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Blog - Anathème - démocratie partis politiques par Anathème

mars 2018

C’est peu dire que le monde poli­tique est décrié par de larges pans de la popu­la­tion. Une des cri­tiques les plus enten­dues est celle de la par­ti­cra­tie : les struc­tures poli­tiques orga­ni­sées trans­forment les poli­tiques en appa­rat­chiks, elles étouffent le débat idéo­lo­gique, elles brident les ini­tia­tives des mili­tants et des élus, elles placent au centre de […]

Anathème

C’est peu dire que le monde poli­tique est décrié par de larges pans de la popu­la­tion. Une des cri­tiques les plus enten­dues est celle de la par­ti­cra­tie : les struc­tures poli­tiques orga­ni­sées trans­forment les poli­tiques en appa­rat­chiks, elles étouffent le débat idéo­lo­gique, elles brident les ini­tia­tives des mili­tants et des élus, elles placent au centre de l’ac­ti­vi­té poli­tique la lutte pour les places sur les listes élec­to­rales. Bref, la par­ti­cra­tie est la mort de la démo­cra­tie et le par­ti est le vec­teur de cette mérule.

Ce dont notre sys­tème poli­tique a besoin, dès lors, c’est d’une rup­ture avec le monde ancien et de pra­tiques nou­velles. Et où faire émer­ger la nou­veau­té, mieux qu’au niveau local ?

C’est pour­quoi il nous faut applau­dir des ini­tia­tives récem­ment prises dans le cadre de la pré­pa­ra­tion du pro­chain scru­tin com­mu­nal. Il faut recon­naitre que le niveau local a tou­jours été mar­qué par la labi­li­té des alliances poli­tiques et des listes élec­to­rales. Depuis tou­jours, les « listes du bourg­mestre » et autres « inté­rêts com­mu­naux » per­mettent à Clo­che­merle d’être gérée par une asso­cia­tion tem­po­raire de per­sonnes aux his­toires poli­tiques diverses, sou­te­nues par une mul­ti­tude de réseaux fami­liaux, ami­caux, asso­cia­tifs ou criminels.

Récem­ment, une ini­tia­tive a fait grand bruit : celle de la liste « Mons en mieux », ini­tia­tive libé­rale qui ras­semble des per­sonnes d’ho­ri­zons divers. Il n’y aura pas de liste MR à Mons, par contre, et bien qu’une membre du CDH soit sur les listes — sans l’ac­cord de sa sec­tion locale —, il y aura bien une liste CDH. Voi­là qui a sus­ci­té un tol­lé chez les cen­tristes. Des membres d’É­co­lo se sont éga­le­ment émus de la pré­sence d’un de leurs anciens membres sur la même liste.

Est-ce pour­tant si dif­fi­cile de voir que c’est là que réside la solu­tion ? Il suf­fi­rait que le CDH attire sur sa liste, par des pro­messes allé­chantes, quelques libé­raux, socia­listes et éco­lo­gistes, afin de pana­cher son offre à l’é­lec­teur, il suf­fi­rait qu’É­co­lo fasse de même et que des affi­liés MR n’hé­sitent pas à frap­per à la porte du PTB. Le pro­blème de la par­ti­cra­tie serait alors en passe d’être réglé.

Du reste, il ne s’a­git que de suivre l’exemple des plus grands. Celui de Nico­las Sar­ko­zy qui fit ouvrir le gou­ver­ne­ment Fillon à des ministres de gauche (comme Ber­nard Kouch­ner) ou du centre, comme Her­vé Morin. Emma­nuel Macron a ampli­fié ce mou­ve­ment en niant tout posi­tion­ne­ment à droite ou à gauche, en créant son propre mou­ve­ment et en sus­ci­tant un gou­ver­ne­ment Phi­lippe à la com­po­si­tion par­ti­cu­liè­re­ment panachée.

Notons que l’ou­ver­ture est aus­si de rigueur dans E‑Change, qui regroupe des éco­lo­gistes, huma­nistes ou membres de Défi au sein « d’une sorte de think tank », selon Jean-Michel Javaux, ou dans #grou­pons­nou­set­de­main qui entend ouvrir les rangs socia­listes aux idéalistes. 

Aus­si invrai­sem­blables que puissent paraitre ces alliances, je crois que l’a­ve­nir est là, devant nous, pro­met­teur ! Que chaque liste accueille un large panel de per­sonnes, venant de tous hori­zons, ras­sem­blées là par un lea­deur éclai­ré, à même de com­po­ser l’al­liage que le consom­ma­teur élec­to­ral plé­bis­ci­te­ra. Tel un mas­ter blen­der choi­sis­sant les notes de son whis­ky au départ d’une palette de divers malts, tel un recru­teur cher­chant à mettre au point l’é­quipe de consul­tants idéale, le chef de file conce­vrait un pro­duit lui res­sem­blant, hors de toute obli­ga­tion de pri­vi­lé­gier les vieux mili­tants, les fils de pontes ou les dévoués col­leurs d’af­fiches. Ne faut-il pas, pour obte­nir une liste attrayante, doser, entre autres, le sou­ci de l’autre, le sens de la dis­ci­pline, l’a­mour de la répres­sion, l’op­por­tu­nisme et la capa­ci­té à lever des fonds ? Ne faut-il pas de bons débat­teurs, de beaux visages, des repré­sen­tants de mino­ri­tés, des bour­geois et des pro­lé­taires, des intel­lec­tuels et des cons ? Com­ment garan­tir le mélange idéal s’il faut recru­ter dans un seul parti ?

Voi­là donc le futur : des listes d’ou­ver­ture, uni­que­ment d’ou­ver­ture, à tous, à n’im­porte quoi, sous la direc­tion d’un chef éclai­ré. Cette flexi­bi­li­té, cette liber­té d’en­tre­prendre en poli­tique, cette mise en concur­rence entre listes et à l’in­té­rieur des listes sera la garan­tie d’une offre diver­si­fiée, sus­cep­tible de satis­faire toutes les clientèles.

Chaque jour, ain­si, on voit les idéaux libé­raux pro­gres­ser et ouvrir des pers­pec­tives enchan­te­resses. Demain, notre socié­té récon­ci­liée avec elle-même, pour­ra enfin, grâce à des listes alliant Nation et PTB, MR et PS, Éco­lo et Défi, CDH et CDH, mettre en place des poli­tiques réel­le­ment pro­gres­sistes, telles que l’ar­rêt de l’in­ves­tis­se­ment dans les trans­ports en com­mun publics et la réduc­tion dras­tique du tra­fic auto­mo­bile, la sup­pres­sion des pen­sions publiques et l’a­mé­lio­ra­tion du bie­nêtre des séniors, l’ac­cueil humain des migrants et leur ferme dépor­ta­tion vers des zones en guerre ou encore l’in­tro­duc­tion à l’é­cole de méthodes péda­go­giques inno­vantes en même temps que le réta­blis­se­ment des châ­ti­ments corporels.

Anathème


Auteur

Autrefois roi des rats, puis citoyen ordinaire du Bosquet Joyeux, Anathème s'est vite lassé de la campagne. Revenu à la ville, il pose aujourd'hui le regard lucide d'un monarque sans royaume sur un Royaume sans… enfin, sur le monde des hommes. Son expérience du pouvoir l'incite à la sympathie pour les dirigeants et les puissants, lesquels ont bien de la peine à maintenir un semblant d'ordre dans ce monde qui va à vau-l'eau.