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Enjeux internationaux

Numéro 07/8 Juillet-Août 2006 par Barbara Fernandez Garcia

juillet 2006

Si le titre du dos­sier peut être jus­ti­fié par l’en­tre­tien avec Tzve­tan Todo­rov, créa­teur du concept de « puis­sance tran­quille », l’en­semble des articles semble mettre en concur­rence la puis­sance de l’U­nion euro­péenne et celle des États-Unis depuis une pers­pec­tive défen­sive — mili­taire et, en par­tie, éco­no­mique. Cela peut s’ex­pli­quer dans la mesure où il n’est pas pos­sible d’a­bor­der […]

Si le titre du dos­sier peut être jus­ti­fié par l’en­tre­tien avec Tzve­tan Todo­rov, créa­teur du concept de « puis­sance tran­quille », l’en­semble des articles semble mettre en concur­rence la puis­sance de l’U­nion euro­péenne et celle des États-Unis depuis une pers­pec­tive défen­sive — mili­taire et, en par­tie, éco­no­mique. Cela peut s’ex­pli­quer dans la mesure où il n’est pas pos­sible d’a­bor­der la défense euro­péenne sans trai­ter les rela­tions avec les États-Unis hégé­mo­niques depuis la fin du monde bipo­laire cau­sée par la chute de l’an­cien bloc soviétique.

L’Eu­rope est sur­tout une puis­sance éco­no­mique, mais elle est por­teuse d’un pro­jet poli­tique, dans lequel le pro­jet de défense pour­rait deve­nir une réa­li­té. Une iden­ti­té euro­péenne est néces­saire pour qu’il abou­tisse, iden­ti­té com­mune à toute la socié­té euro­péenne, plu­ri­cul­tu­relle par défi­ni­tion. Aujourd’­hui, l’U­nion « doit retrou­ver ses bases, se ren­for­cer », comme dirait Armand De Decker dans l’en­tre­tien publié par Enjeux inter­na­tio­naux, pour arri­ver à avoir un « rôle inter­na­tio­nal à la mesure de ce qu’elle repré­sente », un rôle modé­ra­teur ou régulateur.
Le concept de sécu­ri­té est dif­fé­rent aux États-Unis et en Europe, les pre­miers situent leur force mili­taire au cœur de leur sécu­ri­té alors que l’Eu­rope consi­dère que la clé de la sécu­ri­té inter­na­tio­nale est l’aide au déve­lop­pe­ment. La Poli­tique euro­péenne de sécu­ri­té et défense (PESD), par­tie inté­grante de la Poli­tique étran­gère de sécu­ri­té com­mune (PESC), concerne les mis­sions de l’U­nion euro­péenne de ges­tion civile et mili­taire des crises et la coor­di­na­tion et ratio­na­li­sa­tion des capa­ci­tés mili­taires euro­péennes néces­saires à ces missions.

Depuis les guerres de l’in­dé­pen­dance et jus­qu’aux atten­tats du 11 sep­tembre 2001, le ter­ri­toire des États-Unis n’a­vait jamais connu autant de vic­times civiles dues à une seule attaque exté­rieure ; par contre l’UE a connu la réa­li­té des conflits armés sur son propre ter­ri­toire, avec des pertes civiles impor­tantes. La construc­tion euro­péenne nait pré­ci­sé­ment de la volon­té des Euro­péens de sup­pri­mer entre eux les logiques de guerre et de conflits armés. De leur côté, les États-Unis jouent l’am­bigüi­té par rap­port à la construc­tion euro­péenne : ils ont besoin d’une Europe forte qui joue un rôle com­plé­men­taire au leur, mais cette Europe puis­sante est per­çue en même temps comme une menace à leur hégémonie.

La force mili­taire est insuf­fi­sante pour faire face aux prin­ci­paux enjeux sécu­ri­taires inter­na­tio­naux. L’in­ter­ven­tion des États-Unis en Irak, qui a sus­ci­té des divi­sions au sein de l’Eu­rope (qui ne sont pas expli­quées dans le dos­sier, alors qu’il inclut un article sur l’I­rak), reste loin de don­ner la sta­bi­li­té au pays, mais ali­mente le ter­ro­risme. Face à la crise nucléaire de l’I­ran, encore un autre article du dos­sier, les États-Unis ont évo­qué, par­mi les sanc­tions pos­sibles, l’u­ti­li­sa­tion de la force dite « de der­nier recours ». L’Eu­rope, qui n’est pas une puis­sance mili­taire, mais qui dis­pose néan­moins de forces armées sus­cep­tibles d’être déployées, pour se posi­tion­ner comme une vraie « puis­sance tran­quille » devra relan­cer sa diplo­ma­tie autour de l’é­va­lua­tion de la légi­ti­mi­té de la poli­tique nucléaire civile de l’I­ran ; inves­tir dans le ren­for­ce­ment de la sécu­ri­té régio­nale pour atteindre le désar­me­ment nucléaire et chi­mique de la région ; et ren­for­cer le régime de non-pro­li­fé­ra­tion. L’u­sage de la force devrait être condi­tion­né au strict res­pect du droit inter­na­tio­nal défi­ni dans la Charte des Nations unies.

Barbara Fernandez Garcia


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