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Chiapas : état des lieux vingt ans après le soulèvement zapatiste

Numéro 1 janvier 2014 par Stefan Reinhold

janvier 2014

Le 1er jan­vier 1994, l’Armée zapa­tiste de libé­ra­tion natio­nale (Ejér­ci­to Zapa­tis­ta de Libe­ra­ción Nacio­nal, EZLN) se fait connaitre du monde en pre­nant les armes dans la pro­vince du Chia­pas, au Mexique. Ces indi­gènes enca­gou­lés se révoltent contre la pau­vre­té et l’exclusion sociale dont ils se disent vic­times depuis plus de cinq-cents ans. La date de […]

Le 1er jan­vier 1994, l’Armée zapa­tiste de libé­ra­tion natio­nale (Ejér­ci­to Zapa­tis­ta de Libe­ra­ción Nacio­nal, EZLN) se fait connaitre du monde en pre­nant les armes dans la pro­vince du Chia­pas, au Mexique. Ces indi­gènes enca­gou­lés se révoltent contre la pau­vre­té et l’exclusion sociale dont ils se disent vic­times depuis plus de cinq-cents ans. La date de leur sou­lè­ve­ment n’est pas choi­sie au hasard. C’est ce même jour qu’entre en vigueur l’Accord de libre-échange nord-amé­ri­cain (Ale­na). Depuis lors, le mou­ve­ment zapa­tiste s’organise pour résis­ter à la stra­té­gie de contre-insur­rec­tion du gou­ver­ne­ment, mais aus­si à sa poli­tique néo­li­bé­rale maté­ria­li­sée notam­ment par le « Pro­jet d’intégration et de déve­lop­pe­ment méso-américain ».

Les raisons du soulèvement

Bien que le Mexique soit clas­sé qua­tor­zième pays le plus riche de la pla­nète en termes de PIB au début des années 1990, cela n’influence pas le niveau de vie de cer­taines com­mu­nau­tés indi­gènes du Chia­pas. En effet, les richesses sont très inéga­le­ment répar­ties. Dans les cam­pagnes, où réside la majo­ri­té des indi­gènes chia­pa­nèques (Tsel­tal, Tsot­sil, Ch’ol, Zoque, Tojo­la­bal), les condi­tions de vie sont dif­fi­ciles et l’accès aux ser­vices de base res­treint, bien que la région soit très riche en res­sources natu­relles (mine­rais, bois, eau, bio­di­ver­si­té). La pau­vre­té se tra­duit par une mor­ta­li­té infan­tile lar­ge­ment supé­rieure à la moyenne natio­nale, notam­ment due au manque d’accès à une nour­ri­ture variée. D’après le rap­port fai­sant suite à la visite au Mexique du rap­por­teur spé­cial des Nations unies sur le droit à l’alimentation, un enfant indi­gène sur trois de moins de cinq ans souffre de mal­nu­tri­tion chro­nique, contre un sur dix par­mi les non-indi­gènes. C’est aus­si au Chia­pas que les enfants sont le moins long­temps sco­la­ri­sés, ce qui explique le taux d’anal­pha­bé­tisme le plus éle­vé du Mexique.

Cette situa­tion a révol­té des indi­gènes chia­pa­nèques qui avaient déjà clan­des­ti­ne­ment créé une armée en 1983. Dix ans plus tard, ils décident donc de prendre d’assaut les cinq prin­ci­pales villes de la région. Le gou­ver­ne­ment mexi­cain réprime for­te­ment la rébel­lion indi­gène, mais grâce à la pres­sion popu­laire, un ces­sez-le-feu est signé après seule­ment douze jours de com­bats. S’engage alors pour la pre­mière fois un dia­logue natio­nal entre l’EZLN, le gou­ver­ne­ment et la socié­té civile sur la situa­tion des indi­gènes, grâce à la média­tion de l’évêque Samuel Ruiz. Ce dia­logue abou­tit en 1996 aux accords de San Andrés, sur la recon­nais­sance des « droits et cultures indi­gènes ». Ces accords incluent par exemple le droit de déter­mi­ner son mode de vie et sup­posent ain­si le droit des indi­gènes à être consul­tés avant la mise en place de tout pro­jet ris­quant de l’altérer. Mais mal­gré cette entente, le gou­ver­ne­ment conti­nue d’envoyer des mili­taires dans les cam­pagnes et ne res­pecte pas l’accord conclu. En signe de pro­tes­ta­tion, l’EZLN rejette les accords de San Andrés en 2001 et inter­rompt toute négo­cia­tion avec le gouvernement.

Autonomisation des communautés zapatistes

Les com­mu­nau­tés zapa­tistes s’engagent dès lors uni­la­té­ra­le­ment dans un pro­ces­sus d’autonomisation pour mettre en pra­tique dans les ter­ri­toires qu’elles contrôlent leurs treize reven­di­ca­tions : san­té, jus­tice, démo­cra­tie, toit, édu­ca­tion, terre, paix, ali­men­ta­tion, liber­té, tra­vail, com­mu­ni­ca­tion, indé­pen­dance et culture. Dans un sou­ci de cohé­rence, les com­mu­nau­tés zapa­tistes rompent toute rela­tion avec le gou­ver­ne­ment et ne béné­fi­cient donc plus d’aucun appui de l’État. Par contre, les com­mu­nau­tés rebelles sont accom­pa­gnées par les membres du dio­cèse de San Cristó­bal de las Casas qui adhèrent à des reven­di­ca­tions zapa­tistes, notam­ment à « la recherche de digni­té, de jus­tice et de paix, et dans le res­pect de l’environnement et de la vie1 ». L’évêque Samuel Ruiz fonde ain­si le Centre des droits de l’homme Fray Bar­to­lo­mé de las Casas qui tra­vaille avec la « popu­la­tion exclue et orga­ni­sée du Chia­pas2 ».

Les zapa­tistes conti­nuent aujourd’hui encore de construire leur auto­no­mie, grâce à la créa­tion d’écoles, de centres de soins, de banques popu­laires, de coopé­ra­tives pro­duc­trices de café. Le res­pect du prin­cipe man­dar obe­de­cien­do, « com­man­der en obéis­sant » (aux ordres du peuple), est tou­jours d’actualité. En effet, chaque déci­sion impor­tante est prise en assem­blée géné­rale, et les membres des « conseils de bon gou­ver­ne­ment » doivent ensuite obéir aux déci­sions prises par l’assemblée. Cette ins­tance est la plus haute auto­ri­té dans l’échelle admi­nis­tra­tive de l’organisation zapa­tiste. Des repré­sen­tants béné­voles, qui sont en rota­tion constante, y siègent avec des man­dats révo­cables à tout instant. 

Les ressources qui permettent aux zapatistes de lutter

La démo­cra­tie directe par­ti­ci­pa­tive est donc l’une des clés de l’organisation poli­tique des zapa­tistes. Sur le ter­rain, les avan­cées sociales sont dif­fi­ciles à éva­luer. Les zapa­tistes res­tent extrê­me­ment pauvres mal­gré les terres récu­pé­rées et tra­vaillées col­lec­ti­ve­ment. Cepen­dant, comme le dit un com­pa­gnon zapa­tiste « les com­mu­nau­tés sont peut-être pauvres en termes d’accès aux soins, d’accès au mar­ché du tra­vail ou d’éducation, mais le mou­ve­ment zapa­tiste a don­né aux habi­tants des mon­tagnes du sud-est mexi­cain des outils pour prendre en main leur ave­nir, en amé­lio­rant leur auto­suf­fi­sance, en créant une autre édu­ca­tion, en per­met­tant une plus large par­ti­ci­pa­tion fémi­nine aux déci­sions. Cela a enri­chi les gens en termes de digni­té, mais aus­si de fier­té de leurs ori­gines mayas. La créa­ti­vi­té de toutes ces per­sonnes est évi­dem­ment une grande res­source, tout comme la per­pé­tua­tion de nos savoirs ances­traux. Mais la plus grande res­source du mou­ve­ment, c’est la res­source humaine, orga­ni­sée vers un même objec­tif d’autonomie et d’autosuffisance ».

Les zapa­tistes ne sont pas tant res­pec­tés pour leur cou­rage d’avoir pris les armes, mais plu­tôt pour la lon­gé­vi­té de leur mou­ve­ment et son apport essen­tiel à la démo­cra­tie. Aujourd’hui, des sym­pa­thi­sants du monde entier viennent à l’Escuelita3 (la petite école) pour apprendre ce qui a per­mis de créer une alter­na­tive viable. Durant l’été 2013, plus de 1 700 per­sonnes ont afflué du monde entier pour vivre dans des familles zapa­tistes et par­ti­ci­per au cours inti­tu­lé « La liber­té selon les zapa­tistes ». C’est le plus grand exer­cice de com­mu­ni­ca­tion et d’ouverture de l’EZLN depuis sa création.

Le « Projet méso-américain », pour quel développement ?

Mal­gré des suc­cès engran­gés, la vision des zapa­tistes se heurte aux pro­jets de déve­lop­pe­ment du gou­ver­ne­ment, pour qui la nature et ses res­sources natu­relles ne sont qu’un outil au ser­vice de la crois­sance éco­no­mique. Le Chia­pas jouit d’une situa­tion géo­gra­phique stra­té­gique. Situé à la fron­tière sud du Mexique, c’est la porte d’entrée vers le nord du Mexique et les États-Unis, mais aus­si une route com­mer­ciale inévi­table vers le reste de l’Amérique centrale.

Pour déve­lop­per ce poten­tiel, le gou­ver­ne­ment a pro­lon­gé le plan Pue­bla-Panamá4 au sein du « Pro­jet méso-amé­ri­cain ». Ce pro­jet, qui intègre dix pays d’Amérique cen­trale, sou­haite « faci­li­ter la concep­tion, le finan­ce­ment et la mise en oeuvre des pro­grammes, pro­jets et acti­vi­tés d’intérêt régio­nal. […] Les pays par­te­naires tra­vaillent à pro­mou­voir la crois­sance éco­no­mique et le déve­lop­pe­ment en Amé­rique cen­trale. » Au Chia­pas, ce pro­jet com­prend le déve­lop­pe­ment des infra­struc­tures rou­tières et des ins­tal­la­tions géné­ra­trices d’électricité (bar­rages et champs éoliens), l’ouverture de conces­sions minières, l’augmentation de l’investissement dans les bio­car­bu­rants, la construc­tion d’un nou­veau com­plexe tou­ris­tique ain­si que l’agrandissement des aéro­ports régionaux.

Tous ces pro­jets mettent en péril le mode de vie pay­san et indi­gène, d’où la résis­tance d’une frange de la popu­la­tion, pour qui l’agriculture est le seul moyen de sub­sis­tance vou­lu. La plu­part des pay­sans et des indi­gènes sou­haitent plu­tôt un déve­lop­pe­ment pre­nant en compte le concept maya du « Lekil Kux­le­jal » qui ren­voie à l’harmonie de la vie, l’unité, l’intégration de l’individu à la com­mu­nau­té et à la nature, au bien com­mun de l’humanité. On retrouve d’ailleurs ce concept dans d’autres pays d’Amérique du Sud, par exemple en Équa­teur et en Boli­vie où le « Buen Vivir » (« bien vivre ») est ins­crit dans la Constitution. 

Il est impor­tant de signa­ler qu’au-delà des zapa­tistes, il existe au Chia­pas une mul­ti­tude de mou­ve­ments sociaux ras­sem­blés en asso­cia­tions, syn­di­cats, coopé­ra­tives, mou­ve­ments reli­gieux, qui s’organisent pour résis­ter à la construc­tion des diverses infra­struc­tures pré­vues dans le Pro­jet méso-amé­ri­cain. Les mani­fes­ta­tions, péti­tions, blo­cages de routes et occu­pa­tions de bâti­ments offi­ciels sont fréquents.

Violences et clientélisme

Pour ten­ter d’affaiblir la contes­ta­tion, le gou­ver­ne­ment mexi­cain uti­lise diverses stra­té­gies. L’État du Chia­pas s’est davan­tage mili­ta­ri­sé à par­tir de 2006 avec la col­la­bo­ra­tion des États-Unis, offi­ciel­le­ment pour lut­ter contre le crime orga­ni­sé. Des incur­sions inces­santes sont menées dans les com­mu­nau­tés rebelles, et les humi­lia­tions et séques­tra­tions y sont légion. Il y a éga­le­ment des cas de tor­ture5. Ce n’est jamais l’armée mexi­caine qui use direc­te­ment de la force. Elle pré­fère for­mer des para­mi­li­taires qui accom­plissent les atro­ci­tés, comme ce fut le cas dans la com­mu­nau­té d’Acteal où qua­rante-cinq vil­la­geois per­dirent la vie le 22 décembre 1997.

Au-delà de l’usage dis­pro­por­tion­né de la force et de la vio­la­tion cou­rante des droits humains les plus fon­da­men­taux, le gou­ver­ne­ment uti­lise le har­cè­le­ment judi­ciaire contre les lea­deurs qui s’opposent à ses pro­jets. Cela s’avère très effi­cace pour limi­ter leurs droits à la liber­té d’expression, d’association et de réunion. C’est aus­si très cou­teux pour les incul­pés qui doivent dépen­ser de l’argent et consa­crer beau­coup de temps pour leur défense.

Met­tant en oeuvre une poli­tique clien­té­liste, le gou­ver­ne­ment n’hésite pas à offrir des cadeaux à ses fidèles, pen­dant que les autres s’enfoncent dans la pau­vre­té. Le gou­ver­ne­ment « uti­lise le Tré­sor public en vue de géné­rer une dépen­dance aux pro­grammes sociaux gou­ver­ne­men­taux, dans l’intention de rompre les rela­tions des com­mu­nau­tés indi­gènes avec des mou­ve­ments rebelles6 ». Le père José Aviles Arrio­la, vicaire de la Com­mis­sion Jus­tice et Paix de San Cris­to­bal de las Casas, affirme que « le gou­ver­ne­ment ment lorsqu’il dit que le Chia­pas est en train de sor­tir de la pau­vre­té parce qu’il y a davan­tage de consom­ma­tion de pro­duits de pre­mière néces­si­té. Les den­rées ali­men­taires de base dis­tri­buées par l’État sont en fait pro­duites par les grandes entre­prises agroa­li­men­taires. L’argent géné­reu­se­ment don­né aux pauvres retourne donc dans les poches du grand capital ».

Mal­gré cette poli­tique répres­sive, les zapa­tistes montrent des voies alter­na­tives de déve­lop­pe­ment. Dès le début du mou­ve­ment, l’accent a été mis sur la dimen­sion inter­na­tio­nale et le carac­tère contre le sys­tème des reven­di­ca­tions. L’opposition au néo­li­bé­ra­lisme est cen­trale. En 1996, la réunion « Inter­ga­lac­tique » qu’ils ont orga­ni­sée en est une des expres­sions pri­vi­lé­giées, par ailleurs pré­cur­seur du Forum social mon­dial. S’il existe cer­taines dif­fi­cul­tés d’organisation pra­tique au quo­ti­dien, ce mou­ve­ment conti­nue d’avancer avec beau­coup d’humilité, en appre­nant de ses erreurs. Le grand nombre de jeunes se reven­di­quant fiè­re­ment zapa­tistes montre bien que le mou­ve­ment est loin de s’essouffler. Le suc­cès de l’Escuelita confirme aus­si l’espoir et la curio­si­té qu’ils conti­nuent de sus­ci­ter à tra­vers le monde. La par­ti­ci­pa­tion très active des femmes dans la vie poli­tique zapa­tiste, mal­gré le cli­mat très machiste du Mexique, n’est qu’un exemple par­mi d’autres des trans­for­ma­tions posi­tives que les zapa­tistes ont mis en pratique.

Quel soutien apporter ?

Alors que les accords de libre com­merce UEA­mé­rique cen­trale viennent d’être rati­fiés, il est néces­saire que les diri­geants euro­péens et belges exigent le res­pect des droits humains de la part du gou­ver­ne­ment mexi­cain. L’exploitation des res­sources chia­pa­nèques dont joui­ront les Euro­péens ne peut se faire au détri­ment des popu­la­tions indi­gènes. La démi­li­ta­ri­sa­tion de la zone, et notam­ment le désar­me­ment des para­mi­li­taires, est indis­pen­sable pour amé­lio­rer la situa­tion au Chia­pas. Il est aus­si pos­sible de prendre part aux « actions urgentes » du Centre des droits de l’homme Fray Bar­to­lo­mé de las Casas, qui alerte régu­liè­re­ment le public sur la situa­tion des droits fon­da­men­taux au Chia­pas et des actions pos­sibles à entre­prendre. Il est tout aus­si urgent de deman­der la libé­ra­tion immé­diate de tous les pri­son­niers politiques.

Pour favo­ri­ser le pro­ces­sus démo­cra­tique au Mexique, l’Union euro­péenne doit aus­si insis­ter pour que l’État mexi­cain applique la conven­tion 169 de l’Organisation Inter­na­tio­nale du tra­vail (OIT), qui recon­nait le droit des popu­la­tions indi­gènes d’être consul­tées avant chaque pro­jet affec­tant leur mode de vie.

novembre 2013

  1. Entre­tien avec le père José Aviles Arrio­la, vicaire de Jus­tice et Paix à San Cristó­bal de las Casas, San Cristó­bal de las Casas, le 25 octobre 2013.
  2. http://bit.ly/1jlbavj, consul­té le 7 novembre 2013.
  3. La « petite école », créée en été 2013, sou­haite pro­di­guer les appren­tis­sages des zapa­tistes à des sym­pa­thi­sants du monde entier. Au vu du suc­cès, une deuxième édi­tion a été orga­ni­sée en décembre 2013.
  4. Le plan Pue­bla-Panamá est un plan pré­sen­té par le gou­ver­ne­ment mexi­cain en 2001, des­ti­né à déve­lop­per le sud du pays et l’Amérique cen­trale. Ce pro­jet a sus­ci­té de vives cri­tiques et une oppo­si­tion au Chia­pas, notam­ment des pay­sans devant être délo­gés de leurs terres.
  5. Amnistía Inter­na­cio­nal, Culpables cono­ci­dos, vic­ti­mas igno­ra­das. Tor­tu­ra y mal­tra­to en Méxi­co, Mexique, 2012.
  6. Centre des droits de l’homme Fray Bar­to­lo­mé de las Casas, Entre la polí­ti­ca sis­té­mi­ca y las alter­na­ti­vas de vida, Informe sobre la situa­ción de los dere­chos huma­nos en Chia­pas durante los gobier­nos fede­ral y esta­tal 2006 – 2012, Mexique, 2012.

Stefan Reinhold


Auteur

Stefan Reinhold est membre du groupe Amérique latine de la Commission Justice et Paix