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Canicule et machine à expériences

Numéro 6 - 2019 par Renaud Maes

septembre 2019

Le réchauf­fe­ment cli­ma­tique et les dérè­gle­ments qu’il entraine se font de plus en plus sen­tir, même en Europe. Si la fré­quence des vagues de cha­leur n’augmente pas de manière suf­fi­sam­ment signi­fi­ca­tive pour en tirer des conclu­sions, leur durée et sur­tout leur inten­si­té ont consi­dé­ra­ble­ment enflé depuis la fin des années 1980. Les épi­sodes cani­cu­laires récents […]

Éditorial

Le réchauf­fe­ment cli­ma­tique et les dérè­gle­ments qu’il entraine se font de plus en plus sen­tir, même en Europe. Si la fré­quence des vagues de cha­leur n’augmente pas de manière suf­fi­sam­ment signi­fi­ca­tive pour en tirer des conclu­sions, leur durée et sur­tout leur inten­si­té ont consi­dé­ra­ble­ment enflé depuis la fin des années 1980. Les épi­sodes cani­cu­laires récents ne sont certes pas aus­si meur­triers que ceux qui frap­pèrent l’Europe au tout début du XXe siècle (notam­ment la très longue et intense vague de cha­leur de 1911, qui fit envi­ron qua­rante-mille morts dont trois quarts d’enfants en France1, et, à en croire la presse de l’époque, de l’ordre de deux-mille morts en Bel­gique), mais ils coutent tou­jours de nom­breuses vies humaines (on évoque le chiffre de quinze-mille décès en France pour la cani­cule de 20032), sur­tout par­mi les per­sonnes âgées et, faut-il le pré­ci­ser, sin­gu­liè­re­ment par­mi les plus iso­lées et pré­caires d’entre elles.

Il est tou­te­fois frap­pant que la réac­tion poli­tique paraisse très en deçà de celle qui carac­té­rise le début du XXe siècle : en France, par exemple, à la suite de la cani­cule de 1911, de très nom­breuses mesures furent prises pour mieux pro­té­ger les enfants, sin­gu­liè­re­ment les nou­veau-nés, avec notam­ment une aug­men­ta­tion impor­tante du bud­get dévo­lu aux « Œuvres de pué­ri­cul­ture ». Rien de vrai­ment com­pa­rable à la suite des cani­cules récentes… Bien sûr, il ne s’agit plus de nour­ris­sons, mais de per­sonnes âgées, or on connait la pré­fé­rence des pays mar­qués par des tra­di­tions fort indi­vi­dua­listes pour la sau­ve­garde des plus jeunes3. Mais cette pré­fé­rence ne per­met pas d’expliquer une telle dif­fé­rence dans la réac­tion poli­tique, d’autres fac­teurs doivent intervenir.

À ce niveau, notons tout d’abord que là où les jour­naux titraient uni­que­ment sur la cani­cule et son lourd bilan humain tout au long de l’été 1911, dans les médias d’aujourd’hui, tant le bilan humain que la ques­tion de com­pli­ca­tions de san­té sont noyés dans le flux des dépêches sur le plai­sir de boire en ter­rasse toute la nuit ou de se faire dorer sur les plages sur­peu­plées, pour le plus grand bon­heur de l’Horeca côtier.

Autre dif­fé­rence : dans les Par­le­ments, on se contente de vagues ques­tions peu pré­cises et volon­tai­re­ment peu chif­frées pour obte­nir des réponses tout aus­si nébu­leuses rap­pe­lant l’attachement de la ministre au bie­nêtre des séniors. C’est qu’on a de très bonnes rai­sons de pen­ser aujourd’hui que le réchauf­fe­ment cli­ma­tique glo­bal aug­mente l’intensité des vagues de cha­leur en Europe et, ce fai­sant, tire lar­ge­ment à la hausse le bilan létal de chaque épi­sode4. Il est de plus en plus évident que le réchauf­fe­ment cli­ma­tique pro­voque, en effet, outre une évo­lu­tion de la tem­pé­ra­ture moyenne, une plus grande varia­bi­li­té des tem­pé­ra­tures autour de la moyenne5, et donc plus de phé­no­mènes extrêmes6. Et l’on n’ignore plus l’origine humaine dudit réchauf­fe­ment, bien qu’il reste encore des cli­ma­tos­cep­tiques très actifs notam­ment dans le pre­mier par­ti belge. En par­ti­cu­lier, des simu­la­tions publiées dès 2004 per­mettent de consi­dé­rer que l’activité humaine est l’un des fac­teurs déter­mi­nants de la vague de cha­leur de 2003 en Europe, l’une des plus intenses depuis l’enregistrement sys­té­ma­tique des tem­pé­ra­tures7. En d’autres termes, l’inaction poli­tique en matière de réduc­tion des émis­sions de gaz à effets de serre a très pro­ba­ble­ment une consé­quence lourde sur la vie de nos ainées et ainés. Bien sûr, qu’elles soient « main­te­nues » à domi­cile8 ou pla­cées dans des ins­ti­tu­tions totales que l’on qua­li­fie de l’euphémisme de « rési­dences », les per­sonnes âgées sont lar­ge­ment invi­si­bi­li­sées dans notre socié­té9. Mais ne fût-ce que parce que la famille demeure assez cen­trale dans « nos valeurs », nous ne sommes pas com­plè­te­ment igno­rants de ce qu’il advient d’elles.

Ain­si par nos modes de vie et avec un cer­tain effet retard lié à la phy­sique du réchauf­fe­ment, tout doit nous ame­ner à com­prendre que… nous sommes dans une socié­té qui tue ses anciennes et anciens. Plus pré­ci­sé­ment, vu la dyna­mique du réchauf­fe­ment, les habi­tudes de consom­ma­tion de la géné­ra­tion du baby-boom l’amènent aujourd’hui à être confron­tée aux consé­quences du modèle éco­no­mique dans lequel elle a pros­pé­ré, sans que cette confron­ta­tion n’implique le moindre chan­ge­ment radi­cal de la part des géné­ra­tions sui­vantes qui n’ont pas ces­sé de faire pire.

Pourquoi n’agissons-nous pas ?

Rares sont ceux qui sou­haitent voir mou­rir les ainées et ainés, alors pour­quoi n’agissons-nous pas ? Parce que pour répondre adé­qua­te­ment à ce qui se passe sous nos yeux, il faut sans doute bien plus qu’un plan qui se foca­li­se­rait sur « les soins aux séniors ». Pour atta­quer la racine du pro­blème, une rup­ture autre­ment plus radi­cale est indis­pen­sable dans l’organisation sociale, dans nos modes de pro­duc­tion et dans nos façons de vivre. Et à ce niveau, peut-être vou­lons-nous tout sim­ple­ment nous main­te­nir dans une illusion.

En 1974, le phi­lo­sophe liber­ta­rien Robert Nozick publiait Anar­chie, État et Uto­pie, un ouvrage dans lequel il défend sa concep­tion de « l’État mini­mal ». Pour fon­der sa théo­rie de l’État, il part d’une réflexion sur la morale et pro­pose une expé­rience de pen­sée deve­nue célèbre comme la « Machine à expé­riences de Nozick ». « Sup­po­sons qu’il existe une machine à expé­riences qui puisse vous four­nir toute expé­rience dont vous avez le désir. Des neu­ro­psy­cho­logues au top pour­raient sti­mu­ler votre cer­veau de manière à vous faire pen­ser ou res­sen­tir que vous écri­vez un roman excellent, ou que vous vous faites un ami, ou que vous lisez un livre inté­res­sant. Durant tout ce temps, vous flot­te­riez dans un réser­voir, avec des élec­trodes atta­chées à votre cer­veau. Vous bran­che­riez-vous à la machine pour votre vie entière, pré­pro­gram­mant les expé­riences de votre exis­tence ? » Et d’ajouter, pour mieux rendre la pro­po­si­tion allé­chante : « Si vous êtes inquiet de pas­ser à côté d’expériences dési­rables, on peut sup­po­ser que les firmes com­mer­ciales ont fait des recherches appro­fon­dies sur les vies de beau­coup d’autres per­sonnes. Vous pou­vez dès lors pio­cher et choi­sir dans leur large biblio­thèque ou “buf­fet d’expériences”, sélec­tion­ner vos expé­riences de vie pour, disons, les deux années à venir. Et, dans deux ans, vous aurez dix minutes ou dix heures hors du réser­voir pour choi­sir les expé­riences de vos deux pro­chaines années. Bien sûr, pen­dant que vous serez dans le réser­voir, vous ne sau­rez pas que vous y êtes, vous pen­se­rez que ces expé­riences sont réel­le­ment en train d’avoir lieu. […] Vous bran­che­riez-vous ? »10

Pour Nozick, la réponse la plus évi­dente est que non, nous ne nous bran­che­rions pas à la machine, parce que nous aimons agir, c’est-à-dire effec­tuer une action qui a un sens et un effet sur le réel. Il réfute par là l’un des pans de la pen­sée « uti­li­ta­riste » qui consi­dère l’hédonisme comme uti­li­té, c’est-à-dire comme source du bie­nêtre indi­vi­duel et col­lec­tif. Dans la tra­di­tion hédo­niste, en effet, « c’est l’expérience ou la sen­sa­tion du plai­sir qui consti­tue le bien suprême de l’humanité. C’est le seul bien qui soit une fin en soi et pour lequel tous les autres biens sont des moyens11 ». À suivre Nozick, si cette défi­ni­tion de l’utilité était valide, nous sau­te­rions avec joie dans le réser­voir de sa machine d’expériences.

En réa­li­té, on trouve chez nombre de pen­seurs, à de nom­breuses époques, qu’ils soient de droite comme de gauche12, la même logique : l’humain est carac­té­ri­sé par l’agir, au sens de la réa­li­sa­tion dans le réel de ce qu’il a ima­gi­né, et, dans cet agir, la conscience est centrale.

L’expérience de la consommation

Or pré­ci­sé­ment, ce qui est en jeu ici, c’est la conscience des effets du réchauf­fe­ment cli­ma­tique. Nous avons une cer­taine conscience, nous l’avons vu, pour nous qui pen­sons humains, pour­quoi serait-ce tel­le­ment dif­fi­cile de trans­for­mer la conscience en action ? C’est peut-être que d’une cer­taine manière, nous sommes pris mal­gré nous dans une sorte de machine à expé­riences… L’expérience concrète du consu­mé­risme nous amène à croire très pro­fon­dé­ment que tout a poten­tiel­le­ment une solu­tion com­mer­cia­li­sable et que l’on pour­ra donc un jour ache­ter. Il fait trop chaud, pour­quoi ne pas ache­ter un cli­ma­ti­seur ? Évi­dem­ment, le fait de l’utiliser implique d’aggraver le pro­blème, mais tant que le cli­ma­ti­seur fera son office, on n’en sen­ti­ra pas les effets. Pire, cette expé­rience pra­tique peut nous mener assez faci­le­ment à don­ner foi aux dis­cours d’idéologues qui nient le réchauf­fe­ment cli­ma­tique ou qui se veulent abso­lu­ment ras­su­rants quant à ses effets. Ain­si, l’idée que le pro­grès tech­no­lo­gique pour­ra trou­ver des solu­tions et qu’en plus, cela per­met­tra de faire tour­ner l’industrie, appa­rait par­fai­te­ment congruente de notre expé­rience pra­tique d’achats com­pul­sifs au rayon crème gla­cée du super­mar­ché local dont les sur­gé­la­teurs ouverts par des hordes de clients tournent à pleine puis­sance, et de suru­ti­li­sa­tion de notre spray « brume d’eau » pour res­ter hydra­té, lar­ge­ment recom­man­dé dans le sup­plé­ment spé­cial vacances d’un magazine.

L’expérience du consu­mé­risme capi­ta­liste agit comme un inhi­bi­teur de notre per­cep­tion du réel, elle aliène notre conscience, elle nous rend aveugle aux consé­quences de nos actes qui deviennent dès lors de plus en plus décon­nec­tés de leurs effets, qui ne prennent plus sens que dans la repro­duc­tion infi­nie de cette même expérience.

Ce n’est pas un hasard si par­mi les plus riches, les plus puis­sants, le cli­ma­to-rela­ti­visme peut se répandre assez faci­le­ment : leur expé­rience est celle d’une réa­li­té paral­lèle où, de toute façon, chaque pro­blème ou presque se résout lorsqu’on sort une carte de cré­dit. L’hédonisme aus­si pri­maire qu’assumé de Donald Trump fait d’une cer­taine manière explo­ser l’expérience de pen­sée de Nozick, en ce que le mil­liar­daire-pré­sident se branche volon­tai­re­ment à la machine, aux yeux de tous, peu importe ce qu’il en coute de la faire tour­ner, peu importe, même, que cela signi­fie renon­cer à son huma­ni­té. Et les faibles restes de conscience, il les balaie d’un revers de la main en affi­chant ouver­te­ment son refus de l’intelligence.

Un rap­port frai­che­ment publié par l’ONU pointe le risque d’un « apar­theid cli­ma­tique », indi­quant que les plus riches sont en train « d’acheter leur voie de sor­tie du réchauf­fe­ment cli­ma­tique », au détri­ment des plus pauvres qui sont de plus en plus mena­cés par la famine et l’exposition à la cha­leur. En uti­li­sant le sang des plus fra­giles, des plus pré­caires, les pri­vi­lé­giés peuvent de la sorte conti­nuer à flot­ter dans leurs réser­voirs, vivant les expé­riences per­mises par la consom­ma­tion outran­cière. Le risque est grand, dans notre orga­ni­sa­tion sociale qui laisse accroire que tout qui veut peut à son tour rejoindre le « top » des puis­sants, que ce com­por­te­ment inhu­main soit fina­le­ment par­ta­gé même par ceux et celles qui ont mieux conscience du réel, qui voient plus concrè­te­ment ce que coute le main­tien du sys­tème consu­mé­riste, dans le but qu’elles et ils aus­si puissent arri­ver à plon­ger dans le confort d’un plus grand réser­voir, offrant un panel d’expériences plus extravagantes.

Concrè­te­ment, nos ainées et nos ainés sont déjà en train de payer le prix du consu­mé­risme débri­dé et de notre refus de chan­ger de para­digme. Elles et ils ne sont pas les seules et seuls, nombre de dépla­cées et dépla­cés cli­ma­tiques pour­raient en témoi­gner, mais nos ainées et ainés nous sont bien plus proches ne fût-ce que géo­gra­phi­que­ment. Ils nous imposent de prendre conscience, de nous réveiller, de voir le réser­voir pour ce qu’il est. Et de faire un choix : conti­nuer à flot­ter, à la dérive d’expériences arti­fi­cielles, ou rede­ve­nir humains.

  1. Rol­let C., « La cani­cule de 1911. Obser­va­tions démo­gra­phiques et médi­cales et réac­tions poli­tiques », Annales de démo­gra­phie his­to­rique, 2010, 120 (2), p. 105 – 130.
  2. Hémon D. et Jou­gla E., Sur­mor­ta­li­té liée à la cani­cule d’aout 2003 — rap­port d’étape : esti­ma­tion de la sur­mor­ta­li­té et prin­ci­pales carac­té­ris­tiques épi­dé­mio­lo­giques, Inserm, 2003.
  3. Hao K., « Should a self-dri­ving car kill the baby or the grand­ma ? Depends on where you’re from », MIT Tech­no­lo­gy Review, 24 octobre 2018.
  4. Chris­ti­dis N., Jones G. S. et Stott P. A., « Dra­ma­ti­cal­ly increa­sing chance of extre­me­ly hot sum­mers since the 2003 Euro­pean heat­wave », Nature Cli­mate Change, 2015, 5, p. 46 – 50.
  5. Fischer E. M. et Knut­ti R., « Anthro­po­ge­nic contri­bu­tion to glo­bal occur­rence of hea­vy-pre­ci­pi­ta­tion and high-tem­pe­ra­ture extremes », Nature Cli­mate Change, 2015, 5, p. 560 – 564 ; Schär C. et al., « The role of increa­sing tem­pe­ra­ture varia­bi­li­ty in Euro­pean sum­mer heat­waves », Nature, 2004, 427, p. 332 – 336.
  6. On ne peut donc évi­dem­ment pas déduire, comme le sug­gé­rait Donald Trump sur le ton de l’ironie dans un tweet du 29 jan­vier 2019, que les vagues de tem­pé­ra­tures polaires (jusqu’à – 60 °C) qui ont frap­pé plu­sieurs États des Etats-Unis durant cet hiver démontrent qu’il n’y a pas de réchauf­fe­ment cli­ma­tique. Mieux encore, plu­sieurs modèles du réchauf­fe­ment per­mettent de décrire très fidè­le­ment ces évé­ne­ments extrêmes, qui vont sans doute se mul­ti­plier, ren­dant la vie humaine plus dif­fi­cile et ce, même dans nos contrées.
  7. Stott P. A., Stone D.A. et Allen M.R., « Human contri­bu­tion to the Euro­pean heat­wave of 2003 », Nature, 2004, 432, p. 610 – 614.
  8. Jean­mart C., Noël L., « Regards croi­sés sur le main­tien à domi­cile : per­sonnes âgées, aidants et pro­fes­sion­nels », La Revue nou­velle, 66(5 – 6), 2011.
  9. Capua­no C., Que faire de nos vieux ? Une his­toire de la pro­tec­tion sociale de 1880 à nos jours, Presses de Sciences Po, 2018.
  10. Nozick R., Anar­chy, State and Uto­pia, pre­mière ed. 1974, Bla­ck­well, 1999, p. 44 – 45. Trad. de l’auteur.
  11. Kym­li­cka W., Les théo­ries de la jus­tice : une intro­duc­tion, trad. Marc Saint-Upé­ry, La Décou­verte, 2003, p. 21.
  12. Voir von Mises L., Human Action. A Trea­tise on Eco­no­mics, 1989 (1945), von Mises Ins­ti­tute, p. 13 sq ou Marx K., Le Capi­tal, 1867, III, 7.

Renaud Maes


Auteur

Renaud Maes est docteur en Sciences (Physique, 2010) et docteur en Sciences sociales et politiques (Sciences du Travail, 2014) de l’université libre de Bruxelles (ULB). Il a rejoint le comité de rédaction en 2014 et, après avoir coordonné la rubrique « Le Mois » à partir de 2015, il était devenu rédacteur en chef de La Revue nouvelle de 2016 à 2022. Il est également professeur invité à l’université Saint-Louis (Bruxelles) et à l’ULB, et mène des travaux de recherche portant notamment sur l’action sociale de l’enseignement supérieur, la prostitution, le porno et les comportements sexuels, ainsi que sur le travail du corps. Depuis juillet 2019, il est président du comité belge de la Société civile des auteurs multimédia (Scam.be).