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Cocorico !
Tout a commencé par les coqs. À l’aube, en plein chant, ils s’enflammaient comme des torches et, durant des mois, jusqu’à ce qu’il n’y eût plus de coq, aux premières lueurs du jour les campagnes se constellaient de petits brasiers endiablés courant en tous sens. Il fut vite établi que le chant déclenchait l’incendie des oiseaux, aussi […]
Tout a commencé par les coqs. À l’aube, en plein chant, ils s’enflammaient comme des torches et, durant des mois, jusqu’à ce qu’il n’y eût plus de coq, aux premières lueurs du jour les campagnes se constellaient de petits brasiers endiablés courant en tous sens. Il fut vite établi que le chant déclenchait l’incendie des oiseaux, aussi pensa-t-on à leur clouer le bec : sans résultat, car la seule intention de chanter suffisait à leur bouter le feu.
Puis ce fut le tour des chiens. Partout on assistait à d’horribles scènes : un chien aboyait et, d’un seul coup, il s’embrasait, au bout de sa laisse, dans son panier, n’importe où. On ne comptait plus les incendies domestiques et les brulures chez les hommes, les femmes et les enfants. Il y eut plusieurs décès pathétiques : des maitres se jetaient sur leur fidèle compagnon pour partager son sort affreux et mourir avec lui, brulés vifs. Le dernier chien sur terre mourut — je n’ose dire s’éteignit — d’avoir rêvé qu’il était un loup hurlant à la pleine lune.
Faute de chiens, les chats régnèrent alors en maitres incontestés sur les maisons, les rues et les poubelles. Mais une nuit, on entendit deux gros matous se chamailler bruyamment sur un toit et, soudain, l’obscurité s’illumina de deux boules de feu hystériques.
Aujourd’hui, il y a des chats calcinés partout et les souris dansent. Mais il y a plus préoccupant, car depuis quelque temps une rumeur court. Ici et là on entend dire que le phénomène finira par affecter un jour les humains et qu’il y a urgence à trouver une solution : et si, de chanter, d’élever la voix ou tout bonnement de se faire entendre, on allait tout à coup connaitre le sort terrible des coqs, des chiens et des chats ? D’ailleurs, on peut déjà constater que les gens ont commencé à baisser la voix et que nombreux sont ceux qui, désormais, chuchotent.
Ce matin, j’ai assisté à une scène surprenante : deux automobilistes, descendus de leur véhicule à un feu rouge et prêts à en découdre, s’invectivaient silencieusement dans la langue des signes.