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Die Verwandlung der Welt. Eine Geschichte des 19. Jahrhunderts, de Jürgen Osterhammel
La métamorphose du monde. Une histoire du XIXe siècle est une somme, rassemblant le savoir et l’expérience d’une vie dédiée à la science historique. Elle surprend par ses connaissances encyclopédiques sur les sociétés humaines au XIXe siècle, dont bien peu d’historiens européens peuvent se prévaloir. En effet, il s’agit d’une histoire globale prenant congé de l’approche […]

La métamorphose du monde. Une histoire du XIXe siècle1 est une somme, rassemblant le savoir et l’expérience d’une vie dédiée à la science historique. Elle surprend par ses connaissances encyclopédiques sur les sociétés humaines au XIXe siècle, dont bien peu d’historiens européens peuvent se prévaloir. En effet, il s’agit d’une histoire globale prenant congé de l’approche Europe and the rest of the world. Un pari réussi !
Qui est donc Jürgen Osterhammel ? À moins qu’ils ne soient familiers de la langue allemande ou anglaise, peu nombreux sont les historiens belges francophones qui connaissent ses travaux. La situation est un peu différente du côté néerlandophone où l’histoire globale fait partie intégrante du cursus des historiens2. Après avoir étudié et travaillé dans diverses universités et instituts de recherche en Allemagne (Marbourg, Kassel, Hambourg, Fribourg-en-Brisgau, Hagen), en Angleterre (London School of Economics et Deutschen Historischen Institut London) et en Suisse (Institut universitaire des hautes études internationales), Osterhammel a été nommé en 1999 professeur d’histoire contemporaine à l’université de Constance. Ses domaines de spécialité sont l’histoire de l’Europe et de l’Asie depuis le XVIIIe siècle, l’histoire des idées, l’histoire des relations internationales et des perceptions ainsi que l’histoire transnationale et globale. Plusieurs publications attestent de cette large palette de centres d’intérêt. En voici quelques exemples : Britischer Imperialismus im Fernen Osten. Strukturen der Durchdringung und einheimischer Widerstand auf dem chinesischen Markt 1932 – 1937 (1983), Imperialism and After. Continuities and Discontinuities (1986), Britische Übersee-Expansion und britisches Empire vor 1840 (1987), China und die Weltgesellschaft. Vom 18. Jahrhundert bis in unsere Zeit (1989), Die Entzauberung Asiens. Europa und die asiatischen Reiche im 18. Jahrhundert (1998), Colonialism : A Theoretical Overview (2005), Globalization : A Short History (avec Niels P. Petersson, 2005).
Avec La métamorphose du monde. Une histoire du XIXesiècle, Osterhammel a réalisé un tour de force : celui de raconter et d’expliquer les transformations majeures que le monde a connues grosso modo de la fin du XVIIIe siècle au début du XXe siècle. Tant les médias que les institutions scientifiques ont salué la qualité de ce travail. En 2009, il a reçu le prix du meilleur livre scientifique financé par le programme culturel de la radio d’Allemagne du Nord (Norddeutschen Rundfunk) et décerné par un jury composé d’acteurs importants des mondes culturel et scientifique : le NDR Kulturpreis. En 2010, le prestigieux prix Leibniz, doté de 2,5 millions d’euros en vue de financer un projet de recherche, lui a été remis par le Fonds allemand de la recherche scientifique (Deutsche Forschungsgemeinschaft), couronnant par là une carrière bien remplie.
Le panorama d’une époque
Ces récompenses témoignent de la place occupée par le travail historique d’Osterhammel dans la communauté scientifique allemande et internationale. Entrons donc dans ce XIXe siècle éclairé par des chemins transversaux qui nous éloignent des présentations chronologiques classiques et nous amènent à réfléchir à la place de l’Europe dans le monde. La construction de l’ouvrage, qualifié par un autre historien allemand majeur, Jürgen Kocka, comme « un des livres d’histoire les plus importants des décennies passées3 », mérite un paragraphe en soi : Osterhammel élabore un panorama dessinant le portrait d’une époque en dix-huit chapitres thématiques. Ils portent autant sur des évènements, des découvertes, des réalités que sur leur appréhension. L’historien de Constance se plait à révéler les contextes d’expérience et les perceptions et, dans bien des cas, à les mesurer aux nôtres.
La liste des thèmes abordés est impressionnante : la pérennité du XIXe siècle par les formes de conservation de la mémoire (archives et bibliothèques, presse, photographie, etc.) ; le temps (chronologie et caractère d’une époque, calendrier et périodisation, heures et accélération, etc.) ; l’espace (considérations métagéographiques : les noms de l’espace, relativité des visions du monde, espaces d’interaction : la terre et la mer, territorialités, diaspora, frontières, etc.) ; la sédentarité et la mobilité (démographie des continents, migrations extérieure et intérieure, exil, colonies pénitentiaires, déplacements de populations et nettoyage ethnique) ; les conditions de vie (révolution agraire, famines, pauvreté et richesse, globalisation de la consommation) ; les villes (urbanisation, désurbanisation, types de villes : portuaires, coloniales, impériales, etc.) ; les frontières (processus d’établissement sur les différents continents, colonialisme et conquête des espaces naturels, etc.) ; les empires et les États-nations (formation des États-nations, types d’empire, Pax Britannica, etc.) ; l’équilibre entre les puissances, les guerres et l’internationalisme ; les révolutions (en Amérique du Nord à la fin du XVIIIe siècle, celles du milieu du XIXe en Europe, celles autour de 1900 en Eurasie) ; l’Etat (ses formes, son administration, le nationalisme, etc.) ; l’énergie et l’industrie (industrialisation, siècle du charbon, capitalisme) ; le travail (poids de l’agriculture, lieux de travail, émancipation de l’esclavage et du servage, paysans libres, conditions du salariat) ; les réseaux (transports et communications, commerce, argent et finance) ; les hiérarchies (aristocratie en déclin, bourgeoisie, inégalités sociales) ; les savoirs (accumulation, approfondissement, circulation : langues, alphabétisation, l’université comme export culturel européen) ; l’acculturation au sens de volonté de « civiliser » et les modes d’exclusion (émancipation des esclaves et domination des blancs, rejet des étrangers et luttes raciales, antisémitisme) ; la religion (formes, sécularisation, religion et empire, etc.).
Au-delà de l’Europe
Dans cet ensemble, une grande attention est accordée à l’espace qui, grâce aux moyens de communication (le télégraphe, le chemin de fer, le paquebot), se rétrécit. On franchit les mers, on émigre pour des raisons politiques ou économiques, on explore la terre qui perd au XIXe siècle sa « virginité » : le dernier continent « inconnu », l’Afrique, est traversé, mesuré et finalement exploité. L’histoire de la standardisation du temps, en particulier du passage de l’heure solaire (laquelle variait de ville en ville) à l’heure selon le Greenwich Mean Time (GMT) dans un monde de plus en plus dominé par l’économie, est un autre thème fort du livre (p. 118 et suivantes). Il illustre à merveille comment Osterhammel croise les dimensions de l’expérience avec les niveaux politique et économique.
Pour chaque domaine, Osterhammel pose systématiquement la question de la spécificité du XIXe siècle. C’est bien là le fil rouge du livre que reflète d’ailleurs son titre : La métamorphose du monde. L’essentiel du XIXe siècle se résume en cinq traits majeurs : l’augmentation de la productivité (dans les domaines économique, militaire et aussi de l’appareil d’État via notamment l’enregistrement des citoyens, l’impôt, la police) ; la mobilité étant donné l’ampleur des migrations entre 1815 et 1914 ; l’intensification des perceptions réciproques et des transferts culturels (par les traductions de livres, par la diffusion de courants religieux comme le bouddhisme dans de nombreuses régions d’Asie, etc.) ; la tension entre la suppression des inégalités (abolition de l’esclavage, par exemple) et l’apparition de nouvelles inégalités comme celles entre les continents ; enfin, l’émancipation par les révolutions et les luttes pour la liberté, souvent menées par en bas, tels que dans les mouvements ouvriers (voir p. 1286 – 1 301).
Si certains de ces traits s’accordent avec une augmentation du bien-être matériel et la création d’une société plus égalitaire, d’autres renvoient à l’impérialisme et au racisme : en attestent la course aux colonies, la hiérarchisation des peuples et l’exclusion de minorités (telle que celle des Turcs dans le mouvement d’unification grecque au cours des années 1820). Ces divers aspects contribuent à l’unité d’une époque qui court des années 1760 jusqu’aux années 1920 : de la guerre de Sept Ans qui s’est déroulée sur plusieurs continents, de la proclamation d’indépendance des États nord-américains et de la colonisation de l’Inde par la Grande-Bretagne jusqu’aux répercussions de la Première Guerre mondiale qui se manifestent notamment dans l’apparition de mouvements d’autonomie dans les anciennes colonies. Un tel découpage temporel marquant un XIXe siècle plus long ressort d’une appréhension globale et non plus seulement européenne de la temporalité historique. Fi donc de la Révolution française comme entrée dans un monde nouveau à caractère universel, cela sans pour autant nier sa contribution majeure. Osterhammel insiste sur l’importance de penser l’histoire du XIXe siècle non pas de manière isolée et autosuffisante, mais comme s’intégrant dans un cadre temporel plus long ; d’où les nombreux retours en arrière et les anticipations au service d’une vue compréhensive de l’histoire.
Une des thèses les plus provocantes de l’ouvrage réside dans le domaine politique : selon Osterhammel, le XIXe siècle n’est pas tant le siècle du nationalisme et des États-nations que le siècle des empires stables et porteurs d’avenir4. Cela ne vaut pas seulement, dans une perspective globale, pour l’empire russe, l’empire chinois, l’empire japonais ou l’empire ottoman, mais aussi pour l’Europe : les témoins sont, bien entendu, les empires britannique ou austro-hongrois, mais aussi les empires allemand et italien, lesquels servent généralement de modèles de construction de l’État-nation. À considérer ces derniers dans un cadre plus large, le point de vue change, notamment par la prise en compte de la dimension coloniale.
Une méthode qui évite l’eurocentrisme
En ce qui concerne la méthode, l’ouvrage d’Osterhammel se présente comme une synthèse de synthèses : en effet, l’étendue de l’objet ne se prête pas aux recherches dans les archives, fondement du travail de l’historien et étape constitutive de sa formation. Osterhammel, qui s’est spécialisé dans l’étude de l’Asie et particulièrement de la Chine, maitrise une vaste littérature, composée de plus de 2 500 titres en plusieurs langues et venant de différents continents et domaines. Une particularité de cet ouvrage qui le distingue de nombreux autres est que son auteur met en évidence le mode de construction de son récit : il pose des questions, il discute diverses options, il accompagne la narration de commentaires et de réflexions théoriques. Il définit certains concepts clés (par exemple, celui de hiérarchie pour appréhender une société ou encore le concept de la société allemande, chinoise ou américaine), il propose des typologies (types de migrants, types de formations urbaines, etc.) et les relie aux données empiriques. Par là, on mesure combien le travail de l’historien est construction et mise en perspective. Le mode de pensée et d’écriture d’Osterhammel tranche avec l’objectivisme narratif caractéristique de la plupart des ouvrages historiques reconstruisant fidèlement les évènements passés. Le mouvement réflexif constant qui accompagne son travail de rédaction peut être illustré par l’introduction au sous-chapitre consacré aux migrations et au capitalisme. Il y explicite la pluralité des manières d’envisager l’arrivée des Européens aux États-Unis : comme une émigration venant de l’Europe et résultant, dans une certaine mesure, des migrations à l’intérieur de ce continent ; comme une immigration aux États-Unis assortie d’une âpre conquête de territoires ; comme une invasion étrangère aux yeux des native Americans ; d’un point de vue sociohistorique, comme la création ou l’élargissement de sociétés d’immigrants ou de diasporas ; au plan de l’histoire économique, comme l’ouverture de nouvelles ressources et l’augmentation de la productivité mondiale ; d’un point de vue politique, comme une échappatoire à des régimes monarchiques répressifs ; au plan historico-culturel, comme une étape dans l’occidentalisation du globe (p. 235).
Un autre choix conceptuel et narratif permet à l’auteur d’éviter l’eurocentrisme : en effet, les faits culturels, politiques ou sociaux sont systématiquement considérés dans toutes les parties du monde. Osterhammel mesure les contrastes, saisit les communautés et appréhende les perceptions d’une culture à l’autre, d’une culture sur l’autre. Le voyage ainsi opéré autour du globe commence assez souvent par l’Asie, mais il peut aussi avoir un autre continent comme point de départ. Cela dépend du sujet traité. Prenons un exemple tiré du registre de la consommation alimentaire : l’apparition du restaurant gastronomique, institution par excellence parisienne qui s’est développée à la suite de la Révolution avec le déversement sur le marché du luxe des cuisiniers royaux en mal d’activités. En réalité, ce type d’institution était déjà en vogue au XVIIIe siècle en Chine auprès d’une bourgeoise urbaine aisée. Le restaurant apparait donc comme une invention à la fois européenne et asiatique, avec une avance temporelle de l’Extrême-Orient. Cela dit, rien n’indique que les Européens aient été influencés par les Asiatiques dans l’art culinaire, comme ils le furent à la même époque pour l’art des jardins (p. 343 – 44). De nombreux exemples montrent que la Chine, l’Europe et l’Inde partageaient beaucoup de points communs dans l’organisation sociale et du travail (ainsi, en ce qui concerne les migrations d’ouvriers agricoles) et que les différences sont fréquemment graduelles.
L’angle adopté par Osterhammel révèle aussi que ce qu’une perspective nationale ou européenne présente comme un phénomène général n’est souvent, au plan global, qu’un phénomène particulier : il en va ainsi du passage de la société d’ordres, caractéristique de l’Ancien régime, à une société bourgeoise, et cela même s’il existe des formes de bourgeoisie dans les sociétés non occidentales. Osterhammel n’érige donc pas l’Europe en modèle normatif. Néanmoins, celle-ci reste un point de comparaison et un passage obligé révélant sa prépondérance dans bien des domaines : dans les sciences humaines ou naturelles, dans le système juridique de l’État-nation, dans la formation du tissu urbain, etc. Au XIXe siècle, l’Europe est un lieu d’innovations bonnes ou mauvaises : on s’en inspire quand elle ne s’impose pas par son influence via l’expansion capitaliste ou par les modes souvent violents de l’expansion coloniale.
Si Osterhammel rejette l’eurocentrisme sans « provincialiser l’Europe » pour autant, il ne tombe pas non plus dans un autre piège : celui d’une histoire téléologique racontant le devenir du nationalisme, de la modernisation, de la globalisation et de la standardisation comme autant d’étapes s’enchainant successivement selon un schéma déterministe. Au contraire, il cherche d’abord à cerner les changements dans toutes les parties du monde pour ensuite poser la question de leur direction. Cela permet non seulement de mettre en évidence les parallélismes comme je l’ai indiqué plus haut, mais encore de mesurer les contrastes. Comme exemple particulièrement parlant pour un historien, il faut mentionner le cas des archives : d’un côté, le souci méticuleux de conservation des archives d’État, présent en Europe et dans l’empire ottoman ; de l’autre, la destruction régulière des archives impériales en Chine. Celle-ci se manifeste encore en 1921 à l’occasion de la revente de 60.000 kg de documents à des marchands de vieux papier par le musée d’histoire nationale de Pékin : ils furent sauvés de justesse par un bibliophile et se trouvent aujourd’hui à l’Academia sinica à Taïwan (p. 33).
Un siècle fécond
Devant la masse d’informations brassées dans cet ouvrage, il n’est possible que d’en offrir une vue très partielle et kaléidoscopique. La dernière comparaison est à l’image du livre qui n’est jamais ennuyeux et très souvent surprenant. Les fils narratifs sont tissés de diverses façons : de la théorie vers l’empirie, d’une anecdote vers la généralisation à partir de la confrontation avec d’autres exemples, de multiples voyages autour du monde sur des sujets différents et où l’ordre des escales n’est jamais préétabli.
En conclusion, on peut se demander quel est l’héritage actuel du XIXe siècle. Osterhammel rappelle qu’il est le lieu d’éclosion de mouvements d’idées et d’organisations qui jouent encore un rôle aujourd’hui : le libéralisme, le pacifisme, le syndicalisme, le socialisme. Qui plus est, la reconstruction après la Deuxième Guerre mondiale est le fait d’hommes politiques et d’acteurs économiques nés et socialisés dans la société du XIXe siècle. Osterhammel termine d’ailleurs son opus par le constat suivant : « En 1950, on considérait l’année 1910 […] comme faisant partie d’un lointain passé. À certains égards, elle était pourtant plus proche que les terrifiantes années de guerre dont le monde se relevait à peine » (p. 1301).
On ne peut donc que conseiller la lecture d’une « brique » certes, mais à entrées multiples de sorte qu’elle rend possibles des promenades intellectuelles de longueurs diverses : la taille des chapitres et sous-chapitres est, en effet, très variable. Ces promenades sont aussi linguistiques : elles se passent en allemand et bientôt en anglais. Un bénéfice de plus ! Au médiéviste français, Maurice Prou, qui peinait à apprendre l’allemand, le grand historien belge, Henri Pirenne, conseilla de lire une heure par jour la Deutsche Geschichte, de Karl Lamprecht. Celle-ci comportait quinze volumes ; La métamorphose du monde, d’Osterhammel fait environ 1.500 pages !
- Jürgen Osterhammel, Die Verwandlung der Welt. Eine Geschichte des 19. Jahrhunderts, Beck, München 2009, 1.568 pages (une traduction anglaise est prévue pour 2013).
- La revue Itinerario a publié récemment une interview en anglais d’Osterhammel. Voir Andreas Weber et Jos Gommans, « You turn a page and then there is suddenly something on a turtlle. An interview with Jürgen Osterhammel », Itinerario, XXXV, 3, 2011, p. 7 – 16.
- Jürgen Kocka, « Die erste Globalisierung, Ein großer Wurf : Jürgen Osterhammels Weltgeschichte des 19. Jahrhundert », Die Zeit, 19février 2009. Voir www.zeit.de/2009/09/P‑Osterhammel.
- Voir Andreas Fahrmeir, « Das Panoramabild eines Jahrhunderts », Frankfurter Allgemeine Zeitung, 1er avril 2009. Voir www.faz.net/aktuell/feuilleton/buecher/rezensionen/sachbuch/juergen-osterhammel-die-verwandlung-der-welt-das-panoramabild-eines-jahrhunderts-1792460.html.