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Divorce consommé entre la Russie et l’Occident 

Numéro 7 Novembre 2024 - État-civilisation isolement géopolitique Occident Russie par Anne Delizée

novembre 2024

Le divorce est-il irré­mé­diable entre Mos­cou et les capi­tales occi­den­tales ? Au début des années 2000 pour­tant, la Rus­sie se consi­dé­rait comme par­tie inté­grante de la civi­li­sa­tion euro­péenne, le G7 était deve­nu le G8 pour accueillir la Rus­sie (1997 – 2014), un accord de par­te­na­riat et de coopé­ra­tion entre celle-ci et l’UE était entré en vigueur en 1997 […]

Dossier

Le divorce est-il irré­mé­diable entre Mos­cou et les capi­tales occi­den­tales ? Au début des années 2000 pour­tant, la Rus­sie se consi­dé­rait comme par­tie inté­grante de la civi­li­sa­tion euro­péenne, le G7 était deve­nu le G8 pour accueillir la Rus­sie (1997 – 2014), un accord de par­te­na­riat et de coopé­ra­tion entre celle-ci et l’UE était entré en vigueur en 1997 jusqu’à ce qu’il se vide de sa sub­stance à par­tir de 2014, et le Conseil OTAN-Rus­sie (2002 – 2014) était riche de pro­jets com­muns. Ensuite, Pou­tine a notam­ment dénon­cé le monde uni­po­laire domi­né par les USA lors de la Confé­rence de Munich sur la sécu­ri­té en 2007, expri­mé de vives objec­tions quant à l’adhésion de l’Ukraine et de la Géor­gie à l’OTAN à Buca­rest en 2008 et a réité­ré sa demande de mettre un terme aux acti­vi­tés mili­taires occi­den­tales à ses fron­tières et de geler l’élargissement de l’OTAN à l’Est en 2021.

Comme l’ont mon­tré les contributeur·ices de ce dos­sier, le bras de fer diplo­ma­tique entre l’Occident et la Rus­sie à pro­pos du droit sou­ve­rain des pays de choi­sir leurs alliances n’est pas le seul fac­teur à avoir pré­ci­pi­té l’irréparable. Pour impo­ser le joug à la popu­la­tion et se main­te­nir au pou­voir, l’élite diri­geante russe forge une vision du monde qui per se néces­site l’abandon de ses « ten­ta­tives aus­si nom­breuses que sté­riles de s’intégrer à la civi­li­sa­tion occi­den­tale » et l’apologie de la « soli­tude géo­po­li­tique pour des cen­taines d’années » (Sour­kov 2018), seule voie jugée valable pour cet État-civi­li­sa­tion à la des­ti­née unique.

Avant le tour­nant de 2014, l’Occident a‑t-il trai­té la Rus­sie d’égal à égal ou en pays de seconde zone, ali­men­tant par là même les peurs et le res­sen­ti­ment et lais­sant pas­ser la pos­si­bi­li­té d’établir un par­te­na­riat durable ? Ou les cris­pa­tions iden­ti­taires et les ambi­tions impé­ria­listes de celle-ci auraient-elles repris le des­sus tôt ou tard ? Impos­sible à pré­sent d’obtenir une réponse cré­dible à ces ques­tions, et l’heure n’est de toute façon plus aux regrets, mais à l’introspection et à l’action. Notre inté­rêt est de nous inter­ro­ger sur notre atti­tude à l’égard de la Rus­sie en tirant les leçons du pas­sé, en ana­ly­sant le pré­sent et en pré­pa­rant l’avenir. Notre devoir est de conti­nuer à faire croitre la force vive de la démo­cra­tie, garante des liber­tés, afin de relé­guer coute que coute les extré­mismes dans les oubliettes de l’Histoire. Nous vivons des temps dan­ge­reux. Soyons vigilant·es.


Bibliographie

• Sour­kov, Vla­di­slav. La soli­tude du sang-mêlé [en russe]. Rus­sia in Glo­bal Affairs. 11/4/2018. Dis­po­nible à l’adresse : https://globalaffairs.ru/articles/odinochestvo-polukrovki-14 – 2/

Anne Delizée


Auteur

Anne Delizée est licenciée en traduction et en philologie slave, et docteure en Traductologie, Langues et Lettres. Chargée de cours à la Faculté de Traduction et d’Interprétation de l’Université de Mons, elle y est responsable des formations consacrées à l’interprétation en contexte migratoire et dirige le Service d’étude de l’espace post-soviétique et des mondes slaves (SEPSOMS).