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Études

Numéro 9 Septembre 2006 par Barbara Fernandez Garcia

septembre 2006

La revue Études célèbre son cent-cin­­quan­­tième anni­ver­saire, ce dont traite entre autres choses l’é­di­to­rial. Pour la période des vacances, elle a choi­si de consa­crer un article à l’Es­pagne, pays démo­cra­tique « à la mode » qui a su enter­rer la dic­ta­ture (1939 – 1975), mais qui n’a pas encore réglé « tous ses comptes avec le pas­sé ». La guerre civile (1936 – 1939) est mise en […]

La revue Études célèbre son cent-cin­quan­tième anni­ver­saire, ce dont traite entre autres choses l’é­di­to­rial. Pour la période des vacances, elle a choi­si de consa­crer un article à l’Es­pagne, pays démo­cra­tique « à la mode » qui a su enter­rer la dic­ta­ture (1939 – 1975), mais qui n’a pas encore réglé « tous ses comptes avec le pas­sé ». La guerre civile (1936 – 1939) est mise en avant par cer­tains hommes poli­tiques, comme le pré­sident, José Luis Zapa­te­ro lui-même, qui jus­ti­fie son enga­ge­ment social et sa volon­té paci­fiste par l’exé­cu­tion de son grand-père par les natio­na­listes de Fran­co en 1936. De cette façon, il se pré­sente aux familles des vic­times du ter­ro­risme de l’E­TA comme un modèle pour dépas­ser le sta­tut de vic­time. La guerre civile cesse d’être un sou­ve­nir pour trou­ver une nou­velle actua­li­té ; comme d’ailleurs, la période de la dic­ta­ture, aus­si récu­pé­rée par le gou­ver­ne­ment dans le débat sur la place de Fran­co dans la mémoire natio­nale. Ain­si, comme le dit Benoît Pel­lis­tran­di : « Les débats sur le pas­sé deviennent espaces de lutte idéo­lo­gique où toutes les ins­tru­men­ta­li­sa­tions sont pos­sibles et où, sur­tout, le poids du pas­sé est arti­fi­ciel­le­ment réévalué. »

Dans la rubrique Inter­national, Arka­diusz Tie­plakoff s’in­té­resse à la Bié­lo­rus­sie en tant que nation qui se cherche face à l’ap­pa­rente indif­fé­rence de l’Oc­ci­dent et l’in­fluence de Mos­cou : en fait, la culture bié­lo­rus­sienne n’a pas pu se déve­lop­per en rai­son de la domi­na­tion étran­gère pen­dant des siècles. Celle qui reste « la der­nière dic­ta­ture de l’Eu­rope » sous le régime de Lou­ka­chen­ka est deve­nue une voi­sine immé­diate de l’U­nion euro­péenne, rai­son, entre autres choses, pour laquelle les médias euro­péens ont par­ti­cu­liè­re­ment cou­vert les der­nières élec­tions pré­si­den­tielles de mars de 2006, sui­vies des pro­tes­ta­tions contre la fraude électorale.

Une contri­bu­tion traite de « Trans­ports, éco­lo­gie et ter­ri­toires ». Les pos­si­bi­li­tés de mobi­li­té, ain­si que les modes de vie et l’or­ga­ni­sa­tion des villes et des ter­ri­toires, ont été consi­dé­ra­ble­ment bou­le­ver­sés au cours des cin­quante der­nières années par la géné­ra­li­sa­tion de l’au­to­mo­bile et le déve­lop­pe­ment des réseaux rapides, expli­que­ra Oli­vier Paul-Dubois-Taine. Le deve­nir des trans­ports face aux menaces de crises éner­gé­tiques et du chan­ge­ment cli­ma­tique sera l’ob­jet de débats dif­fi­ciles dans la socié­té française.

Cette socié­té n’a pas encore inté­gré tous ses membres, c’est le cas des immi­grants, mais aus­si des sans-domi­cile-fixe (SDF) qui cherchent leur appar­te­nance à une com­mu­nau­té pas encore très bien défi­nie, mais qui ne se limite pas aux mal-logés. Régu­liè­re­ment réduite par la lit­té­ra­ture à des sté­réo­types — le vaga­bond comme figure de la liber­té -, la pro­blé­ma­tique est aus­si pré­sente dans les tra­vaux scien­ti­fiques. Dif­fé­rentes études montrent le besoin d’i­den­ti­té des per­sonnes qui vivent dans la rue face au dif­fi­cile sen­ti­ment d’ap­par­te­nance à l’ensem­ble social. Même si depuis 1998, elles béné­fi­cient de tous les droits civiques et qu’il leur est per­mis de s’ins­crire sur les listes élec­to­rales à par­tir de la domi­ci­lia­tion vir­tuelle auprès d’un orga­nisme d’ac­cueil, elles res­tent des étran­gers pour la majo­ri­té de la socié­té, comme le mon­tre­ra Anne Guibert-Lassalle.

Études, revue ins­pi­rée par les valeurs chré­tiennes, ne manque pas son ren­dez-vous avec les ques­tions reli­gieuses : d’a­bord, en trai­tant les textes de saint Paul, dont les concepts sont sou­vent pris en compte par la phi­lo­so­phie contem­po­raine. Fran­çois Ama­ne­cer expli­que la pré­oc­cu­pa­tion pré­coce de Paul pour l’in­com­mu­ni­ca­bi­li­té, rai­son convo­quée aujourd’­hui par les Fran­çais pour ne plus lire de poé­sie contem­po­raine. En revan­che, le phé­no­mène, ou l’af­faire (comme cer­tains l’ap­pellent), « Da Vin­ci Code », a sus­ci­té un immense engoue­ment dont traite l’ar­ticle de Ber­nard Ses­boüé. Les ques­tions reli­gieuses sont éga­le­ment pré­sentes dans la rubrique Reli­gions Spi­ritualités, qui, sous la plume du mis­sio­logue et prêtre du Saint-Sul­pice, Mau­rice Pivot, font place à la dyna­mique mis­sion­naire et à son évo­lu­tion depuis la période de colo­ni­sa­tion jus­qu’à celle d’au­jourd’­hui, la globalisation.

Barbara Fernandez Garcia


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