Skip to main content
logo
Lancer la vidéo

Demeure en la demande

Numéro 6 Juin 2001 par Jacques Vandenschrick

juillet 2016

Sinon le sou­ve­nir De ces petits enfants rieurs Et por­tés sur les bras Que l’on se pas­sait Par-des­­sus les rivières par­fu­mées, Et les filles sur les man­teaux Au bord des eaux d’argent, Il fau­dra tout lais­ser même l’attente, Quand les fuyards m’au­ront jugé Utile leur corde… *** Nous ne pou­vions plus rien pour eu Lorsque nous les avons laissés […]

Sinon le souvenir
De ces petits enfants rieurs
Et por­tés sur les bras
Que l’on se passait
Par-des­sus les rivières parfumées,
Et les filles sur les manteaux
Au bord des eaux d’argent,
Il fau­dra tout lais­ser même l’attente,
Quand les fuyards m’au­ront jugé
Utile leur corde…

***

Nous ne pou­vions plus rien pour eu
Lorsque nous les avons laissés
Dans ces hôtelleries
Où l’âme brusquement
Devient une anco­lie de fer.
Effor­cez-vous de ne pas les perdre
À nouveau
Pen­dant qu’ils passent dans la poussière.

***

Et main­te­nant que nous luttons
Avec les noms dis­lo­qués du chagrin,
Mieux vaut ne pas jeter sur les fantômes
Le lait plus lisse qu’un oiseau.
Mieux vaut pour eux suspendre
La chance d’une lampe de terre
Au vent minime des remparts.
Ils se croi­ront en chemin
Vers des pro­vinces douces.

***

Ils ont beau s’être dila­pi­dés dans la mort,
Nous por­tons lourd en nous
Ce qui d’eux nous a manqué,
Comme un fon­tai­nier le par­fum des sources.
Et nous gar­dons mémoire
Qu’ils nous ont suppliés
De leur trou­ver pour la fin
Des mots de fruits et de buée
Contre les incendies…

***

Des choses douces et disculpées
Comme des roses sau­vées sur la neige
Et le grand feu que l’on allume,
De leurs épines, dans la cam­pagne vide…
Et un très petit enfant
Contemple en son entour
La gorge rouge d’un oiseau.

***

Comme à qui sort la nuit
Der­rière le corps endor­mi des auberges,
Convient que manque
La langue de feu jaune
Trans­por­té dans la main,
Ain­si ton coeur devant les portes.

***

Il faut que tu retournes
Vers ces grands ciels de seigle,
Et vers les ven­dan­geuses qui, par trois,
Remontent à travers
Les jar­dins vides des morts,
Par­tis sans lettre, sans couteau,
Sans livre, sans pain,
Et vers les étoiles
Qui ne servent presque plus à rien,
Et vers cette jeune fille de février,
Si résolue,
Et vers les larmes
Qui sont des paroles qui se taisent…

Jacques Vandenschrick


Auteur