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De l’antiwokisme ou l’itération d’un réflexe colonial

Abo Numéro 3 mai 2023 par Jean-Luc Nsengiyumva

mai 2023

À l’heure actuelle, peu de mots sont aus­si popu­laires et pola­ri­sants, dans l’espace média­tique et le débat poli­tique euro­péens, que « woke » et « can­cel culture ». Curieu­se­ment, l’entrée de ces mots dans un moteur de recherche tel que Google ne donne pas accès à leur défi­ni­tion ou leur his­toire. À côté de quelques images de mani­fes­tants bran­dis­sant des pan­cartes sur les­quelles on peut lire des slo­gans tels que « jus­tice pour tous » ou encore « je veux être enten­du », ce qui appa­rait sur­tout c’est la dénon­cia­tion des expres­sions woke et can­cel culture comme étant les porte-éten­dards d’une idéo­lo­gie dan­ge­reuse et liber­ti­cide. De l’idéologie en ques­tion peu est dit par ses pour­fen­deurs. Du mou­ve­ment woke, éga­le­ment, peu est expli­qué par celles et ceux qui s’en réclament. Davan­tage mot d’ordre que cou­rant de pen­sée, il se pro­clame bien plus qu’il ne se concep­tua­lise et fait office de pla­te­forme d’actions mais guère de modèle théo­rique. De ce fait, le conte­nu du débat offre peu à apprendre du mou­ve­ment woke lui-même au contraire de l’analyse des for­ma­tions dis­cur­sives (Fou­cault, 1969) dans les­quelles il est enser­ré et qui offrent, selon nous, les clés de com­pré­hen­sion de ce qui actionne ce mou­ve­ment mais éga­le­ment ce qui conduit à sa dénonciation.

Le Mois

À l’heure actuelle, peu de mots sont aus­si popu­laires et pola­ri­sants, dans l’espace média­tique et le débat poli­tique euro­péens, que « woke » et « can­cel culture ». Curieu­se­ment, l’entrée de ces mots dans un moteur de recherche tel que Google ne donne pas accès à leur défi­ni­tion ou leur his­toire. À côté de quelques images de mani­fes­tants bran­dis­sant des pan­cartes sur les­quelles on peut lire des slo­gans tels que « jus­tice pour tous » ou encore « je veux être enten­du », ce qui appa­rait sur­tout c’est la dénon­cia­tion des expres­sions woke et can­cel culture comme étant les porte-éten­dards d’une idéo­lo­gie dan­ge­reuse et liber­ti­cide. De l’idéologie en ques­tion peu est dit par ses pour­fen­deurs. Du mou­ve­ment woke, éga­le­ment, peu est expli­qué par celles et ceux qui s’en réclament. Davan­tage mot d’ordre que cou­rant de pen­sée, il se pro­clame bien plus qu’il ne se concep­tua­lise et fait office de pla­te­forme d’actions mais guère de modèle théo­rique. De ce fait, le conte­nu du débat offre peu à apprendre du mou­ve­ment woke lui-même au contraire de l’analyse des for­ma­tions dis­cur­sives (Fou­cault, 1969) dans les­quelles il est enser­ré et qui offrent, selon nous, les clés de com­pré­hen­sion de ce qui actionne ce mou­ve­ment mais éga­le­ment ce qui conduit à sa dénonciation.

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Jean-Luc Nsengiyumva


Auteur

Jean-Luc Nsengiyumva est docteur en science politique et social et membre du CESIR (Centre de Recherche et d’Interventions Sociologiques). Ses travaux portent essentiellement sur les dynamiques identitaires en situation diasporique des personnes d’origine rwandaise habitant Bruxelles.
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