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Tant pis pour les gosses !

Blog - Anathème - caricatures Islamisme musulman.e par Anathème

novembre 2020

Il ne faut rien céder, nous sommes des démo­crates, nous devons mon­trer et ensei­gner à nos enfants. « Il faut défi­ni­ti­ve­ment les convaincre que l’islam est une reli­gion violente. »

Anathème

Depuis que les fon­da­men­ta­listes musul­mans nous ont convain­cus que la meilleure manière de défendre notre hon­neur de démo­crates était de n’avoir de cesse de publier des cari­ca­tures du Pro­phète, nous sommes enga­gés dans un bras de fer sans pitié. Les musul­mans radi­caux pro­testent et insultent, nous repu­blions ; ils tuent, nous mon­trons aux enfants ; ils mani­festent, nous dif­fu­sons sur les réseaux sociaux ; et ain­si de suite.

Ce cercle n’est pas vicieux, bien au contraire. Il nous per­met de défendre notre ver­tu de démo­crates sur la seule foi d’une liber­té d’expression abso­lue (du moins à pro­pos de l’islam), sans avoir à nous inter­ro­ger sur nos poli­tiques migra­toires et sur les camps de réfu­giés, à nous pen­cher sur le sort des sans abris, à faire notre exa­men de conscience face aux vio­lences faites aux femmes, à sou­te­nir concrè­te­ment les démo­crates des pays musul­mans ou à ques­tion­ner les accoin­tances de nos élus avec l’extrême droite. Il est donc pri­mor­dial de ne rien lâcher, sous peine de nous voir contraints de faire la preuve de plus désa­gréable manière que nous sommes bien des paran­gons de démocrates.

Un des der­niers épi­sodes de ce com­bat sans pitié contre l’obscurantisme fait suite à l’initiative d’un ensei­gnant du pri­maire, qui, pour pré­mu­nir nos enfants contre le péril isla­miste, leur mon­tra des cari­ca­tures du Pro­phète. Il exhi­ba à sa classe de cin­quième année, un des­sin plein de sub­ti­li­té, inti­tu­lé « Maho­met : une étoile est née ». Cette œuvre mai­tresse de la libre expres­sion occi­den­tale repré­sente un Pro­phète bar­bu et nu, à l’exception d’un tur­ban (si l’habit ne fait pas le moine, le tur­ban, lui, fait le Pro­phète), à quatre pattes en vue de trois-quarts arrière, l’anus rem­pla­cé par une sub­tile étoile à cinq branches, les tes­ti­cules et la verge pen­dante, une goutte tom­bant de l’extrémité de cette der­nière1.

En réac­tion, les auto­ri­tés com­mu­nales res­pon­sables de l’école mirent tem­po­rai­re­ment à pied l’enseignant, dans l’attente de la déci­sion de l’autorité dis­ci­pli­naire com­pé­tente. Per­sonne ne connait le contexte pré­cis ni les inten­tions de l’enseignant, nul n’a vrai­ment prê­té atten­tion au fait que les auto­ri­tés avaient pris leur déci­sion sur la base de l’obscénité du des­sin et non du fait qu’il repré­sen­tait le Pro­phète et, au fond, cela importe peu. Fina­le­ment, les élé­ments du dos­sier importent peu aux com­bat­tants de la liber­té qui, sur les réseaux sociaux, luttent pied à pied contre l’hydre isla­miste. Dans ce cadre, tout est bon et il est inutile de s’attarder à com­prendre l’évènement lui-même.

Il y a donc lieu de se réjouir de la vigueur des réac­tions en ligne. En effet, de par­tout, on enten­dit s’élever des voix pre­nant la défense de l’enseignant contre les odieux com­plices de l’islamisme qui le désap­prou­vaient. Eh quoi ? Ne peut-on plus mon­trer des des­sins de par­ties géni­tales à des enfants pré­pu­bères ? Fau­drait-il prendre des pré­cau­tions avant d’importer à l’école le registre homo­phobe de l’humiliation par la sodo­mie ? Devrions-nous réflé­chir avant de faire usage de notre liber­té d’expression, alors que cha­cun sait qu’elle est abso­lue dès lors qu’il s’agit de s’en prendre à l’islam ?

Peut-être l’enseignant a‑t-il de bonnes rai­sons, peut-être a‑t-il pris les pré­cau­tions qui s’imposaient, peut-être même les faits ne sont-ils pas avé­rés, qu’importe ! Sans rien en savoir, en ligne, cha­cun se décla­rait prêt au sacri­fice de ses enfants pour la sau­ve­garde de la patrie et de la démo­cra­tie. Nos enfants, ne pour­raient-ils de toute façon pas voir pire sur Inter­net et le pire de l’Internet ne peut-il dès lors consti­tuer la nor­ma­li­té sco­laire ? Ne faut-il pas, de toute façon, conve­nir sans réserve de la valeur édu­ca­tive du des­sin qui est de toute évi­dence des­ti­né à tous les publics ? Celle-ci n’a pu échap­per à des élèves de dix et onze ans. Ils n’ont pu man­quer d’y voir la fier­té de la socié­té occi­den­tale qui, bran­dis­sant le fanal de la Rai­son der­rière le bou­clier des liber­tés publiques, n’hésite pas à s’en prendre aux divi­ni­tés pour éman­ci­per l’être humain. Il n’y a aucun doute que cette sub­tile évo­ca­tion de la sodo­mie d’un pro­phète leur a ouvert les yeux sur l’importance de s’élever contre les idéo­lo­gies mor­ti­fères et d’être aux côtés des plus faibles : femmes, mécréants, homo­sexuels ou encore fas­cistes. Il est indu­bi­table que la vision d’un tel des­sin, quel que soit le contexte, ne peut man­quer de faire souf­fler sur eux nos inébran­lables valeurs de tolé­rance, d’ouverture et de respect.

Nous sommes les plus forts et les plus libres, fai­sons-le savoir ! Mon­trons des bites aux gamines de onze ans, des otages déca­pi­tés par Daesh aux petits de sept, des mou­tons égor­gés à ceux de trois. Ils seront cho­qués ? Peut-être, mais ils seront aus­si défi­ni­ti­ve­ment convain­cus de l’ignominie de l’islam, reli­gion vio­lente et pudi­bonde. Un tel ensei­gne­ment ne vaut-il pas quelque sacri­fice ? De toute façon, nous haïs­sons plus les musul­mans que nous ne tenons à pro­té­ger nos enfants.

  1. Pour vous admi­nis­trer à vous-mêmes une dose de vac­cin auto­ra­di­ca­li­sa­tion, et ain­si vous évi­ter de deve­nir un ter­ro­riste isla­miste, je ne peux que vous enga­ger à recher­cher l’image en ligne en intro­dui­sant le titre de cette cari­ca­ture dans votre moteur de recherche préféré.

Anathème


Auteur

Autrefois roi des rats, puis citoyen ordinaire du Bosquet Joyeux, Anathème s'est vite lassé de la campagne. Revenu à la ville, il pose aujourd'hui le regard lucide d'un monarque sans royaume sur un Royaume sans… enfin, sur le monde des hommes. Son expérience du pouvoir l'incite à la sympathie pour les dirigeants et les puissants, lesquels ont bien de la peine à maintenir un semblant d'ordre dans ce monde qui va à vau-l'eau.