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Colombie. Un long chemin semé d’embuches pour la paix

Numéro 4/5 avril-mai 2014 par Laurence Mazure

mai 2014

L’enjeu des élec­tions du 25 mai sera cru­cial pour la pour­suite du pro­ces­sus de paix avec les Forces armées révo­lu­tion­naires de Colom­bie (FARC). « Ces élec­tions seront les plus impor­tantes de ces cin­quante der­nières années. Les Colom­biens vont choi­sir entre deux che­mins : le che­min de la peur ou le che­min de l’espoir. Le che­min de la […]

Le Mois

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L’enjeu des élec­tions du 25 mai sera cru­cial pour la pour­suite du pro­ces­sus de paix avec les Forces armées révo­lu­tion­naires de Colom­bie (FARC). « Ces élec­tions seront les plus impor­tantes de ces cin­quante der­nières années. Les Colom­biens vont choi­sir entre deux che­mins : le che­min de la peur ou le che­min de l’espoir. Le che­min de la guerre ou le che­min de la paix. » C’est contre l’ex-président Álva­ro Uribe, aujourd’hui séna­teur, et son cou­rant poli­tique repré­sen­té au Par­le­ment depuis les légis­la­tives du 9  mars, le Centre démo­cra­tique, que le pré­sident San­tos a lan­cé son pre­mier dis­cours de cam­pagne en vue de sa réélec­tion pour un deuxième man­dat lors du scru­tin pré­si­den­tiel du 25 mai prochain.

Or le pano­ra­ma poli­tique tel qu’il appa­rait à l’issue des légis­la­tives du 9 mars, mar­quées par un taux d’abstention qui frise les 60 %, montre que la marge de manœuvre de M. San­tos est net­te­ment affai­blie, même si sa coa­li­tion garde plus ou moins la main. Mais au Sénat, chambre haute où les 102 élus ont des pou­voirs déter­mi­nants pour le Congrès, notam­ment en pré­vi­sion des lois issues d’un éven­tuel accord de paix, l’avenir du « post-conflit » va se faire ou se défaire autour du vote du Par­ti conser­va­teur divi­sé entre un cou­rant « san­tistes » et une ten­dance « uri­bistes » et ame­né à jouer le d’arbitre de la vie légis­la­tive des quatre pro­chaines années. Dans l’immédiat, la recom­po­si­tion des forces indique aus­si qu’une vic­toire au pre­mier tour des pré­si­den­tielles, comme cela était envi­sa­gé, est doré­na­vant incer­taine, voire improbable.

Ain­si, un son­dage ren­du public le dimanche 16  mars pré­voit, au terme de l’affrontement des six can­di­dats du pre­mier tour des élec­tions pré­si­den­tielles, non pas une vic­toire directe pour M. San­tos, mais un second tour avec le can­di­dat de l’Alliance verte, Enrique Peña­lo­sa, ancien maire de Bogo­ta, soit res­pec­ti­ve­ment 25,5 % des inten­tions de vote contre 17,1. Peña­lo­sa ayant annon­cé qu’il ne ferait pas d’alliance pour le second tour, mais que tout le monde était le bien­ve­nu, la vraie ligne de par­tage se trouve ailleurs que dans ce large ratis­sage électoral.

L’enjeu de la paix

L’enjeu poli­tique, depuis les légis­la­tives du 9  mars jusqu’au scru­tin pré­si­den­tiel du 25  mai pro­chain, sera la conti­nua­tion des négo­cia­tions de paix enga­gées en 2012 par le pré­sident San­tos avec la gué­rilla des FARC qui, elle, va com­mé­mo­rer cette année le cin­quan­tième anni­ver­saire de sa fon­da­tion et de sa par­ti­ci­pa­tion à une guerre civile qui dure depuis 1948.

Il y a, d’un côté, ceux qui sont contre le pro­ces­sus de paix et pour la guerre et, de l’autre, ceux qui, au contraire, sou­tiennent le pro­ces­sus de La  Havane1 et espèrent voir se concré­ti­ser la paix grâce notam­ment aux accords sur l’accès à la terre, les nar­co­cul­tures, les com­pen­sa­tions aux vic­times et l’intégration, après démo­bi­li­sa­tion des gué­rillé­ros à la vie poli­tique. Ces deux posi­tions sont défen­dues par deux per­son­na­li­tés : Álva­ro Uribe, aujourd’hui séna­teur, a lut­té contre les FARC au cours de ses deux man­dats pré­si­den­tiels (2002 – 2010) grâce aux 7,5  mil­liards injec­tés dans la guerre par les Amé­ri­cains au tra­vers du plan Colom­bia sans jamais pou­voir conce­voir autre chose qu’une vic­toire mili­taire en guise de sor­tie du conflit ; Juan Manuel San­tos, l’actuel pré­sident et ex-ministre de la Défense d’Álvaro Uribe de 2006 à 2009 a por­té des coups sans pré­cé­dent aux FARC, et a su mettre en route, dès son accès à la tête de l’État, des pour­par­lers en vue de futurs accords de paix. C’est donc, comme l’indiquait le pre­mier dis­cours de cam­pagne de M. San­tos, en fonc­tion de cette ligne de par­tage que vont se défi­nir les alliances poli­tiques à venir, les impré­vus élec­to­raux et le tra­vail du Congrès pour les quatre pro­chaines années.

Le 13  mars, soit quatre jours après la tenue des élec­tions légis­la­tives, le pré­sident San­tos a accor­dé une longue entre­vue au grand quo­ti­dien colom­bien El Tiem­po . Il y rap­pelle la prio­ri­té de sa réélec­tion : pou­voir ache­ver la tâche en cours, c’est-à-dire la conclu­sion des négo­cia­tions enga­gées avec la gué­rilla des FARC pour abou­tir à un accord de paix. Il s’y montre sur­tout anxieux de déjouer à l’avance les futurs assauts de la pro­pa­gande uri­biste qui pour­rait le désta­bi­li­ser, ce qui mérite d’être ana­ly­sé de plus près car au-delà des mots se des­sinent les rap­ports de forces entre des sec­teurs connus pour faire et défaire les pos­si­bi­li­tés de paix selon leurs intérêts.

Ain­si, M.  San­tos qua­li­fie-t-il le Centre démo­cra­tique, par­ti de l’ex-président Uribe, d’« ultra-droite », en anti­ci­pant ses pro­chaines attaques : « Main­te­nant ils veulent faire dérailler le pro­ces­sus, mais par la porte de der­rière, en enve­ni­mant le débat, en inven­tant que nous fai­sons des choses qu’en fait nous ne fai­sons pas. » Il désigne une émi­nence grise der­rière les pro­pos visant la délé­gi­ti­ma­tion de son gou­ver­ne­ment et du pro­ces­sus de paix, Pablo Vic­to­ria. Le terme d’ultra-droite n’est pas une exa­gé­ra­tion quand il s’agit de Pablo Eduar­do Vic­to­ria Wilches, et de cer­taines per­sonnes et évè­ne­ments poli­tiques qui lui sont associés.

En juillet  2013, le grand quo­ti­dien colom­bien El Espec­ta­dor signa­lait la pré­sence de Pablo Vic­to­ria au lan­ce­ment du mou­ve­ment colom­bien Alian­za Nacio­na­lis­ta Por la Liber­tad, en com­pa­gnie du lea­deur estu­dian­tin anti­cha­viste Lorent Saleh repré­sen­tant du grou­pus­cule Ope­ra­cion liber­tad et en pré­sence des membres du mou­ve­ment néo­na­zi colom­bien de Ter­ce­ra Via. Dans son blog, Pablo Vic­to­ria sur­nomme M. San­tos « San­to­chen­ko » — un sur­nom qui assi­mile le pré­sident au com­man­dant en chef des FARC Timo­léon Jimé­nez, appe­lé « Timo­chen­ko », son nom de guerre. Dès sep­tembre 2012, Pablo Vic­to­ria accu­sait M. San­tos de livrer le pays aux FARC, pré­sen­tant comme vic­times notam­ment les forces armées et les pro­prié­taires terriens.

Ces excès de style res­te­raient anec­do­tiques si cer­tains sec­teurs, comme les hauts gra­dés des forces armées et les milieux agro-indus­triels ne les repre­naient dans le cadre d’efforts visant à délé­gi­ti­mer le pré­sident San­tos et à sabor­der l’avenir des négo­cia­tions de paix.

Ambigüité des forces armées

Du côté des forces armées, l’année 2014 s’est ouverte sur deux scan­dales d’une gra­vi­té majeure révé­lés à huit jours d’intervalle par l’hebdomadaire colom­bien Sema­na.

Le pre­mier porte sur les écoutes illé­gales menées par les ren­sei­gne­ments mili­taires dans le cadre de l’opération « Andro­me­da » qui a visé l’équipe des négo­cia­teurs du gou­ver­ne­ment à La Havane, ain­si que les jour­na­listes cou­vrant les négo­cia­tions sur place, et les cour­riers élec­tro­niques per­son­nels du pré­sident San­tos. Le second fait état de tra­fic d’armes au plus haut de l’état-major qui a conduit à la démis­sion ou sus­pen­sion de plu­sieurs fonc­tion­naires et huit hauts gradés.

Du coup, M.  San­tos se voit contraint d’anti­ci­per des pro­blèmes qui pour­raient sur­ve­nir d’ici le 25  mai : « On a inter­cep­té mes cour­riers per­son­nels. Quelqu’un est entré et a sor­ti tous les cour­riers élec­tro­niques per­son­nels de mon ordi­na­teur […]. La seule chose qui m’inquiète c’est que je connais la stra­té­gie qui consiste à prendre un cour­rier qui est vrai et à y glis­ser des frag­ments de faux cour­riers […] Mais ce que j’ai dit en géné­ral dès les pre­miers jours, c’est qu’ils peuvent publier ce qu’ils veulent car je n’ai rien à cacher. »

Anti­ci­pa­tion aus­si, lorsqu’il attri­bue d’éventuelles futures publi­ca­tions à des « mer­ce­naires de l’information » qu’il tient pour res­pon­sables de la révé­la­tion du scan­dale Andro­me­da et des écoutes secrètes sans tou­te­fois don­ner de plus amples détails — une expres­sion qui place les per­sonnes ain­si dési­gnées à mi-che­min entre le sec­teur mili­taire et la presse.

Ces pro­pos sou­lèvent des inter­ro­ga­tions quant au sou­tien des forces armées au chef de l’État. Peut-on par­ler de crise de confiance ? Le jour de l’entrevue, M.  San­tos répond en des termes qui laissent entre­voir la dure­té des rap­ports de force : « On ne peut pas par­ler de crise. L’armée a com­pris qu’il faut défendre l’institution au-des­sus de toute autre chose, et que s’il y a eu des ano­ma­lies à l’intérieur de cette ins­ti­tu­tion, il faut les cou­per à la racine. […] Nous avons agi avec une équa­ni­mi­té, une jus­tice totale et une fer­me­té sans appel. »

Cette opi­nion ne semble pas être par­ta­gée par les mili­taires. Trois jours plus tard, le 16  mars, l’armée de terre publie un com­mu­ni­qué en sept points signa­lant notam­ment « sa pré­oc­cu­pa­tion, son indi­gna­tion, et son refus » des cir­cons­tances dans les­quelles ces scan­dales ont été connus de l’opinion publique. Face à un gou­ver­ne­ment qui sanc­tionne et à une jus­tice qui enquête, les mili­taires réclament le res­pect des pro­cé­dures qui leur sont dues, et le droit à sau­ve­gar­der l’honneur et le pres­tige de leur nom — de belles for­mules qui cachent un désir d’impunité qui est aus­si une longue tradition.

Rap­pe­lons aus­si que les forces armées sont le sec­teur qui aura le plus à perdre de futurs accords de paix en termes de bud­gets et pri­vi­lèges — or toute pers­pec­tive de « post-conflit » va impo­ser des chan­ge­ments pro­fonds dans les men­ta­li­tés et les habi­tudes, notam­ment dans les per­cep­tions à l’égard d’anciens enne­mis des­ti­nés à prendre leur place dans la vie poli­tique natio­nale. De ce point de vue là, l’ère Uribe mar­quée par les scan­dales à répé­ti­tion du DAS, les ser­vices de ren­sei­gne­ments de l’État au point de requé­rir la dis­so­lu­tion puis la refonte de cette struc­ture, a lais­sé un héri­tage très lourd en termes d’équipements d’écoutes « per­dus » et de mise au pas d’anciens employés dou­teux et aujourd’hui hors de contrôle.

La deuxième ten­ta­tive de dis­cré­dit des négo­cia­tions de paix vient de puis­sants sec­teurs de l’industrie agroa­li­men­taire repré­sen­tés par la SAC, Socié­té des agri­cul­teurs colom­biens, et son pré­sident Rafael Mejia. Le 6  mars der­nier, à trois jours des légis­la­tives, il s’interrogeait sur l’avenir de la pro­prié­té pri­vée et du modèle éco­no­mique libé­ral entre les mains de M. San­tos, en dénon­çant l’opacité des accords conclus à La  Havane sur la ques­tion agraire, pour lan­cer, dans une entre­vue accor­dée au Tiem­po : « Qui est-ce qui com­mande ici ? Le pré­sident ou l’ile de Cuba ? »

À l’origine du conflit : l’accès à la terre

Der­rière ces pro­pos se trouve le nœud à ce jour non réso­lu de l’origine du conflit colom­bien : celui de l’accès à la terre, de l’opposition inébran­lable de cer­tains sec­teurs éco­no­miques à toute réforme agraire et de la concen­tra­tion des terres au ser­vice de leurs inté­rêts. De ce côté-là, on trouve les indus­tries agroa­li­men­taires, mais aus­si les méga­pro­jets hydro­élec­triques et miniers qui pré­sident à l’expropriation d’un nombre tou­jours crois­sant de petits pay­sans. Ces sec­teurs sont liés aux orien­ta­tions macroé­co­no­miques du pré­sident San­tos et se méfient de ce qui pour­rait sur­gir dans les futurs accords de paix avec la gué­rilla des FARC.

Mais le sec­teur agraire en crise dépasse lar­ge­ment ces lob­bys éco­no­miques : des dizaines de mil­liers de petits pay­sans à tra­vers toute la Colom­bie sont de nou­veau mobi­li­sées depuis le 17  mars de façon sou­te­nue et conti­nue pour deman­der un sou­tien de l’État à leur pro­duc­tion, notam­ment une pro­tec­tion contre les effets dévas­ta­teurs des trai­tés de libre com­merce avec les États-Unis et l’Europe, et la mise en place de culture de rem­pla­ce­ment dans les zones de nar­co­tra­fic. Ils dénoncent aus­si la péné­tra­tion des OGM et de la mul­ti­na­tio­nale Mon­san­to dont les pra­tiques éco­no­miques s’articulent autour de légis­la­tions sur mesure qui servent leurs inté­rêts au détri­ment des agri­cul­teurs et de l’environnement.

Sur­tout, ces dizaines de mil­liers de per­sonnes sont repré­sen­tées par la MIA, une coor­di­na­tion qui regroupe les orga­ni­sa­tions sociales et poli­tiques des com­mu­nau­tés indi­gènes, afro-colom­biennes et des autres sec­teurs pay­sans bien au-delà des par­tis poli­tiques de gauche tra­di­tion­nels. Le sec­teur rural popu­laire, loin d’avoir dis­pa­ru, s’est orga­ni­sé et est deve­nu l’enjeu d’initiatives poli­tiques déci­sives, dont la res­ti­tu­tion des terres aux 4  mil­lions de vic­times dépla­cées par la guerre en ver­tu de la loi 1448 de 2011, une des plus mar­quantes du pre­mier man­dat du pré­sident Santos.

Mais là où les ambi­tions pré­voyaient la res­ti­tu­tion de cent-soixante mille pro­prié­tés aux vic­times expro­priées en quatre ans, force est de consta­ter un échec inquié­tant : aujourd’hui, il y a « peu de terres et beau­coup de morts » dans une situa­tion où, début février, selon les chiffres de l’UNHCR, on recen­sait déjà pour l’année 2014 l’assassinat de huit lea­deurs com­mu­nau­taires à la tête de demandes de restitutions.

Pris entre une ultra-droite doré­na­vant repré­sen­tée au Congrès, très active sur les divers ter­rains du conflit, et les attentes de paix et de com­pen­sa­tion de mil­lions de Colom­biens, la marge de manœuvre du pré­sident San­tos ain­si que l’avenir de tout accord de paix avec la gué­rilla des FARC semblent fra­gi­li­sés par une délé­gi­ti­ma­tion dan­ge­reuse. Une semaine après les légis­la­tives, un son­dage publié dans l’hebdomadaire colom­bien Sema­na  consta­tait que si le sou­tien à une solu­tion négo­ciée au conflit demeu­rait majo­ri­taire dans l’opinion publique, seules 37 % des per­sonnes inter­ro­gées croient à une future démo­bi­li­sa­tion des FARC contre 54 % en 2012 au début des négo­cia­tions. Et sur­tout, une constante demeure : 70 % des Colom­biens ne veulent pas d’une réin­té­gra­tion des FARC dans la vie poli­tique du pays. Convaincre les sec­teurs les plus rigides de la socié­té colom­bienne que la paix ne pour­ra exis­ter qu’à ce prix demeure un exer­cice poli­tique aus­si périlleux qu’essentiel.

D’autant que les ran­cunes poli­tiques, là où la démo­cra­tie a joué en faveur de la gauche, sont impi­toyables. Ain­si le maire élu de Bogo­ta, Gus­ta­vo Petro, ancien gué­rillé­ro du M‑19, démo­bi­li­sé en 1990, fort d’une tra­jec­toire poli­tique remar­quable de conseiller muni­ci­pal, puis de séna­teur, pour abou­tir en 2011 au second poste le plus impor­tant du pays, a été abu­si­ve­ment démis de ses fonc­tions le 18  mars der­nier. Or le pré­sident San­tos, qui seul pou­vait et devait arrê­ter une des­ti­tu­tion dont la Cour inter­amé­ri­caine des droits de l’homme venait de dénon­cer la nature illé­gale, n’en a rien fait. Cette des­ti­tu­tion a été vécue comme un véri­table coup d’État par les sec­teurs popu­laires et assom­brit les pers­pec­tives d’une inté­gra­tion véri­table de la gué­rilla des FARC à une vie poli­tique post-conflit.

  1. Les négo­cia­tions entre le gou­ver­ne­ment colom­bien et les FARC ont débu­té en Nor­vège et se pour­suivent pour l’instant dans la capi­tale cubaine.

Laurence Mazure


Auteur

http://www.lecourrier.ch/journaliste/laurence_mazure