien ; ce serait plu­tôt à lui de démon­trer qu’il mérite cette aide) —, qu’il faut convaincre de l’efficacité de l’aide. Cette démons­tra­tion se fera au détri­ment de l’effort de coor­di­na­tion — chaque ONG ayant à rendre compte de son propre pro­jet, de son propre finan­ce­ment — et au prix d’une sim­pli­fi­ca­tion, d’une redé­fi­ni­tion des pro­blèmes « ordi­naires » de dépen­dance, d’insécurité ali­men­taire, de poli­tiques éco­no­miques hypo­thé­quant le relè­ve­ment du pays, en termes extra­or­di­naires de dis­tri­bu­tion de l’aide, construc­tion d’abris, soins médi­caux. Se met alors en place tout l’échafaudage intel­lec­tuel et maté­riel de l’action huma­ni­taire, qui fonc­tionne en vase clos : ce sont les médias occi­den­taux, les ONG inter­na­tio­nales et les dona­teurs, qui jugent du suc­cès ou non — et selon leurs propres cri­tères — de l’aide.

Cela entraine une double occul­ta­tion. Le déca­lage, voire la contra­dic­tion, entre cette autoé­va­lua­tion et l’évaluation des orga­ni­sa­tions haï­tiennes de ce qui se fait « pour eux » dis­pa­rait. D’autre part, la base pro­blé­ma­tique de l’efficacité de l’aide huma­ni­taire inter­na­tio­nale est gom­mée, puisque celle-ci est tou­jours et avant tout le résul­tat de l’échec de poli­tiques publiques de pré­ven­tion et de réponse. Et cette effi­ca­ci­té — seconde —, aus­si impor­tante soit-elle, ne peut retour­ner, ren­ver­ser cet échec pre­mier. Or, ces der­nières années, on assiste à une mon­tée en puis­sance de la capa­ci­té d’action des huma­ni­taires paral­lè­le­ment à l’abandon de la part des États de mesures d’anticipation et de pré­ven­tion. Il y a là plus qu’une simple coïncidence.

Autonomie des ONG et dépendance des États

Mais sur­ement est-ce en termes d’autonomie que se font res­sen­tir avec le plus de force les inco­hé­rences et contra­dic­tions de l’humanitaire, les effets les plus consé­quents de la dépo­li­ti­sa­tion. Il semble y avoir consen­sus pour cri­ti­quer la fai­blesse, la cor­rup­tion et l’incompétence de l’État haï­tien. Mais ces carac­té­ris­tiques sont pré­sen­tées comme un phé­no­mène pure­ment local et iso­lé. Et les ONG inter­na­tio­nales de pro­tes­ter tout à la fois de leur néces­saire auto­no­mie et de leur sou­ci d’appuyer le lea­deur­ship de l’État haï­tien5, sans que les ambigüi­tés d’une telle démarche ne soient jamais levées. En réa­li­té, la ques­tion est posée à sens unique et de manière faus­sée. Ain­si, la ques­tion de l’autonomie ne se pose­rait qu’à par­tir des ONG envers l’État. Elle ne se pose­rait donc pas en termes d’autonomie des ONG par rap­port aux médias et au mar­ché, alors que leurs inter­ac­tions et inter­dé­pen­dances sont à la fois struc­tu­relles, consi­dé­rables et déter­mi­nantes. Sur­tout, elle retourne la réa­li­té haï­tienne comme un gant, en don­nant la vision roman­tique de petites ONG actives et héroïques face au tota­li­ta­risme bureau­cra­tique d’un État inca­pable. Mais Goliath n’est pas tou­jours du côté que l’on croit.

Envi­ron 10.000 ONG6 sont pré­sentes à Haï­ti depuis le séisme ; pra­ti­que­ment autant qu’en Inde. Au point qu’Edmund Mulet, le repré­sen­tant spé­cial de l’ONU en Haï­ti, a par­lé du pays comme de la « répu­blique des ONG » : « La com­mu­nau­té inter­na­tio­nale, inquiète des risques de cor­rup­tion et d’instabilité poli­tique, est res­pon­sable d’avoir affai­bli le gou­ver­ne­ment haï­tien et d’avoir fait du pays une “répu­blique des ONG”, en créant des struc­tures paral­lèles dans l’éducation, la san­té et toutes sortes de sec­teurs que les Haï­tiens eux-mêmes devraient assu­mer. » À nou­veau, il est para­doxal que ce soit le plus haut res­pon­sable de ce dédou­ble­ment et de cet affai­blis­se­ment, qui en fasse la cri­tique. Dans une telle situa­tion de pau­vre­té et de dépen­dance où opère une myriade d’ONG, avec cha­cune leur propre pro­gramme et un bud­get bien plus impor­tant que celui des minis­tères comme ceux de l’agriculture, l’éducation ou la san­té7, la ques­tion se pose plu­tôt de savoir quelle est l’autonomie de l’État haï­tien par rap­port à toutes ces méga-ONG ?

La cri­tique de la légi­ti­mi­té de l’État haï­tien doit être appré­hen­dée à par­tir de la légi­ti­mi­té de cette cri­tique. Or, le réqui­si­toire des ONG huma­ni­taires tend à gom­mer ses ori­gines, ses enjeux et sa por­tée. Les ori­gines tout d’abord. Un an après le séisme, Rony Brau­man et Fabrice Weiss­man, membres du Centre de réflexion sur l’action et les savoirs huma­ni­taires (Crash), par­tie inté­grante de Méde­cins sans fron­tières (MSF), écri­vaient dans le jour­nal fran­çais Libé­ra­tion que l’aide d’urgence pou­vait être consi­dé­rée comme un « suc­cès » et que « la “Répu­blique des ONG” dénon­cée par de nom­breux intel­lec­tuels haï­tiens est le symp­tôme et non la cause de la faillite de la puis­sance publique8 ». Cette grille d’explication, pro­blé­ma­tique en soi, fait silence sur la genèse du deuxième âge de l’humanitaire, inau­gu­ré en 1971 avec la nais­sance de msf, et qui s’est construit «“contre l’État” dans une rhé­to­rique par laquelle la reven­di­ca­tion d’indépendance s’affirme à tra­vers la dénon­cia­tion des pou­voirs9 ».

Il s’agit à la fois d’une construc­tion maté­rielle et « idéo­lo­gique », où l’État appa­rait comme un obs­tacle, au mieux, un enne­mi, au pire. Est révé­la­teur à ce titre que, dans le livre d’entretiens de Brau­man en 2006, Pen­ser dans l’urgence : Par­cours cri­tique d’un huma­ni­taire, le terme de tota­li­ta­risme appa­rait à qua­torze reprises, tan­dis que celui d’État, jamais. Il n’existe qu’en creux, comme réfé­rence néga­tive, sous la figure du Big Bro­ther, héri­tée de la guerre froide et des expé­riences du com­mu­nisme meur­trier. Il est d’ailleurs à parier que c’est en par­tie cette obses­sion du tota­li­ta­risme éta­tique, qui explique que le nom de Brau­man se retrouve dans la péti­tion de sou­tien au plan Jup­pé en 1995, Contre l’archaïsme, qui avait don­né lieu au plus grand mou­ve­ment social que la France ait connu depuis plu­sieurs décennies.

Rare­ment sont rele­vés les enjeux de la cri­tique de l’État faite par les ONG à Haï­ti (et ailleurs). Or il y a conflit de légi­ti­mi­té entre les deux. Il convient de rap­pe­ler cette simple évi­dence : aucune ONG n’a été élue, ni n’a reçu de man­dat du peuple haï­tien. Les ONG cherchent alors sou­vent à obte­nir un man­dat comme par défaut : par défaut d’État, d’institutions, d’acteurs orga­ni­sés sur place par les­quels il fau­drait pas­ser, avec les­quelles il fau­drait « com­po­ser ». Elles font comme si l’illégitimité de l’État haï­tien ali­men­tait auto­ma­ti­que­ment leur propre légi­ti­mi­té, comme si cette illé­gi­ti­mi­té se retour­nait en son contraire dans leurs mains. Mais ce conflit de légi­ti­mi­té se tra­duit éga­le­ment par tout un jeu mal­sain de dédoua­ne­ment. L’État haï­tien et la « com­mu­nau­té inter­na­tio­nale » se rejettent la res­pon­sa­bi­li­té des ratés de la recons­truc­tion. On accuse tour à tour l’État et les ONG pour n’avoir à juger que par­tiel­le­ment et par­tia­le­ment la res­pon­sa­bi­li­té des uns et des autres, sans jamais rendre compte au peuple haï­tien. Or, il ne s’agit pas d’un jeu à somme nulle : l’irresponsabilité des ONG vient plu­tôt se cumu­ler à celui de l’État haï­tien, les deux se nour­ris­sant et se renforçant.

Enfin, la por­tée réelle de cette cri­tique doit être ques­tion­née. De la même manière que sont occul­tées les ori­gines « anti­éta­tiques » des ONG, les causes qui expliquent la situa­tion haï­tienne actuelle sont éva­cuées. Or, l’illégitimité et la fai­blesse de l’État haï­tien sont très lar­ge­ment aus­si la consé­quence d’un pas­sé colo­nial et d’un pré­sent néo­co­lo­nial, de poli­tiques impo­sées par cette même « com­mu­nau­té inter­na­tio­nale » (fmi, Banque mon­diale, etc.) qui, aujourd’hui, se plaint de l’absence, de la carence de l’État. Cette inco­hé­rence his­to­rique se repro­duit dans les pra­tiques schi­zo­phré­niques des ONG. 

Ain­si, se déve­loppe cette contra­dic­tion para­doxale d’ONG qui ne cessent de contour­ner constam­ment l’État, tout en se plai­gnant et récla­mant une poli­tique agri­cole, une poli­tique de san­té, une poli­tique d’éducation, dont elles court-cir­cuitent la mise en œuvre. Par défiance envers la cor­rup­tion et le népo­tisme, on cherche à cir­cons­crire, à res­treindre les pou­voirs de l’État, mais, dans le même temps, on lui reproche son manque de volon­té, de res­pon­sa­bi­li­té et de moyens. On invoque son lea­deur­ship tout en orga­ni­sant sa dépendance.

Dans son rap­port de juin 2011, L’aide a‑t-elle chan­gé ?, le Bureau de l’envoyé spé­cial pour Haï­ti notait que « le fait que 99 % du finan­ce­ment de secours contourne les ins­ti­tu­tions publiques haï­tiennes rend par exemple le lea­deur­ship du gou­ver­ne­ment d’autant plus dif­fi­cile ». Ce contour­ne­ment consti­tue, indé­pen­dam­ment des dis­cours contraires, l’un des « inva­riants » des ONG huma­ni­taires et a pro­lon­gé l’affaiblissement de l’État haï­tien. En ce sens, la cri­tique des mou­ve­ments sociaux haï­tiens, plus radi­cale sur le fond et la por­tée — ils en appellent à une « réin­ven­tion de l’État » — agit comme un révé­la­teur de l’inconséquence des ONG inter­na­tio­nales. Jusqu’à quel point réel­le­ment, celles-ci regrettent-elles la fai­blesse de l’État haï­tien et dans quelle mesure sou­haitent-elles (par­ti­ci­per à) son renforcement ?

Les membres du Crash, dans l’article déjà cité, y répondent en creux : « S’il est vrai que l’afflux d’ONG et la mul­ti­pli­ca­tion d’initiatives de toutes sortes ont ajou­té à la pagaille, comme dans toutes les urgences for­te­ment média­ti­sées et pro­por­tion­nel­le­ment à la média­ti­sa­tion, il faut alors ajou­ter que seul un gou­ver­ne­ment déci­dant auto­ri­tai­re­ment de fil­trer les pro­po­si­tions d’aide peut résoudre ce pro­blème. La Bir­ma­nie l’a fait récem­ment, cela n’a pas été por­té à son cré­dit et on le com­prend. “Le fatras est l’autre nom de la liber­té”, disait Paul Valé­ry. » Poser la ques­tion en ces termes, c’est l’escamoter et déjà y répondre. Sauf que les Haï­tiens pour­raient pré­fé­rer, tant qu’à faire, l’autoritarisme d’un gou­ver­ne­ment natio­nal à la pagaille d’ONG étran­gères. Mais, sur­tout, ce dilemme est une construc­tion idéo­lo­gique ; avec la liber­té du côté des ONG, et l’autoritarisme du côté de l’État. En réa­li­té, le plus sou­vent à Haï­ti, les pra­tiques des ONG sont à la fois désor­don­nées et auto­ri­taires, et de manière dia­lec­tique, cause et symp­tôme de l’affaiblissement de l’État.

Autosatisfaction critique et réorientation nouvelle

On dira qu’il s’agit là d’une cari­ca­ture ou d’un défaut de fonc­tion­ne­ment, d’une dyna­mique propre à un trai­te­ment huma­ni­taire et média­tique, qui n’est pas celui de toutes les ONG et que nombre d’entre elles par ailleurs récusent. Peut-être les plus lucides au sein des ONG huma­ni­taires admet­tront-ils ces pro­blèmes, mais comme autant d’accidents de par­cours et de défauts d’un sys­tème qui, dans son ensemble, fonc­tionne bien et fait le bien. Pour­tant, au regard de la conclu­sion de l’évaluation de l’aide post-tsu­na­mi en 2006, qui en appe­lait à une « réorien­ta­tion fon­da­men­tale » de l’aide huma­ni­taire inter­na­tio­nale, on ne peut qu’être frap­pé par la constance des mêmes tares.

Appa­raissent alors sous une lumière crue, les limites et fina­le­ment l’impuissance d’une cer­taine auto­cri­tique des ONG, qui vont d’évaluations en recom­man­da­tions, répé­tant par­tout et tou­jours les mêmes erreurs. C’est que cette auto­cri­tique s’en tient à un niveau péri­phé­rique, sans voir que ce « dys­fonc­tion­ne­ment » est le fonc­tion­ne­ment nor­mal de l’aide inter­na­tio­nale. L’aura qui entoure les ONG huma­ni­taires10 inter­agit avec la dépo­li­ti­sa­tion et consti­tue comme une défense « natu­relle » à toute cri­tique un peu plus fouillée et radi­cale. On s’interdit alors de remettre en cause les méca­nismes et pra­tiques de l’aide inter­na­tio­nale. Dans un monde désen­chan­té, les huma­ni­taires incar­ne­raient — au-delà du bavar­dage poli­tique intem­pes­tif et des doutes et conflits super­flus — le para­digme intact du bon et du bien. Impos­sible de voir alors qu’à Haï­ti, les ONG par­ti­cipent plus du pro­blème que de la solution.

Est-ce à dire que tout est per­du, que plus rien n’est pos­sible ? Qu’il ne nous res­te­rait plus qu’à nous enfer­mer dans une cri­tique désen­chan­tée et sur­plom­bante ? Non. Les deux femmes, res­pon­sables d’organisations haï­tiennes — Ins­ti­tut cultu­rel Karl Levêque (ICKL) et Soli­da­ri­té des femmes haï­tiennes —, venues en Bel­gique à l’invitation de l’ONG Entraide et Fra­ter­ni­té lors du deuxième anni­ver­saire du séisme, l’ont affir­mé avec force : l’aide inter­na­tio­nale est néces­saire. Mais elle doit chan­ger de base, se déga­ger de l’assistancialisme et embras­ser la pers­pec­tive de la soli­da­ri­té. Quelques pistes concrètes peuvent déjà être esquis­sées pour maté­ria­li­ser cette muta­tion de l’aide.

D’abord et avant tout, recou­rir à une repo­li­ti­sa­tion. C’est-à-dire par­ler en termes de choix et de pro­jets (de socié­té), de droits et d’égalité. Ins­crire l’analyse et l’action à par­tir de contextes tou­jours par­ti­cu­liers, tra­ver­sés de rap­ports sociaux plus ou moins conflic­tuels et de groupes plus ou moins anta­go­nistes. Par rap­port à Haï­ti, cette repo­li­ti­sa­tion signi­fie prendre conscience des signi­fi­ca­tions contra­dic­toires de la recons­truc­tion en fonc­tion des acteurs — pay­sans, élite locale, État, ONG… — qui la conçoivent et des objec­tifs qu’ils lui assignent — soi­gner les vic­times du séisme, réin­ven­ter l’État… C’est sur­tout par­tir des orga­ni­sa­tions haï­tiennes11 — de leurs savoirs, expé­riences et luttes — et réor­don­ner la recons­truc­tion en fonc­tion de leurs reven­di­ca­tions : sou­ve­rai­ne­té natio­nale, appui à la pay­san­ne­rie et rup­ture avec le modèle néo­li­bé­ral. Mais c’est aus­si, en Europe, faire tout un tra­vail d’éducation et de sen­si­bi­li­sa­tion pour rap­pe­ler que les « droits » des dona­teurs ne se sub­sti­tuent, ni n’effacent les droits des popu­la­tions aidées. Bref, parier aus­si sur l’intelligence des gens plu­tôt qu’uniquement sur leurs émo­tions (pré­fa­bri­quées) et leur bonne ou mau­vaise conscience. Il s’agit de se défaire d’une série de cli­chés et d’images faus­sées des pro­blèmes et solu­tions, des vic­times et acteurs, afin de désen­cas­trer l’aide inter­na­tio­nale de l’assistanat et de la dépen­dance12.

Ensuite, il convien­drait de réorien­ter la manière de rendre compte, en fai­sant en sorte que les dona­teurs, médias et bailleurs ne soient plus les seuls des­ti­na­taires et juges. Cela sup­pose de rendre compte à d’autres — les orga­ni­sa­tions avec les­quelles les ONG tra­vaillent, avec les popu­la­tions qu’elles appuient —, autre­ment — il y a aus­si tout un voca­bu­laire à retrou­ver, à réin­ven­ter, en par­lant de sou­tien, d’accompagnement, etc. —, mais aus­si de rendre compte d’autres choses : de pro­ces­sus, de chan­ge­ments, etc. Adop­ter en ce sens une res­pon­sa­bi­li­sa­tion « sar­trienne » où il importe autant de savoir com­ment l’argent a été dépen­sé — par qui, par quels biais — que com­bien. La ques­tion est alors dépla­cée pour s’intéresser moins à ce que les ONG ont fait de cet argent pour les Haï­tiens, que de savoir ce que les orga­ni­sa­tions haï­tiennes ont fait avec l’argent don­né par les ONG. Cela per­met alors de se défaire de la croyance que le prin­ci­pal pro­blème est un manque d’argent et de mettre en évi­dence le pro­blème du finan­ce­ment lui-même : du manque de trans­pa­rence aux effets contre­pro­duc­tifs (aug­men­ta­tion arti­fi­cielle des prix à Port-au-Prince pour béné­fi­cier de cette manne d’internationaux sur place), de la spé­cu­la­tion sur les ter­rains pour recons­truire à l’autofinancement de la com­mu­nau­té inter­na­tio­nale (salaires des expa­triés, entre­prises étran­gères raflant les marchés…).

Enfin, il s’agit, comme y invi­tait la res­pon­sable d’ICKL lors d’un débat à Bruxelles, d’opérer une divi­sion alter­na­tive du tra­vail, de consti­tuer un cadre de coopé­ra­tion et de coor­di­na­tion13. « Occu­pez-vous, disait-elle en sub­stance, de contrô­ler et chan­ger les poli­tiques de vos États et de l’Union euro­péenne, qui nous appau­vrissent et nous enfoncent dans la dépen­dance ; nous nous occu­pons de notre État, qu’il faut trans­for­mer de fond en comble. Ne vous sub­sti­tuez pas à nous. Ne nous “sau­vez” pas. Mais tra­vaillons de concert à nous appuyer et nous ren­for­cer, pour faire de l’aide inter­na­tio­nale une poli­tique cohé­rente et effi­cace de sou­tien et de solidarité. »

4 février 2012

  1. Plus connu sous le nom de Consor­tium 12 – 12, dont Cari­tas inter­na­tio­nal, Han­di­cap inter­na­tio­nal, Méde­cins du monde, Oxfam soli­da­ri­té et Uni­cef Bel­gique font partie
  2. http://onu-haiti.org/.
  3. « Haï­ti-séisme-deux ans : la recons­truc­tion telle qu’annoncée a échoué, selon la Pohdh », 10 jan­vier 2012, www.alterpresse.org/.
  4. Ber­nard Duterme, « Catas­trophes huma­ni­taires en pays pauvres », Le Monde et La Libre Bel­gique, 17 février 2010, www.cetri.be.
  5. Voir encore récem­ment la décla­ra­tion d’une coor­di­na­tion de grandes ONG pré­sentes à Haï­ti : « Tenons les enga­ge­ments pris en faveur d’Haïti », Le Monde
  6. Le chiffre exact est impos­sible à connaitre, la plu­part ne se signa­lant pas aux autorités.
  7. Le bud­get de l’USAID pour les cinq pre­miers mois après la catas­trophe était de 368 mil­lions de dol­lars (près de 262 mil­lions d’euros), celui de MSF France pour 2010, de 89 mil­lions d’euros.
  8. Rony Brau­man et Fabrice Weiss­man, Aide inter­na­tio­nale : ce qui se passe en Haïti
  9. Didier Fas­sin, « L’humanitaire contre l’État, tout contre ». Lire éga­le­ment du même auteur, pour une approche plus glo­bale : La rai­son huma­ni­taire. Une his­toire morale du temps pré­sent, coll. « Hautes études », édi­tions de l’EHESS (avec Le Seuil/Gallimard), 2010.
  10. En octobre 1997, le quo­ti­dien Le Soir lan­çait une grande enquête sur l’état de la socié­té belge fran­co­phone ; enquête d’où il res­sor­tait que 88% des per­sonnes inter­ro­gées fai­saient confiance « aux ONG comme MSF » contre 43% aux syn­di­cats et 26% au Par­le­ment. Le Soir, 20 octobre 1997.
  11. On peut certes regret­ter qu’elles ne soient pas plus fortes et unies, mais de toutes les façons, sans elles, rien n’est possible.
  12. Plus de 60 % du bud­get natio­nal haï­tien pro­vient de l’apport international.
  13. Ce que tentent de faire la Coor­di­na­tion Haï­ti-Europe et son pen­dant euro­péen la Coor­di­na­tion Europe-Haï­ti dans leur lutte com­mune pour la « sou­ve­rai­ne­té alimentaire ».

Frédéric Thomas


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