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Pologne, cimetières et solidarités
Quand il m’a parlé des visites au cimetière le 1er novembre, je me suis souvenu des récits d’Andrzej Stasiuk : « Le jour des Défunts » et « Les feux follets des morts » — publiés dans le mélancolique recueil Fado. J’ai découvert l’écrivain polonais il y a une dizaine années ; il vit dans les Carpates, près de la frontière ukrainienne, […]
Quand il m’a parlé des visites au cimetière le 1er novembre, je me suis souvenu des récits d’Andrzej Stasiuk : « Le jour des Défunts » et « Les feux follets des morts » — publiés dans le mélancolique recueil Fado. J’ai découvert l’écrivain polonais il y a une dizaine années ; il vit dans les Carpates, près de la frontière ukrainienne, au pays des Lemkos — peuple ruthénien déporté lors de l’opération Vistule, en 1947. Ces récits aussi tranchants que tendres d’un Polonais sillonnant l’Europe post-communiste sont captivants. Les chemins de Stasiuk croisent souvent les miens, venus de l’autre côté : Transylvanie, Montagnes d’Albanie, plaine hongroise, Ukraine subcarpatique, Slovénie, Valachie, Pologne… Son regard est différent du nôtre, mais je retrouve un peu de moi chez lui.
J’ai donc souri lorsque cet ami de Varsovie m’a écrit : « Si tu arrives le 31 octobre, désolé, mais on prévoit déjà comment t’organiser le 1er novembre. À nous aussi d’ailleurs : c’est la visite obligatoire d’un ou plusieurs cimetières. Ce n’est pas très méchant, je dirais même que c’est très beau et impressionnant, le seul pépin, pour moi du moins, c’est qu’il y a trop de monde. » L’écrivain des Carpates m’est revenu d’un coup en mémoire, et j’ai relu ces deux textes prenants ; je ne me sentais ni désolé ni obligé.
Comme l’écrit Stasiuk : « Le jour des Défunts, un voyage à travers la Pologne ressemble à un rêve ou à un conte. Des feux brûlent dans les ténèbres. Sur les collines, en dehors des villes, dans les lieux déserts et obscurs, suspendus dans l’immensité de la nuit comme des tapis volants clignotants, comme des mirages de feux follets, des spectres tissés de flammèches dorées, rouges et vertes animent les cimetières. » Une fois que les familles ont déposé leurs bougies dans des bocaux de verre colorés pour les protéger de la pluie et du vent, « les cimetières restent déserts, illuminés ». Et il ajoute : « C’est l’un des spectacles les plus émouvants que l’on puisse voir en Pologne. Cette image en dit plus à notre propos que ce que nous sommes capables d’expliquer et de concevoir. »1
Champs de bougies
Mon dernier séjour à Varsovie remontait à décembre 1989, lors d’une expédition avec un parent polonais dans une camionnette bourrée de nourriture et d’électro-ménager. Hormis les six heures d’attente à la frontière de Frankfurt-am-Oder, je ne me souviens plus de la route, sinon qu’elle était silencieuse, les bourgs traversés vides et lugubres. Et puis, à Varsovie même : les lumières du Palais de la culture et de la science offert par Staline irisaient les nuées ; les remparts de briques de la vieille ville surplombaient la Vistule ; la « Voie royale » était glacée et l’odeur doucereuse du charbon planait partout. Mon chemin m’avait ensuite conduit à Lublin et à Cracovie — une autre histoire.
Un quart de siècle plus tard, plutôt que de faire un aller-retour Bruxelles-Gdańsk pour participer aux trois jours de rencontre organisés par Eurozine — un réseau européen d’une centaine de revues, dont La Revue nouvelle est membre — j’avais choisi de prendre le chemin des écoliers et de rendre visite à cet ami de Varsovie, rencontré lors d’un voyage cycliste (par hasard, nous nous étions trouvés voisins — et trempés — dans un camping néerlandais). Il venait de Pologne, je m’y rendais. Pour ceux qui en douteraient encore, la situation actuelle n’a plus grand chose à voir avec le dénuement — hors les magasins « Pewex » où l’on payait en devises — que je décrivais en 1989, dans un récit titré « Voyage en grande pénurie » (clin d’œil à Michaux), publié par le magazine La Cité.
La Varsovie moderne s’étire aujourd’hui le long de ses boulevards à six ou huit bandes de circulation, enfouissant le piéton sous terre pour les traverser ; les cyclistes étouffent un peu, même si les pistes cyclables sont nombreuses. Les transports publics sont variés et bien organisés. La « nouvelle vieille ville », héroïquement reconstruite après la guerre ainsi que le Palais royal face à la statue de Sigismond, commencent à prendre une vraie patine au point d’avoir besoin de restauration. Bref, une grande métropole européenne pleine de ressources que je n’ai fait qu’effleurer avec bonheur. Mes amis, favorisés par l’ouverture économique du pays, vivent dans un logement nettement plus confortable que celui de mon cousin à la camionnette. Et ils se rendent au boulot à vélo… Mais la situation politique actuelle est inquiétante et ils participent aux manifestations contre le pouvoir, qui remet en question les fondements de l’État de droit et la liberté des médias.
Venons-en aux cimetières le 1er novembre. Ils sont nombreux et la météo est en rapport, balançant entre crachin et bourrasques ; le plafond est bas. La veille au soir, déjà, j’étais allé visiter — comme un hors d’œuvre clandestin – la nécropole soviétique où scintillaient quelques petites bougies à la nuit tombante. On devinait un gigantesque monument toisant des milliers de sépultures, des soldats qui ne semblaient pas tous de l’Armée rouge. Le fils de mon hôte a apporté des cierges. Il semble choisir les tombes au hasard ; un peu d’esprit de contradiction d’« ennemis de la patrie » face au nationalisme ambiant ? Le lendemain, on commence (avant le cimetière catholique et l’autre, militaire, où reposent les Gloires de la Nation) par le cimetière juif, miraculeusement préservé après les dévastations de la guerre et la destruction du ghetto : muré, boisé, hérissé de stèles, bossu, tapissé de feuilles mortes, sans autre horizon qu’une lointaine ligne de briques. Des Juifs orthodoxes psalmodient avec ardeur, des jeunes frottent du papier sur les tombes pour relever l’empreinte des motifs — et nous déambulons d’un clos à l’autre.
Puis vient le cimetière catholique voisin, encore plus grand celui-là et parcouru par une foule patiente et fidèle à son rendez-vous annuel. Parmi elle, des militaires dont mon hôte méfiant décortique les uniformes : « Ce ne sont pas des gens de l’armée mais des milices ! » Brassées de fleurs, gerbes de bougies, colliers d’obwarzanki (petits pains troués), crachin continu. Le cimetière est immense avec ses milliers de bougies ; l’on se perd dans ses allées sans fin, interpellés par des dizaines d’hommes et de femmes qui collectent de l’argent pour une cause mémorielle qui m’échappe. On tente de rejoindre le minuscule cimetière tatar, coincé de l’autre côté. La tombe fleurie d’Amurat Jakubowski, né Yaguboglu en 1914 en Crimée, est surmontée d’un croisant. On trouve une multitude de cimetières à Varsovie, dont un karaïme (Tatars de Crimée convertis au judaïsme).
Enfin, voilà le cimetière dit « militaire » (Powązki Wojskowe) que l’on rejoint les pieds trempés : c’est le plus éclairé de tous, car la nuit tombe. La vue est stupéfiante : un océan de bougies dans leurs bocaux rouges, blancs et verts, cliquetant sous la pluie qui tombe à petites gouttes. Ici la tombe de Jacek Kuron (sans croix), l’intellectuel du comité de défense des ouvriers (le KOR), là celle de Tadeusz Mazowiecki (avec une croix), premier chef de gouvernement non communiste, qui était au pouvoir lors de mon voyage de 1989. Plus loin, le cinéaste Krzysztof Kieślowski ou l’écrivain Władysław Reymont (Nobel 1924). Des dizaines d’allées bordées d’arbres, des bosquets, des pelouses détrempées. Un peu plus loin, une étrange stèle en forme de croix brisée symbolise l’avion présidentiel (où se trouvait le président Lech Kaczyński) qui s’est écrasé à Smolensk, quelques heures avant les cérémonies du massacre de Katyn. Un monument similaire trône face au Palais présidentiel, que fréquente Jarosław Kaczyński, le frère jumeau du défunt, qui préside le parti au pouvoir (le PIS). La thèse du complot russe semble remise à l’honneur par le nouveau pouvoir, m’expliquent mes amis varsoviens.
Congrès et chantiers
Le train qui circule de Varsovie à Gdańsk ressemble à un TGV – il est d’ailleurs fabriqué par Alstom – mais un peu moins rapide. Le paysage est gris souris, mon camarade varsovien et moi-même somnolons une partie du trajet. La vingt-septième rencontre d’Eurozine, remarquablement co-organisée avec le Centre européen de solidarité (ECS, Gdańsk), la revue polonaise Respublica et l’Institut des sciences de l’homme (IWM, Vienne), est consacrée à « la mobilisation autour des communs »2. Le réseau est par ailleurs dirigé depuis 2015 par des Polonais ; le rédacteur en chef de la revue Eurozine en ligne est Wojciech Przybylski (également rédacteur en chef de Respublica) et Filip Zieliński en le directeur opérationnel. La rencontre se déroule dans le Centre européen de solidarité construit dans les anciens chantiers navals de Gdańsk, le berceau de Solidarność. Une poignée d’intellectuels polyglottes de diverses provenances (surtout de l’est et du nord de l’Europe) se pressent au mythique portique du chantier, décoré du drapeau polonais, d’une photo de Jean-Paul II et de la Vierge noire de Częstochowa. Nous passons devant le bureau de pointage. C’était donc ici…
En arrière-plan, le bâtiment impressionnant en forme de navire, l’ECS, à la fois musée du mouvement syndical polonais et un centre de congrès consacré au thème de la solidarité en Europe. Le voyage nous fait en quelque sorte passer de la solidarité avec les morts à celle que nous devons aux vivants ; cela autour du thème des « communs », ces biens collectifs qui ne devraient relever ni du marché, ni de l’État, mais de la communauté. La montée des populismes, le Brexit, l’élection présidentielle autrichienne – qui inquiète les fondateurs d’Eurozine, majoritairement originaires de Vienne — et la menace de Trump (qui ne sera élu qu’au lendemain de la rencontre de Gdańsk) sont dans tous les esprits et filtrent dans de nombreux exposés et panels. Car la question qui revient fréquemment est celle de savoir qui est le « nous » des communs ; « nous » inclusivement universel ou un « nous » plus restreint ? La réponse n’est pas univoque.
Des témoins de l’époque Solidarność, comme le sociologue Michel Wievorka — qui étudia le mouvement social avec Alain Touraine, Jan Strzelski et François Dubet3 — ou le politologue américain David Ost4 font partie des intervenants. Il suffit de regarder les symboles du mouvement, le drapeau polonais dans le logo, la forte présence du catholicisme, la figure totémique de Jean-Paul II, pour se rendre compte que le « nous » de Solidarność n’était pas universel-abstrait, « sans substance ». Wievorka glisse des anecdotes en privé, un professeur de Columbia d’origine juive polonaise témoigne. Passé et présent se mélangent, mais qui est ce « nous », s’il n’est pas universel ? Et notre petit groupe cosmopolite, qui vient des quatre capitales de l’Europe, est-il si universel avec ses codes, ses préséances et ses rites ? A table, chacun se place selon son rang.
Les débats se déroulent dans l’immense auditorium de l’ECS, un peu trop vaste pour la centaine de participants et quelques curieux qui viennent parfois jeter un coup d’œil sur ces doctes intellectuels rompus aux colloques, échangeant dans un anglais bigarré. Ceux qui surgissent timidement dans l’auditoire sont en training avec casquette de base-ball, des populaires qui viennent en pèlerinage et ont peut-être voté pour le PIS. Au fond, c’est bien d’eux que l’on parle mais ils ne sont pas invités à dire ce qu’ils pensent. Un journaliste anglais de Politico, pourfendeur du Brexit, met les pieds dans le plat : « On aurait dû inviter des gens représentant le pouvoir actuel, pour entendre ce qu’ils disent ». Cela aurait peut-être permis d’éviter cet « entre nous » parfois pesant. Mais contrairement à la précédente édition de Conversano, dans les Pouilles en Italie, centrée sur les flux migratoires, les frontières et la « forteresse Europe » les débats sont ici plus vifs, les désaccords parfois ouverts. J’ai le sentiment que le sujet n’est pas tellement différent, mais que la certitude universaliste et inclusive a cédé du terrain. On a gagné en intelligence et en modestie. Un politologue bulgare travaillant à l’Institut des Sciences de l’Homme de Vienne (IWM), particulièrement éloquent, évoque notamment le lien entre le recul des certitudes universalistes sous le choc des migrations et le repli national5.
De Copernic à Donald
Et puis il y a Gdańsk, ville reconstruite qui vécut le début de la guerre à Westerplatte, île sableuse à l’embouchure de la Vistule où la seconde guerre mondiale a officiellement commencé. Nous décidons de la visiter en compagnie d’une sociologue ukrainienne et d’un des organisateurs de la rencontre de Conversano. Nos pas nous conduisent à la Bazylika Mariacka, une des plus grandes églises en brique au monde, surplombant toute la ville du haut de ses quatre-vingt-deux mètres. Une porte étroite nous ouvre le bas de l’escalier en spirale que nous remontons lentement, avant de traverser des salles vides parcourues d’escaliers de bois couverts de toiles d’araignées. Un décor qui rappelle la bibliothèque du Nom de la Rose d’Umberto Eco. Le bibliothécaire aveugle à la bouche écumante va-t-il apparaître en brandissant le livre d’Aristote sur le rire ?
Une petite plate-forme recouvre le sommet de la Bazylika Mariacka, d’où la vue sur la ville et ses environs est à trois cent soixante degrés. Outre Gdańsk proprement dite, nous découvrons à l’Ouest les deux autres villes, Sopot et Gdynia, qui forment, avec la première, le « trójmiasto » (conurbation des « trois villes ») le long de la Baltique. Gdynia fut construite à l’époque où Gdańsk était « ville libre » (majoritairement allemande) afin d’offrir un port sur la Baltique à la Pologne. L’histoire et les péripéties violentes de la ville dans les années 1930 forment la trame de fond du Tambour de Günter Grass, natif de la ville, de père allemand et de mère cachoube, (minorité slave locale, distincte des polonais). Nous faisons la connaissance de finlandaises, ce qui fait que nous nous retrouvons à une bonne dizaine de nationalités européennes pour contempler le soleil couchant, ambrant les pignons courbes de style hollandais de la vieille ville.
La rencontre Eurozine se clôture sur fond d’appréhension6 concernant les événements à venir, dont le premier est l’élection américaine imminente. Je décide de revenir à Varsovie en passant par Toruń, une veille petite ville de style renaissance, nichée au bord de la Vistule, qui a vu naître Copernic. Deux jours de solitude loin des débats de Gdańsk, mais lourdement imprégnés par eux. La ville est plongée dans le brouillard, ce qui lui donne un air de conte de fée ; certaines maisons se chauffent encore au charbon, dont les odeurs douceâtres stagnent dans les rues. C’est un retour dans le passé à double titre et hors de la saison touristique, ce qui me permet de bénéficier d’un prix plancher pour une chambre renaissance, dans une maison classée donnant sur le vieux marché.
Le lendemain, sur le quai de la gare, où les Témoins de Jéhovah ont déposé un présentoir avec anges et nuages, je parle avec une jeune Polonaise polyglotte qui retourne travailler en Allemagne ; elle me confie vouloir se former dans le domaine des « relations entre cultures ». L’élection de Trump a sa préférence, car Clinton est « acoquinée avec les pires filous ». Un peu songeur, je voyage vers Varsovie avec un voisin de compartiment studieux qui lit un épais volume recouvert de papier kraft. De mon côté, je suis plongé dans Purge de Sofi Oksanen7. Après une heure de voyage, je demande à mon voisin s’il parle anglais et s’il peut me traduire les annonces diffusées par le haut-parleur, car le train a pris du retard. La conversation s’engage, il me confie être économiste et s’intéresser à l’histoire polonaise ; c’est le sujet de son épais volume. La situation de la Belgique semble l’inquiéter énormément et il me demande, avec beaucoup d’insistance, si les immigrés musulmans reçoivent la nationalité belge, s’ils ont le droit de servir dans l’armée et si Molenbeek « est bien entouré d’un mur ». Il souhaite, lui aussi, l’élection de Trump ainsi que le renforcement de l’armée polonaise pour faire face à l’armée russe. Pas le temps d’échanger plus avant, car le train pénètre enfin dans les faubourgs de Varsovie. Le jour d’après, j’apprendrai au saut du lit que le voeu de mes interlocuteurs s’est réalisé et que la terre va devoir subir la pesanteur versatile d’un astre imprévu.
- « Le jour des Défunts » dans Fado, publié par Christian Bourgois éditeur, 2009. Parmi ses autres récits chez le même éditeur, on retiendra Contes de Galicie (2004) et Sur la route de Babadag (2007).
- Le programme est accessible ici : http://www.eurozine.com/chronology/the-27th-european-meeting-of-cultural-journals/ Les exposés sont publiés progressivement. Voir tableau synthétique à la fin de ce récit.
- Qui a fait l’objet du livre Solidarité. Analyse d’un mouvement social, Fayard 1982.
- Auteur de Solidarity and the Politics of Anti-Politics. Opposition and Reform in Poland since 1968, Temple University Press, 1990.
- Je découvrirai à mon retour que son article sur les migrations contemporaines à l’heure du monde « connecté », distribué à Gdańsk, « Utopian Dreams of Life Beyond the Border » (IWMpost n° 117) avait été publié en langue française par la revue Le Débat sous le titre : Ivan Krastev, « L’autre Europe face aux migrants », Le Débat n° 192, 2016/5.
- Dans une interview dans la revue Osteuropa n° 6 – 7/2016, le directeur de l’ECS, Basil Kerski, s’interroge sur le futur de l’ECS dans le contexte politique actuel de la Pologne. Si une partie du financement provient des visiteurs, de villes et de régions tenues par l’opposition ou des majorités indépendantes, l’engagement politique de l’ECS irrite beaucoup d’hommes politiques et rendrait un conflit à l’avenir inévitable
- Sofi Oksanen est une écrivaine finlandaise de mère estonienne. Son roman raconte l’histoire d’une jeune femme, fille et petite fille de déportées estoniennes en Sibérie lors des raffles de 1949. Elle s’est échappée des griffes d’un souteneur russe pour retrouver sa tante maternelle en Estonie, après la chute de l’URSS.