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Ouverture !
C’est peu dire que le monde politique est décrié par de larges pans de la population. Une des critiques les plus entendues est celle de la particratie : les structures politiques organisées transforment les politiques en apparatchiks, elles étouffent le débat idéologique, elles brident les initiatives des militants et des élus, elles placent au centre de […]
C’est peu dire que le monde politique est décrié par de larges pans de la population. Une des critiques les plus entendues est celle de la particratie : les structures politiques organisées transforment les politiques en apparatchiks, elles étouffent le débat idéologique, elles brident les initiatives des militants et des élus, elles placent au centre de l’activité politique la lutte pour les places sur les listes électorales. Bref, la particratie est la mort de la démocratie et le parti est le vecteur de cette mérule.
Ce dont notre système politique a besoin, dès lors, c’est d’une rupture avec le monde ancien et de pratiques nouvelles. Et où faire émerger la nouveauté, mieux qu’au niveau local ?
C’est pourquoi il nous faut applaudir des initiatives récemment prises dans le cadre de la préparation du prochain scrutin communal. Il faut reconnaitre que le niveau local a toujours été marqué par la labilité des alliances politiques et des listes électorales. Depuis toujours, les « listes du bourgmestre » et autres « intérêts communaux » permettent à Clochemerle d’être gérée par une association temporaire de personnes aux histoires politiques diverses, soutenues par une multitude de réseaux familiaux, amicaux, associatifs ou criminels.
Récemment, une initiative a fait grand bruit : celle de la liste « Mons en mieux », initiative libérale qui rassemble des personnes d’horizons divers. Il n’y aura pas de liste MR à Mons, par contre, et bien qu’une membre du CDH soit sur les listes — sans l’accord de sa section locale —, il y aura bien une liste CDH. Voilà qui a suscité un tollé chez les centristes. Des membres d’Écolo se sont également émus de la présence d’un de leurs anciens membres sur la même liste.
Est-ce pourtant si difficile de voir que c’est là que réside la solution ? Il suffirait que le CDH attire sur sa liste, par des promesses alléchantes, quelques libéraux, socialistes et écologistes, afin de panacher son offre à l’électeur, il suffirait qu’Écolo fasse de même et que des affiliés MR n’hésitent pas à frapper à la porte du PTB. Le problème de la particratie serait alors en passe d’être réglé.
Du reste, il ne s’agit que de suivre l’exemple des plus grands. Celui de Nicolas Sarkozy qui fit ouvrir le gouvernement Fillon à des ministres de gauche (comme Bernard Kouchner) ou du centre, comme Hervé Morin. Emmanuel Macron a amplifié ce mouvement en niant tout positionnement à droite ou à gauche, en créant son propre mouvement et en suscitant un gouvernement Philippe à la composition particulièrement panachée.
Notons que l’ouverture est aussi de rigueur dans E‑Change, qui regroupe des écologistes, humanistes ou membres de Défi au sein « d’une sorte de think tank », selon Jean-Michel Javaux, ou dans #grouponsnousetdemain qui entend ouvrir les rangs socialistes aux idéalistes.
Aussi invraisemblables que puissent paraitre ces alliances, je crois que l’avenir est là, devant nous, prometteur ! Que chaque liste accueille un large panel de personnes, venant de tous horizons, rassemblées là par un leadeur éclairé, à même de composer l’alliage que le consommateur électoral plébiscitera. Tel un master blender choisissant les notes de son whisky au départ d’une palette de divers malts, tel un recruteur cherchant à mettre au point l’équipe de consultants idéale, le chef de file concevrait un produit lui ressemblant, hors de toute obligation de privilégier les vieux militants, les fils de pontes ou les dévoués colleurs d’affiches. Ne faut-il pas, pour obtenir une liste attrayante, doser, entre autres, le souci de l’autre, le sens de la discipline, l’amour de la répression, l’opportunisme et la capacité à lever des fonds ? Ne faut-il pas de bons débatteurs, de beaux visages, des représentants de minorités, des bourgeois et des prolétaires, des intellectuels et des cons ? Comment garantir le mélange idéal s’il faut recruter dans un seul parti ?
Voilà donc le futur : des listes d’ouverture, uniquement d’ouverture, à tous, à n’importe quoi, sous la direction d’un chef éclairé. Cette flexibilité, cette liberté d’entreprendre en politique, cette mise en concurrence entre listes et à l’intérieur des listes sera la garantie d’une offre diversifiée, susceptible de satisfaire toutes les clientèles.
Chaque jour, ainsi, on voit les idéaux libéraux progresser et ouvrir des perspectives enchanteresses. Demain, notre société réconciliée avec elle-même, pourra enfin, grâce à des listes alliant Nation et PTB, MR et PS, Écolo et Défi, CDH et CDH, mettre en place des politiques réellement progressistes, telles que l’arrêt de l’investissement dans les transports en commun publics et la réduction drastique du trafic automobile, la suppression des pensions publiques et l’amélioration du bienêtre des séniors, l’accueil humain des migrants et leur ferme déportation vers des zones en guerre ou encore l’introduction à l’école de méthodes pédagogiques innovantes en même temps que le rétablissement des châtiments corporels.