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Tant pis pour les gosses !
Il ne faut rien céder, nous sommes des démocrates, nous devons montrer et enseigner à nos enfants. « Il faut définitivement les convaincre que l’islam est une religion violente. »
Depuis que les fondamentalistes musulmans nous ont convaincus que la meilleure manière de défendre notre honneur de démocrates était de n’avoir de cesse de publier des caricatures du Prophète, nous sommes engagés dans un bras de fer sans pitié. Les musulmans radicaux protestent et insultent, nous republions ; ils tuent, nous montrons aux enfants ; ils manifestent, nous diffusons sur les réseaux sociaux ; et ainsi de suite.
Ce cercle n’est pas vicieux, bien au contraire. Il nous permet de défendre notre vertu de démocrates sur la seule foi d’une liberté d’expression absolue (du moins à propos de l’islam), sans avoir à nous interroger sur nos politiques migratoires et sur les camps de réfugiés, à nous pencher sur le sort des sans abris, à faire notre examen de conscience face aux violences faites aux femmes, à soutenir concrètement les démocrates des pays musulmans ou à questionner les accointances de nos élus avec l’extrême droite. Il est donc primordial de ne rien lâcher, sous peine de nous voir contraints de faire la preuve de plus désagréable manière que nous sommes bien des parangons de démocrates.
Un des derniers épisodes de ce combat sans pitié contre l’obscurantisme fait suite à l’initiative d’un enseignant du primaire, qui, pour prémunir nos enfants contre le péril islamiste, leur montra des caricatures du Prophète. Il exhiba à sa classe de cinquième année, un dessin plein de subtilité, intitulé « Mahomet : une étoile est née ». Cette œuvre maitresse de la libre expression occidentale représente un Prophète barbu et nu, à l’exception d’un turban (si l’habit ne fait pas le moine, le turban, lui, fait le Prophète), à quatre pattes en vue de trois-quarts arrière, l’anus remplacé par une subtile étoile à cinq branches, les testicules et la verge pendante, une goutte tombant de l’extrémité de cette dernière1.
En réaction, les autorités communales responsables de l’école mirent temporairement à pied l’enseignant, dans l’attente de la décision de l’autorité disciplinaire compétente. Personne ne connait le contexte précis ni les intentions de l’enseignant, nul n’a vraiment prêté attention au fait que les autorités avaient pris leur décision sur la base de l’obscénité du dessin et non du fait qu’il représentait le Prophète et, au fond, cela importe peu. Finalement, les éléments du dossier importent peu aux combattants de la liberté qui, sur les réseaux sociaux, luttent pied à pied contre l’hydre islamiste. Dans ce cadre, tout est bon et il est inutile de s’attarder à comprendre l’évènement lui-même.
Il y a donc lieu de se réjouir de la vigueur des réactions en ligne. En effet, de partout, on entendit s’élever des voix prenant la défense de l’enseignant contre les odieux complices de l’islamisme qui le désapprouvaient. Eh quoi ? Ne peut-on plus montrer des dessins de parties génitales à des enfants prépubères ? Faudrait-il prendre des précautions avant d’importer à l’école le registre homophobe de l’humiliation par la sodomie ? Devrions-nous réfléchir avant de faire usage de notre liberté d’expression, alors que chacun sait qu’elle est absolue dès lors qu’il s’agit de s’en prendre à l’islam ?
Peut-être l’enseignant a‑t-il de bonnes raisons, peut-être a‑t-il pris les précautions qui s’imposaient, peut-être même les faits ne sont-ils pas avérés, qu’importe ! Sans rien en savoir, en ligne, chacun se déclarait prêt au sacrifice de ses enfants pour la sauvegarde de la patrie et de la démocratie. Nos enfants, ne pourraient-ils de toute façon pas voir pire sur Internet et le pire de l’Internet ne peut-il dès lors constituer la normalité scolaire ? Ne faut-il pas, de toute façon, convenir sans réserve de la valeur éducative du dessin qui est de toute évidence destiné à tous les publics ? Celle-ci n’a pu échapper à des élèves de dix et onze ans. Ils n’ont pu manquer d’y voir la fierté de la société occidentale qui, brandissant le fanal de la Raison derrière le bouclier des libertés publiques, n’hésite pas à s’en prendre aux divinités pour émanciper l’être humain. Il n’y a aucun doute que cette subtile évocation de la sodomie d’un prophète leur a ouvert les yeux sur l’importance de s’élever contre les idéologies mortifères et d’être aux côtés des plus faibles : femmes, mécréants, homosexuels ou encore fascistes. Il est indubitable que la vision d’un tel dessin, quel que soit le contexte, ne peut manquer de faire souffler sur eux nos inébranlables valeurs de tolérance, d’ouverture et de respect.
Nous sommes les plus forts et les plus libres, faisons-le savoir ! Montrons des bites aux gamines de onze ans, des otages décapités par Daesh aux petits de sept, des moutons égorgés à ceux de trois. Ils seront choqués ? Peut-être, mais ils seront aussi définitivement convaincus de l’ignominie de l’islam, religion violente et pudibonde. Un tel enseignement ne vaut-il pas quelque sacrifice ? De toute façon, nous haïssons plus les musulmans que nous ne tenons à protéger nos enfants.
- Pour vous administrer à vous-mêmes une dose de vaccin autoradicalisation, et ainsi vous éviter de devenir un terroriste islamiste, je ne peux que vous engager à rechercher l’image en ligne en introduisant le titre de cette caricature dans votre moteur de recherche préféré.