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Ruissèlement

Blog - Anathème par Anathème

juillet 2017

Un des prin­cipes struc­tu­rant des poli­tiques menées par l’actuel (et vision­naire) gou­ver­ne­ment fédé­ral est celui du ruis­sè­le­ment : l’argent que peuvent gagner les riches est dépen­sé par eux à mille et une occa­sions, per­met­tant à des dizaines de per­sonnes de gagner leur vie, du major­dome au valet-de-pisse et du tra­der à l’enfant indo­né­sien.  Ce prin­cipe de ruis­sè­le­ment fut longtemps […]

Anathème

Un des prin­cipes struc­tu­rant des poli­tiques menées par l’actuel (et vision­naire) gou­ver­ne­ment fédé­ral est celui du ruis­sè­le­ment : l’argent que peuvent gagner les riches est dépen­sé par eux à mille et une occa­sions, per­met­tant à des dizaines de per­sonnes de gagner leur vie, du major­dome au valet-de-pisse et du tra­der à l’enfant indonésien. 

Ce prin­cipe de ruis­sè­le­ment fut long­temps mis en doute par d’odieux gau­chistes qui ne juraient que par la lutte des classes, la col­lec­ti­vi­sa­tion et la confis­ca­tion éta­tique des béné­fices hon­nê­te­ment engran­gés sur la plus-value du tra­vail. Heu­reu­se­ment, le prin­cipe guer­rier de lutte des classes est aujourd’hui tom­bé en désué­tude au pro­fit de celui, bien plus posi­tif, de col­la­bo­ra­tion ser­vile. Car enfin, quel meilleur moyen de s’attirer une pluie de pié­cettes que de ser­vir un riche ?

Aujourd’hui, tous les par­tis tra­di­tion­nels ont recon­nu les béné­fices du ruis­sè­le­ment et savent se mon­trer patients en guet­tant ses retom­bées. En effet, comme pour l’eau miné­rale, il faut par­fois attendre que s’achève un long par­cours sou­ter­rain, au tra­vers de para­dis fis­caux, de comptes off­shore et de socié­tés-écran pour que jaillisse la bien­fai­sante source de reve­nus, déli­cieu­se­ment pétillante, char­gée d’oligo-excréments et de bien­fai­sants minéraux.

Voi­là que tous les niveaux de pou­voir déve­loppent des poli­tiques axées sur le ruis­sè­le­ment, du fédé­ral au communal.

C’est dans ce cadre qu’un socia­liste au grand cœur et vision­naire a favo­ri­sé le déve­lop­pe­ment du Samu social. Plu­tôt que de se conten­ter de sou­te­nir direc­te­ment les misé­reux, il a fait le choix de per­mettre à une troupe d’affidés de se ser­vir abon­dam­ment dans la caisse afin, par leurs dépenses somp­tuaires, de relan­cer la machine éco­no­mique et, ain­si, d’accélérer l’inclusion sociale des plus faibles.

De la même manière, à Anvers, le salaire du pré­sident du CPAS a été récem­ment qua­dru­plé, lui don­nant les moyens de faire ruis­se­ler l’or et la myrrhe autour de lui. Qui mieux qu’un pré­sident de CPAS peut-il savoir com­ment dépen­ser de l’argent au pro­fit des plus vulnérables ? 

Au-delà de ces deux exemples, une recherche en ligne pour les mots-clés « scan­dale CPAS » indique que le mou­ve­ment est lan­cé depuis un moment, même s’il sus­cite des réac­tions. Mais il en a tou­jours été ain­si pour les réformes libé­rales. Rap­pe­lons-nous l’opposition à Mar­ga­ret That­cher ou à Ronald Rea­gan, les quo­li­bets adres­sés à Guy « Baby-That­cher » Verhof­stadt, les viru­lentes cri­tiques des poli­tiques d’Angela Mer­kel. Il n’empêche qu’aujourd’hui, bien que l’on attende tou­jours le plein effet des déré­gu­la­tions, pri­va­ti­sa­tions et délo­ca­li­sa­tions, cha­cun convient que l’avenir est radieux et que nous sommes à la veille de len­de­mains qui chantent… ou à l’avant-veille. Ce qui, hier encore, pro­vo­quait des levées de bou­cliers est aujourd’hui ava­li­sé et géné­ra­li­sé sans ques­tion ni contestation. 

Comme nous l’avions fait obser­ver à pro­pos de « l’affaire Publi­fin » (ici, ici et ici aus­si), les esprits cha­grins se lamentent, mais c’est un monde meilleur qui s’annonce. Un monde dans lequel, à nou­veau, les pauvres pour­ront se tenir debout, fiers de leur digni­té retrou­vée, heu­reux de leur contri­bu­tion au bien-être des puis­sants, brû­lant de béné­fi­cier du ruis­sè­le­ment du bien qu’ils leur auront fait. 

Encore un peu de patience, ça ne sau­rait tarder.

Anathème


Auteur

Autrefois roi des rats, puis citoyen ordinaire du Bosquet Joyeux, Anathème s'est vite lassé de la campagne. Revenu à la ville, il pose aujourd'hui le regard lucide d'un monarque sans royaume sur un Royaume sans… enfin, sur le monde des hommes. Son expérience du pouvoir l'incite à la sympathie pour les dirigeants et les puissants, lesquels ont bien de la peine à maintenir un semblant d'ordre dans ce monde qui va à vau-l'eau.