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France. La tentation bipolaire d’un pouvoir minoritaire
Premier parti de France, l’UMP ne rallie qu’un tiers des voix dans les intentions de vote. Isolé mais dominant, le parti présidentiel est devenu minoritaire. En mars prochain, l’opposition devrait remporter la quasi-totalité des Régions, comme ce fut le cas en 2004. Car si le PS n’est pas en grande forme, si la gauche radicale […]
Premier parti de France, l’UMP ne rallie qu’un tiers des voix dans les intentions de vote. Isolé mais dominant, le parti présidentiel est devenu minoritaire. En mars prochain, l’opposition devrait remporter la quasi-totalité des Régions, comme ce fut le cas en 2004. Car si le PS n’est pas en grande forme, si la gauche radicale ne parvient pas à s’unir, si le Modem n’a pas vraiment convaincu, les écologistes ont le vent en poupe depuis les européennes ; et ces challengers pèseront lourd dans les alliances pour les régionales. Au grand dam des partisans d’un système bipolaire, dans lequel l’UMP pourrait incarner le parti dominant et le PS l’unique opposition.
Les élections européennes de juin dernier ont paru donner deux enseignements principaux sur l’état politique du pays : l’abstention a encore progressé, pour dépasser les 60%; et la droite (rassemblée autour de l’UMP) est arrivée en tête, mais minoritaire. La conclusion qui s’imposait, au soir du 7 juin, c’est que le PS était en mauvais état, talonné par Europe écologie, et qu’un scrutin à un seul tour permet de tirer d’une majorité relative un succès médiatique pour le parti présidentiel.
Un peu comme au tiercé, si l’on regarde l’ordre dans lequel les concurrents ont fini la course : l’UMP en tête (27,8%), et loin derrière le PS (16,4%), Europe écologie (16,2%), le Modem (8,4%), FN (6,3%), Front de gauche (6%), NPA (5%), Libertas (4,6%) l’Alliance écologiste indépendante (3,5%)… À première vue, le constat est simple : le parti présidentiel tient la corde, face à un Parti socialiste en mauvaise posture. Comment l’UMP pourrait-elle craindre de perdre les prochaines régionales, si ce n’était qu’il s’agit d’élections proportionnelles, à deux tours ?
Une autre lecture, à plus longue vue, montre une autre configuration du champ politique français et la faiblesse des positions apparemment dominantes du PS comme de l’UMP. Après une longue période pendant laquelle le Front national avait constitué la troisième force politique du pays (de 1984 à 2002), on voit apparaître ces dernières années une nouvelle configuration de la politique hexagonale. À côté des deux grands partis, chacun ayant réussi à contenir les extrêmes qui les gênaient pour accéder au pouvoir, de nouveaux challengers apparaissent, centristes, puis écologistes, qui mettent à mal une tentative de bipolarisation qui aurait permis au PS comme à l’UMP de s’imposer comme les seuls à pouvoir remporter les élections.
De nouveaux challengers du PS et de l’UMP
La médiatisation de la confrontation présidentielle entre les deux principaux candidats a occulté la fragilité réelle de leurs partis respectifs, qui ne peuvent espérer gagner de scrutin à eux seuls. Et la victoire écrasante de Nicolas Sarkozy au second tour en 2007, suivie de celle des députés UMP aux législatives n’a duré qu’un temps, assez limité. Depuis la fin 2007, la cote de popularité du président a plongé sous les 40% et l’opposition rassemble de plus en plus nettement tout ce qui n’est ni UMP ni FN. Ainsi, aux européennes, l’addition des voix pour le PS, les écologistes, la gauche (NP et FG) donne la mesure : près de 45% des voix exprimées, contre 27,5% pour l’UMP.
Mais l’autre donnée de ces dernières années, c’est que le pari de la bipolarisation s’est heurté à l’émergence de nouveaux challengers, au cœur du jeu : le Modem, puis les écologistes. On est passé d’un jeu à trois, avec le FN en challenger dérangeant à un échiquier sur lequel les deux grands partis tentent de reprendre tout l’espace, mais se font damer le pion par de nouveaux
venus.
Depuis le début des années quatre-vingt, le PS était devenu la principale force de gouvernement à gauche, et l’extrême droite en progression a gêné la droite, l’empêchant parfois de consolider une majorité. Ce jeu à trois, agrémenté de quelques soubresauts s’est terminé, d’une certaine façon, au soir du 21 avril 2002, avec l’accession de Le Pen au second tour de la présidentielle. En réaction, de nombreux électeurs désaffiliés ou abstentionnistes ont repris le chemin des urnes et remis la gauche et la droite en selle, sans pour autant donner à l’un des deux tous les pouvoirs.
L’UMP comme le PS ont ainsi bénéficié à tour de rôle de cette logique de modération des électeurs qui ont délaissé les extrêmes. Mais ils n’ont pu échapper à une nouvelle forme de sanction du « vote mutin », balançant d’un côté à l’autre, comme pour faire tanguer le navire, à chaque élection. Une séquence nouvelle s’est ouverte, qui a vu les majorités bousculées et les électeurs passer de gauche à droite à chaque scrutin… En 2002, Jacques Chirac est élu ; en 2004, la gauche remporte vingt régions sur vingt-deux ; en 2005, le non l’emporte au référendum sur le Traité constitutionnel européen (TCE); en 2007, Nicolas Sarkozy remporte la présidentielle et l’UMP les législatives ; en 2008, les municipales profitent à la gauche ; en 2009, l’UMP passe en tête et le PS est rejoint par les écologistes…
Le FN déclinant après avoir fait peur en 2002, l’extrême gauche ne parvenant pas à apparaître comme une alternative rassemblée, les deux principaux partis pouvaient espérer reprendre en main l’ensemble du champ politique, dans une bipolarisation à l’américaine. Mais cette tentative s’est heurtée à deux tendances lourdes : l’insatisfaction à l’égard des deux partis de gouvernement et l’émergence de nouveaux concurrents au centre du jeu politique. Lors des derniers scrutins, une troisième force est à chaque fois venue jouer les trublions dans cet ordonnancement : le Modem de François Bayrou en 2007, puis Europe écologie en 2009.
Une opposition plus écologiste
L’écart se creuse, au fil des mois, entre la tendance à la baisse du parti présidentiel et la stabilité (ou la hausse) de ses concurrents. À tel point que les prochaines élections régionales, qui se tiendront en mars 2010, ne semblent devoir poser qu’une question : combien de Régions la gauche et ses alliés pourraient-ils perdre, sur les vingt remportés dans un élan inédit en 2004 ? Réponse : aucune, à en croire les récents sondages. Et même, l’UMP pourrait voir basculer ses deux derniers bastions (l’Alsace et la Corse).
Le tableau comparatif des diverses forces politiques sur les dernières années revient à un jeu de vases communicants : les voix qui manquent au PS de 2004 (aujourd’hui à 20%) et au Modem de 2007 (passé de 18% à 8%), ce sont en partie les écologistes qui les ont récupérées. Crédités par toutes les enquêtes d’une stabilisation autour de 15% des voix, ils s’installent dans leur nouveau rôle de deuxième force de la gauche, et même la première dans plusieurs Régions importantes (dont l’Île-de-France et Rhônes-Alpes).
Les Verts, depuis qu’ils sont devenus Europe écologie, n’ont plus rien à voir avec ce qu’ils étaient voici deux ans ; eux qui n’avaient présenté que très peu de listes autonomes aux régionales de 2004, qui avaient plongé à la présidentielle (1,5% pour Dominique Voynet, et 1,3% pour José Bové), ont créé la surprise aux européennes en juin dernier : 16,4%, talonnant le PS (16,6%) et dépassant largement le Modem de François Bayrou (8%).
L’aventure d’Europe écologie a rassemblé autour de Daniel Cohn-Bendit et de plusieurs dirigeants Verts d’anciens proches de Nicolas Hulot, la juge Eva Joly, José Bové, mais aussi d’anciens dirigeants d’ONG (Greenpeace, France nature environnement…). En donnant un ton enthousiaste et direct à leur campagne, les écologistes ont réussi à apparaître comme une nouveauté dans le marasme ambiant, en échappant à la fois aux pièges de l’antisarkozisme (posture de Bayrou) et des débats uniquement franco-français, mais aussi en évitant d’utiliser un ton catastrophiste sans issue ou solution.
Guettés depuis l’été par tous les médias et observateurs, ils ont su négocier la suite avec brio. Depuis juin, la dynamique n’a pas cessé. Et pendant que le PS voit ses barons se chamailler en vue de 2012, les écologistes ont poursuivi leur rassemblement tous azimuts, accueillant de nouveaux transfuges (issus du PS, du PCF ou du Modem) et d’anciens dirigeants associatifs pour fourbir les listes et le programme en vue des régionales. Car, forts de leur succès, ils ont décidé cette fois de se présenter seuls devant les électeurs au premier tour, espérant même dépasser le PS dans plusieurs Régions.
Emblématique de cette dynamique et devenue en quelques mois un personnage médiatique de premier plan, la secrétaire nationale des Verts, Cécile Duflot, peut espérer remporter la Région Île-de-France, en s’alliant avec des socialistes devenus des alliés minoritaires.
Ceux qui, à droite, auraient espéré voir le PS affaibli par la montée du concurrent écologiste en seraient alors pour leurs frais : menées par des écologistes, ou par des socialistes, ces alliances gagnantes conserveraient les Régions hors de portée du parti présidentiel. Et même plus, car les écologistes — en attirant de nouveaux électeurs, mais aussi des transfuges de plusieurs partis et des nouveaux venus issus de la société civile — pourraient faire remonter le camp de l’opposition bien au-delà des sphères d’influence habituelles des partis traditionnels.
L’UMP : Union minoritaire présidentielle
La stratégie d’union de la droite au sein de l’UMP et derrière son leader a permis à Nicolas Sarkozy d’arriver en tête à la présidentielle de 2007, d’emporter une large majorité de gouvernement (législatives) et même de passer devant un PS essoufflé aux européennes de 2009.
La lente décrue du FN (tombé autour de 8% dans les sondages, mais en légère hausse depuis la fin 2009), a enlevé une partie du problème de l’UMP, qui fait tout pour rester le grand parti attrape-tout, en absorbant ce qui reste de l’ex-UDF non ralliée à Bayrou (Nouveau Centre), mais aussi en annexant les petits partis et les éventuels concurrents, tel Philippe de Villiers, ou les chasseurs du CPNT. Un seul impératif semble guider la stratégie : unir derrière le président et passer en tête au premier tour, pour espérer regagner quelques Régions en mars prochain. Mais ce calcul ne fonctionne que lors des scrutins majoritaires, dans un face-à-face avec le PS. Et l’union à tout prix peut devenir un handicap lorsque des scrutins proportionnels et à deux tours se profilent. Pour les régionales, face à des alliances de second tour entre les diverses composantes de l’opposition, l’UMP et ses petits groupes de ralliés ne feront pas le poids.
D’autant qu’un nouveau spectre hante les rangs de la majorité présidentielle : un retour du FN et des triangulaires… Unie, mais affaiblie, la majorité présidentielle devenue minoritaire doit aussi prendre en compte une autre inconnue pour les régionales : le score que fera le FN dans quelques Régions dans lesquelles l’UMP aurait une chance de rassembler une majorité au second tour. En effet, s’il venait à dépasser les 10% des voix dans certaines Régions, le parti d’extrême droite pourrait se maintenir au second tour et faire perdre la droite — comme cela fut le cas en 2004. Par contre, s’il passe sous la barre des 10%, l’UMP peut espérer attirer une partie de cet électorat au second tour et emporter quelques régions (Centre, Champagne-Ardennes, Provence-Alpes-Côte d’Azur…). L’OPA sarkoziste sur une partie de l’électorat frontiste en 2007 tiendra-t-il jusque-là ? Aux derniers pointages, une partie de l’électorat passé du FN à l’UMP en 2007 semble reprendre le chemin du vote protestataire ces derniers mois.
On comprend mieux, alors, pourquoi il a paru si urgent au gouvernement de lancer un grand débat sur l’«identité nationale », dont les conclusions devraient être présentées par le ministre de l’Immigration et de l’Identité nationale (ex-socialiste) Éric Besson, à la mi-février ; soit quelques semaines avant le premier tour. Parler d’identité « nationale », c’est donner des gages à cette frange de l’électorat et espérer qu’il saura faire le choix de soutenir le camp présidentiel contre les sirènes lepénistes. Mais, à l’heure où le débat prend un tour européen, rebondissant sur le refus des minarets (en Suisse) et l’idée d’une loi contre le voile intégral (en France), le pari pourrait se retourner contre ses auteurs. En remettant plusieurs thèmes favorables au FN (dont l’amalgame entre sécurité et immigration) sur le devant de la scène pour tenter de rassurer une partie de son électorat, le gouvernement réveille de vieux démons qu’il ne pourra peut-être pas contrôler.
Les Régions pour l’opposition
L’UMP perdante aux régionales ne changerait pas grand-chose à l’équilibre des pouvoirs dans le pays. La gauche détient déjà la plupart des Régions et une majorité des départements, ou des grandes villes… Mais c’est aussi que, bien que majoritaire, du côté de l’opposition, tout n’est pas rose non plus. Cela fait des années que le constat reste inchangé : une gauche radicale divisée, un PS sans élan ni leadership… En 2009, on a vu combien le Modem lui-même ne remplit pas ses promesses de 2007.
Dans les esprits, il n’y a donc que les écologistes qui progressent et semblent pouvoir bousculer le jeu, depuis les européennes et à l’approche des régionales. D’autant qu’ils constituent aussi un axe nouveau et moins marqué par les anciens clivages, qui permettent d’envisager des alliances très larges, puisqu’ils sont déjà capables d’attirer des électeurs venus d’horizons divers, de la gauche radicale, comme du centre, de Besancenot jusqu’à Bayrou.
Quant à l’éventualité d’une extrême gauche capable d’affaiblir le PS en refusant toute alliance, elle semble avoir fait long feu, pour le moment. Le facteur Besancenot ne décolle pas vraiment et l’ex-LCR devenue NPA (Nouveau parti anticapitaliste) est traversée de tendances contradictoires sur l’opportunité de rassembler un large front à « gauche de la gauche ». Alors que de nombreux observateurs lui prédisaient une poussée à la suite de la crise financière, le NPA s’est même vu dépasser par le Front de gauche — constitué pour les européennes par le PCF et le PG de Jean-Luc Mélenchon, ancien cacique du PS — et les deux forces semblent stagner — autour de 6 à 7% chacune — dans les intentions de vote.
Malgré ces difficultés, rapporté aux chiffres récents, le rapport de force est clairement en faveur de l’opposition, puisque l’UMP plafonne autour de 30% d’intentions de vote et qu’elle ne pourra compter que sur peu de reports de second tour. À l’échelle nationale, l’ensemble de la gauche, alliée aux écologistes, dépasse les 45%. Si l’on y ajoute une partie du Modem, cet « arc-en-ciel » pourrait ainsi remporter l’ensemble des vingt-deux Régions françaises lors du second tour, le 21 mars prochain. Un printemps en forme de « grand chelem » qui hante les dirigeants de l’UMP. Parce qu’après une victoire d’une telle ampleur, une nouvelle configuration et un nouvel état d’esprit se mettraient en place dans le pays et au sein de l’opposition, à l’orée de la prochaine grande confrontation à la française, vers laquelle bien des yeux sont déjà tournés : la présidentielle de 2012.
Bipolarisation présidentielle annoncée
La présidentielle reste dans tous les esprits, comme la seule véritable élection qui vaut, fait et défait les majorités, derrière un leader. On n’en sort jamais : l’ensemble de la vie politique française finit toujours par être évaluée à l’aune de ce rendez-vous quinquennal. Et à l’UMP comme au PS, ou au Modem, nul ne cache que les régionales ne sont qu’un moment, presque sans lien avec ce qui se passera ensuite, pour préparer 2012.
Côté postulants, à plus de deux ans de l’échéance, chacun fourbit déjà ses réseaux et sa légitimité. François Bayrou ne semble exister que pour cette échéance, convaincu qu’il pourra faire mieux que ses 18% de 2007 et créer la surprise. À droite, nul ne doute que Nicolas Sarkozy voudra se succéder ; et, à part quelques velléités de venir troubler le jeu au premier tour (dont celle de son ennemi intime, Dominique de Villepin) personne ne semble pouvoir lui disputer la place. En face, les postulants au sein du PS sont à la fois nombreux et jugés peu concluants, pour le moment. Face à l’afflux de vocations — la plupart contre l’hypothèse d’un retour de Ségolène Royal —, l’idée d’une primaire à gauche a fait son chemin. Elle pourrait être organisée en 2011, mais des questions restent en suspens : qui votera à cette consultation ? combien de candidats ? Et quid de ceux qui refuseraient d’y participer ? Et surtout, que feront les écologistes, qui bénéficient d’une aura nouvelle et ne semblent pas prêts à participer une fois de plus à un jeu de dupes avec le grand frère socialiste ?
La machine présidentielle se mettra en route dès le lendemain des régionales. Chacun le sait. La bipolarisation se nourrit et oriente les enjeux en fonction de cette élection majeure, fondatrice, pour l’ensemble du champ politique. Et si de nouvelles têtes émergent, elles seront évaluées à cette aune : les écologistes iront-ils à la présidentielle ? Daniel Cohn-Bendit ayant décliné, les principaux postulants respirent. On pourra revenir aux choses sérieuses, avec deux camps et un éventuel « troisième homme » (Bayrou, sans doute).
Alors, une idée germe dans les esprits : et si toutes les élections pouvaient se jouer de cette façon, un camp contre l’autre ? Cela simplifierait grandement la tâche des dirigeants, qui n’auraient plus à redouter les rendez-vous intermédiaires et leurs surprises répétées… Comme pour les régionales.
Face aux aléas du vote à plusieurs tours et aux challengers divers qui profiteraient de la proportionnelle, le scrutin majoritaire a donc clairement la préférence du pouvoir. Et pour le faire savoir, les porte-parole de l’UMP claironnent qu’une dose de proportionnelle ne doit pas empêcher le parti dominant de l’emporter, fût-ce en un seul tour. Une maxime qui semble pousser l’Élysée à proposer de modifier le mode de scrutin pour 2014 (en fusionnant au passage les Régions et les départements) en avançant un modèle inédit : un scrutin à un tour, avec prime à la majorité. Depuis quelques semaines, il est question de cette trouvaille du pouvoir pour pousser à la bipolarisation du jeu politique et permettre à une droite unie de l’emporter au premier tour.
La bipolarisation verrait ainsi sa victoire éclatante sur les aléas des scrutins, des challengers inédits et autres trublions qui voudraient contester la logique qui veut qu’une élection, c’est un camp contre un autre. Exit le FN, mais aussi le NPA, le Front de gauche, le Modem ou les écologistes… Aucun autre parti que les deux principaux n’aurait d’autre poids que celui dévolu aux lobbies dans une grande démocratie : candidature de témoignage ou soutiens en alliance au moment de l’élection. Une forme de présidentielle permanente… Et, si le système allait au bout de la logique, à l’américaine, les autres forces politiques en émergence pourraient tout au plus espérer un rôle de « faiseurs de rois » au moment des primaires, ou de négociations organisées en amont de chaque élection.
Erwan Lecœur est l’auteur d’Un néo-populisme à la française. Trente ans de Front national, La Découverte, « Cahiers Libres », 2003.