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Ruissèlement
Un des principes structurant des politiques menées par l’actuel (et visionnaire) gouvernement fédéral est celui du ruissèlement : l’argent que peuvent gagner les riches est dépensé par eux à mille et une occasions, permettant à des dizaines de personnes de gagner leur vie, du majordome au valet-de-pisse et du trader à l’enfant indonésien. Ce principe de ruissèlement fut longtemps […]
Un des principes structurant des politiques menées par l’actuel (et visionnaire) gouvernement fédéral est celui du ruissèlement : l’argent que peuvent gagner les riches est dépensé par eux à mille et une occasions, permettant à des dizaines de personnes de gagner leur vie, du majordome au valet-de-pisse et du trader à l’enfant indonésien.
Ce principe de ruissèlement fut longtemps mis en doute par d’odieux gauchistes qui ne juraient que par la lutte des classes, la collectivisation et la confiscation étatique des bénéfices honnêtement engrangés sur la plus-value du travail. Heureusement, le principe guerrier de lutte des classes est aujourd’hui tombé en désuétude au profit de celui, bien plus positif, de collaboration servile. Car enfin, quel meilleur moyen de s’attirer une pluie de piécettes que de servir un riche ?
Aujourd’hui, tous les partis traditionnels ont reconnu les bénéfices du ruissèlement et savent se montrer patients en guettant ses retombées. En effet, comme pour l’eau minérale, il faut parfois attendre que s’achève un long parcours souterrain, au travers de paradis fiscaux, de comptes offshore et de sociétés-écran pour que jaillisse la bienfaisante source de revenus, délicieusement pétillante, chargée d’oligo-excréments et de bienfaisants minéraux.
Voilà que tous les niveaux de pouvoir développent des politiques axées sur le ruissèlement, du fédéral au communal.
C’est dans ce cadre qu’un socialiste au grand cœur et visionnaire a favorisé le développement du Samu social. Plutôt que de se contenter de soutenir directement les miséreux, il a fait le choix de permettre à une troupe d’affidés de se servir abondamment dans la caisse afin, par leurs dépenses somptuaires, de relancer la machine économique et, ainsi, d’accélérer l’inclusion sociale des plus faibles.
De la même manière, à Anvers, le salaire du président du CPAS a été récemment quadruplé, lui donnant les moyens de faire ruisseler l’or et la myrrhe autour de lui. Qui mieux qu’un président de CPAS peut-il savoir comment dépenser de l’argent au profit des plus vulnérables ?
Au-delà de ces deux exemples, une recherche en ligne pour les mots-clés « scandale CPAS » indique que le mouvement est lancé depuis un moment, même s’il suscite des réactions. Mais il en a toujours été ainsi pour les réformes libérales. Rappelons-nous l’opposition à Margaret Thatcher ou à Ronald Reagan, les quolibets adressés à Guy « Baby-Thatcher » Verhofstadt, les virulentes critiques des politiques d’Angela Merkel. Il n’empêche qu’aujourd’hui, bien que l’on attende toujours le plein effet des dérégulations, privatisations et délocalisations, chacun convient que l’avenir est radieux et que nous sommes à la veille de lendemains qui chantent… ou à l’avant-veille. Ce qui, hier encore, provoquait des levées de boucliers est aujourd’hui avalisé et généralisé sans question ni contestation.
Comme nous l’avions fait observer à propos de « l’affaire Publifin » (ici, ici et ici aussi), les esprits chagrins se lamentent, mais c’est un monde meilleur qui s’annonce. Un monde dans lequel, à nouveau, les pauvres pourront se tenir debout, fiers de leur dignité retrouvée, heureux de leur contribution au bien-être des puissants, brûlant de bénéficier du ruissèlement du bien qu’ils leur auront fait.
Encore un peu de patience, ça ne saurait tarder.