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Eyjafjallajökull en cent-quarante caractères
Le « phénomène » Twitter n’a de cesse de faire parler de lui dans les médias et ce depuis plusieurs mois. Son originalité et ses usages qui évoluent constamment suscitent la curiosité, bien sûr. Sa popularité croissante sans doute aussi. Probablement enfin parce qu’il bouscule de plus en plus sérieusement le milieu du journalisme traditionnel, par « sa […]

Le « phénomène » Twitter n’a de cesse de faire parler de lui dans les médias et ce depuis plusieurs mois. Son originalité et ses usages qui évoluent constamment suscitent la curiosité, bien sûr. Sa popularité croissante sans doute aussi. Probablement enfin parce qu’il bouscule de plus en plus sérieusement le milieu du journalisme traditionnel, par « sa puissance virale », cette force de diffusion d’informations en temps quasiment réel. Cette révolution Twitter est sans doute due aussi à son usage d’une simplicité déconcertante (un message de maximum cent-quarante caractères que j’envoie à mon réseau, et je suis moi-même récepteur des messages de mon réseau) particulièrement adapté à une des révolutions du net de ces dernières années, dont on parle peu, mais qui pèse de tout son poids : son adaptation aux téléphones portables. L’internet est devenu mobile. Il s’invite désormais partout. Si Twitter reste un outil « web 2.0 » traditionnel, il dépasse cependant ses concurrents tel Facebook car il est taillé sur mesure pour l’usage mobile. On savait que depuis le « web 2.0 » l’internaute n’est plus uniquement consommateur d’informations, mais aussi potentiellement producteur (blog, forums, Facebook…).
Avec Twitter, il peut s’affranchir désormais du lourd PC, quitter son bureau et devenir un témoin potentiel de tout ce qui se passe autour de lui. On peut distinguer deux grands types de tweets : celui rédigé derrière un PC qui, en général, témoigne ou relaie des infos picorées sur le net, mais désormais aussi des tweets rédigés en rue, en vacances, en réunion etc. La révolution du web 2.0 fut d’intégrer en quelque sorte la dimension temporelle dans le contenu (devenu évolutif): il n’est plus un ensemble de pages fixes stables et éternelles. Le web progresse désormais chaque jour, heure et seconde, son contenu n’est plus fixe, mais en évolution permanente. Aujourd’hui Twitter y apporte en plus une dimension spatiale et devient l’outil web qui raconte le monde au travers des yeux de ses usagers, en temps réel et d’à peu près partout. Et pour qui prend le temps de s’approprier l’outil, Twitter est une sorte de table des matières en temps réel de ce qui se passe sur le net et dans le monde. Là où le référencement google prend du temps, il nous est loisible de faire des recherches par mot clef sur Twitter pour voir ce qui se dit ou s’écrit sur un sujet précis de façon quasi instantanée.
Le hashtag en période de ashtag
Lors du blocage récent des voies aériennes européennes à la suite de l’éruption de l’imprononçable volcan, ce nouveau style de communication a pris une tournure très concrète dans l’un de ses multiples usages, laissant les traditionnelles files devant les cabines de téléphone des aéroports au rang de souvenir, celles devant les cybercafés dépassés et permettant aux personnes équipées d’éviter bien des heures d’attentes devant les comptoirs de compagnies aériennes.
En effet Twitter a permis de mettre en place une chaine d’information touchant au plus juste son public cible. En temps de crise, le tweet devient une source d’informations prisée, tant la rapidité et l’abondance d’informations peut s’avérer cruciale dans certaines situations. Restait à trouver un moyen de s’y retrouver parmi les millions de tweets échangés chaque jour sur la planète. L’idée géniale qui a permis à tout qui veut de s’informer via Twitter, c’est le hashtag (le symbole # suivi d’un mot). En effet, il est possible pour l’utilisateur d’agrémenter son tweet d’un hashtag, sorte de « mot clef » ou « étiquette ». Le hashtag1 apporte au tweet une métadonnée qui permet de le trier. Concrètement il permet de classer son tweet par sujet et dans son usage par extension d’affirmer une humeur. Cette astuce permet de dépasser ou contextualiser le tweet qui est, rappelons-le, limité à cent-quarante caractères. Cela peut être par exemple «#BHV » si le tweet concerne la crise politique belge, «#france2 » si le tweet concerne une émission de télé qui passe à ce moment sur la chaine publique française. De nombreux codes existent (par exemple «#map » pour signaler que le tweet concerne le débat RTBF dominical « Mise au Point »).
Lors du blocage du ciel européen et de l’annulation des milliers de vols, Twitter a permis non seulement à ses usagers bloqués de s’informer auprès des compagnies d’aviation, mais aussi de communiquer entre usagers. Tant pour la recherche de vols, que de logements, que d’informations, que d’autres moyens de déplacements. Exemple de tweets lu : « Stuck in #copenhagen looking for a ride to #berlin asap » ou « still 3 days to rest in #Paris. Looking for a #room to sleep ». L’éruption du volcan aura vu apparaitre des hashtag tels «#getmehome » ou «#roadsharing ». Par exemple « trouvé une voiture pour partir de Paris à Milan, il me reste deux places #roadsharing ». Et l’utilisateur de Twitter pouvait ainsi, en faisant une recherche par mot clef, voir défiler tous les tweets reprenant ce mot clef « roadsharing » et trouver avec un peu de chance un moyen de déplacement alternatif à son vol annulé. Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres de l’apparition des nouveaux potentiels de l’outil.
Car Twitter démontre mois après mois de nouveaux usages dans des contextes particuliers. Bien qu’il reste encore aujourd’hui principalement l’apanage des geeks et autres professionnels de l’information, il devrait continuer à évoluer et à se démocratiser. Avec sa simplicité d’usage, sa rapidité d’exécution, et son affranchissement du lourd PC, il pourrait bien s’avérer être au cœur des usages futurs du net.
- À une lettre près, littéralement : « étiquette de cendre»… savoureuse coïncidence dans le contexte d’usage de l’éruption volcanique.